Fiche du document numéro 31135

Num
31135
Date
Mercredi 18 mai 1994
Amj
Hms
19:30:00
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Taille
10088106
Urlorg
Surtitre
Journal de 19 heures 30 [3:09]
Titre
Le témoignage de Bernard Kouchner sonne comme un avertissement très virulent aux pays occidentaux
Soustitre
La lecture tribale du conflit actuel est trop simple.
Nom cité
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Lieu cité
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Résumé
- More than 200,000 dead, maybe 500,000. The toll in Rwanda is so heavy that the figures no longer really have the meaning they should have. Every day children, civilians, in short innocent people, are savagely slaughtered.

- Bernard Kouchner returned this morning from Kigali. His testimony sounds like a very virulent warning to Western countries that have not intervened for the moment.

- Bernard Kouchner: "When will we understand, after how many massacres, after how many dead children? When we walk in grass, over there, around Kigali, we walk on the skulls of severed children. We walk on bodies that have been eaten by dogs. Not a member of the family has survived. So if we want to witnessing that, so it's classic: massacre, humanitarians who shout that the politicians have done nothing, and then finally the politicians do something and the international intervention ernationale arrives too late, after the massacre. So will we understand once and for all that what has been called the right of interference is only a rapid action force, under the flag of the United Nations but which can be an African force , much better still, come at the slightest alarm and better still before the massacre. It will be called prevention, the right to interfere, as you like. It would prevent the massacre. What can we do now? Do you know why we never intervene? It's not pretty, they say it's neocolonialism. They say we have no soldiers, no money and no political will. Well after the massacre you find soldiers, you find money and you find political will. Only people died".

- This civil war in Rwanda does not simply have an ethnic origin. The power in place has a presidential guard which reigns terror throughout the country. The armed opposition, the RPF, brings together activists from both ethnic groups, Hutu and Tutsi who fight side by side.

- Exoduses, massacres, corpses floating in rivers, a terrible reality in Rwanda as in its brother country Burundi for more than 30 years.

- Historical conflict, therefore, between majority Hutu (90% of the population) and Tutsi caused by colonization. Hutu and Tutsi have constantly lived together, they share the same language. For most historians this so-called ancestral hatred did not exist before the arrival of the white colonizer, Belgian in this case.

- A colonizer who wanted to make the Tutsi a separate race: shepherds from the north, from the borders of Ethiopia, thin and slender, who became lords. As opposed to the Hutu natives, the peasants: small, stocky, coarse. A story reinvented. Unfortunately bequeathed to the population, integrated by them into decolonization in 1962. Since then in Rwanda, the Hutu have held power and the Tutsi have joined the guerrillas.

- But even today this tribal reading of the conflict is too simple. Example: within this guerrilla of the Rwandan Patriotic Front, we find mainly Tutsi of course but also Hutu opponents. Another example: after the assassination of President Habyarimana, the origin of the current bloodbath, the Hutu extremists of the presidential guard massacred the Tutsis just as much as the Hutu opponents favorable to power sharing.
Source
Fonds d'archives
INA
Type
Journal télévisé
Langue
FR
Citation
[Élise Lucet :] Plus de 200 000 morts, peut-être 500 000. Le bilan au Rwanda est si lourd que les chiffres n'ont plus vraiment la signification qu'ils devraient avoir. Chaque jour des enfants, des civils -- bref des innocents -- sont abattus sauvagement.

Bernard Kouchner rentrait ce matin de Kigali. Son témoignage sonne comme un avertissement très virulent aux pays occidentaux qui ne sont pas intervenus pour le moment. Bernard Kouchner interrogé par Claire Sébastien et Christophe Airaud.

[Bernard Kouchner : "Quand comprendra-t-on, après combien de massacres, après combien d'enfants morts ? Quand on marche dans l'herbe, là-bas, autour de Kigali, on marche sur des crânes d'enfants coupés. On marche sur des corps qui ont été mangés par des chiens. Pas un membre de la ch…, famille n'a réchappé. Donc si on veut assister à ça, alors c'est classique : massacre, humanitaires qui crient que les politiques ont rien fait, et puis finalement les politiques font quelque chose et l'intervention internationale arrive trop tard, après le massacre. Alors est-ce qu'on comprendra une fois pour toutes que ce que on a appelé le droit d'ingérence, c'est qu'une force d'action rapide -- sous le drapeau des Nations unies mais qui est…, peut être une force africaine, beaucoup mieux encore -- vienne à la moindre alerte et mieux encore avant le massacre. Ça s'appellera la prévention, le droit d'ingérence, comme on veut. Ça empêcherait le massacre. Qu'est-ce qu'on peut faire maintenant ? Vous savez pourquoi on…, on n'intervient jamais ? C'est pas beau, on dit que c'est du néocolonialisme. On dit qu'on n'a pas de soldats, qu'on n'a pas d'argent et qu'on n'a pas de volonté politique. Eh bien après le massacre on trouve des soldats, on trouve de l'argent et on trouve de la volonté politique. Seulement les gens sont morts".]

[Marc Autheman :] Cette guerre civile au Rwanda n'est pas…, n'a pas simplement une origine ethnique. Le pouvoir en place dispose d'une garde présidentielle qui fait régner la terreur dans tout le pays. L'opposition armée, le FPR, regroupe des militants des deux ethnies, des Hutu et des Tutsi qui combattent côte à côte. Philippe Peaster.

[Philippe Peaster :] Les exodes, les massacres, ces cadavres flottants dans les rivières [une incrustation "archives" s'affiche à l'écran], une terrible réalité au Rwanda comme dans son pays frère le Burundi depuis plus de 30 ans [on voit des réfugiés marchant le long d'une route puis des cadavres qui flottent sur une rivière].

Conflit historique, donc, entre Hutu majoritaires -- 90 % de la population -- et Tutsi provoqué par la colonisation [diffusion de cartes d'Afrique puis de la région des Grands lacs localisant le Rwanda et le Burundi]. Hutu et Tutsi ont constamment vécu ensemble, ils partagent la même langue. Pour la plupart des historiens cette prétendue haine ancestrale n'existait pas avant l'arrivée du colonisateur blanc, belge en l'occurrence.

Un colonisateur qui a voulu faire des Tutsi une race à part : des bergers venus du nord, des confins de l'Éthiopie, fins et élancés, devenus les seigneurs. Par opposition aux indigènes hutu, les paysans : petits, trapus, grossiers. Une histoire réinventée [diffusion d'images de réfugiés]. Malheureusement léguée à la population, intégrée par elle à la décolonisation en 62. Depuis au Rwanda, les Hutu détiennent le pouvoir et les Tutsi sont entrés en guérilla.

Mais même aujourd'hui cette lecture tribale du conflit est trop simple [on voit des soldats du FPR en train de défiler]. Exemple : au sein de cette guérilla du Front patriotique rwandais -- le FPR --, on trouve essentiellement des Tutsi bien sûr mais aussi des opposants hutu [diffusion d'images d'archives montrant des soldats du FPR]. Autre exemple : après l'assassinat du Président Habyarimana, l'origine du bain de sang actuel, les extrémistes hutu de la garde présidentielle massacraient tout autant les Tutsi que les opposants hutu favorables au partage du pouvoir [gros plan sur des habitants massacrés dans une rue de Kigali].
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fgtquery v.1.9, 9 février 2024