Fiche du document numéro 437

Num
437
Date
Jeudi 23 juillet 1992
Amj
Auteur
Fichier
Taille
102479
Titre
Note à l'attention de Monsieur le Président de la République. Objet : Rwanda
Nom cité
Nom cité
Lieu cité
Mot-clé
Résumé
Visit to Kigali of Paul Dijoud and General Huchon, Quesnot's deputy. Despite the ceasefire agreement, France continues to deliver arms, "in order to avoid a brutal destabilization of the Rwandan army".
Source
Fonds d'archives
FM
Type
Note
Langue
FR
Citation
PRÉSIDENCE
DE LA
RÉPUBLIQUE
Le Géneral
Chef de L'Etat Major Particulier

Le 23 juillet 1992

- N O TE -

à l'attention de Monsieur le Président de la République

(sous couvert de Monsieur le Secrétaire général

OBJET : RWANDA.

Mon adjoint, le Général HUCHON, a accompagné Monsieur
Paul DIJOUD, directeur des affaires africaines et malgaches du
Quai d'Orsay, le mercredi 22 juillet lors d'une brève mission
au RWANDA.

Le Président HABYARIMANA avait souhaité cette visite
rapide, malgré son absence du territoire, en raison du
calendrier très contraignant prévu par l'accord de cessez-le-
feu d'ARUSHA (TANZANIE) du 12 juillet.

Le but de ce voyage était d'appuyer la mise en oeuvre
de ce plan de paix, de vérifier la réalité de la trêve prévue
à compter du 19 juillet et de contribuer activement à la phase
suivante : cessez-le-feu à compter du 29 juillet et mise en
place du groupe d'observateurs militaires neutres (GOMN).

Les autorités gouvernementales rencontrées (Premier
Ministre, Ministre des Affaires Etrangères, Ministre de la
Défense, etc..) ont toutes exprimé fortement la cohésion du
gouvernement d'union nationale face à l'agression ougando-FPR
venue du nord.

Les propos exprimés, notamment par le Premier
Ministre et le Ministre des Affaires Etrangères, tous deux
issus de l'opposition au Président HABYARIMANA, reprenaient
trois thèmes principaux :

- les remerciements à la FRANCE pour son aide qui
permet de résister à l'agression extérieure tout en
développant la démocratie à l'intérieur du pays,

- la volonté, très fermement affichée, de poursuivre
l'évolution démocratique en cours,


- le scepticisme et la méfiance vis-à-vis des
intentions réelles du Président Ougandais MUSEVENI.

Sur ce dernier point, il est apparu clairement, en
allant le constater sur Le terrain, que l'offensive ougando-
FPR se poursuit . Depuis le 19 juillet, date acceptée
conjointement pour la trêve, les combats continuent et la
ligne de front se modifie au détriment des Rwandais. Ce
constat simple désigne nettement l'agresseur.

Les forces armées rwandaises sont durement touchées
par la puissance de feu adverse. Depuis la première offensive
Ougandaise d'octobre 1990, les pertes militaires rwandaises
atteindraient 5000 morts/disparus et 10000 blessés. Ce chiffre
est considérable pour une armée dont les effectifs soldés ne
dépassent pas 24000 hommes, derniers recrutements
exceptionnels de guerre inclus.

Le nombre de personnes déplacées fuyant la
progression du FPR dépasse 500 000 (cinq cent mille), créant
une situation extrêmement difficile dans la zone arrière des
combats.

En conclusion, les préoccupations immédiates du
gouvernement rwandais se résument à rechercher les moyens,
nationaux et internationaux, pour sauvegarder leur
souveraineté, c'est-à-dire :

- tenir militairement la ligne de front.
- obtenir du Président MUSEVENI l'arret de l'offensive en cours.

La mise en place rapide d'observateurs sur la ligne
de front devrait permettre de limiter la conquête de nouvelles
zones par le FPR. Notre aide réduit sensiblement le
déséquilibre des moyens, mais sans toutefois inverser le
rapport de forces face à la puissante armée ougandaise.

Une action diplomatique concertée de pays occidentaux
et africains est en cours afin de convaincre le Président
MUSEVENI de l'importance que nous attachons à la poursuite de
l'évolution démocratique pacifique au RWANDA.

Il est cependant à craindre, compte tenu de la
psychologie du Président Ougandais, que celui-ci percevant
bien la montée de l'hostilité internationale à l'égard de son
action, soit tenté par une brusque accélération de l'offensive
afin de prendre de vitesse le processus de paix prévu à
ARUSHA.

Conformément à vos directives, l'Etat-Major des
Armées poursuit son aide logistique afin d'éviter une
déstabilisation brutale de l'armée rwandaise.


GENERAL QUESNOT
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