Fiche du document numéro 13514

Num
13514
Date
Dimanche 15 mai 1994
Amj
Hms
18:46:00
Taille
85917
Titre
Nouvelle offensive de l'armée à Kigali
Cote
reutfr0020011106dq5f00yyt
Source
Fonds d'archives
Type
Dépêche d'agence
Langue
FR
Citation
NAIROBI, 15 mai, Reuter - Kigali a été la cible dimanche de tirs de
mortiers et d'artillerie légère des forces gouvernementales qui ont
lancé une offensive contre les positions des rebelles du Front
patriotique rwandais autour de la capitale.

Les partisans du FPR ont contre-attaqué depuis les collines entourant
Kigali, parvenant, semble-t-il, à freiner l'avance de l'ennemi près de
l'aéroport, à l'est de la ville, selon les témoignages des habitants.

La Mission d'assistance des Nations-Unies au Rwanda (MINUAR) a dit
avoir été obligée de détourner, en raison des combats, un avion qui se
dirigeait vers l'aéroport. Mais elle espère qu'un second vol pourra se
poser plus tard dans la journée.

Kigali était calme samedi mais l'avancée des partisans du FPR en
direction des casernes des forces gouvernementales à Kanombe, à l'est
de l'aéroport, avait relancé les combats depuis la semaine dernière.

Selon des habitants, les forces gouvernementales ont ordonné à des
civils de creuser des tranchées autour du complexe stratégique de
Kanombe, exposé, au nord, aux tirs d'artillerie des rebelles. Ils se
préparent visiblement à une éventuelle attaque terrestre des rebelles.

Les rebelles du FPR, en majorité membres de l'ethnie tutsie, se sont
assurés le contrôle de la moitié du territoire rwandais depuis
l'assassinat du président Juvenal Habyarimana, le 6 avril. Bloquant la
plupart des routes qui mènent au nord et à l'est de la capitale, ils
privent les forces gouvernementales d'une partie de leur
approvisionnement en carburant.

Les combats font également rage, selon les Nations-Unies, près de la
ville de garnison de Ruhengeri, tenue par les forces gouvernementales,
au nord du pays, et autour de Gisenyi, au sud.

Les associations humanitaires estiment désormais à 500.000 le nombre de
Rwandais décédés depuis le début de la guerre civile, la plupart
victimes de commandos de la mort hutus bien plus que des combats entre
forces gouvernementales et FPR.

Le Pape Jean-Paul II a lancé dimanche un appel pour que cesse le bain
de sang, et a déclaré que les Catholiques, eux aussi, étaient
responsables du génocide au Rwanda. Ceux qui sont responsables des
massacres devront répondre de leurs crimes devant l'histoire et devant
Dieu
, a-t-il affirmé.

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Tentatives de médiations
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Bernard Kouchner, ancien ministre français à l'Action humanitaire,
avait tenté samedi, en vain, d'obtenir des belligérants rwandais
l'autorisation d'évacuer 360 civils bloqués à Kigali.

Il avait précisé, dans un entretien téléphonique avec Reuter, que la
situation au Rwanda avait atteint son paroxysme et que seule une
intervention étrangère pourrait sauver les rescapés de cinq semaines de
massacres.

Le Conseil de sécurité des Nations-Unies devrait se prononcer mardi sur
une proposition de résolution autorisant l'envoi de 5.500 hommes
supplémentaires au Rwanda. Il pourrait également imposer aux factions
rivales un embargo sur les armes.

Il y existe un large consensus sur l'envoi graduel de troupes
africaines. Mais les Etats-Unis souhaitent que les soldats de l'ONU
soient déployés aux frontières du pays alors que la résolution prévoit
qu'ils seront d'abord postés sur l'aéroport international de Kigali.

Selon Abdul Kabia, le responsable de la MINUAR, le premier bataillon de
Ghanéens qui arrivera au Rwanda (si la résolution est votée) devrait
s'assurer rapidement le contrôle de l'aéroport, les deux parties en
présence ayant accepté de laisser l'installation à l'ONU.

Mais il a ajouté que le général Roméo Dallaire, qui dirige la MINUAR,
essayait toujours de convaincre le responsable militaire du FPR et le
chef de l'armée gouvernementale de signer un cessez-le-feu avant
l'arrivée des troupes de l'ONU. /CIC

(c) Reuters Limited 1994

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