Fiche du document numéro 170

Num
170
Date
Mardi 19 avril 1994
Amj
Taille
221438
Titre
Compte-rendu du colonel Cussac et du lieutenant-colonel Maurin
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Fonds d'archives
MIP
Extrait de
MIP, Annexes, pp. 349-354
Type
Document diplomatique, TD
Langue
FR
Citation
— 349 —

8.2. Action des attachés militaires de défense lors de
l’opération Amaryllis, 19 avril 1994

Déclassifié


MISSION D'ASSISTANCE MILITAIRE — 350— Paris, le 19 avril 1994
à KIGALI

COMPTE-RENDU
du Colonel CUSSAC et Lieutenant-Colonel MAURIN

OBJET : Action des AMT lors de l'opération d'évacuation des ressortissants français à KIGALI du 8 au 14 avnil 1994.

FAITS Mercredi 6/04
Le 6 avril à 21h30, compte-rendu du Cdt de St QUENTIN au L/C MAURIN
du crash de l'avion présidentiel à KANOMBE - CR au COIA.
. 22h15 Mise en alerte par téléphone de tous les AMT. Ouverture du réseau
radio par A/C DIDOT - Consigne à domicile est donnés à tous les personnels
. 23h30 Constitution d'une cellule de crise à la MAM avec 4 personnels
(S/C COTTEAUX - Major PINEAU - Cdt CHAMOT - L/C MAURIN)
. 24h00 Visite du L/C MAURIN à l'EM/AR pour un premier point de
situation.

Jeudi 7/4
5h00 : Premiers tirs à l'arme légère et à la mitrailleuse entre G.P. du camp
KIMIMURURA et des éléments FPR qui commencent à sortir du CND
vers : le carrefour du Méridien(500 m ouest)
"Chez Lando" ( 1 km est)
8h00 Montage de l'IMMARSAT par A/C DIDOT. Jusqu'à 14h30, heure du
dernier contact avec ce dernier, contrôle radio toutes les heures avec les
AMT.
9h00 Ordre est donné par le L/C MAURIN aux ressortissants de
RUHENGERI d'évacuer par voie routière en direction de GITARAMA.
Le même type d'ordre est envoyé à ceux de GISENYI qui, après
regroupement à l'hôtel Méridien de cette ville, sont évacués sur GOMA, où
ils seront pris en charge par le Consul de France de cette localité (ZAIRE)
17h30 Un compte rendu radio du directeur du Méridien de KIGALI, Mr Eric
LEFEVRE, fait état de l'assassinat par des éléments FPR du couple DIDOT.
Ces informations sont confirmées à 18h00 par les gardiens Rwandais des
villas voisines qui s'étaient réfugiés au Méridien.
Les liaisons radio seront désormais assurées par le Cdt FABRIES et
Monsieur MERMET, chef d'escale AIR FRANCE à KIGALI.
À partir de 18h00, toute communication téléphonique locale est désormais
impossible avec les quartiers de KIMIHURURA et de KACYIRU où loge la
majorité des AMT.

Vendredi 08/04

Nuit tres agitée, ponctuée de nombreux tirs au niveau du CND mais aussi
dans toute la ville (exécution des tutsi et des personnalités de l'opposition).
Le réseau téléphonique civil avec les quartiers KIMIMURURA et
KACYIRU s'avère définitivement hors service.
Mise en place de l'équipe AMT du bataillon para rwandais à l'aéroport de
KANOMBE qui s'assure du contrôle de la tour et du dégagement de la piste
d'atterrissage obstruée par des véhicules en vue de l'arrivée des premiers
d'atterrissage obstruée par des véhicules en vue de l'arrivée des premiers


— 351 —

Samedi 09/04

03h00 Arrivée des 4 premiers avions du détachement AMARYLLIS avec
l'EMT du Colonel PONCET (3ème RPIMA) et la première Cie (CEA)
Accueil par le Cdt de St QUENTIN.
07h00 Prise de contact entre COMOPS (L/C MAURIN) et CONTROUPE
(Colonel PONCET) pour planifier l'évacuation des ressortissants.
Dés la fin de la matinée, début d'extraction par des équipes AMARYLLIS
accompagnées systématiquement d'un binôme AMT comme guide.

12h00 Mise en place de la cellule d'accueil à l'école française (directeur de
l'école, 2 personnels ambassade et 4 AMT) qui seront relevés plus tard par
des éléments AMARYLLIS)

16h00 Acheminement de 44 premiers ressortissants français sur l'aéroport
avec escorte AMARYLLIS

L'équipe AMT de KANOMBE accompagne, avec un détachement de la GP,
12 personnels de la famille HABYARIMANA (dont l'épouse du président)
17h30 Décollage du ler C 160 chargé de 56 personnes à destination de
BANGUI

Dimanche 10/04 et Lundi 11/04

Extractions de plus en plus difficiles exécutées par les équipes du COS
guidées par des AMT ( ex : Mr BUCHINI représentant de la CEE et Mr
POULAIN) près du Méridien sous les feux de tirs FPR
Poursuite des évacuations avec escorte AMARVYLLIS

Lundi 11

18h00 Fermeture du centre de regroupement de l'école française par équipe
MINUAR. Ce point de regroupement est pris en compte par les belges.

Les premières recherches effectuées par une équipe de la MINUAR dirigée
par le Médecin Major THERY pour retrouver les corps des trois disparus
s'avèrent infructueuses.

