Citation
LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE Paris, le 30 janvier 1991
 
 Monsieur le Président,
 
 
 Ainsi que je vous le rappelais lors de notre dernier entretien
 téléphonique, j'ai attentivement suivi l'évolution de la situation au
 Rwanda depuis le 1er octobre dernier. Je suis en effet profondément
 préoccupé par les conséquences néfastes que peuvent avoir pour la paix
 dans la région la poursuite d'actions militaires déstabilisatrices,
 encore récemment intervenues à Ruhengeri. Dans les épreuves que votre
 pays traverse, je tiens à vous assurer de nouveau du soutien de la
 France.
 
 Mon pays n'a pas ménagé ses efforts pour qu'une solution pacifique
 puisse être trouvée. Dans cette perspective j'ai envoyé au début du
 mois de novembre mon Ministre de la Coopération, M.
 Pelletier, en mission de bonne volonté, dans
 votre pays et dans les États voisins concernés par le problème des
 réfugiés rwandais. Comme il vous l'a exposé et comme je vous l'ai dit
 moi-même, ce conflit ne peut trouver de solution durable que par un
 règlement négocié et une concertation générale dans un esprit de
 dialogue et d'ouverture.
 
 A cet égard, trois conditions me paraissent devoir être remplies : la
 non-intervention d'États voisins en appui direct ou indirect à des
 actions dirigées contre le Rwanda ; l'ouverture d'un dialogue direct
 avec toutes les composantes de la nation dans un esprit de
 réconciliation et l'avènement d'un État de droit parfaitement
 respectueux des Droits de l'Homme ; le règlement le plus rapide
 possible de la question des réfugiés grâce notamment à la tenue d'une
 conférence régionale sur ce sujet, sous les auspices de l'OUA, avec la
 participation de tous les États concernés et du HCR.
 
 Sensible aux arguments que vous m'avez fait valoir, j'ai décidé, dans
 cette période de mise en place de la politique d'ouverture que vous
 avez annoncée et de préparation de la conférence sur les réfugiés, de
 maintenir provisoirement, et pour une durée liée aux développements
 de la situation, la compagnie militaire française envoyée en octobre
 dernier à Kigali et chargée d'assurer la sécurité et la protection
 des ressortissants français.
 
 Je forme des voeux pour le succès de vos efforts en faveur de la
 démocratie et pour le retour à la paix.
 
 Je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, les assurances de ma
 haute considération et de mes sentiments les meilleurs {it et de mon
 amical souvenir.
 
 François Mitterrand