Fiche du document numéro 29862

Num
29862
Date
Jeudi 7 avril 2022
Amj
Auteur
Fichier
Taille
27048
Urlorg
Titre
Rwanda : les archives de l'association de rescapés du génocide des Tutsis Ibuka numérisées
Soustitre
Au Rwanda, Ibuka, la principale association de rescapés du génocide des Tutsis, s’est lancée dans le tri et la numérisation de ses archives. Des milliers de documents et objets qui retracent le parcours des survivants dans les années qui ont suivi les massacres, entre 1995 et 2010. Le projet a été lancé en janvier 2022 en partenariat avec deux entités françaises, le Mémorial de la Shoah et l’EHESS et il a pour objectif de préserver et rendre accessibles ces archives qui éclairent un peu plus le dernier génocide du XXe siècle.
Nom cité
Nom cité
Lieu cité
Mot-clé
Source
RFI
Type
Page web
Langue
FR
Citation
Dans la grande salle du Mémorial du génocide des Tutsis de Nyanza, une douzaine de personnes s’active devant des piles de documents. Il y a quelques mois, les archives de l’association Ibuka étaient entassées ici en désordre, aux côtés de vêtements de victimes et de cercueils. Aujourd’hui, elles sont triées par grands thèmes : administration, questions psychosociales, ou encore justice, avec par exemple des comptes rendus de parajuristes qui ont aidé les rescapés à se porter partie civile lors des premiers procès après le génocide.

Hélène Dumas, historienne française, participe à l’exercice. « Ce qui est très intéressant dans ces documents, c’est que toutes les pertes sont indiquées », dit-elle. « À la fois les pertes familiales, mais aussi les pertes matérielles. C’est encore une fois un témoignage de ce qu’est un génocide ; quand il n’y a plus rien, plus de famille, plus de champs, plus de vache. Plus rien. »

Pour cette spécialiste du génocide des Tutsis, ces archives ont une valeur historique majeure. « On voit de quelles manières les enjeux de justice en particulier menaçaient pendant très longtemps la sécurité des survivants et des survivantes sur les collines », explique Hélène Dumas. « De quelle manière la souffrance morale aussi affecte leurs existences pendant des décennies. Ce qui est aussi important avec ces archives, c'est de réintégrer les rescapés dans l’histoire du génocide. »

Des archives qui seront consultables en ligne



Une fois triées, les archives seront numérotées, puis numérisées. Elles deviendront donc accessibles en ligne, mais resteront également consultables sur place, au siège d’Ibuka. Pour Egide Nkuranga, président de l’association, « ce sont des archives qui seront utilisées par nos enfants, par nous-mêmes, par des gens qui veulent sortir des livres, sortir des films, des publications de toutes sortes. Cela veut dire que s’il y a des gens négationnistes qui produisent des articles erronés, alors ces archives vont contribuer à éclaircir tout ce qui s’est passé au Rwanda. »

En parallèle, Ibuka, en partenariat avec l’ONG britannique AEGIS Trust, parcourt le pays à la recherche des rescapés les plus âgés pour enregistrer leurs témoignages tant que c’est possible. Avec toujours le même objectif : préserver la mémoire et contribuer à un savoir historique toujours plus précis sur le génocide des Tutsis.
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