Fiche du document numéro 2328

Num
2328
Date
Mardi 10 mai 1994
Amj
Auteur
Taille
84954
Titre
Une boucherie planifiée, confirme le « Herald Tribune »
Page
13
Cote
no 15469
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
« UN massacre soigneusement organisé ». Sous ce titre, le quotidien américain « International Herald Tribune » a publié, lundi, un article expliquant que la boucherie au Rwanda « n'a pas commencé comme une explosion spontanée de folie tribale, mais plutôt comme une campagne de tuerie systématique dirigée par des leaders politiques et soutenue par les militaires ». Le journaliste indique qu'outre la garde présidentielle, deux milices sont impliquées dans les massacres, toutes deux corps d'« élite » de Habyarimana. Et, révèle le « Herald », elles ont été armées l'an dernier alors qu'au même moment Habyarimana faisait face à des pressions internationales en vue d'un compromis avec l'opposition tutsi et le Front patriotique rwandais.

La tuerie s'est déroulée en deux phases distinctes, indiquent des témoins cités par Keith B. Richburg. « En un premier temps, la garde présidentielle a établi des barrages routiers autour de la ville, empêchant les troupes de maintien de la paix de l'ONU et d'autres de se déplacer librement. Des troupes de la garde ont pris la direction des opérations en rassemblant les officiels tutsi ainsi que des ministres hutu d'autres sympathisants des Tutsi. »

Au cours de la deuxième phase, « les milices ont lancé ce qui, visiblement, était un programme d'extermination de masse de tous les Tutsi. Les miliciens (...) connaissaient les adresses de toutes les familles tutsi dans les quartiers sous leur contrôle. (...) Ils ont procédé à un porte-à-porte, et chaque fois qu'ils n'arrivaient pas à trouver les Tutsi recherchés, ils fouillaient les maisons attenantes. Se cacher devint difficile, si ce n'est pas impossible ».

« Pendant tout le pogrom, les miliciens étaient encouragés par la radio hutu, radio Mille Collines, qui continue à diffuser des messages comme: ``L'ennemi est là, tout près, attrappez-le!'' et: ``Les tombes ne sont pleines qu'à moitié'' »

Il ne s'agissait pas du premier massacre organisé. Le journaliste rappelle notamment celui qui s'est déroulé le durant deux jours en février dernier, et qui « prit fin aussi rapidement qu'il avait commencé, comme si un signal avait été donné. » Une répétition générale en quelque sorte...

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