Fiche du document numéro 25115

Num
25115
Date
Dimanche 7 avril 2019
Amj
Taille
262692
Titre
La France instaure une journée de commémoration du génocide au Rwanda
Soustitre
Emmanuel Macron a annoncé une «une journée de commémoration» en France du génocide au Rwanda.
Nom cité
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Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
 Emmanuel Macron a rencontré les représentants français de l'association Ibuka pour la mémoire du génocide rwandais, le 5 avril 2019. PHILIPPE WOJAZER / POOL / AFP

Grand absent des cérémonies à Kigali du 25e anniversaire du génocide rwandais, Emmanuel Macron a annoncé dimanche « une journée de commémoration » en France: une nouvelle « avancée », selon les associations de soutien aux victimes, après l'ouverture limitée des archives annoncée vendredi, mais qui reste insuffisante.

« Emmanuel Macron salue le travail de mémoire conduit par les rescapés et souhaite que la date du 7 avril soit désormais une journée de commémoration du génocide des Tutsi », qui a fait entre 800.000 et un million de morts en 1994, a annoncé la présidence française dans un communiqué très succinct.

Ma réaction est une réaction de satisfaction



Le président « exprime sa solidarité avec le peuple rwandais et sa compassion à l'égard des victimes et de leurs familles », selon le bref communiqué de la présidence. « C'est clairement une avancée », déclare à l'AFP Julien Allaire, administrateur de Survie, qui dénonce toutes les formes d'intervention néocoloniale française en Afrique. « Ce génocide n'avait pas de reconnaissance officielle. Ça va permettre d'inscrire cette question dans un parcours éducatif », souligne M. Allaire.

« Ma réaction est une réaction de satisfaction », estime également Marcel Kabanda, président d'Ibuka France, association de soutien aux victimes et rescapés du génocide. « C'est la justice qui nous est rendue, aux victimes, aux rescapés », a-t-il souligné.

L'association avait demandé ce geste au chef d'Etat français quand elle avait été reçue au palais présidentiel de l'Elysée, vendredi. L'instauration en France d'une journée de commémoration « redonne » de plus « au peuple français, qui se sent toujours accusé, un peu de sa fierté dans le cadre du respect des droits de l'Homme », a ajouté M. Kabanda.

Un appel à aller au-delà des réticences



« J'espère que cette journée de commémoration sera un appel à aller au-delà des réticences. Ce n'est pas la population française à la base mais les élites qui devraient parler davantage (du génocide, ndlr). Ça prendra du temps, mais cela ouvre une nouvelle phase », a-t-il jugé.

Mais cette annonce n'est qu'un « minimum », estime M. Allaire. « Il n'y a toujours aucune déclaration sur la responsabilité de la France » dans le génocide, souligne-t-il lors d'une manifestation dans le centre de Paris où « Rwanda 1994. France complice » était inscrit en lettres géantes au pied de la statue de la République.

« On est au milieu du guet [sic]. Il est temps que le président fasse cette déclaration sur la responsabilité française », insiste le militant, qui estime tout aussi insuffisante l'annonce faite vendredi par M. Macron.

La France doit reconnaître un rôle actif en faveur des génocidaires



Le président avait ce jour-là indiqué que serait mis en place une commission d'historiens et chercheurs afin de faire la lumière sur le rôle controversé de Paris dans cette tragédie. Cette commission aura accès à « toutes les archives françaises concernant le Rwanda entre 1990 et 1994 », lesquelles ne seront cependant pas ouvertes à tous. Paris est régulièrement accusé d'avoir soutenu les Hutu dans leur génocide des Tutsi.

« La Belgique (ancienne puissance coloniale, ndlr) a reconnu son rôle dès 1995, mais c'était reconnaître une passivité. La France doit reconnaître un rôle actif en faveur des génocidaires. On le sait déjà: la commission ne fera qu'ajouter des preuves. On ne peut pas dire qu'il y a eu un génocide et ne pas en tirer les leçons », accuse M. Allaire.

Pour le militant de Survie, l'absence de contrition française prouve le « pouvoir d'influence » qu'exercent encore les responsables politiques et militaires de l'époque et qui ont pu contraindre M. Macron à ne pas se rendre aux cérémonies au Rwanda, malgré une invitation de Kigali qui suivait un certain réchauffement des relations jusqu'alors tendues entre les deux pays.

Le président français a finalement préféré s'excuser et a envoyé un « représentant personnel »: le député Hervé Berville, orphelin tutsi adopté en France en 1994.

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