Fiche du document numéro 29870

Num
29870
Date
Samedi 25 juin 1994
Amj
Hms
13:00:00
Taille
24356
Surtitre
Journal de 13 heures
Titre
Les militaires de l'opération Turquoise auraient découvert des charniers mais ils n'ont pas identifié l'origine ethnique des victimes et des auteurs des massacres
Soustitre
À Kigali la situation reste extrêmement tendue. Ce matin encore, les rebelles du Front patriotique ont accentué leurs attaques.
Lieu cité
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Mot-clé
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Résumé
- The 2,500 soldiers of Operation Turquoise are gradually arriving on site. They are based in Zaire in Goma and Bukavu and carry out reconnaissance in Rwandan territory. According to the staff, they would have discovered mass graves yesterday [June 24] but they did not identify the ethnic origin of the victims and the perpetrators of the massacres. During their first contacts with the Tutsi refugees, the French soldiers were well received by the Rwandan populations.

- Reconnaissance and surveillance patrols resumed this morning east of Lake Kivu. Small groups of paratroopers, usually five or six, circulate on the mountain roads in search of pockets where Tutsi refugees are believed to be hiding. The officers remain very discreet about the number of men deployed in the region. These patrols aim to ensure the protection of the Tutsi in this region under the control of the government Hutu army.

- The local population, for its part, the majority Hutu, continues to give an enthusiastic welcome to the soldiers. The roadblocks, manned by militias, have disappeared.

- The French soldiers have made some macabre discoveries since their arrival on Thursday [June 23]: several mass graves have been spotted. The staff nevertheless took care to indicate that it was not in a position to reveal the number of bodies and the ethnicity of those massacred.

- In Goma the French system continues to be put in place. Those responsible should decide soon to open a second axis of penetration into Rwanda: this time it concerns Gisenyi in the north where Hutus have gathered who have fled the areas under the control of the armed opposition.

- In Kigali the situation remains extremely tense. Yesterday [June 24] the Red Cross hospital was bombed. This morning again, the rebels of the Patriotic Front stepped up their attacks. However, it seems that the RPF is less critical of the French operation.
Source
TF1
Fonds d'archives
INA
Type
Transcription d'une émission de télévision
Langue
FR
Citation
[Claire Chazal :] Venons-en maintenant à l'opération Turquoise. Six membres de l'Union de l'Europe occidentale ont décidé d'apporter leur soutien logistique à la France. Les 2 500 militaires arrivent peu à peu sur place [diffusion d'une carte du Rwanda indiquant la ligne de front entre le FPR et l'armée gouvernementale ainsi que les villes de Goma, Bukavu et Cyangugu]. Ils sont basés au Zaïre à Goma et à Bukavu et procèdent à des reconnaissances en territoire rwandais. Selon l'état-major, ils auraient découvert des charniers hier [24 juin] mais ils n'ont pas identifié l'origine ethnique des victimes et des auteurs des massacres.

Au cours de leurs premiers contacts avec les réfugiés tutsi, les soldats français ont été bien accueillis par les populations rwandaises. Nos envoyés spéciaux Marine Jacquemin et Frans-Yves Marescot les suivent depuis le début de l'opération. Marine fait pour nous le point de la situation au téléphone [NB. - La présentatrice commet une confusion sur l'auteur du reportage].

[Patricia Allémonière :] Les patrouilles de reconnaissance et de surveillance ont repris ce matin à l'Est du lac Kivu [diffusion d'images du camp de réfugiés de Nyarushishi]. Des petits groupes de parachutistes, cinq ou six généralement, circulent sur les routes de montagnes à la recherche de poches où se cacheraient des réfugiés tutsi [diffusion d'une carte du Rwanda ; une flèche indique la direction de Cyangugu vers Kibuye]. Les officiers restent très discrets sur le nombre d'hommes déployés dans la région. Ces patrouilles visent à assurer la protection des Tutsi dans cette région sous [inaudible] l'armée gouvernementale hutu [on voit à l'image le colonel Didier Tauzin au milieu des réfugiés du camp de Nyarushishi]. Les militaires français chaque fois doivent se livrer à un véritable travail d'explication. Des rumeurs avaient couru dans les camps et bon nombre de réfugiés croyaient que les Français venaient soutenir les Hutu, et donc les tuer. Aujourd'hui ces craintes disparaissent [diffusion d'images du camp de réfugiés de Nyarushishi].

