Le 19 juillet 2021, Antoine Anfré, nouvel ambassadeur de France au Rwanda,
écrit sur le livre d'or du mémorial de Gisozi :
« Le génocide des Tutsi n'aurait pas eu lieu si nous avions eu une autre politique »
.
Le 1er juillet 1994, un document rédigé par deux officiers français
reconnaît la rencontre, le 27 juin précédent, d'un groupe de militaires
français des forces spéciales avec des survivants tutsi à Bisesero.
Il est donc certain que la date du
fax envoyé le soir du 27 juin par le lieutenant-colonel Duval,
alias Diego, commandant ce groupe,
a été falsifiée par ses supérieurs pour dissimuler l'abandon
aux tueurs de 381 à un millier de survivants tutsi
.
Le 4 février 1964, le journal Le Monde publie le témoignage d'un enseignant suisse Denis-Gilles Vuillemin dénonçant les massacres systématiques de Tutsi dans la région de Gikongoro.
La personne qui a remis copie de cet article a noté : « Que dire de plus ? C'est déjà 1994 ».
L'historien Marcel Kabanda a rencontré Vuillemin avant que ce grand témoin ne décède en 2020 et a confronté les notes de son journal avec les observations de délégués du CICR. Vuillemin a décrit avec une minutie scientifique un génocide qui commençait. C'était à la Noël 1963...
Alors que de prétendus experts affirment que le génocide des
Tutsi n'a pas été préparé avant le 6 avril 1994,
il faut écouter
la voix de Jean Carbonare qui, revenant du Rwanda, alertait les
téléspectateurs le 28 janvier 1993 sur les massacres des hommes tutsi et sur le
soutien apporté par la France aux tueurs
Rwanda: autopsie d'un génocide
La marche du siècle (dossier "Etats d'urgence") - France 3
21 septembre 1994
Ce documentaire, réalisé à peine le génocide des Tutsi terminé,
montre que celui-ci n'est pas dû à une haine ethnique immémoriale
mais qu'il a été
programmé par le régime d'Habyarimana et que la France a soutenu et formé
militairement les tueurs
Jean Chatain
Nuit et brouillard sur le Rwanda
Articles de Jean Chatain pour le journal L'Humanité
durant le génocide des Tutsi en 1994
Éditions Izuba, janvier 2020
Monique Mas
Paris-Kigali 1990-1994 -
Lunettes coloniales, politique du sabre et onction humanitaire
pour un génocide en Afrique
Éditions L'Harmattan, 1999
La théorie du double génocide mise à mal
Patrick de Saint-Exupéry
La Traversée
Une odyssée au cœur de l'Afrique
Les Arènes, 2021
La France au cœur du génocide des Tutsi
de Jacques Morel
Ce livre, publié en avril 2010 avec une préface de José Kagabo,
faisait le point sur l'implication de la France dans le génocide des Tutsi au
Rwanda en 1994
Version v2.36, 29 août 2023, 65 Megs, 1604 pages
L’aveu d’Hubert Védrine à la commission de la Défense nationale et des Forces armées, Assemblée nationale, 16 avril 2014
Ce rapport d'un officier belge de 1918 montre les tentatives du Mwami Musinga pour préserver son pouvoir alors que son pays est assailli par les Européens. Menacé par les Belges venant du Congo, il a accepté la domination allemande. Mais les Belges avec leur Force publique chassent les Allemands du Ruanda-Urundi en 1916. Ils mettent le Mwami en prison pour trahison, puis se ravisent. Le pays est dévasté par la guerre. Les Pères blancs, dont beaucoup sont Français, accueillent les Belges à bras ouverts. Ils vont encore augmenter leur pouvoir au détriment des autorités traditionnelles. Le Mwami confie ici ses griefs contre eux. Il demande qu'ils se cantonnent dans leur religion et cessent de s'occuper des affaires du pays.
