Fiche du document numéro 18747

Num
18747
Date
Lundi 19 juin 2017
Amj
Auteur
Taille
131627
Titre
Rwanda : quand les militaires français recevaient l’ordre de venir en aide aux génocidaires en débandade
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
Dans sa prochaine livraison, à paraître le 28 juin, la revue XXI apporte
des informations inédites sur l'aide multiforme apportée par Paris aux
extrémistes hutus organisateurs du génocide au Rwanda, en 1994.

« Au cours de l’opération Turquoise, ordre avait été donné [aux militaires
français] de réarmer les Hutus qui franchissaient la frontière » entre le
Rwanda et l’ex-Zaïre. Ceux-là même qui venaient de commettre, au cours des
trois mois précédents, un génocide aussi fulgurant qu’impitoyable contre
les Tutsis. L’auteur de cette confidence sulfureuse est un
haut-fonctionnaire français habilité secret défense. Lorsque, en avril
2015, François Hollande annonce sa décision de déclassifier les archives de
la présidence française relatives au Rwanda pour la période 1990-1995, ce
commis de l’État est désigné, avec l’un de ses pairs, pour passer au tamis
ce qu’elles recèlent.

Plusieurs mois après avoir accompli ce travail de bénédictin, le
haut-fonctionnaire confiera à un cercle restreint le vertige qu’il a
éprouvé en épluchant les archives relatives au rôle de Paris avant le
génocide et jusqu’à l’opération Turquoise. Au moment d’instruire l’exécutif
de ses découvertes, écrit le journaliste Patrick de Saint-Exupéry –
cofondateur de la revue XXI, après avoir été longtemps grand reporter au
quotidien Le Figaro – dans le numéro à paraître le 28 juin, il a «
clairement expliqué qu’il serait très problématique pour les personnes
[françaises] concernées par cette affaire que ces documents soient
communiqués
». Parmi ses découvertes, « plusieurs documents sur le ``droit
de retrait'' que des militaires français auraient fait valoir pour ne pas
obéir aux ordres
» qui les sommaient d’apporter leur concours aux
génocidaires rwandais en débandade.

Hospitalité de la France pour certains génocidaires



Un mois plus tôt, un embargo sur les livraisons d’armes aux belligérants
rwandais avait été adopté par l’ONU, et une résolution de la commission des
droits de l’Homme de l’organisation internationale évoquait un « génocide »
en cours au pays des mille collines.

Dans son long récit, le journaliste produit en outre le fac-similé d’une «
évaluation politico-militaire de la crise du Rwanda », estampillée «
Confidentiel défense », rédigée en février 1995 par la Délégation aux
affaires stratégiques du ministère de la Défense. Celle-ci rappelle
qu’avant comme pendant le génocide, la DGSE (le service de renseignement
extérieur français) avait régulièrement alerté les responsables politiques
sur la « stratégie de provocation » des extrémistes hutus de l’entourage du
président Juvénal Habyarimana – alliés de Paris –, puis sur leur
implication directe dans les massacres de masse commis contre les Tutsis et
les opposants hutus d’avril à juillet 1994. Sans être entendue… puisque,
comme le précise aussi cette note, « le gouvernement français offrira
l’hospitalité à des personnalités qui se révéleront ensuite être des ``VIP
du génocide''
».

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