Date : 11 octobre 1990
Auteur : Lanxade, Jacques
Titre : Note à l'attention de Monsieur le Président de la République. Objet : RWANDA - Situation
Journal/Source : Présidence de la République (fr)
Fonds : IFM
Commentaire : L'attaque du Front patriotique rwandais (FPR) d'octobre 1990 apparaît aux Français comme une nouvelle tentative des Tutsi pour revenir sur cette « révolution » de 1959 qui les a chassés. Dès lors, l'ennemi de la France au Rwanda est le Tutsi, comme le montre cette note du 11 octobre 1990 de l'amiral Lanxade, chef d'état-major particulier, au Président de la République, parlant de « forces tutsies » et de « poussée tutsie ». Il aurait pu dire forces du FPR, forces rebelles ou forces ougandaises. Non, il dit « forces tutsies », donnant donc à cette guerre un caractère racial. Informé d'une campagne de massacres contre les Tutsi à l'intérieur du pays, dans la région de Kibilira qui commence précisément le 11 octobre, l'amiral Lanxade, propose au Président de la République un retrait partiel des troupes françaises « pour ne pas paraître trop impliqué » dans des exactions. Donc pour l'Élysée, dès octobre 1990, la France se bat au Rwanda contre les Tutsi qu'ils viennent de l'Ouganda ou qu'ils vivent au Rwanda et qu'ils soient armés ou non. Comme cet ennemi est défini par une appartenance ethnique ou raciale et que dans cette guerre on ne fait pas de prisonnier, ainsi que l'attestent le général Quesnot et le colonel Tauzin, la France est engagée dès cette époque dans un processus génocidaire. Son unique souci est de ne pas paraître compromise.
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