Soustitre
Valens Kabarari et Elise Delage ont commis en octobre 2019, chez Ethiopia Editons, un ouvrage, fruit d’une rencontre inattendue, sur le génocide des Tutsi au Rwanda.
 
Citation
C’est à la fois le témoignage d’un rescapé du génocide
 des Tutsi au Rwanda, en 1994, et le résultat
 d’une de ces rencontres que l’on ne se lasse pas de
 raconter. Valens Kabarari venait fraîchement d’arriver
 de son pays natal, le Rwanda, en 2008. Il atterrit
 à Lyon, en France, où il passe un BTS d’audiovisuel
 avant d’intégrer l’INA (Institut national de l’audiovisuel).
 Elise Delage aborde le génocide du Rwanda lors
 de ses études de Lettres modernes à Paris III. Ils sont
 mis en liaison par l’ONG Ibuka-Mémoire et Justice qui
 œuvre pour le devoir de mémoire. Valens et Elise
 créent un espace de parole dédié aux rescapés vivant
 à Lyon. Ce travail poussera ensuite Valens à raconter
 sa propre histoire via des enregistrements décryptés
 par Elise et qui ont débouché sur « Vivant ».
 L’ouvrage de 9 chapitres et 100 pages s’ouvre par
 un préambule qui campe le contexte dans lequel le
 projet a été conçu. Le reste du récit est raconté par
 la bouche du gamin qui, à l’âge de 7 ans, en 1994, a
 vécu l’innommable : ses parents et son frère cadet
 ainsi que d’autres membres de sa famille, assassinés.
 Les traumatismes des rescapés du génocide, la perte
 de toute humanité, la reconquête identitaire en
 s’attachant définitivement le nom de son père «
 Kabarari » en lieu et place de celui qui était le sien «
 Sindayigaya » avant le drame, sa sœur devenue subitement
 muette du fait du… Puis les Gacaca et la
 réconciliation. Parce que la vie doit reprendre le dessus.
 
 « Témoigner la vie »
 
 La vie doit continuer. « Nous pouvons cohabiter,
 partager, construire un avenir commun. Après tout,
 nous n’avons pas de choix. Nous appartenons tous à
 la même humanité. Voilà comment j’ai trouvé ma
 réponse. Pour la vengeance de la même façon, j’ai
 construit ma propre définition : vivre, et essayer de
 considérer mon vécu comme une sorte d’expérience
 qui me permet de me questionner », écrit Valens,
 insistant : « Ma vengeance ça a été de vivre, tout
 simplement. C’est une vengeance qui dit « le projet
 génocidaire n’a pas marché ». Et pour moi, c’est la
 seule vengeance qui puisse vraiment faire échouer le
 génocide ».La réappropriation de nom de son père,
 pour pérenniser la lignée familiale, aura aussi contribuer
 à redonner le goût de la vie à Valens. « Porter le
 nom de mon père, témoigner, réaliser des films, des
 pièces de théâtre, un livre : voilà ma revanche pour
 que la vie reprenne le dessus », conclut l’ouvrage,
 comme imprimer définitivement dans la conscience la
 force du témoignage pour entretenir la mémoire universelle…
 Témoigner pour vivre, témoigner la vie.
 
 J.-C.E.
 *Vivant, Valens Kabarari et Elise Delage, octobre
 2019, Ethiopia Editons, 15 euros