18 septembre 2008 Minnaert, Stefaan Les Pères blancs et la société rwandaise durant l'époque coloniale allemande (1900 - 1916). Une rencontre entre cultures et religions, in Les Religions au Rwanda, défis, convergences et compétitions, actes du colloque international des 18-19 septembre 2008 à Butare/Huye [Éditions de l'Université Nationale du Rwanda, septembre 2009, pp. 53-101]
Stefaan Minnaert, ancien bibliothécaire de la maison des Pères blancs à Rome, révèle les documents originaux, quelque peu différents de l'histoire sainte racontée pour l'édification des chrétiens. On apprend ici qu'à la mission de Rwaza en 1904, le Père Léon Classe, futur évêque du Rwanda, ne dédaignait pas de recourir aux armes à feu pour punir les indigènes qui refusaient de travailler à la construction de la mission. Ce recours à la force n'est pas étranger à la mort du père Loupias en 1910.
8 juillet 1998 Quilès, Paul Audition de M. le Préfet Claude Silberzahn, directeur général de la DGSE (1989-1993) [Huis clos]
La DGSE avait regretté, dès 1991, l'engagement croissant de l'appareil militaire français dans l'affaire du Rwanda et préconisé par écrit et par oral, dès 1992, le désengagement militaire de la France. L'appareil militaire français a été présomptueux sur ses moyens, décalé par rapport à la réalité, inconscient de son ignorance du terrain.
Wolfgang Blam, médecin allemand, est resté à Kibuye jusqu'à la mi-mai 1994. Il tenta de porter secours aux Tutsi parqués dans le stade mais en vain. Furent aussi exterminés sous ses yeux ses beaux-frères et Béatrice, la femme du directeur de l'hôpital, Camille Kalimwabo, et leurs quatre enfants. Avec son épouse Jackie et leur fils nouveau-né, ils devinrent du gibier traqué jusqu'à ce qu'ils soient secourus par des compatriotes en bateau. Son récit des évènements est précis, froid et cinglant. [Original en allemand]
L'ex-capitaine Barril a rencontré fin mai - début juin 1994 des membres du gouvernement rwandais à Gisenyi. Il a été introduit par le colonel Serubuga. Il était accompagné par trois mercenaires de « race » blanche, dont un spécialiste du tir mortier.
Le major Charles Ntambazi, commandant la compagnie de transports à Kanombe, révèle que deux compagnies paras-commando ont été déplacées du camp de Kanombe au camp de la garde présidentielle à Kimihurura le 1er ou le 2 avril 1994.
À Cyangugu, le colonel Rosier, commandant des forces spéciales, se refuse à désarmer les miliciens, déclarant : « Les miliciens font la guerre. Par souci de neutralité, nous n'avons pas à intervenir. Sinon, demain, s'il y a des infiltrations de rebelles, on nous fera porter le chapeau ».
Dans ce reportage sur la fuite des Hutu vers le camp de Benaco en Tanzanie, le bourgmestre de Kabarondo, un certain Octavien Ngenzi, a conservé ses anciennes prérogatives…
De son entretien avec M. A. Gasana, ancien ministre des Affaires étrangères du Rwanda, l'ambassadeur de Belgique à Dar es-Salaam retient que la culpabilité de la garde présidentielle et de l'armée rwandaise dans l'assassinat du Président Habyarimana et les massacres qui ont suivi ne fait pratiquement aucun doute.
En visite à Dar es-Salaam, l'ambassadeur Marlaud dit à son homologue belge, qu'il « leur » avait conseillé de prendre Twagiramungu comme Premier ministre.
6 mai 1994 Quesnot, Christian Note à l'attention de Monsieur le Président de la République. Objet : Entretien avec le Chef de l'État intérimaire du Rwanda
En plein génocide, alors que le FPR chasse les tueurs de l'Est du Rwanda, le général Quesnot s'inquiète de la création d'un « Tutsiland » avec l'aide anglo-saxonne et écrit au Président Mitterrand : « Nous disposons des moyens et des relais d'une stratégie indirecte qui pourraient rétablir un certain équilibre ».
La visite à Paris du ministre des Affaires étrangères rwandais avait pour but de demander à la France de décrypter la boîte noire de l'avion abattu le soir du 6 avril 1994.
