Fiche du document numéro 32198

Num
32198
Date
Mardi 12 juillet 1994
Amj
Fichier
Taille
4091933
Urlorg
Titre
Compte rendu d'activités à Kibuye le 12 juillet 1994 - Assassinats Home St Jean à Kibuye. Assassinats stade de Kibuye. Les charniers. Massacre église de Kivumu, paroisse Nyange
Nom cité
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Lieu cité
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Lieu cité
Lieu cité
Lieu cité
Mot-clé
Cote
GR 2002 Z 74_13; Duclert 20210031/3
Source
Fonds d'archives
Type
Document militaire
Langue
FR
Declassification
Min. Def. N° 001153 du 12 MAR 2021
Citation
FICHE 1

ASSASSINATS HOME ST JEAN A KIBUYE

DIMANCHE 17 AVRIL, VERS 8 H OO, 4300 TUTSIS ETAIENT REFUGIES AU
HOME SAINT JEAN ( CHIFFRE RECENSEMENT CROIX ROUGE )

DES GENDARMES (S/OFFICIERS) QUITTENT LEUR GROUPEMENT, CONTRE
L'AVIS DU COMMANDANT DE GROUPEMENT DONT L'EPOUSE SERAIT TUTSIE.
ACCOMPAGNES DE DEUX SURVEILLANTS DE PRISON ET D'UN DOUANIER ILS SE SERAIENT
DIRIGES VERS LE HOME ST JEAN.

LES REFUGIES TUTSIS HOMMES PRESERVAIENT L'ENTREE DE L'EGLISE ET
LANCAIENT DES PIERRES EN DIRECTION DES ASSAILLANTS. ILS AURAIENT ETE ABATTUS
PAR ARME A FEU. ENSUITE DES GRENADES AURAIENT ETE LANCEES DANS L'EGLISE
RENFERMANT LES FEMMES ET LES ENFANTS. DES CIVILS DE LA COMMUNE DE RUTSIRO
AURAIENT PARTICIPE AUX MASSACRES

EN EFFET ON PEUT CONSTATER DES IMPACTS DE BALLES SUR LA FACADE
DE L'EGLISE, D'AUTRES PART LES VITRAUX DE LA FACADE N'EXISTENT PLUS ALORS QUE
CEUX DE LA FACADE ARRIERE SONT INTACTS. EGLISE NETTOYEE. FORTES ODEURS
SUBSISTENT - POSSIBILITE DE CHARNIER, TERRE REMUEE SUR UNE SURFACE DE 10 X 8 M
ENVIRON DEVANT L'EGLISE. DE NOMBREUSES PERSONNES SEMBLENT LE CONFIRMER.

HOME ST JEAN SE COMPOSE D'UNE GRANDE EGLISE, D'UN GROUPE DE
BATIMENTS VOISINS AVEC UNE CHAPELLE ET D'UNE VINGTAINE DE CHAMBRES
INDIVIDUELLES AVEC UNE GRANDE BATISSE SURPLOMBANT LE LAC.



FICHE 2

ASSASSINATS STADE DE KIBUYE

Ces assassinats ont été commis sur le stade, en bordure de la route
conduisant de KIBUYE à CYANGUGU.

Ils se sont déroulés le lundi 18 avril entre 14 H ET 18 H40.

Le Préfet de KIBUYE, KAYISHEMA Clément aurait demandé aux
bourgmestres des communes de sa préfecture, de convaincre les réfugiés tutsis de
rejoindre KIBUYE où îls seraient accueillis. Trois bourgmestres se seraient exécutés :
BAGIRISHEMA Ignace (commune de MABANZA) MURAGIZI Gabriel (commune de
MWENDO) et le bourgmestre de la commune de CAYOVE, circonscription de la
préfecture de GISENYI. Slogan utilisé "Allez à KIBUYE, il y a plus de moyens ".


Regroupés sur le stade ils n'y recevront aucune nourriture du 13 au 18 Avril
1994 à l'exception de bouille pour les enfants, fournie par Ia croix rouge.

