Fiche du document numéro 13934

Num
13934
Date
Dimanche 19 juin 1994
Amj
Hms
14:23:00
Taille
87036
Titre
Intervention française à hauts risques au Rwanda
Cote
reutfr0020011106dq6j00wcc
Source
Fonds d'archives
Type
Dépêche d'agence
Langue
FR
Citation
KIGALI, 19 juin, Reuter - L'annonce par Paris de l'envoi aux frontières
du Rwanda de militaires en mission humanitaire est loin de faire
l'unanimité et les rebelles du FPR, en passe de gagner la guerre, ne
cachent pas leur opposition.

Ce n'est pas aux Français d'intervenir. C'est à nous de le faire, a
affirmé samedi le commandant Wilson Rutayisire, porte-parole du FPR.

Pour le Front patriotique du Rwanda (FPR) seule une victoire sur le
terrain permettra de faire cesser les massacres qui, selon les
organisations humanitaires, ont fait au moins 500.000 morts.

Craignant qu'une intervention française ne les prive de la victoire,
les rebelles ont d'entrée de jeu annoncé qu'ils s'y opposeraient.

Et la menace n'est pas vaine.

Les rebelles, qui seraient environ 14.000, sont bien équipés, très
disciplinés et ont une longue expérience des combats.

L'intervention française serait un facteur de complication
supplémentaire, elle pourrait se révéler désastreuse à la fois au
niveau politique et humanitaire
, estime un analyste politique.

Un observateur militaire de l'Onu, originaire d'un pays africain, note
que les miliciens rencontrés aux barrages routiers à l'extérieur de
Kigali sont de plus en plus nerveux et hostiles à tous les Blancs.

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Rapide progression des rebelles
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La France a présenté dimanche matin au Conseil de sécurité un projet de
résolution, rédigé dans le cadre du chapitre VII de la charte des
Nations unies qui autorise le recours à la force.

Paris y demande l'autorisation d'intervenir en attendant l'augmentation
des effectifs de la Mission de l'Onu d'assistance au Rwanda (Minuar),
qui ne compte que 450 hommes.

Le général Romeo Dallaire, commandant de la Mission des Nations unies
pour l'assistance au Rwanda (Minuar) note que les rebelles progressent
rapidement et semblent déterminés à résister aux Français.

Leur position n'a pas changé, a-t-il dit dimanche à la presse.

L'appui longtemps apporté par la France au gouvernement du président
Habyarimana, assassiné le 6 avril dernier, ne l'a guère rendue
populaire auprès du FPR à dominante tutsie. Les rebelles l'accusent
également d'avoir armé et entraîné les milices hutues mises en cause
dans la plupart des massacres.

Paris nie que ses soldats aient combattu les rebelles en octobre 1990,
lors d'une offensive du FPR contre le régime Habyarimana.

Mais plusieurs témoins indépendants affirment avoir vu des militaires
français en train d'ériger des barrages routiers et aider les forces
gouvernementales rwandaises à défendre la ligne de front.

Mis en cause par la presse française et par certaines organisations
humanitaires pour son rôle depuis lors, l'Elysée a tenu à s'expliquer
ce week-end dans un communiqué de quatre pages.

Ceux qui critiquent aujourd'hui, quatre ans après, cette décision,
considèrent-ils qu'il fallait laisser cette intervention
déstabilisatrice s'accomplir? Si telle avait été la décision des
autorités françaises, que n'eût-on entendu sur l'abandon par la France
de ses amis africains
, ont souligné les services de la présidence de
la République. /AP

(c) Reuters Limited 1994

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