Fiche du document numéro 27665

Num
27665
Date
Lundi 11 janvier 2021
Amj
Taille
169806
Surtitre
France-Rwanda
Titre
L'ombre de la guerre au Rwanda plane sur un conflit entre la BNP et la société de sécurité Ronange
Soustitre
Ronange assurait la sécurité autour du siège de la banque française en banlieue parisienne. Le dirigeant de la société, Marc Le Loeuff, conteste l'éviction de l'entreprise devant le tribunal de commerce de Paris. Les activités au Rwanda de son ancien patron, Paul Barril, dans les années 1990, pourraient expliquer la décision de BNP Paribas.
Nom cité
Nom cité
Mot-clé
BNP
Résumé
The BNP Paribas group has just been assigned to the Paris Commercial Tribunal by the Ronange security company. Informally, its founder Marc Le Loeuff felt that the decision had in fact been made by the management of the headquarters at its branch, which had inquired about its long-term partner with Paul Barril, the former GIGN commander in private security.
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
Le groupe BNP Paribas vient d'être assigné au tribunal de commerce de Paris par la société de sécurité Ronange. La banque avait confié à cette entreprise en 2015 la sécurisation des alentours de ses bureaux de Pantin (Seine-Saint-Denis), avant de l'évincer au 1er janvier 2021. Après plusieurs tentatives de médiations, le fondateur de Ronange, Marc Le Loeuff, a entamé un recours devant le tribunal de commerce de Paris mi-décembre pour contester la rupture et faire valoir la mise en dépendance de sa société par une série de contrats précaires.

L'entreprise avait décroché ce contrat auprès de la filiale du groupe BNP Paribas Securities Services (BP2S) à la suite d'une série d'agressions visant les collaboratrices du groupe sur le chemin entre les bureaux et les stations de RER et de tramway (le géant des déchets Veolia a mis en place un arrangement similaire à son siège d'Aubervilliers).

Spécialiste de la protection rapprochée


Compte tenu de la sensibilité de la mission, qui nécessite d'intervenir sur la voie publique, la direction de BP2S s'était tournée vers Ronange, dont le cœur de métier est la protection rapprochée de personnalités (le groupe a notamment assuré pendant de longues années celle du magnat éthio-saoudien Mohammed Hussein al-Amoudi - IOL n° 698 et Africa Intelligence du 10/01/14).

Le dispositif mis en place par la société à partir de 2015 a permis de mettre fin aux agressions en nouant des liens avec les policiers de la BAC locale et le voisinage pour éviter les incidents dans cette zone sensible. La prestation semblait appréciée par Patrick Colle, directeur général de BP2S, qui s'est mobilisé à plusieurs reprises pour la maintenir auprès de BNP Paribas et du service achats de la banque, chargée de la gestion du contrat à partir de février 2019.

Risque d'image


Mais après un appel d'offres express, le groupe BNP Paribas a transféré en octobre 2020 le contrat à la société de sécurité Aeneas Sécurité, invoquant une nécessité de réduction des coûts. De façon plus informelle, Marc Le Loeuff s'est vu signifier que la décision avait en réalité été imposée par la direction du siège à sa filiale qui s'inquiétait de son long compagnonnage avec l'ex-commandant du GIGN reconverti dans la sécurité privée Paul Barril. Fils du commissaire divisionnaire Pierre Le Loeuff, qui a dirigé la brigade mondaine dans les années 1980, Marc Le Loeuff a travaillé entre 1993 et 2003 pour Groupe Barril et S.E.C.R.E.T.S, les deux sociétés de Barril, avant de monter sa propre structure.

Or en juin 2017, BNP Paribas a précisément été ciblé par une plainte pour complicité de génocide au Rwanda déposée par l'association Sherpa et d'autres associations, qui accusent la banque d'avoir autorisé un virement de 1,3 million de dollars en juin 1994 de la Banque nationale du Rwanda, une opération destinée à financer l'achat d'armes. Au même moment, Paul Barril était alors engagé auprès du régime rwandais, qu'il équipait en matériel militaire et auquel il fournissait des instructeurs.

Si Marc Le Loeuff n'a jamais participé de près ou de loin à l'opération rwandaise, ces liens auraient convaincu la banque de couper les ponts avec son prestataire par crainte d'augmenter son exposition.

Enquête réalisée par la rédaction de La Lettre A (groupe Indigo Publications)

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