Fiche du document numéro 31809

Num
31809
Date
Vendredi 24 juin 1994
Amj
Hms
19:30:00
Auteur
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Fichier
Taille
11977859
Urlorg
Surtitre
Journal de 19 heures 30 [3:48]
Titre
Partout les Français rencontrent un accueil exubérant de la part des Hutu. Les miliciens ont des drapeaux bleu-blanc-rouge autour du cou, les enfants des pancartes indiquant « Vive la France »
Soustitre
Près de la frontière zaïroise, les militaires français ont découvert des fosses communes.
Nom cité
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Mot-clé
Résumé
- Operation Turquoise and the first contacts between the French soldiers and the Rwandan population therefore did not cause any incident. Observatory mission in several places of the country. Near the Zairian border, the French soldiers discovered mass graves.

- We are in Bangui in the Central African Republic. It is mainly from there that the French men and equipment leave, heading for Goma and Bukavu in Zaire. Since yesterday [June 23] the deployment has been massive. Pierre-Jean Segnier, "commander": "The experience of humanitarian operations that have taken place recently proves that it is necessary to be able to show enough force to avoid using it and being forced to engage in combat".

- For the moment, on the roads taken by the French in Rwandan territory, there have been no incidents. The paratroopers are advancing, slowly but surely.

- Today, after taking up positions in two refugee camps, the soldiers left for Kibuye. 45 of them are currently going up Lake Kivu. Their mission is to assess the humanitarian situation. A situation where the horror is always present. General Raymond Germanos: "The contacts that were made made it possible, in addition to reassuring the people who were there, to still discover some mass graves".

- The French are probably not at the end of their surprises. Witness: these new images shot in Nyarubuye only two days ago. And a few hundred meters further on, Tutsi refugees still live in fear of new massacres.

- The first humanitarian mission of Opération Turquoise is therefore to come to the aid of the refugees in the Nyarushishi camp. 6,000 Tutsi are gathered there and they lack food and medicine. Upon arriving, the French soldiers were rather well received.

- Having arrived in Cyangugu yesterday afternoon [June 23], the French pushed further into the country today. The commandos have gone north, towards a city about which they know little or nothing. Towards the east, they went towards a forest in which many Tutsi refugees were hiding. Finally, towards the south, towards Bugarama where there would be a camp of 15,000 refugees. These soldiers are not very numerous, some 200 paratroopers and naval commandos, but they apparently want to act quickly. Everywhere they meet an exuberant welcome from the Hutu. The militiamen have blue-white-red flags around their necks, the children carry placards reading "Vive la France". Here, at Nyarushishi camp, the 8,000 Tutsi refugees also finally cheered on the French. These survivors of the massacres were the first that the parachute commandos reached. After weeks of anguish, they say they slept soundly last night for the first time.

- Since yesterday [June 23] several European countries have expressed their solidarity with Operation Turquoise. The French intervention seems to have created an electric shock, particularly in Europe. In any case, this is what Alain Juppé, the Minister of Foreign Affairs, asserts. Alain Juppé: "I was able to see today that all our partners approved of France's initiative and, in various forms (sending planes, sending medical units), were ready to join in on the logistical plan. This is an action in which France took the initiative. The United Nations gave it the green light. It will be deployed on the ground under the conditions that we had planned. I hope that the example thus given can then involve the international community".
Source
Fonds d'archives
INA
Type
Journal télévisé
Langue
FR
Citation
[Élise Lucet :] L'opération Turquoise et les premiers contacts entre les militaires français et la population rwandaise n'ont donc pas provoqué d'incident. Mission observatoire dans plusieurs endroits du pays. Près de la frontière zaïroise, les militaires français ont découvert des fosses communes. Morad Aït-Habbouche.

[Morad Aït-Habbouche :] Nous sommes à Bangui en Centrafrique. C'est de là essentiellement que les hommes et le matériel français partent, direction Goma et Bukavu au Zaïre [on entend un militaire crier à ses hommes "Allez en avant !" puis on voit une colonne d'automitrailleuses passer devant la caméra ; une incrustation "Bangui (Centrafrique)" s'affiche à l'écran]. Depuis hier [23 juin] le déploiement est massif [on voit des militaires regroupés autour d'une carte et on entend l'un d'eux dire : "C'est bon t'en as trouvé un ?"].

[Pierre-Jean Segnier, "commandant" [il porte un béret vert] : "Euh, l'expérience des… ex…, euh, des opérations humanitaires qui ont eu lieu, euh, dernièrement prouve que, en fait, il faut pouvoir montrer suffisamment de force pour éviter justement de s'en servir et d'être obligé d'engager le combat".]

