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Mise à jour :
14 septembre 2021 Anglais

Jean-Claude Lafourcade : « Il n'est pas prévu dans mon mandat de l'ONU d'aller à Kigali. Mon mandat c'est d'arrêter les massacres, en employant la force si nécessaire contre les trublions qui ont commis toutes les exactions que vous connaissez »

Fiche Numéro 28958

Numéro
28958
Auteur
Chazal, Claire
Auteur
Poivre d'Arvor, Patrick
Date
26 juin 1994
Amj
19940626
Heure
20:00:00
Fuseau horaire
CEST
Surtitre
Journal de 20 heures
Titre
Jean-Claude Lafourcade : « Il n'est pas prévu dans mon mandat de l'ONU d'aller à Kigali. Mon mandat c'est d'arrêter les massacres, en employant la force si nécessaire contre les trublions qui ont commis toutes les exactions que vous connaissez »
Soustitre
Édition spéciale Rwanda [Avec notamment des reportages à Kibuye, au camp de Nyarushishi et à Kigali et des interviews du cardinal Etchegaray, d'Alexis Kanyarengwe, du colonel Tauzin et du général Lafourcade]
Taille
50969 octets
Nb. pages
11
Source
TF1
Fonds d'archives
INA
Type
Transcription d'une émission de télévision
Langue
FR
Résumé
- Le quartier général des forces françaises est installé à Goma. Depuis jeudi [23 juin], quatre missions de reconnaissance ont été effectuées par les soldats en territoire rwandais.
- À deux pas de l'église de Kibuye, le stade. Tous les témoignages parlent d'un carnage de 3 000 personnes tuées vers la mi-avril. Les morts ont été ensevelis dans les carrières et les forêts tout autour de la ville.
- Les enquêtes sur ces massacres ne font que commencer. Il faudra avoir beaucoup de courage pour écouter tous les récits de ces atrocités.
- Aujourd'hui, dans le nord-ouest du pays, l'armée française a réalisé son intervention la plus profonde dans le territoire rwandais, à peu près une centaine de kilomètres. La région est totalement contrôlée par l'armée gouvernementale et les milices hutu. En fait, ici, il ne reste pratiquement plus de Tutsi. Pour les Hutu de cette région, il semble donc évident que l'armée française est venue pour les aider. Même si les soldats français évitent soigneusement de prendre contact avec les autorités hutu sur place.
- À cinq kilomètres de la frontière zaïroise, une mission religieuse saccagée témoigne d'un massacre qui a eu lieu suite à l'attentat contre le Président Habyarimana le 6 avril dernier. Aujourd'hui, 300 réfugiés hutu sont installés dans la mission. Ils ont fui les régions conquises par les rebelles du FPR. Ici, les soldats français sont accueillis comme de véritables héros.
- Sur le bord de la route de Goma, le cardinal Etchegaray, envoyé spécial du Pape Jean-Paul II, a déclaré : "L'Église a été quand même vraiment affaiblie, décapitée. Cette Église, qui a trahi beaucoup ici, mérite quand même un réconfort".
- À Kigali, le Front patriotique du Rwanda contrôle à présent toute la périphérie de Kigali, dont l'aéroport et le grand stade de la capitale. Quelques soldats du FPR écoutent désœuvrés la radio des milices hutu, les Interahamwe, qui émettent depuis le centre-ville de Kigali. "Jeunes filles du Rwanda, mettez vos plus beaux vêtements et déroulez les tapis rouge devant les soldats français qui viennent vous sauver", clame le speaker. Ce qui n'est pas précisément fait pour rassurer les rebelles.
- Les premières incursions françaises en territoire rwandais semblent avoir atténué les inquiétudes du FPR. Ces inquiétudes n'en restent pas moins réelles, comme en atteste son président, Alexis Kanyarengwe : "Nos appréhensions, c'est surtout dû au passé, suite à la présence des troupes françaises ici dans notre pays".
- La propagande a fait son œuvre : celle du Front patriotique du Rwanda qui dénonce l'intervention française. Celle surtout du gouvernement et des milices hutu qui l'applaudissent avec virulence. Il faudra beaucoup de prudence au gouvernement français et à son armée pour faire mentir cette propagande.
- Dans le camp de Nyarushishi, on se contente du strict minimum fourni par la Croix-Rouge. Les réfugiés, résignés, ne se plaignent pas mais ils ont encore dans la tête le souvenir des jours d'enfer. Les Tutsi ont été les principales victimes des massacres. Mais dans certains camps, il y a des Hutu. Et parmi eux, il y a des Hutu très particuliers qui auraient participé aux massacres et qui auraient abandonné leurs armes pour se fondre dans la population des réfugiés. Impossible bien sûr de les reconnaître. Les Français, eux, sont ici pour protéger tous les survivants de cet effroyable génocide.
- C'est à Nyarushishi que les premiers Français ont débarqué au Rwanda. Le camp ici est un peu la vitrine de l'opération. Depuis trois jours, le balai ininterrompu d'hélicoptères les approvisionnent en vivres et en munitions. Les hommes sont déjà équipés en missiles Milan et en rockets. Ils estiment que cet armement est suffisant actuellement pour répliquer à une éventuelle menace. À la moindre alerte sérieuse, les hélicoptères peuvent acheminer du renfort en l'espace d'un quart d'heure.
- Pour le colonel Didier Thibaut [Tauzin], "S'ils agressent qui que ce soit, il est évident que nous réagirons par la force, et violemment. Il n'y aura pas de quartier".
- Pour l'instant, personne n'évoque l'hypothétique phase ultérieure de l'opération, qui consisterait pour les militaires français à pénétrer plus profondément à l'intérieur du Rwanda. Une mission qui serait, cette fois-ci, probablement à haut risque.
- Pour le général Jean-Claude Lafourcade, commandant en chef de la mission Turquoise, "il n'est pas prévu dans mon mandat de l'ONU d'aller à Kigali. Mon mandat c'est d'arrêter les massacres, en employant la force si nécessaire contre les trublions qui ont commis toutes les exactions que vous connaissez".
- Devant l'ambassade de France à Bruxelles, plusieurs centaines de personnes originaires du Rwanda et du Zaïre ont voulu protester contre la présence militaire française au Rwanda et contre le régime du Président Mobutu au Zaïre.
- Gérard Longuet a exprimé sa "fierté que la France et que son armée aient pu apporter une réponse, tardive certes mais la plus rapide de tous les pays occidentaux". Il espère que nous puissions "contribuer à faire en sorte que ceux qui ont survécu aux massacres ne connaissent pas d'autres exactions".
Commentaire
À Kibuye le 26 juin, on voit une jeep P4 - sinon deux - de l'armée française. Cela va à l'encontre de l'argument selon lequel Duval n'avait pas reçu son matériel. Cette ou ces deux jeeps P4 sont allées à Bisesero le lendemain. On peut supposer que Gillier a accompagné à Kibuye des gendarmes du GIGN avec leur jeep P4. Les jeeps P4 sont notamment équipées de radio. Duval à Bisesero le 27 juin disposait donc biens de moyens de transmission.