Citation
Cet appareil était régulièrement entretenu par nos services
 techniques, à l'aéroport du Bourget. Il n'avait jamais été équipé
 d'une « boîte noire » et ne l'était toujours pas lors de son dernier
 entretien, en novembre de l'an dernier... Chez Dassault-Aviation, le
 porte-parole maison, M. Cadix, est plus que sceptique. Pour lui,
 quelque chose cloche dans toute cette histoire de « boîte noire », le
 « Cockpit Voice Recorder » (CVR), que répand, depuis lundi,
 l'ex-capitaine Barril.
 
 Le « Falcon 50 », qui transportait les présidents du Rwanda et du
 Burundi, ce soir du 6 avril où il a été touché par un missile, était
 un appareil gouvernemental. En tant que tel, explique M. Cadix, il
 n'était pas tenu de posséder un tel équipement qui permet
 l'enregistrement de conversations entre pilotes et tour de contrôle ou
 de pilotes entre eux, et celui de paramètres de vol. S'il s'était agi
 d'un avion commercial, d'un appareil servant au transport de
 passagers, par exemple, la réglementation de la Fédération
 internationale de l'aéronautique aurait, au contraire, imposé la
 présence d'une « boîte noire » à bord.
 
 A-t-on pu installer cette fameuse boîte après le dernier entretien?
 Certes, convient le représentant de Dassault-Aviation, car le « Falcon
 50 » était doté d'un prééquipement à cet effet. La marque « Litton » a
 été citée. Étonnement de notre interlocuteur: Cette firme fabrique des
 instruments de radio-navigation, des centrales à inertie, mais pas ce
 qu'on appelle des « boîtes noires ». Aussi, lorsqu'il nous faut en doter
 certains de nos avions, nous fournissons-nous aux États-Unis. Nous y
 achetons des équipements des marques « Fairchilde » ou « Sunstrand ».
 
 Autre difficulté: les dimensions de la boîte. Selon Paul Barril,
 l'instrument mesure 15 cm sur 4. Autre étonnement de M. Cadix: En
 réalité, ce sont des boîtes assez volumineuses. Elles font 35 cm par
 20 par 15 cm. Telle est la taille standard d'une « boîte noire » comme
 on en retrouve dans tous les avions commerciaux. Or, il est question
 ici d'une taille qui n'a rien à voir avec l'équipement dont nous
 parlons.
 
 (NDLR: invité, hier midi, du journal télévisé de France 2, Paul
 Barril, devenu P-DG de la société « Secrets » à Nice, a présenté
 spectaculairement ce qu'il désigne comme la « boîte noire »: un boîtier
 métallique, rivé à un fragment de tôle tordue, provenant sans doute de
 la carlingue d'un avion, où figurent diverses inscriptions: « F 50 »
 (cela désigne-t-il Falcon 50?), et encore: « Dec. 04-79 » et autres
 chiffres et lettres conventionnels. L'objet lui-même est de petites
 dimensions, clos, et ne livre, par son aspect, aucune autre
 indication...
 
 Voilà tout un faisceau d'informations, conclut notre interlocuteur,
 qui nous font penser que tout cela n'est pas très sérieux.
 
 JACQUES CORDY