La France et le Rwanda font retirer de la déclaration du Président du Conseil de sécurité la phrase affirmant que les forces gouvernementales étaient responsables de l'essentiel des massacres.
La directrice de Human Rights Watch exprime à Bruno Delaye sa préoccupation alors que la France s'apprête à recevoir un ministre du gouvernement autoproclamé du Rwanda et un dirigeant du parti CDR dont la milice mène une campagne de massacres que HRW et la Croix-Rouge internationale qualifient de génocide des Tutsi. Elle l'informe que la Maison-Blanche a dressé une liste de chefs militaires qui ont déclenché les massacres.
80 tonnes d'obus, roquettes, mortiers, la France poursuit ses livraisons d'armes aux FAR à Kigali en dépit des accords de paix d'Arusha. Willy Claes, ministre belge des Affaires étrangères, rapporte que le secrétaire général des Nations unies s'en inquiète.
L'ambassadeur de France partage le point de vue de la Coalition pour la Défense de la République (CDR) qui juge que le Président Habyarimana est « usé » et « a finalement tout raté ».
« L'ennemi principal est le Tutsi [...] qui n'a jamais reconnu et ne reconnaît pas encore les réalités de la Révolution Sociale de 1959 et qui veut reconquérir le pouvoir ».
Décembre 1990 L'Appel à la conscience des Bahutu, suivi des 10 Commandements [Kangura No. 6]
L'Appel à la conscience des Bahutu, suivi des 10 Commandements du Muhutu. « Les Bahutu doivent cesser d'avoir pitié des Batutsi ».
Dans cette histoire du Ruanda, le chanoine de Lacger définit des stéréotypes qui alimenteront la propagande génocidaire. « Les batutsi sont, à n'en pas douter, les derniers venus au Ruanda [...]. Leur suprématie n'est pas contestée. A quoi tient-elle ? A trois éléments : l'un racial, leur supériorité de type physique [...] ; l'autre économique : ce sont des magnats, dont la richesse est constituée par de grands troupeaux de bovins [...] ; le troisième politique : ce sont des hommes nés pour le commandement » (pp. 50-51).
« Le départ de l'Européen pourrait réduire [le Muhutu] dans une servitude pire que la première ».
26 septembre 1933 Servranckx, André Territoires du Ruanda Urundi. Résidence du Ruanda. Territoire d'Astrida. « Rapport de Sortie de Charge. Etabli par M. Servranckx André, Administrateur Territorial de Ière Cl. [Première Classe] ayant administré le Territoire d'Astrida depuis le 27 août 1932 » [69 pages]
« On peut écrire que distinction "Batutsi - Bahutu" ne comporte pas aux yeux de l'indigène, comme pour nous, une distinction de race, mais de richesse et d'influence. Un Muhutu détenteur de vaches est un Mututsi ».
Dans Un royaume hamite au centre de l'Afrique, le père Pagès, influencé par De Gobineau, écrit l'histoire du Rwanda en terme de races. « Le mot "Hamites" sert à désigner les Batutsi. La communauté d'origine des Hamites avec les Sémites (Égyptiens ou Abyssins) semble hors de conteste » (p. 5).
8 avril 2024 Une plainte déposée pour élucider le meurtre d'Alain et Gilda Didot et René Maïer, potentiels témoins de l'attentat du 6 avril 1994 au Rwanda
Une plainte contre X avec constitution de partie civile pour des faits de crime de guerre, homicide volontaire et usage de faux en écriture publique a été déposée pour élucider le meurtre d'Alain et Gilda Didot et René Maïer, potentiels témoins de l'attentat du 6 avril 1994 au Rwanda. Alain Didot était un adjudant-chef de gendarmerie, spécialiste de transmissions, assistant militaire technique auprès de l'armée rwandaise. L'adjudant-chef de gendarmerie René Maïer était officier de police judiciaire affecté au Centre de recherche et de documentation criminelle (CRCD). Des documents militaires français datent leur mort le 6, le 7 ou le 8 avril 1994 jetant le doute sur les circonstances et les auteurs de leur assassinat attribué aussitôt au FPR. Aucune autopsie, aucune enquête n'a été faite. Il paraît plus probable que leur mort est en lien avec l'attentat contre l'avion du Président rwandais qui a été le déclencheur du génocide des Tutsi.
