Fiche du document numéro 1145

Num
1145
Date
Samedi 6 octobre 1990
Amj
Taille
124355
Titre
Rwanda : Les hommes du « commandant Fred » ont une longue expérience du combat
Nom cité
Nom cité
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
Le régime du président Habyarimana a-t-il voulu donner le change, jeudi
soir, en annonçant que l'invasion de plusieurs milliers de réfugiés en
armes venus d'Ouganda dans la nuit du dimanche 30 septembre au lundi 1er
octobre avait été stoppée et que le conflit, un moment fixé sur une
ligne de front, à quelque 70 kilomètres de Kigali, s'était, depuis lors,
réduit à des actions de guérilla menées par les assaillants ? Vendredi
matin, des témoins, cités par l'AFP, faisaient état de coups de feu dans
les rues mêmes de la capitale, truffée de barrages militaires.

L'armée rwandaise a affaire à forte partie : les forces rebelles de Fred
Rwigyema ont une longue expérience des combats, acquise dans les rangs
de l'armée nationale de résistance (NRA) de Yoweri Museveni, lorsque
celui-ci, apparenté à l'ethnie tutsie et aujourd'hui chef de l'Etat
ougandais, tenait le maquis. Le « commandant Fred », réfugié rwandais
d'origine tutsie comme la plupart de ses hommes, est l'ancien numéro
deux de la NRA, « celui qui a pris Kampala » en janvier 1986. Selon
certains, il aurait été limogé, fin 1989, pour corruption et, selon
d'autres, il aurait été évincé sous la pression de responsables
ougandais hostiles à la présence de réfugiés rwandais dans les cercles
dirigeants. A Kampala, les autorités déclaraient, jeudi, que tout
rebelle rwandais, membre de la NRA, se réfugiant en territoire ougandais
serait considéré comme déserteur et traité comme tel. Officiellement, le
gouvernement de M. Museveni, président en exercice de l'Organisation de
l'unité africaine (OUA), se doit de condamner l'incursion des rebelles.
Mais comment une force de quelques milliers d'hommes qui aurait, en
outre, puisé son matériel logistique et ses armes dans les stocks de la
NRA a-t-elle pu monter une opération de cette envergure sans éveiller
l'attention des autorités ougandaises ?

Quoi qu'il en soit, M. Jean-Marie Masabo, un porte-parole du Front
patriotique national (Inkontanyi), qui affirme être à l'origine de
l'invasion du Rwanda, a déclaré, jeudi, à la télévision belge, que
« tout rentrerait dans l'ordre » si les autorités de Kigali « acceptaient
de faire rentrer les réfugiés
 » qui croupissent en Ouganda. Il a rappelé
qu'en août 1988, une conférence internationale s'était réunie à
Washington à l'initiative d'organisations de réfugiés rwandais et avait
conclu que le retour au pays était « la seule solution ».

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