Fiche du document numéro 31815

Num
31815
Date
Samedi 25 juin 1994
Amj
Hms
19:45:00
Auteur
Auteur
Fichier
Taille
11430807
Urlorg
Surtitre
Journal de 19 heures 45 [3:41]
Titre
Les parachutistes français veulent d'abord montrer qu'ils ne sont pas là pour faire la guerre. Leur première mission : désarmer les milices
Soustitre
Une réfugiée tutsi raconte le massacre de sa famille.
Nom cité
Nom cité
Lieu cité
Lieu cité
Lieu cité
Lieu cité
Lieu cité
Mot-clé
Mot-clé
Résumé
- No major incident in Rwanda. French forces are stepping up reconnaissance patrols on the ground from rear bases in Zaire. The French paratroopers begin to dismantle the Hutu barricades and apparently Operation Turquoise is going well.

- The French paratroopers first want to reassure civilians, Hutu and Tutsi, to show that they are not there to wage war. Their first mission: to disarm the militias.

- General Raymond Germanos, Deputy Chief of Staff of the Armed Forces: "We were led to intervene on a certain number of roadblocks by militiamen to ask them to return to their homes. And this in a fairly firm way. Today these measures We will continue this method insofar as it is these militias who, overall, have been guilty of the most serious abuses".

- The French want to prove that their action is neutral with a purely humanitarian goal. They are most of the time very well received.

- For the time being, Operation Turquoise is mainly deployed in the south-west of Rwanda in the Cyangugu region. To the northwest towards Gisenyi, about thirty men are also present.

- The French are in particular positioned in the Nyarushishi camp where 8,000 Tutsi refugees are gathered.

- At the diplomatic level, the RPF tones down its opposition to France and even declares that it no longer wishes to oppose Operation Turquoise if it remains strictly humanitarian.

- On the international level, the European Union supports French policy but does not commit to concrete support. However, Italy says it is ready to send men. Belgium, Portugal, Germany, Denmark, UK and Spain would prefer logistical assistance.

- In addition, 300 Senegalese arrived in Goma in Zaire.

- Finally, the United States is studying the possibility of a possible contribution.

- The international community therefore seems to be mobilizing. But on the ground France is still quite alone.

- On the ground, Kigali experienced a short truce today in order to evacuate some wounded after the bombardments yesterday [June 24].
- French soldiers are already protecting several refugee camps. Nicolas Poincaré for France Info collected a very moving testimony on the spot. In the south-west of the country, near Cyangugu, a Tutsi refugee recounts the massacre of her family. The Tutsi refugee: "Until now it's the only night we've slept. Otherwise we weren't sure who was keeping us. They killed my baby who was a month and a half old, we killed the another who was two years old, my husband was killed. Everyone in my family was killed! I'm staying with these two children here. The baby's head was hit until the baby died. And when I touched the child, I found he was dead. I left him there. I slipped between the dead. And I went into the bush. The other child was with a servant. I saw the head, I saw the trunk. I left very quickly since I wanted to escape. I went into the bush. Luckily I met the two children I am with now".
Source
Fonds d'archives
INA
Type
Journal télévisé
Langue
FR
Citation
[Gilles Leclerc :] Madame, Monsieur, bonsoir. Pas d'incident majeur au Rwanda. Les forces françaises multiplient les patrouilles de reconnaissance sur le terrain à partir des bases arrières du Zaïre. Les paras français commencent à démanteler les barricades hutu et apparemment l'opération Turquoise se déroule dans de bonnes conditions. Hervé Ghesquière.

[Hervé Ghesquière :] Les parachutistes français veulent d'abord rassurer les civils, hutu et tutsi, montrer qu'ils ne sont pas là pour faire la guerre [on voit un camion militaire rempli de soldats français passer devant un panneau indiquant la direction de Cyangugu]. Leur première mission : désarmer les milices [on voit des véhicules militaires français passer devant des villageois].

["général Raymond Germanos, adjoint chef d'Etat major des armées" [on le voit en train de donner une conférence de presse] : "Nous avons été conduits à intervenir sur un certain nombre de barrages de miliciens pour leur demander de… retourner chez eux. Et ceci de manière assez ferme. Aujourd'hui ces mesures ont été, euh…, appliquées. Euh, nous allons poursuivre cette méthode dans la mesure où ce sont ces milices qui, globalement, se sont rendues, euh, coupables de plus graves exactions".]

