Résumé
Au Rwanda, l'afflux dès juillet 1994 de présumés génocidaires dans les prisons et les cachots fut d'autant plus problématique que le pays ne disposait pas des moyens nécessaires pour les maintenir en détention dans des conditions à la fois sûres et dignes. Retraçant l'histoire du système pénitentiaire rwandais entre 1994 et 2017, l'article témoigne des stratégies mises en place par l'État pour surmonter la crise pénitentiaire et de leurs effets. Croisant une approche historique et ethnographique, il montre comment les anciens dignitaires du régime Habyarimana, incarcérés pour leur participation au génocide des Tutsi, ont été invités à cogérer les prisons, et les différents projets que le gouvernement y a menés en faveur de la justice, de l'aveu et de la réconciliation.