7 avril 2024 Macron, Emmanuel Script de la vidéo du Président de la République à l'occasion des commémorations du 30e anniversaire du génocide des Tutsi
Après que l'Elysée ait fait savoir le 4 avril 2024 que « le chef de l'État rappellera notamment que, quand la phase d'extermination totale contre les Tutsi a commencé, la communauté internationale avait les moyens de savoir et d'agir, par sa connaissance des génocides que nous avaient révélée les survivants des Arméniens et de la Shoah, et que la France, qui aurait pu arrêter le génocide avec ses alliés occidentaux et africains, n'en a pas eu la volonté », la déclaration du président de la République Emmanuel Macron, diffusée sous forme d'une vidéo, est extrêmement décevante. Il n'a pas eu le courage d'assumer cet aveu et se retranche derrière les propos relativement ambigus qu'il a tenus à Kigali le 27 mai 2021. Alors que nous savons que le génocide des Tutsi n'aurait pas eu lieu si la France ne s'était pas rangée du côté des tueurs, il s'agit en l'espèce de complicité de génocide, voire d'entente en vue de commettre un génocide. Les soupçons désignant des acteurs français dans la réalisation de l'attentat qui a constitué la mise à feu du génocide ne font qu'augmenter les charges qui pèsent sur la France. Il s'agit bien d'un crime d'État. Il est alors scandaleux de s'en remettre non pas à la justice mais à des historiens pour enquêter sur le crime. Il est scandaleux de le déguiser sous des euphémismes conjuguant l'aveuglement, l'incapacité à penser le génocide et la défaite de la pensée. Il s'agit d'un crime qui a coûté la vie à plus d'un million de personnes. Il s'agit de criminels et de leurs commanditaires.
6 avril 2024 Base de données France Génocide Tutsi - Lettre d'information n° 4
Tant que les dirigeants français ne remettent pas à la justice les pièces prélevées sur l'avion d'Habyarimana (boîte noire et débris des missiles), ils ne feront que verser des larmes de crocodile.
April 6, 2024 Database France Genocide Tutsi - Information Letter n° 4
As long as the French leaders don't hand over the parts taken from Habyarimana's plane (black box and missile debris), they'll only be shedding crocodile tears.
4 mars 2023 Macron, Emmanuel Extrait de la conférence de presse conjointe entre les Présidents Macron et Tshisekedi au Palais de la Nation (Kinshasa)
Lors de sa prise de parole au Palais de la Nation à Kinshasa, le président de la République française se permet de donner des leçons de justice aux Congolais alors qu'aucun responsable français n'a jusqu'ici été inquiété pour son rôle dans le génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda en 1994. Il ose affirmer que son pays n'y est pour rien dans les guerres qui ensanglantent le Congo ex-Zaïre depuis lors. C'est pourtant la France qui s'est refusée à arrêter les responsables du génocide, c'est elle qui a protégé leur fuite au Zaïre, les a réarmés, a entravé toute action coercitive de l'ONU contre ces criminels et a rétabli dans ce pays l'autorité du maréchal Mobutu.
« Trop dégradé sur le plan cognitif », Paul Barril n'a pu être entendu par la juge qui enquête sur le contrat qu'il a signé avec le gouvernement génocidaire rwandais. La maladie ne l'a cependant pas empêché de traiter les juges de « vrais pitbulls » dans un article récent publié par L'Essor de la gendarmerie nationale. Trop interloqué, Le Canard enchaîné en oublie de demander où était Barril aux alentours du 6 avril 1994. Oui, « enchaîné » au devoir de défendre l'honneur de la France…
17 septembre 2022 Anfré, Antoine Si la France n'était pas intervenue avec autant de constance en faveur du régime Habyarimana, on aurait évité le troisième grand génocide du XXème siècle
Interviewé par Joseph Nsengimana, rescapé du génocide et ancien ministre, le nouvel ambassadeur de France au Rwanda Antoine Anfré rapporte qu'il a été numéro 2 à l'ambassade de France en Ouganda de 1987 à 1991 puis rédacteur « Rwanda » à la division Afrique du Quai d'Orsay où il a été sanctionné pour ses analyses. Il fait sienne la conclusion du rapport Duclert selon laquelle la responsabilité de la France est « lourde et accablante » et celle du rapport Muse pour qui « la France a rendu possible un génocide qui était prévisible ».
