Fiche du document numéro 33891

Num
33891
Date
Lundi 7 avril 2008
Amj
Taille
22648
Titre
Intervention de Laurent Contini représentant Monsieur Bernard Kouchner à la soirée Ibuka
Nom cité
Source
Type
Discours
Langue
FR
Citation
Monsieur le Ministre devait venir et malheureusement l'actualité le retient, il est encore à l'Elysée, il prie de s'excuser, je m'en excuse personnellement auprès de vous.

Il y a une attente, il a créé une attente, il la déçoit, je suis déçu, c'est un moment difficile pour moi de vous présenter des excuses très sincères. Il me prie de vous faire part de sa solidarité, de son empathie. Vous connaissez son histoire, il était au Rwanda en 1994, il a été témoin d'un certain nombre d'évènements du génocide, c'est un combat pour lui, c'est un combat que nous partageons avec Charlotte Montel,ici présente, depuis qu'il est aux commandes et qu'il dirige le Ministère des affaires étrangères.

C'est un combat que nous avons mené pour mieux comprendre et mieux digérer cette
histoire douloureuse qui est douloureuse pour nous.

La France a joué un rôle au moins de 1990 à 1994, donc nous devons faire face à se devoir de mémoire, nous devons continuer. Nous avons combattu l'idée (ou l'idéologie) des deux génocides et ce soir c'est clair que pour nous, la France et le Ministère des Affaires Etrangères, il n'y a qu'un génocide, celui qui a été commis à l'encontre des Tutsis.

C'est un combat qui a été difficile, je vous prie de le croire, et il n'est pas fini. Je suis content de voir que des parlementaires comme Mme Taubira sont tout à fait dévoués à cette lutte.

Par ce devoir Mémoriel ()... nous devons, saisir cette opportunité pour que le Rwanda soit au centre de ce débat pour que la lutte contre le négationnisme soit une lutte contre tous les négationnismes, en particulier ce soir celui qui nous concerne, celui du génocide des Tutsis. Nous avons encore une longue lutte à mener.

Comme vous le savez la normalisation avec le Rwanda, avec les autorités rwandaises, le gouvernement rwandais, ce n'est pas gagné. Nous avons un obstacle majeur qui s'appelle tout à fait franchement les mandats Bruguière, l'indépendance de la justice française ce n'est pas une illusion, c'est une réalité.

Nous sommes confrontés à cette émission de mandat sur des pré-supposés que nous combattons. Malheureusement pour l'instant, malgré l'émergence de deux nouveaux juges sur ce dossier, nous n'en savons guère plus. Ils continuent l'instruction, l'instruction continue, c'est une bonne chose déjà, le dossier n'est pas clos, mais nous sommes toujours confrontés à cet obstacle et le Président Kagamé nous a clairement dit lorsque nous étions au Rwanda fin janvier avec le Ministre Kouchner qu'il n'y aurait pas d'instauration de relation diplomatique avec nous tant que ces mandats existeraient. Ce temps peut être long,... malheureusement, nous espérons que la justice continuera son cours et fera preuve de vigilance et de sincérité dans l'examen de cette question. Mais je ne vous cache pas que le chemin risque d'être long et difficile.

Pour nous ces mandats sont une réalité, nous croyons que ce n'est pas un obstacle majeur pour ré-instaurer des relations diplomatiques normales avec le pays, nous estimons qu'il faut re-introduire de la politique pour surmonter les obstacles, pour faire face au passé, pour l'oublier, et reconstruire une relation saine, digne et normale avec le Rwanda. Sur de nouvelles bases.

L'oubli ne doit pas être là, notre combat c'est un combat contre les négationnistes, pour une réhabilitation de notre histoire et des relations avec votre pays, pour affronter l'avenir sur de nouvelles bases.

Et je tiens souligner ici que c'est une lutte pour laquelle notre Ministre Kouchner est tout à fait dédié et dévoué.

Il m'a chargé de vous faire part qu'il attendait dans les prochains jours, enfin, qu'il était disposé à recevoir une délégation d'Ibuka demain, après-demain, enfin dès qu'il trouvera un créneau.

Ce n'est pas un lot de consolation, j'en suis désolé, c'est au moins une ouverture encore pour le dialogue.

Madame Taubira merci d'être venue, je sais que quand nous nous étions parlé, vous ne deviez pas être là, merci d'être là et de soutenir notre lutte.

Enregistré par Annie Faure et retranscrit par sa secrétaire « en or »

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fgtquery v.1.9, 9 février 2024