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Mise à jour :
2 août 2023 Anglais

Vénuste Kayimahe : « On est dans une situation presque d'assiégés parce qu'il y a dehors les miliciens, les militaires, tous ceux qui peuvent nous tuer. On est résignés, on attend la mort tout simplement »

Fiche Numéro 29874

Numéro
29874
Auteur
Masure, Bruno
Auteur
Boisserie, Philippe
Auteur
Martin, Marcel
Auteur
Romedenne, Patrice
Auteur
Laudrin, Caroline
Auteur
Pons, Pascal
Date
12 avril 1994
Amj
19940412
Heure
20:00:00
Fuseau horaire
CEST
Surtitre
Journal de 20 heures [7:05]
Titre
Vénuste Kayimahe : « On est dans une situation presque d'assiégés parce qu'il y a dehors les miliciens, les militaires, tous ceux qui peuvent nous tuer. On est résignés, on attend la mort tout simplement »
Soustitre
De partout parviennent des témoignages sur les atrocités commises par des bandes armées de gourdins, de machettes, de sagaies ou de haches.
Nom fichier
Taille
24202234 octets
Source
Fonds d'archives
INA
Type
Journal télévisé
Langue
FR
Résumé
- Le Rwanda livré au pire désordre après la fuite du gouvernement de la capitale. La quasi-totalité des étrangers a pu quitter ce pays où les combats semblent s'intensifier.
- Au Rwanda les affrontements ont repris entre les forces gouvernementales et les rebelles du Front patriotique qui sont aux portes de la capitale Kigali, abandonnée précipitamment par le gouvernement rwandais. La quasi-totalité des étrangers a quitté ce pays et la plupart des ambassades ont fermé leurs portes, à commencer par l'ambassade de France.
- Sur le tarmac de l'aéroport, l'ambassadeur donne ses dernières consignes. Dans son sac, le drapeau français qui flottait encore ce matin sur l'ambassade de Kigali. Sous bonne escorte militaire, tout le personnel de l'ambassade s'en va. Au pied du Transall, seul le chien du consul semble indifférent au drame qui risque de se jouer ici. À 7 h 45, dernier salut. Il n'y a plus de Français au Rwanda.
- Pendant ce temps, les militaires poursuivent les évacuations d'étrangers. Ici, trois Sœurs canadiennes isolées en pleine campagne. Elles emmènent avec elles quatre petits orphelins sous le regard vide des adultes. Un dernier don de tout l'argent qui leur reste et c'est le temps des aurevoirs, le temps des adieux.
- À l'aéroport, une ultime escorte accompagne les derniers rapatriés. À midi, tous les soldats français sont regroupés dans l'aérogare et à 3 heures, 150 d'entre eux quittent déjà Kigali. Les autres partiront en fonction de l'évolution de la situation. La guerre approche. Colonel Henri Poncet, "Cdt de l'opération au Rwanda" : "Vous pouvez observer autour des collines de Kigali que certains éléments du FPR sont en train de prendre position. S'agit-il de détachements légers ou de forces plus importantes ? Je suis incapable à l'heure actuelle de le préciser".
- Cet après-midi l'étau du FPR s'est resserré. La plupart des collines autour de la ville sont entre leurs mains et régulièrement le canon tonne. Même l'aéroport est encerclé. Un signe ne trompe pas : le gouvernement a pris la route de l'exil vers le Sud.
- Ce soir à Kigali, il ne reste plus aucun étranger. La plupart des ambassades se ferment. La mission de l'ONU pour la paix gère d'hypothétiques cessez-le-feu. Plus personne ne semble en mesure d'éviter un nouveau carnage, car carnage il y aura : les dizaines de milliers de Tutsi massacrés ces derniers jours ne resteront pas impunis. Le Rwanda semble promis à un avenir de plus en plus commun en Afrique : le chaos.
- Dans cette capitale Kigali, plus que jamais livrée à elle-même et donc aux pires exactions, de nombreux habitants n'ont pas eu la chance de pouvoir fuir et ils vivent dans l'angoisse.