Les Français veulent prouver que leur action est neutre à but uniquement humanitaire. Ils sont d'ailleurs la plupart du temps très bien accueillis [on voit des gens qui acclament les militaires français le long de la route en tenant un drapeau tricolore ; d'autres brandissent un panneau sur lequel est écrit "VIVE LA FRANCE"].

Pour l'heure l'opération Turquoise se déploie essentiellement au sud-ouest du Rwanda dans la région de Cyangugu. Au nord-ouest vers Gisenyi une trentaine d'hommes sont également présents [diffusion d'une carte du Rwanda et de l'Est du Zaïre localisant notamment les villes de Goma, Bukavu, Gisenyi, Kibuye et Cyangugu ; une flèche au départ de Bukavu pointe en direction de Kibuye].

Les Français sont notamment positionnés dans le camp de Nyarushishi où sont regroupés 8 000 réfugiés tutsi [gros plan sur le camp de Nyarushishi].

Au niveau diplomatique le FPR atténue son opposition à l'égard de la France et déclare même ne plus vouloir s'opposer à l'opération Turquoise si elle demeure strictement humanitaire [diffusion d'images de réfugiés du camp de Nyarushishi].

Sur le plan international l'Union européenne appuie la politique française mais ne s'engage pas sur un soutien concret. Toutefois l'Italie se dit prête à envoyer des hommes. La Belgique, le Portugal, l'Allemagne, le Danemark, le Royaume-Uni et l'Espagne préfèreraient une aide logistique [diffusion d'images montrant des militaires français en train de débarquer du matériel sur le tarmac d'un aéroport].

Par ailleurs 300 Sénégalais sont arrivés à Goma au Zaïre.

Enfin les États-Unis étudient l'opportunité d'une éventuelle contribution.

La communauté internationale semble donc se mobiliser. Mais sur le terrain la France est encore bien seule [on voit des villageois le long d'une route qui acclament un convoi militaire français].

[Gilles Leclerc :] Et sur le terrain, Kigali a connu aujourd'hui une courte trêve afin d'évacuer quelques blessés après les bombardements d'hier [24 juin].

Déjà des militaires français protègent plusieurs camps de réfugiés. Euh, Nicolas Poincaré pour France Info a recueilli sur place un témoignage -- vous allez l'entendre -- tout à fait bouleversant. Dans le Sud-Ouest du pays, près de Cyagugu [Cyangugu], une réfugiée tutsi raconte le massacre de sa famille.

[La femme rescapée tutsi [on entend seulement sa voix ; des photographies du camp de Nyarushishi ou de villageois encadrés par des soldats des FAR sont diffusées en guise d'images d'illustration] : - "Jusqu'à maintenant c'est la seule nuit que nous avons dormi. Sinon… on n'était pas sûrs de ceux qui nous gardent, hein". Nicolas Poincaré : - "Vous avez un pansement sur la figure, c'est un coup de machette ?". La rescapée tutsi : - "Ah c'est un coup de machette ! Et voilà des coups de morceaux de bois. On a tué mon bébé qui avait un mois et demi, on a tué l'autre qui avait deux ans, on a tué mon mari. On a tué tout le monde de ma famille ! Je reste avec ces deux enfants, ici". Nicolas Poincaré : - "Comment ils ont été tués vos enfants ?". La rescapée tutsi : - "Bon. On m'a frappé depuis la tête, jusque ici. On a frappé la tête du bébé… jusqu'à ce que le bébé meurt. Et quand j'ai touché l'enfant, j'ai trouvé qu'il était mort. Je l'ai laissé là. Je me suis glissée entre les morts, entre…, les…, les morts qui étaient déjà là. Et je suis allée dans la brousse. J'ai laissé le bébé. Je n'ai pas vu l'enterrement de mon bébé. L'autre enfant était avec un domestique. On l'a coupé. J'ai vu la tête, j'ai vu le tronc… de l'autre. Je suis partie très vite puisque je voulais m'échapper. Je suis allée dans la brousse. Heureusement j'ai rencontré les deux enfants avec qui je suis maintenant. Je les ai gardés dans la brousse jusque… à l'autre jour" [deux incrustations "camp de Nyarushishi" et "témoignage recueilli par Nicolas Poincaré France Info" s'affichent respectivement en haut et en bas de l'écran pendant toute la durée du témoignage].]
Haut

fgtquery v.1.9, 9 février 2024