Pour le moment, sur les routes empruntées par les Français en territoire rwandais, il n'y a eu aucun incident [on voit un camion militaire rempli de soldats français passer devant un panneau indiquant la direction de Cyangugu]. Les commandos parachutistes progressent, lentement mais sûrement [on voit un convoi de véhicules civils traverser un village].

Aujourd'hui, après avoir pris position dans deux camps de réfugiés, les militaires sont partis vers Kibuye [on voit un soldat français au béret rouge au milieu des réfugiés]. 45 d'entre eux remontent actuellement le lac Kivu. Leur mission est d'évaluer la situation humanitaire. Une situation où l'horreur est toujours présente [diffusion d'une carte du Rwanda et de l'Est du Zaïre localisant notamment les villes de Goma, Bukavu, Gisenyi, Kibuye et Cyangugu ; une flèche au départ de Cyangugu pointe en direction de Kibuye].

["général Raymond Germanos, adjoint chef d'Etat major des armées" [on le voit en train de donner une conférence de presse] : "Les contacts qui ont été pris ont permis, outre de rassurer les gens qui se trouvaient en place, de faire quand même la découverte de quelques fosses communes".]

Les Français ne sont probablement pas au bout de leurs surprises. Témoin : ces nouvelles images tournées à Nyarubuye il y a deux jours seulement [diffusion d'images de massacres commis dans l'église de Nyarubuye]. Et quelques centaines de mètres plus loin, des réfugiés -- encore des réfugiés tutsi -- vivent toujours dans la hantise de nouveaux massacres [diffusion d'images de réfugiés].

[Élise Lucet :] La première émission [sic] humanitaire de l'opération Turquoise, c'est donc de venir en aide aux réfugiés du camp de Nyarushishi. 6 000 Tutsi y sont regroupés et ils manquent de vivres et de médicaments. En arrivant, les soldats français ont plutôt été bien accueillis. Correspondance sur place Nicolas Poincaré, France Info.

["par téléphone, Nicolas Poincaré, France Info, Nyarushishi" : Arrivés à Cyangugu hier après-midi [23 juin], les Français ont poussé aujourd'hui plus à l'intérieur du pays. Les commandos sont montés vers le Nord, vers une ville sur laquelle ils ne savent rien ou presque. Vers l'Est, ils sont allés vers une forêt dans laquelle se cacheraient de nombreux réfugiés tutsi. Vers le Sud enfin, vers Bugarama où il y aurait un camp de 15 000 réfugiés. Ces soldats ne sont pas très nombreux, quelque 200 hommes parachutistes et commandos de marine, mais ils veulent faire vite apparemment. Partout ils rencontrent un accueil exubérant de la part des Hutu. Les miliciens ont des drapeaux bleu-blanc-rouge autour du cou, les enfants des pancartes indiquant 'Vive la France' [on voit des gens qui acclament les militaires français le long des routes en brandissant des drapeaux tricolores]. Ici, au camp de Nyarushishi, les 8 000 réfugiés tutsi ont eux aussi finalement acclamé les Français. Ces rescapés des massacres ont été les premiers que les commandos parachutistes ont atteint. Après des semaines d'angoisse, ils disent qu'ils ont dormi tranquille la nuit dernière pour la première fois [diffusion d'images du camp de Nyarushishi]. Nyarushishi, Nicolas Poincaré, France Info".]

[Élise Lucet :] Depuis hier [23 juin] plusieurs pays européens ont exprimé leur solidarité vis-à-vis de l'opération Turquoise. L'intervention française a semble-t-il crée un électrochoc, notamment en Europe. C'est en tout cas ce qu'affirme Alain Juppé, le ministre des Affaires étrangères.

[Alain Juppé, "ministre des affaires étrangères" [il s'exprime devant des journalistes ; une incrustation "Corfou, ce soir" s'affiche à l'écran] : - "J'ai pu constater aujourd'hui que tous nos partenaires approuvaient l'initiative de la France et -- sous des formes diverses : envoi d'avions, envoi d'unités médicales -- étaient prêts à s'y associer sur le plan logistique. Un journaliste : - "Est-ce qu'on peut parler d'acte de politique étrangère et de sécurité commune dans ce cas de figure ?". Alain Juppé : - "Non, cette initiative n'est pas une action commune pour être tout à fait [sourire], euh, dans le langage officiel de la politique extérieure et de sécurité commune. C'est une action dont la France a pris l'initiative. Les Nations unies lui ont donné le feu vert. Elle se déploie sur le terrain dans les conditions que nous avions prévues. Je forme le vœu que, euh…, -- j'peux utiliser le mot -- l'exemple ainsi donné puisse entraîner ensuite la communauté internationale".]
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