Le nombre de réfugiés ainsi regroupés est évalué par l'informateur à 9000.
(7000 qui avaient été recensés par les membres d'une commission dont il faisait lui même partie et 2000 minimum mon pris en compte ayant rejoint de la commune de MWENDO). ;

A 14 heures des grenades à fusil sont lancées des deux collines surplombant
le stade. Ensuite des tirs d'armes à feu qui se poursuivent jusqu'à 18 heures 40 (nuit). Le lendemain les derniers blessés et les quelques survivants encore présents seront achevés.

Durant le massacre du 18 Avril, toutes les issues du stade étaient gardées par des militaires ou civils armés. D'autre part le stade était encerclé par des miliciens ou paysans armés de machettes qui tuaient ceux qui arrivaient à s'enfuir.

D'après le témoin, parmi les tireurs on trouverait 5 (cinq) gendarmes du
Groupement de Gendarmerie, 2 (deux ) surveillants de prison, 1 (un ) policier municipal,
1 (un) douanier.

Le témoin a pu s'échapper du stade le 18 AVRIL à la nuit tombée. Toutes
les personnes ayant participé au massacre s'identifiaient grâce à une feuille de bananier tressée, nouée autour de la taille.

Les FAR ne semblent pas impliquées, sauf éventualité d'éléments en civil ,
mais aucun témoin ne les cite.

Le bourgmestre de Gitesi paraît avoir été un élément modérateur puisqu'il
avait accueilli et protégé des réfugiés TUTSIS à son domicile avant qu'ils ne soient dévouverts par des milices et tués. Sa fonction de bourgmestre lui aurait permis d'avoir la vie sauve, et les milices le lui aurait fait savoir.

CONCLUSION

Si les renseignements de l'informateur étaient confirmés, les massacres
commis les 17 et 18 avril au Home St Jean et au stade auraient permis d'éliminer 13 000
RWANDAIS environ, pour la plupart des TUTSIS, mais aussi très certainement des
HUTUS non connus dans la région et peut être même des opposants.

Le Préfet pourrait être l'instigateur de ces tueries, mais îl n'a jamais été cité comme y ayant directement participé, avec une implication de quelques gendarmes, gardiens de prison, gardiens municipaux et douaniers.

Un deuxième témoin confirme les renseignements de la présente fiche, parle
plus de 10 000 morts, mais se montre beaucoup plus réservé et plus nuancé quant à l'implication du Préfet.

LES CHARNIERS :

Tous les corps de Home St Jean et du Stade auraient été chargés par des
Caterpilars du MINITRAP et transportés par des camions appartenant au même
ministère.

FOSSE 1

Dans l'O.N.A.P.O (Office National de la Population) sîtué aprés l'hôpital de
KIBUYE sur la route de CYANGUGU- Les corps aurraient été ensevelis dans une fosse d'où l'on avait extrait l'argile servant à la fabrication des briques. Ensuite ils auraient été recouverts par de la terre. (Corps provenant du stade).


FOSSE 2 :

Se trouverait entre le stade et l'école, à gauche sur la route de CYANGUGU.
D'ailleurs en bout de mur sur l'arrière du stade côté école, des ossessements
apparaissent déjà. (Corps provenant du stade)

FOSSE 3:

Se trouverait prés de l'école privée APAPEGI située à 800 mètres environ de
la station PETRORWANDA (Centre du village). Les corps
proviendraient du Stade et du Home St Jean.

FOSSE 4 :

Devant l'entrée de l'église du Home St Jean, à KIBUYE et aussi derrière
cette église.



FICHE 4

MASSACRES EGLISE DE KIVUMU PAROISSE NYANGE

Le 15 Avril 1994, à KIVUMU, 200 TUTSI ont été tués par la population
locale, vraisemblablement devant l'église, tandis que d'autres se réfugiaient à l’intérieur.

Les prêtres ont demandé aux autorités un bulldozer afin d'enfouir les corps. Cet engin réquisitionné dans une entreprise de travaux publics locale a réalisé le
travail demandé le 16 avril au matin.

Le travail terminé, la population locale rassemblée, renforcée par celle
d'autres villages aurait intimé l'ordre de démolir l'église où s'étaient réfugiés d'autres TUTSIS. nombre ignoré, probablement une centaine.

Menacé de mort le conducteur de l'engin aurait procédé à la démolition de
cette église.

Les TUTSIS qui ne seraient pas morts sur place, auraient été tués par la
population.
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fgtquery v.1.9, 9 février 2024