Fiche du document numéro 30745

Num
30745
Date
Samedi 17 septembre 2022
Amj
Auteur
Fichier
Taille
128000
Urlorg
Titre
Heritage Days à Bruxelles : un parcours sur les traces des victimes du génocide au Rwanda
Nom cité
Lieu cité
Source
Type
Page web
Langue
FR
Citation
[La sociologue Marian Lens]

Les traces de la colonisation dans l’espace public de la capitale : c’est le thème des traditionnelles journées du patrimoine à Bruxelles. Si plusieurs activités ou bâtiments ouverts au public ont évidemment un lien avec le Congo, une activité concerne le Rwanda, à savoir un parcours sur la mémoire du génocide des Tutsis. Une visite guidée à travers Bruxelles qui passe par les lieux de mémoire, mais aussi de solidarité et d’entraide entre rescapés.

Le point de départ de la promenade a lieu devant la stèle commémorative du génocide qui a fait près d’un million de morts en 1994 au Rwanda. "Cette stèle a été inaugurée en 2004", explique Marian Lens, la sociologue qui anime la visite. "Elle se trouve à Woluwe-Saint-Pierre car c’est ici que se trouve l’ambassade du Rwanda."

L’ambassade du Rwanda à Bruxelles : un lieu qui évoque des souvenirs douloureux à Paul, le frère de Marian Lens, lui qui est marié à une rescapée qui a perdu presque toute sa famille dans le génocide. "Mine de rien", explique Paul, "il y a beaucoup de choses qui se sont passées, aussi, ici à Bruxelles. On m’a rapporté qu’à l’époque, depuis l’ambassade du Rwanda, une personne expliquait par téléphone à son interlocuteur au Rwanda qu’il venait de voir à la télé tel Tutsi à tel endroit, ce qui aidait finalement à repérer les gens à massacrer."

La visite se poursuit dans le centre-ville. On emprunte le trajet de la marche au flambeau en hommage aux victimes, qui a lieu chaque année en avril, le mois où s’est déclenché le génocide. "Le parcours est symbolique", explique Marian Lens. "On relie la Place royale au Palais de justice, où ont lieu les procès contre les suspects de génocide."

Arrêt ensuite à la galerie Bortier qui abritait, de 1985 à 2002, une librairie qui fut à l’avant-plan de la lutte pour la reconnaissance du génocide. C’est notre guide du jour qui tenait à l’époque la librairie Artemys. "Peu après le génocide", explique Marian Lens, "ont commencé les toutes premières réunions d’une association de femmes tutsi. Nous avons hébergé leurs premières réunions ici à l’étage de la librairie. C’est ici l’un des premiers lieux où les rescapés ont pu se sentir en sécurité, reconnus et soutenus. D’ici, nous avons lancé les premières pétitions pour la reconnaissance du génocide, une collecte de fonds pour payer les procès, ainsi que tout le travail de communication par rapport à la presse et à la population, ce qui était très difficile à l’époque."

Cette promenade sur les traces du génocide de 1994, c’est aussi l’occasion d’interroger la responsabilité des colons belges dans la division de la société rwandaise. "Les notions cristallisées de Hutus et Tutsis, les uns contre les autres, avec des privilèges des uns contre les autres : cela n’existait pas au 19e siècle", assure la sociologue. "Ce sont les colons qui ont établi ces notions, qui ont eu intérêt à diviser pour mieux régner."

Ce week-end, par huit fois, Marian Lens accompagne les visiteurs sur ce parcours pour tenter de mieux faire connaître ce pan de l’histoire qu’elle estime méconnu.
Haut

fgtquery v.1.9, 9 février 2024