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Mise à jour :
3 août 2023 Anglais

La situation se tend au Rwanda pour l'armée française qui veut créer une zone protégée malgré l'opposition du FPR, qui vient de prendre Kigali et Butare

Fiche Numéro 3523

Numéro
3523
Auteur
Poivre d'Arvor, Patrick
Auteur
Berrou, Loïck
Auteur
Ferey, Jean-Pierre
Auteur
Nakad, Nahida
Auteur
Renouil, Sébastien
Date
4 juillet 1994
Amj
19940704
Heure
20:00:00
Fuseau horaire
CEST
Surtitre
Journal de 20 heures [7:22]
Titre
La situation se tend au Rwanda pour l'armée française qui veut créer une zone protégée malgré l'opposition du FPR, qui vient de prendre Kigali et Butare
Soustitre
Tous les Tutsi qui restent dans la région de Kibuye vivent désormais en cachette. Dans toute la zone, des patrouilles de l'armée française vont à leur recherche.
Nom fichier
Taille
20679292 octets
Source
TF1
Fonds d'archives
INA
Type
Journal télévisé
Langue
FR
Résumé
- La situation se tend au Rwanda pour l'armée française qui veut créer une zone protégée malgré l'opposition du FPR, qui vient de prendre Kigali et Butare.
- François Mitterrand est en Afrique du Sud.
- La capitale Kigali vient tout juste de tomber aux mains du FPR. Les combats se déroulent pour l'essentiel à Kigali depuis une quinzaine de jours la nuit. Le Front patriotique du Rwanda aime bien opérer en commandos très discrets après avoir pilonné largement la ville depuis un mois. C'est ainsi qu'il a procédé ce matin. Plusieurs commandos se sont lancés en ville. Il semble que les troupes gouvernementales manquaient de munitions, étaient acculées sur leurs deux dernières positions. Ces deux dernières positions, c'était une caserne de la gendarmerie, sur l'une des collines qui surplombe la ville. Et c'était surtout la garde présidentielle, cette troupe d'élite qui a été entraînée par l'armée française depuis trois ans maintenant. Et qui donc était absolument à bout dans ses derniers retranchements. Les troupes du FPR ont d'abord tenu à libérer l'église de la Sainte-Famille. Et c'est extrêmement symbolique puisque c'est dans cette église que 800 réfugiés tutsi vivaient dans la crainte permanente de se voir tuer par les milices hutu qui sévissent encore en ville. La ville était désertée ces deux dernières semaines, on n'y voyait plus que quelques miliciens. Le reste de la population vivait terré dans les caves, dans la terreur des bombardements. Le FPR détient les deux-tiers du territoire rwandais. Il détient les deux principales villes : la capitale Kigali et Butare.
- Le FPR a pris ce matin la ville de Butare qui se trouve dans le Sud-Ouest du pays. Il continue sa marche vers la frontière zaïroise, c'est-à-dire dans une zone jusqu'alors considérée comme protégée par l'armée française, qui veut continuer quand même à faire son travail humanitaire. Mais le FPR a été catégorique : "Cette zone humanitaire est vouée à l'échec", vient-il de dire il y a une heure.
- Le chef d'état-major des armées, l'amiral Lanxade, a donné en fin d'après-midi sa version de l'incident au cours duquel, hier [3 juillet], des soldats français ont essuyé des coups de feu. Une patrouille revenait de la frontière avec le Burundi. Elle y avait escorté 600 orphelins qui fuyaient le Rwanda. Elle a rencontré des troupes du FPR qui les ont laissés passer. Mais plus loin, un groupe de soldats incontrôlés ou mal contrôlés a ouvert le feu, plus par bêtise que par vraie provocation.
- Il n'y a donc pas lieu d'après l'amiral Lanxade d'exagérer cet évènement. Par contre il a insisté : la France a créé, au sud du pays, une zone de sûreté où tous les réfugiés seront protégés. D'où l'ordre donné aux soldats français de s'opposer à toute intrusion armée dans cette zone de sûreté. Jacques Lanxade : "La limite de la zone humanitaire passe dans l'Est de Gikongoro. Et nous avons indiqué au FPR que nous ne souhaitions pas qu'il entre dans cette zone. Les soldats français sont là pour marquer les limites de cette zone. Et je ne pense pas qu'ils aient à s'opposer militairement au FPR. Car je ne crois pas que le FPR franchira".
- Dans cette zone de protection humanitaire il y a la ville de Kibuye. À l'église Saint-Jean, les fidèles hutu prient, comme si de rien n'était. Sur le flanc de la colline, un charnier. 2 000 Tutsi ont été tués ici et personne n'a pris la peine de les faire enterrer, même pas le prêtre hutu qui occupe l'église depuis le massacre. Père Jean-François : "Quand on fréquente l'église, petit à petit, la mauvaise odeur part pour laisser une certaine bonne odeur".
- Tous les Tutsi qui restent dans cette région vivent désormais en cachette. Ils savent que les Français sont là : tous les jours, un ou deux réussissent à prendre contact avec l'armée française qui est à un kilomètre d'ici. Dans toute la zone, des patrouilles de l'armée vont à leur recherche. Ici, ils ont trouvé un bébé. Ses parents ont été tués. Une famille hutu l'a accueilli mais avait peur de le garder. Il ira rejoindre 1 000 autres Tutsi regroupés dans une clairière à Bisesero. Les Français qui les protègent sont arrivés un peu tard mais une chose est certaine : depuis qu'ils sont là, les Hutu, implantés sur les collines, n'osent plus les attaquer.
- Le gouvernement jusqu'alors en place au Rwanda, qui semble désormais perdre toutes ses places fortes, ne veut pas s'exiler. 17 partis politiques se sont engagés à favoriser un dialogue entre le FPR et ce gouvernement déchu.
- La France a demandé aux combattants de se tenir à l'écart de la ville de Gikongoro où sont réfugiés des centaines de milliers de personnes. Les militaires français ont reçu l'ordre de rester dans cette ville.
- Selon le ministre Alain Juppé, il n'y a pas d'hostilité de principe de la part du FPR au concept de Zone humanitaire sûre. Quant au groupe communiste, il a demandé l'audition du ministre devant l'Assemblée. Et le PS a regretté la lenteur de l'ONU pour venir seconder les efforts de la France.