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Mise à jour :
8 août 2023 Anglais

À Kigali les habitants commencent à ressortir de chez eux et à raconter les massacres

Fiche Numéro 3528

Numéro
3528
Auteur
Poivre d'Arvor, Patrick
Auteur
Allémonière, Patricia
Auteur
Cosset, David
Auteur
Marque, Isabelle
Auteur
Hémart, Gilles
Date
7 juillet 1994
Amj
19940707
Heure
20:00:00
Fuseau horaire
CEST
Surtitre
Journal de 20 heures [4:02]
Titre
À Kigali les habitants commencent à ressortir de chez eux et à raconter les massacres
Soustitre
Dans la région de Gikongoro, une patrouille de l'armée française a découvert des milliers de réfugiés hutu mais aussi des Tutsi apeurés.
Nom fichier
Taille
16163153 octets
Source
TF1
Fonds d'archives
INA
Type
Journal télévisé
Langue
FR
Résumé
- Au Rwanda le futur Premier ministre chargé de former un gouvernement d'unité nationale estime que les Français engagés dans l'opération Turquoise doivent avoir quitté le pays fin juillet, comme promis.
- Pour l'heure, les premiers avions de l'ONU ont recommencé à se poser à Kigali, conquise par le FPR. Progressivement, les habitants commencent à ressortir de chez eux et à raconter les massacres.
- Ils sortent de leurs cachettes, ils ont survécu aux massacres. Ils laissent derrière eux leur ville meurtrie, abandonnée, pillée. Les militaires du FPR leur ont demandé de se regrouper pour des raisons de sécurité. Au collège Saint-André, ils sont près de 20 000. Un réfugié : "Toute ma famille a été massacrée par les troupes gouvernementales".
- Certains responsables des massacres qui n'ont pas eu le temps de s'enfuir se cacheraient au milieu de la foule. C'est en tout cas ce que tout le monde affirme. Mais ici pour l'instant, personne ne songe à se venger. La douleur est trop forte.
- Les trois-quarts du pays sont sous contrôle FPR. Le Nord-Ouest semble toujours sous la coupe des miliciens hutu et le Sud-Ouest sous surveillance française.
- La rumeur est arrivée à Gikongoro : des enfants et un prêtre rwandais sont menacés dans un village des collines. Trois jours après leur installation, les Français décident de faire une reconnaissance. C'est la première fois qu'ils se rendent dans cette région à 50 kilomètres de la ville. Première surprise : le nombre incroyable de villageois sur les routes. Ils sont des dizaines de milliers avec leurs enfants, leurs bétails, tous leurs biens. Ce n'est plus une fuite mais un exode. Les militaires se renseignent.
- Ils fuient les combats de l'Est du pays. Pour la plupart ce sont des Hutu. Parmi eux, il y a sûrement des gens qui ont tué et massacré mais ils se défendent d'être tous complices.
- Après bien des tours et des détours, on retrouve enfin le Père Emmanuel [Uwayezu]. Il explique que son collège a été attaqué en mai par des hommes armés. Les élèves qui restent doivent être évacués. Les autres, une soixantaine de Tutsi, ont disparu. Père Emmanuel, "Prêtre de Kibeho" : "Il y avait quelques enfants qu'on a pris, surtout des filles et quelques garçons. On les a pris de l'école. On les a certainement tués ou bien les autres se sont enfuis. Mais ils n'ont pas été tués ici".
- On apprendra qu'une jeune fille tutsi a vu tous les garçons massacrés à coups de machette et de massue. Le Père est allé la chercher chez un paysan hutu qui a eu pitié d'elle après l'avoir enlevé. Une autre raconte d'une voix à peine audible que les filles ont été emmenées pour être violées. On ne sait ce qu'elles sont devenues. Enfin, derniers rescapés de l'horreur : une jeune fille et un chauffeur, des Tutsi que le Père cache depuis des semaines chez lui.
- Aujourd'hui c'est enfin la délivrance pour ce petit groupe. Et la fin du cauchemar pour le Père Emmanuel. Un Hutu qui a pris tous les risques pour sauver ces innocents de la folie meurtrière.
Commentaire
Sur le Père Emmanuel Uwayezu, voir le rapport d'African Rights de mai 2009.