La population locale quant à elle, à majorité hutu, continue de réserver un accueil enthousiaste aux militaires [on voit une foule acclamer les militaires français en train de traverser une ville avec leurs véhicules]. Des dizaines et des dizaines de drapeaux français ont été confectionnés à la hâte pour saluer l'arrivée de ceux qui sont considérés ici comme des sauveurs. Le déploiement des soldats a contribué il est vrai à détendre [inaudible]. Les barrages, tenus par des milices, ont disparu [on voit des véhicules de l'armée française puis un barrage de miliciens].

Les militaires français ont fait depuis leur arrivée jeudi [23 juin] quelques macabres découvertes : plusieurs fosses communes ont été repérées. L'état-major a néanmoins pris soin d'indiquer qu'il n'était pas en mesure de révéler le nombre de corps et l'appartenance ethnique des personnes massacrées [diffusion d'images d'archives montrant des véhicules de l'armée française sillonner le Rwanda].

À Goma le dispositif français continue de se mettre en place. L'aéroport est véritablement saturé [on voit des militaires français décharger des véhicules et du matériel d'avions gros-porteurs]. Les responsables devraient décider prochainement d'ouvrir un deuxième axe de pénétration au Rwanda : il concerne cette fois Gisenyi au nord [diffusion d'une carte du Rwanda ; une flèche indique la direction de Goma vers Gisenyi] où se sont regroupés des Hutu qui ont fui les zones passées sous contrôle de l'opposition armée [diffusion d'images d'archives du camp de rescapés tutsi de Kabgayi].

[Claire Chazal :] Et à Kigali la situation reste extrêmement tendue. Hier [24 juin] l'hôpital de la Croix-Rouge avait été bombardé. Ce matin encore, les rebelles du Front patriotique ont accentué leurs attaques. Il semble toutefois que le FPR se montre moins critique vis-à-vis de l'opération française. Nos envoyés spéciaux Loïck Berrou et Jean-François Monnet font le récit des dernières heures dans la capitale rwandaise.

[Par téléphone, Loïck Berrou :] La bataille de Kigali continue et nul ne saurait dire quand elle s'arrêtera. Qui tient Kigali en effet tient le pays. Le Front patriotique du Rwanda le sait mieux que quiconque. Les rebelles se sont emparés de toute la périphérie de la ville et pilonnent sans répit le centre-ville aux mains des forces gouvernementales et des milices [diffusion d'images d'archives de combat dans la ville de Kigali]. Paradoxalement, ce sont ces milices -- les fameux Interahamwe, coupables des massacres les plus odieux -- qui ont entamé aujourd'hui la chasse aux Français. Les soldats français sont venus, ont-ils entendu, pour sauver les Tutsi dans l'Est du pays. C'est les frustrer d'une tâche qu'ils n'ont pas encore achevée [diffusion d'images d'archives montrant des miliciens Interahamwe].

Les Nations unies pour leur part ont tenté ce matin d'imposer un cessez-le-feu afin de procéder à l'échange de 600 réfugiés de part et d'autre de la ligne de front [diffusion d'images d'archives montrant des Casques bleus devant l'hôtel des Mille Collines].

Enfin, le canon a encore tonné ce matin à Kigali : les 450 Casques bleus de la MINUAR, totalement impuissants, n'ont même pas pu se rendre à l'hôpital de la Croix-Rouge touché hier [24 juin] par un obus. Le nombre final des victimes s'élève à sept morts [diffusion d'images d'archives d'un hôpital de la Croix-Rouge].

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fgtquery v.1.9, 9 février 2024