Bob Denard envoyé au Rwanda au secours des assassins. Ce recours au « corsaire de la République » montre qu'il y a eu un accord pour garder le Rwanda dans l'orbite française entre l'Élysée et Jacques Foccart, donc entre François Mitterrand, Jacques Chirac et Alain Juppé.
18 février 2022 Génocide au Rwanda : l'amiral Lanxade n'exclut pas que Barril ait eu une aide de l'Élysée
L'amiral Lanxade, chef d'état-major des armées, ne dément pas que l'avion de l'ex-capitaine Barril en route pour le Rwanda pendant le génocide ait fait escale à la base aérienne militaire d'Istres. Il dit n'en avoir rien su. Il laisse entendre que l'atterrissage de l'avion a pu être autorisé sur intervention de l'Élysée. L'ex-capitaine Barril, qui avait un contrat avec le Gouvernement intérimaire rwandais pour le soutenir militairement, n'agissait donc pas de son propre chef mais sur l'ordre des plus hautes autorités de l'État.
15 février 2022 Soulard, Christophe Cour de cassation, chambre criminelle, arrêt n° 20-86.394 [Rejet des pourvois. Confirmation du non-lieu prononcé dans l'instruction du juge Bruguière qui avait accusé des membres du FPR d'avoir abattu l'avion du Président Habyarimana piloté par trois Français]
L'indicible reste inavouable. Depuis 1998, la justice française a été utilisée pour accuser faussement des membres du Front patriotique rwandais d'être les auteurs de l'attentat qui a donné le signal de déclenchement du génocide des Tutsi. Cet attentat resterait-il sans auteur identifiable ? L'avion s'est pourtant réellement écrasé. La cause de l'accident de l'Airbus Rio-Paris, le 1er juin 2009, a été déterminée quand les enregistreurs de vol ont été retrouvés par 3 900 mètres de fond en plein Atlantique. Une note du général Rannou assure que le Falcon du Président rwandais en était équipé. Des militaires français en poste à Kigali se sont précipités sur les lieux du crash. Ils n'ont pas été interrogés sur la boîte noire et les débris de missiles qu'ils auraient eu en main. Les juges se contentent de noter « l'absence » de la boîte noire et que « le type de missile n'a pu être identifié avec suffisamment de certitude ». Il suffisait de réclamer au ministère de la Défense (ou des Armées) à Paris le rapport de ces militaires et les objets qu'ils ont prélevés. Cette abstention à enquêter désigne où chercher les auteurs du crime.
Décembre 2021 Sartre, Patrice La décision politique dans les engagements militaires de la France [Aveu sur l'abandon des survivants de Bisesero par les forces spéciales]
Un général français avoue que c'est par un choix délibéré des forces spéciales en lien avec l'Élysée que les Tutsi survivants de Bisesero ont été abandonnés aux tueurs le 27 juin 1994.
Sur un ton grave, le Président Emmanuel Macron reconnaît d'une part la responsabilité de la France dans le génocide des Tutsi tout en déniant d'autre part son implication dans les évènements. Il affirme les bonnes intentions de la France et lui accorde le droit à l'erreur et à la maladresse. La mise en place du Gouvernement intérimaire par le colonel Bagosora en étroite collaboration avec l'ambassadeur de France Jean-Michel Marlaud vient notamment contredire son discours et prouver au contraire que la France a joué un rôle déterminant dans la mécanique génocidaire. Il recourt également à l'argument de la responsabilité de la communauté internationale, omettant le fait que la France a usé de son siège de membre permanent du Conseil de sécurité pour abuser les Nations unies en feignant de reconnaître le génocide et en permettant à ses auteurs de prendre la fuite. Il reconnaît enfin une dette envers les victimes.
