Fiche du document numéro 2197

Attention : ce document exprime l'idéologie des auteurs du génocide contre les Tutsi ou se montre tolérant à son égard.
Num
2197
Date
Samedi 18 mars 2006
Amj
Auteur
Fichier
Taille
132595
Titre
« À Kigali, la France a mené une politique de prévention »
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
A la demande du Figaro, Hubert Védrine revient sur les attaques
lancées contre la France à propos de ce qu'elle a essayé de faire au
Rwanda de 1990 à 1994.

1. Avec le recul, comment voyez-vous le rôle de Paris à l'époque du
génocide au Rwanda ?


Aujourd'hui il devrait être possible de replacer les efforts
impuissants, mais méritoires, de la France dans leur véritable
contexte : les massacres de tutsis dès avant l'indépendance de 1960 ;
La volonté de Kagamé de reprendre le pouvoir à tout prix avec le
soutien de Museveni ; les efforts de la France pour prévenir les
massacres qui en résulteraient et pour imposer à la place le partage
du pouvoir, les Accords d'Arusha ; l'attentat du 6 avril 1994 contre
le Président rwandais qui a déclenché le génocide et permis la prise
du pouvoir par le FPR, et signé l'échec de la politique française de
prévention, pour le malheur des Rwandais. Ce qui ne justifie pas de
dire n'importe quoi.

2. Il y a-t-il eu un génocide au Rwanda celui des Tutsi ou un double
génocide comme l'avait formulé François Mitterrand en 1995 lors du
sommet franco-africain de Biarritz ?


Est ce une question piège ? Ce que je sais, c'est qu'il y a un certain
consensus pour évaluer à 800 000 le nombre de Tutsis et de Hutus
victimes du génocide d'avril 1994. Depuis lors, l'International
Crisis Group
, de Bruxelles, comme d'autres organisations, estime à
3,5 millions le nombre de victimes congolaises des actions rwandaises
et ougandaises dans la région, depuis 1997, directement ou par dommage
collatéraux. Je vous laisse le soin de qualifier ces morts là?

3. Dans les mondes de François Mitterrand vous remarquiez qu'il ait
pu y avoir des relations trop étroites entre certains militaires
français et le gouvernement du Président Habyarimana
. Pensez-vous
qu'il y avait une trop forte implication militaire française au
Rwanda ?


Oui, peut être, quand ils avaient pour mission de sécuriser la
frontière rwando-ougandaise contre les attaques du FPR de Kagamé et de
l'armée ougandaise (l'autre volet de la politique française ayant été
le partage du pouvoir entre Hutus et Tutsis, objectif sans doute
irréaliste en l'absence de moyens de pression suffisants sur Kagamé
comme sur les Hutus). Mais cela n'a rien à voir avec le génocide.

4. Comment réagissez-vous à l'ouverture d'une information judiciaire
par le tribunal de Paris pour génocide au Rwanda ?


Pourquoi ces accusations, maintenant ? Est-ce un contre feu pour
amortir le choc de l'enquête, non réfutée, de Pierre Péan ou celui des
prochaines conclusions du juge Bruguière ? Je n'en sais rien. Il
faudra de toutes façons juger de la validité de ces témoignages
brusquement invoqués.

5. Les militaires français ont parfois le sentiment d'avoir 'endossé
une responsabilité politique au Rwanda. Ce sentiment s'appuie-t-il sur
une réalité ?


Ce n'est pas un problème entre politiques et militaires. Ces derniers
ont surtout du mal à encaisser tant d'accusations effarantes,
colportées avec autant de légèreté par certaines ONG ou médias,
français, ou autres.

6. Comment expliquez-vous que parmi l'héritage de François Mitterrand
la question rwandaise agite toujours les esprits ?


Il ne s'agit pas de l'héritage de François Mitterrand mais celui de
trente ans de politique française dont il n'y a pas à rougir. Accuser
la France est facile et rend service à certains. Il est triste que la
politique de prévention de la France, de 1990 à 1994, ait échouée,
mais cela ne justifie pas de dire n'importe quoi.
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fgtquery v.1.9, 9 février 2024