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La France au cœur du génocide des Tutsi

Mise à jour : 21/04/2017

Georges Martres : « Le Colonel Serubuga, chef d’état-major adjoint de l’armée rwandaise, s’était réjoui de l’attaque du FPR, qui servirait de justification aux massacres des Tutsis »

Date : 22 avril 1998
Auteur : Quilès, Paul
Titre : Audition de Georges Martres
Journal/Source : MIP
Fonds :
Commentaire : Georges Martres, ambassadeur de France au Rwanda, est lourdement impliqué dans la préparation du génocide des Tutsi. Cependant il ne tente pas de déguiser la réalité lors de son audition par la Mission d'information parlementaire. Il rappelle que les massacres de Tutsi ont commencé en 1959 et repris en 1973 (page 1). Il n'y avait pas d'accord de défense entre le Rwanda et la France. Le génocide était prévisible, selon lui, dès octobre 1990,le colonel Serubuga s'était réjoui de l'attaque du FPR « qui servirait de justification aux massacres des Tutsis ». Il reconnaît que la fusillade dans la nuit du 4 au 5 octobre 1990 était une mise en scène de l'armée rwandaise. La France n'a pas soutenu jusqu'au bout la dictature d'Habyarimana, souligne-t-il. Il rappelle la rupture du parti CDR avec Habyarimana quand il a accepté l'accord de cessez-le-feu du 7 mars 1993 à Dar Es-Salaam qui impliquait le retrait des troupes françaises (page 5). Le soutien de la France qu'il apporte à ce parti CDR dans son télégramme du 11 mars 1993 et qui sera exprimé en plein Conseil de sécurité le 5 avril 1994 ne permet pas de douter que le remplacement d'Habyarimana était décidé par Paris. Et à Paris, les décisions concernant le Rwanda sont prises uniquement à l'Élysée (page 11). Habyarimana était débordé pas son entourage qui ne voulait pas des accords d'Arusha. Il l'avait bien compris puisqu'il avait évoqué son retrait le 25 avril 1993 (page 6). Les ingrédients du génocide se trouvent exposés par Georges Martres. Des accords de paix difficiles à mettre en oeuvre et rejetés par l'entourage du président et par le parti CDR soutenu par la France, des soldats des FAR, tous hutu, « plus portés aux massacres qu'aux combats ouverts », impunité protégeant les auteurs des massacres, maintien des mentions ethniques sur les cartes d'identité (page 6). Il assure qu'il avait prévu des violences ethniques après le retrait des troupes françaises (page 12). Enfin, il déclare que si les extrémistes hutu sont les auteurs de l'attentat contre le président ils n'ont pu le faire qu'avec « une assistance européenne » car ils « avaient déjà bien du mal à tirer au mortier et au canon ».

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