April 19, 2021 Muse, Robert F. A foreseeable genocide - The Role of the French Government in Connection with the Genocide Against the Tutsi in Rwanda
Rapport du cabinet d'avocats Levy-Firestone-Muse commandé par Kigali [ce rapport est riche d'archives rwandaises, françaises et états-uniennes]. Les enquêteurs du cabinet américain concluent que « l'État français porte une lourde responsabilité pour avoir rendu possible un génocide prévisible ». À la différence du rapport Duclert, ils estiment que « l'État français n'était ni aveugle ni inconscient au sujet du génocide ». Mais, sans doute pour des raisons diplomatiques, ils ne s'attardent pas sur les responsabilités individuelles.
6 avril 2021 Castex, Jean Arrêté portant ouverture d'archives relatives au Rwanda entre 1990 et 1994
Évènement, les archives du président de la République François Mitterrand et du Premier ministre Edouard Balladur relatives au Rwanda entre 1990 et 1994 sont rendues accessibles à tout citoyen !
26 mars 2021 Duclert, Vincent La France, le Rwanda et le génocide des Tutsi (1990-1994) - Rapport remis au Président de la République [Rapport et notes fusionnés]
Une avancée importante vers la mise au jour de la vérité cachée dans des documents d'État. Mais la dissimulation de faits déjà connus permet de masquer les preuves d'une complicité, voire même d'une entente avec les auteurs du génocide des Tutsi.
17 décembre 2020 Base de données France Génocide Tutsi - Lettre d'information n° 3
Quelques rubriques : Déplacement de batteries antiaériennes - Les États-Unis ne soutenaient pas le FPR - La menace anti-aérienne à Kigali en avril 1994 - De Grossouvre aurait prévenu Mobutu - L'assassinat de Joseph Kavaruganda - 500 soldats belges interdits d'atterrir au Rwanda - Pour la CIA, l'attentat et les massacres ont été initiés par les extrémistes hutu - Le FPR dénonce le génocide le 13 avril 1994 - Les armes achetées aux Seychelles grâce à la BNP - Histoire du Rwanda - Etc.
L'article du Canard enchaîné du 28 octobre 2020 suscite la polémique à propos de l'historienne Julie d'Andurain qui a rédigé une notice sur l'opération Turquoise dans l'édition 2018 du Dictionnaire des opérations extérieures de l'armée française. Elle y commet de grossières erreurs factuelles et de nombreuses omissions. Au lieu de parler de génocide des Tutsi, elle évoque des « massacres entre Hutus et Tutsis ». C'est la participation de cette historienne à la commission sur le Rwanda présidée par Vincent Duclert qui pose problème. Mise en cause, Julie d'Andurain s'est dite victime d'un « lynchage médiatique » et a alerté ses collègues chercheurs qui ont publié un message de soutien. Suite à la protestation de deux historiens qui ont estimé que le texte de Julie d'Andurain était « au cœur de la négation », la majorité des membres du bureau de la Société française d'histoire des outre-mers (SFHOM), qui avaient pris sa défense, ont démissionné. Au final, Vincent Duclert a pris acte de la décision de madame d'Andurain « de se mettre en retrait des travaux de la Commission ».