Mardi 12/04

5h45 Départ de l'Ambassade de l'ensemble du corps diplomatique français et
des personnels de la MAM vers l'aéroport avec escorte AMARYLLIS.
Décollage de KANOMBE à 8h00 - Arrivée à BANGUI à 11h00 locales.

Les 2 corps du couple DIDOT sont retrouvés enterrés dans leur jardin par la même équipe de la MINUAR.

Mercredi 13/04

Le 3ème corps (A/C MAIER) est enfin retrouvé enterré à proximité de
l'endroit où avait été découvert le coupe DIDOT
Les 3 corps sont acheminés à l'aéroport formellement identifiés par le L/C
MAURIN, le chef d'escadron FORGUES et l'A/C BACH (tous trois AMT)
comme étant ceux de l'A/C DIDOT, Madame Gilda DIDOT et l'A/C MAIER.
Départ du reliquat AMARYLLIS (EMT + 2 Cies)


_ 352 —

Jeudi 14/04
Après avoir soupçonné les FAR d'être à l'origine des tirs de Mortiers 81 (12
obus) appliqués sur le taxiway de KANOMBE chaque fois que le
détachement spécialisé du COS tentait de quitter l'aéroport avec le C 130,
mais finalement convaincu que ces tirs étaient dirigés par les belges, le L/C
MAURIN donne l'ordre de décollage à 17h30 (après avoir laissé un PP18 et
les informations nécessaires à un guidage aérien éventuel au Colonel de
l'armée de l'Air belge responsable des opérations aériennes)
Arrivée à BANGUI à 9h00 locales. Accueil par le CEM/EFAO et le chef de
MAM.

Vendredi 15/04
Bangui 3h00 locales décollage du DC 8 cargo avec à bord les 3 AMT et les 6
cercueils à destination du BOURGET
15h00 Cérémonie de lever des corps.



— 353—

ENSEIGNEMENTS À TIRER

- Pour ce type d'opération, ne compter que sur l'équipe des militaires, tant au
niveau du recensement des personnes, que sur l'extraction et l'acheminement vers l'aéroport.
- Le consul était absent et les listes disponibles étaient caduques.
- La MICAC ne s'est jamais manifestée dans le dispositif alors que leurs
effectifs étaient nettement plus nombreux que ceux de la MAM.
- Un double réseau d'alerte doit être mis en place :
- à partir du téléphone tant que celui-ci fonctionne (voir annexe).
- à partir de postes portatifs, type YEASU, si le téléphone est coupé
(prévoir 2 piles par postes au minimum)

Prévoir de même un relai radio pour les pays à terrain "bahuté”.

- Conception : le système d'évacuation des ressortissants français était basé sur un ilotage de ces derniers, des points de regroupements secondaires et un point de regroupement principal où devaient se constituer les listes d'embarquement avant l'acheminement sur l'aéroport.

Un mois avant les évènements, les circonstances ont imposé une modification
complète de ce processus pour ne conserver qu'un seul point de regroupement.

Il est indispensable de prévoir dans ce point :

- de l'eau (cachets de purification)

- un groupe électrogène avec réserve de carburant

- un médecin avec médicaments et matériels de premiers soins

- si possible des lits pliants ou des matelas permettant aux enfants et
aux malades de "tenir" 24h au moins.

Chaque ressortissant doit être invité à emporter 24h de vivres et 10 litres
d'eau et un seul bagage à main par personne.

Ces mêmes précautions doivent être prises à l'ambassade ou se tiendra le
dernier carré avant, les cas échéant, la fermeture définitive.

- Destination des véhicules personnels :

La bêtise et l'égoïsme des gens a fait que la majorité des propriétaires civils des véhicules personnels ont conservé, par devers, eux, les clés de ces véhicules, limitant ainsi la motorisation des unités arrivées en renforts. Etant donné qu'il y va de la réussite de l'opération et que, de toute façon, ces véhicules sont perdus, il faut se montrer draconien "vous ne serez évacués que si vous nous donnez les clés des véhicules”.

- Il faut, en période de calme, préparer les ressortissants à prendre des initiatives pour rejoindre, seuls, si les conditions le permettent, le point de regroupement. Trop de ressortissants attendent, sur place d'être extraits par les militaires, obérant ainsi les moyens pour des extractions plus justifiées.

- Prévoir, à la MAM, une déchiqueteuse suffisamment importante. Trop de
temps a été perdu pour détruire les documents.

- Il est impératif d'obtenir, dès que la tension s'installe, une station Inmarsat pour conserver le contact avec l'EMA et la MMC

- Il ne faut pas hésiter, dès que les circonstances l'imposent, à regrouper les
familles autour des postes radios pour garder le contact.

- La motorisation des troupes chargées de l'évacuation nécessite également la
disponibilisation de carburant. La MICAC disposait d'une réserve de 15 000 litres d'essence qui a était utilisée à cette fin.



— 254 —

- À aucun moment la MINUAR ne s'est manifestée pendant cette phase . Le 24 mars à l'occasion d'une réunion sécurité, organisée par le Colonel MARCHAL Commandant le secteur KIGALI, il avait été annoncé au représentant des communautés étrangères que la MINUAR assurerait la sécurité de l'axe d'évacuation et procèderait à l'acheminement des étrangers vers l'aéroport.

- Il faut noter enfin les grandes qualités de calme et d'amitié de la cellule de crise du COIA. En faisant confiance à ceux qui ce trouvaient sur le terrain et les encouragements prodigués par cette équipe ont permis d'oeuvrer avec le maximum d'efficacité et de sérénité.

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