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MULINDI (RWANDA), 19 mai, Reuter - Accusant les Nations unies
    d'incompétence, les rebelles rwandais prédisent qu'ils prendront la
    capitale, Kigali, avant que l'Onu ait réussi à envoyer 5.500 hommes
       pour apporter une aide humanitaire et mettre fin aux massacres.
  Des responsables du Front patriotique du Rwanda dénoncent les délais à
   prévoir pour l'envoi des 5.500 casques bleus voté mardi par le Conseil
                               de sécurité.
   Pour nous c'est une plaisanterie ainsi que vous pouvez le voir avec ce
  qui se passe
, dit l'un d'entre eux à Mulindi, quartier général du FPR
                            dans le nord du pays.
  A Kigali, le général Romeo Dallaire, commandant militaire de la Mission
   des Nations unies d'assistance au Rwanda (Minuar), dit avoir bon espoir
    que 500 soldats ghanéens et 150 observateurs militaires pourront se
   déployer d'ici une semaine, en renfort des 470 hommes déjà sur place.
     Mais il reconnaît que l'arrivée du plus gros de la force pourrait
      prendre plusieurs semaines. La composition de cette force n'a pas
        encore été arrêtée, pas plus que son mode d'acheminement.
   La force de l'Onu sera composée de soldats africains et comportera une
   unité de déploiement rapide
 chargée d'appuyer les autres unités et
   éventuellement d'investir des régions où sont commis des massacres.
  Elle sera appuyée par des véhicules blindés transport de troupes et par
        des hélicoptères, ont déclaré des responsables de l'Onu.
     A moins que l'on ne sous-estime nos capacités, un mois c'est trop
   long. Nous aurons pris Kigali et commencé à normaliser nous-mêmes la
               situation en province
, dit un officier du FPR.
   Cela prouve la bureaucratie sans fin de l'Onu. Ils ont d'abord regardé
      nos compatriotes se faire massacrer parce qu'ils disaient n'avoir
         jamais eu de mandat pour intervenir
, observe Denis Polisi,
                           vice-président du FPR.
  Mais même maintenant qu'ils ont décidé d'intervenir et de faire cesser
             les massacres, ils ne peuvent se mettre d'accord
.
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                  Mise en garde de Booh-Booh
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     Des responsables du FPR expliquent que leurs forces s'emploient à
     consolider leur contrôle de la route principale reliant Kigali à
       Gitarama, la ville où s'est replié le gouvernement rwandais.
   Bien que les rebelles affirment avoir complètement encerclé Kigali, il
      semble que les forces gouvernementales soient toujours en mesure
    d'emprunter une route secondaire pour rejoindre Gitarama, à 45 km au
                                 sud-ouest.
   Les forces gouvernementales en retraite ont fait sauter trois ponts sur
   le Nyabarongo et l'Akanyaru, dans le sud, mais les rebelles ont franchi
    ces cours d'eau en progressant vers l'ouest, en direction de Gitarama
   et de Butaré, ont rapporté des journalistes qui se sont rendus dans la
                                  région.
   Le FPR a également acheminé d'importants renforts près des villes de
   Tumba et Nkumba, à l'est de la garnison gouvernementale de Ruhengeri,
        située dans le nord, que les chefs des rebelles disent avoir
                          partiellement encerclée.
   Ils affirment qu'en contrôlant les principales routes dans le nord et
      l'est, ils sont désormais en mesure d'utiliser des camions pour
   acheminer rapidement troupes et matériel, ce qu'ils devaient faire à
                       pied il y a quelques semaines.
     Vous verrez des opérations décisives dans les prochains jours et
    d'après moi, vous pourriez ne jamais voir les 5.500 hommes de l'Onu,
       parce que ce sera trop tard
, assure un jeune officier rebelle.
     (A Yaoundé, le représentant spécial des Nations unies au Rwanda,
   Jacques-Roger Booh-Booh, a averti mercredi que les efforts de maintien
   de la paix de l'Onu échoueraient si les belligérants ne faisaient pas
                          preuve de bonne volonté.
 (De passage à son domicile camerounais, il a déclaré à des journalistes
  que les forces gouvernementales rwandaises et le FPR s'étaient préparés
     à de nouvelles hostilités bien avant l'assassinat, le 6 avril, du
 président Juvénal Habyarimana, qui a déclenché le massacre de centaines
                          de milliers de personnes.
  (Les deux parties ont plus préparé la guerre que la paix
, a déploré
                         le représentant de l'Onu.
   (On peut envoyer 50.000 soldats, cela ne résoud pas le problème tant
  que les parties intéressées ne coopèrent pas entre elles d'une part, et
   avec les Nations unies d'autre part
, a ajouté Booh-Booh en annonçant
           par ailleurs qu'il repartirait samedi au Rwanda.) /NCD
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