3 juillet 2020 Gras, Romain Génocide des Tutsi : la justice française referme le dossier sur l'attentat contre l'avion de Juvénal Habyarimana
La Cour d'appel de Paris a confirmé le non-lieu dans l'instruction sur l'attentat du 6 avril 1994 contre l'avion du Président Juvénal Habyarimana. Ouverte en mars 1998, cette instruction a mené le juge Bruguière à accuser Paul Kagame d'avoir commis l'attentat contre le président Habyarimana et provoqué le génocide des Tutsi pour prendre le pouvoir. Il a été contredit par l'expertise réalisée à Kigali à la demande de son successeur. Le tir qui a abattu l'avion serait parti du camp militaire de Kanombe ou de son environnement immédiat. Un attentat commis par les extrémistes du Hutu Power semble le scénario le plus probable. En conclusion, le juge français rend donc un non-lieu en faveur des proches de Paul Kagame accusés par le juge Bruguière. Cette affaire, qui a provoqué la rupture des relations diplomatiques, n'est pas encore close. La France n'a plus d'ambassadeur à Kigali depuis 2015.
12 juin 2020 Lasserre, Bruno Conseil d'État, assemblée, arrêt n° 422327, 431026 [Le Conseil d'État autorise François Graner à consulter de manière anticipée certaines archives du Président Mitterrand]
La décision du Conseil d'État invoque l'article 15 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, qui garantit le droit d'accès aux documents d'archives publiques, ainsi que l'article 10 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales relatif à la liberté d'expression, duquel peut résulter, à certaines conditions, un droit d'accès à des informations détenues par l'État.
16 mai 2020 Un des principaux génocidaires rwandais arrêté par les gendarmes après 25 ans de cavale
Félicien Kabuga, membre de l'Akazu, président du comité d'initiative de la RTLM et financier présumé du génocide, a été arrêté en France après 25 ans de cavale.
Sam Kiley raconte comment le Père Curic, rencontré à Kibuye le 25 juin 1994, l'a incité à se rendre à Bisesero où il a découvert que les massacres des Tutsi continuaient. Le 26 juin, en route pour Goma par Gisenyi, il rencontre un convoi militaire français. Il alerte le capitaine Éric Bucquet et lui montre Bisesero sur la carte devant une caméra de CNN. Les Français ne porteront pas secours aux Tutsi. Le 29 juin, Kiley retourne à Gishyita près de Bisesero et prévient le capitaine de frégate Marin Gillier, qui ne veut rien entendre. Le 30 juin, Kiley le précède à Gisovu et, avec Michel Peyrard de Paris Match, ils vont trouver des survivants à Bisesero. Peyrard va prévenir le capitaine Dunant et l'adjudant-chef Prungnaud qui déclenchent l'opération de secours.
Le colonel Rwagafilita déclare en novembre 1990 au général Varret : « les Tutsis ne sont pas très nombreux, on va les liquider ». Varret avertit sa hiérarchie, mais rien ne change. En 1993, il est évincé du commandement de la Mission militaire de coopération. Il dénonce un lobby militaire.
À propos de l'attentat contre le Président rwandais Habyarimana, Mediapart et Radio France révèlent une note de la DGSE qui estime que les deux principaux commanditaires sont les colonels Théoneste Bagosora et Laurent Serubuga, ce dernier se trouvant en France. Cette note conforte le témoignage de Jean Birara du 26 mai 1994. Pourquoi cette note DGSE du 22 septembre 1994 n'a-t-elle jamais été prise en compte ?
Dans l'enquête sur l'attentat contre l'avion du Président Habyarimana, le juge Herbaut constate enfin que les accusations portées contre Paul Kagame et des membres du FPR sont sans fondement.
Alors que le commandement français prétend que le lieutenant-colonel Duval alias Diego n'a pas rendu compte de sa rencontre le 27 juin 1994 avec des Tutsi traqués à Bisesero, une vidéo du lendemain montre le sergent M. informant de cette situation tragique le colonel Rosier qui semble ne pas s'en inquiéter. Il ne donnera pas d'ordre de leur porter secours.
Dans l'instruction judiciaire sur l'attentat contre l'avion du Président Habyarimana, le parquet de Paris a requis un non-lieu en faveur des Rwandais inculpés par le juge Bruguière. Il ne relève pas les indices qui conduisent à établir une complicité française avec les auteurs de l'attentat : présence de militaires français sur les lieux du crash, disparition de la boîte noire de l'avion et des débris de missiles, rôle de l'ex-capitaine Barril, présence de missiles Mistral à Kigali…