- Kigali et l'ensemble du pays en proie à l'anarchie. De partout parviennent des témoignages sur les atrocités commises par des bandes armées de gourdins, de machettes, de sagaies ou de haches. Dans la capitale on chasse le Tutsi. Témoignage de l'un d'entre eux, employé au Centre culturel français où il se terre depuis plusieurs jours. Vénuste Kayimahe : "On est dans une situation presque d'assiégés parce qu'il y a dehors les miliciens, les militaires, tous ceux qui peuvent nous tuer. Ils viennent de massacrer tout ce monde dans ville de Kigali. On est condamné. On est résignés. On attend un miracle ou alors la mort tout simplement".
- Son salut, cet homme le devra peut-être aux 20 000 rebelles du FPR dominé par la minorité tutsi. Selon l'ONU ils patrouillent ce soir dans Kigali, désertée par le gouvernement provisoire.
Philippe Boisserie : "Les Forces armées rwandaises elles-mêmes ont annoncé que la jonction avait été faite entre les soldats du Front patriotique rwandais, qui étaient encore retenus au centre de la ville et ceux qui étaient ce matin sur toutes les collines environnantes. Cependant, les bataillons de la Force armée rwandaise sont toujours sur place et ils se défendent vaillamment. La fin d'après-midi a été marquée par des combats très intenses ici. […] Pour l'instant rien n'est décidé pour les 350 hommes encore ici. Mais ce soir l'ONU a prépositionné une unité sur le parking de l'aéroport, ce qui tendrait à prouver qu'elle remplacerait en fait les militaires étrangers qui occupent pour l'instant cet aéroport. Donc ce serait l'ONU qui prendrait le relais des militaires. En tout cas, le Front patriotique rwandais a été très clair : d'après l'ONU, il a un fixé un délai de 60 heures à partir de ce matin. Donc jeudi [14 avril] en fin d'après-midi, il dit clairement qu'il ne faut plus un seul militaire étranger sur le sol rwandais".
- Au total 1 600 personnes, dont près de 600 Français, ont été évacuées depuis samedi [9 avril] par les militaires français. Parmi les réfugiés arrivés en France ces dernières heures, 94 orphelins rwandais dont certains étaient en cours d'adoption par des familles françaises.
- À 3 heures la nuit dernière, le long périple de ces enfants prend fin. Ils ont dû quitter précipitamment le Rwanda après que neuf membres du personnel de l'orphelinat aient été tués. Les 94 enfants, accompagnés d'une trentaine d'adultes dont cinq religieuses, ont trouvé refuge au centre de transit de Créteil. Leur arrivée n'était pas franchement prévue. Il a fallu s'organiser à la hâte. Les réunions d'information s'improvisent dans les escaliers et les bénévoles de la Croix-Rouge jouent les grand-mères.
- Un centre de transit transformé en ruche : visite médicale pour ceux qui souffrent de paludisme et de diarrhées, bracelet pour chacun avec son identité. Petit à petit la vie s'organise : distribution des petits pots, des couches et heures fixes de repas pour les plus grands.
- À peine les enfants ont-ils le temps de s'acclimater que déjà se pose le problème de leur avenir. Tout se décide au bout de ce couloir, entre la directrice de l'orphelinat et le ministère des Affaires étrangères. Sept de ces enfants avaient déjà été adoptés par des familles françaises au Rwanda, une quinzaine d'autres n'en sont encore qu'au premier contact.
- Seuls seront adoptés les enfants dont les dossiers étaient déjà en cours au Rwanda. Pour les autres, il leur faudra attendre une décision du prochain gouvernement. Mais la plupart de ces enfants regagneront leur pays dès que la situation le permettra.
Commentaire
Le JT de 20 heures de France 2 du 12 avril 1994 est visible dans son intégralité ici : https://www.youtube.com/watch?v=RRa6QCnUCcE