Fiche du document numéro 27812

Num
27812
Date
Mardi 23 février 2021
Amj
Fichier
Taille
17804
Titre
Rwanda : la justice française saisie de la fuite de génocidaires permise par la France en 1994
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Lieu cité
Source
AFP
Type
Dépêche d'agence
Langue
FR
Citation
Des associations et des rescapés du génocide au Rwanda demandent à la justice
française d’enquêter sur les instructions données en 1994 par la France de ne pas
interpeller les autorités responsables des massacres des Tutsi, selon leur
courrier consulté mardi par l’AFP.

Des associations et des rescapés du génocide au Rwanda demandent à la justice
française d’enquêter sur les instructions données en 1994 par la France de ne pas
interpeller les autorités responsables des massacres des Tutsi, selon leur
courrier consulté mardi par l’AFP.

Les avocats de Survie, de la Fédération internationale des droits de l’Homme et
de six rescapés ont écrit en ce sens aux magistrats chargés de l’enquête sur les
éventuelles responsabilités de l’opération militaro-humanitaire Turquoise lors
des massacres de Bisesero fin juin 1994.

S’appuyant sur la révélation récente d’un télégramme diplomatique, ils demandent
aux magistrats de relancer et d’élargir leurs investigations, en procédant
notamment à l’audition d’Alain Juppé, alors ministre des Affaires étrangères, et
à celle de son conseiller de l’époque, Bernard Emié, actuel patron de la
Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE).

Ce télégramme « confidentiel diplomatie » du 15 juillet 1994, signé par M. Emié,
demandait au représentant du Quai d’Orsay auprès de l’opération Turquoise de
transmettre aux responsables génocidaires, par des « canaux indirects », le
« souhait qu’elles quittent la Zone Humanitaire Sûre » alors contrôlée par les
militaires français.

« Vous soulignerez que la communauté internationale et en particulier les Nations
Unies devraient très prochainement déterminer la conduite à suivre à l’égard de
ces soi-disant autorités », poursuivait le texte.

Ce télégramme, dévoilé par Mediapart et consulté par l’AFP le 15 février, a été
retrouvé dans les archives d’un conseiller du président François Mitterrand par
le chercheur François Graner, membre de Survie.

Il était adressé à l’ambassadeur Yannick Gérard en réponse à sa demande sur le
sort de ces autorités, qu’il suggérait d’arrêter ou de placer en résidence
surveillée.

Les avocats demandent qu’il soit lui aussi entendu ainsi qu’Hubert Védrine,
Secrétaire général de l’Elysée à l’époque des faits.

Ce télégramme « est indubitablement un nouvel élément » susceptible de relancer
l’enquête, « notamment en ce qu’il met en lumière le soutien actif des plus
hautes autorités françaises à des responsables rwandais », écrivent les avocats
Eric Plouvier, Olivier Foks, Laure Heinich, Karine Bourdie, Patrick Baudoin et
Michel Tubiana.

Ces parties civiles, qui accusent Turquoise d’avoir sciemment abandonné aux
génocidaires des centaines de Tutsis des collines de Bisesero du 27 au 30 juin
1994, tentent depuis trois ans de relancer les investigations. Celles-ci ont été
closes sans poursuites à l’été 2018, ouvrant la voie à un non-lieu qui n’a pas
encore été prononcé.

Selon l’ONU, environ 800.000 personnes, essentiellement dans la minorité tutsi,
ont été tuées en trois mois au Rwanda lors de massacres déclenchés après
l’attentat contre l’avion du président Habyarimana le 6 avril 1994.
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fgtquery v.1.9, 9 février 2024