Fiche du document numéro 13912

Num
13912
Date
Samedi 18 juin 1994
Amj
Hms
14:17:00
Taille
89097
Titre
Rwanda - Evacuation par l'ONU de civils à Kigali
Cote
reutfr0020011106dq6i00w9j
Source
Fonds d'archives
Type
Dépêche d'agence
Langue
FR
Citation
KIGALI, 18 juin, Reuter - Les casques bleus ont évacué samedi environ
300 civils rwandais bloqués par les combats à Kigali alors qu'à Paris,
le président François Mitterrand annonçait une intervention française
imminente.

L'échange de civils - Hutus contre Tutsis à part égale - s'est déroulé
avec, en toile de fond, des tirs de mitrailleuses en guise
d'avertissement, a dit le commandant Jean-Guy Plante, porte-parole de
la Mission d'assistance de l'Onu au Rwanda (Minuar).

Ce dernier a souligné la volonté de l'Onu de procéder à l'évacuation
du plus grand nombre de gens possible.

Les combats, qui opposent forces gouvernementales et rebelles du Front
patriotique du Rwanda (FPR) malgré un cessez-le-feu annoncé par l'Oua à
Tunis, avaient retardé le départ des camions de la Minuar chargés de
transporter les civils.

Les Tutsis venaient de l'hôtel des Milles Collines, tenu par les forces
gouvernementales, et les Hutus de l'Hôpital du roi Fayçal, aux mains
des rebelles.

Selon leur récit, les Tutsis ont été pris de terreur à l'arrivée,
vendredi, de miliciens Hutus et ils n'ont dû leur salut qu'à
l'intervention rapide de l'armée gouvernementale. Nous étions entre
les mains de Dieu. Tout aurait pu arriver
, a commenté un des réfugiés,
Francis Ngereko.

Des milliers de civils se sont réfugiés dans des hôtels, églises et
autres bâtiments depuis les massacres qui ont suivi l'attentat du 6
avril qui a coûté la vie au président rwandais Juvénal Habyarimana. On
parle d'un demi-million de victimes dans cette ancienne colonie belge
d'Afrique centrale.

Vendredi, le commandant de la Minuar, le général canadien Roméo
Dallaire, avait affirmé qu'il entendait poursuivre les opérations
d'évacuation malgré l'insécurité à Kigali. On ignore s'il a reçu des
assurances pour cela des deux belligérants.

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Paris pressé d'intervenir
---

Son adjoint, le général ghanéen Henry Anyidoho, s'est déclaré plutôt
optimiste. Comme vous le voyez, tout se passe bien. Ils nous ont
assuré que rien n'arriverait aux réfugiés
, a-t-dit à Reuter.

Aux Nations unies, la France a demandé au Conseil de sécurité
d'autoriser une opération militaire pour empêcher de nouveaux massacres
avant l'arrivée de nouveaux casques bleus.

A Paris, le chef de l'Etat français a déclaré que l'envoi par la France
d'une force de protection humanitaire était imminente et que des pays
africains avaient donné leur accord pour s'y associer.

Lors d'un discours à l'Unesco, il a assuré que c'était désormais une
affaire d'heures et de jour
. Deux ou trois pays africains ont répondu
favorablement, j'attends encore une réponse ferme de pays européens
,
a-t-il dit.

Quoi qu'il en soit, nous le ferons. Chaque heure compte, a expliqué
le chef de l'Etat.

Il a réaffirmé que la France était prête sans attendre l'arrivée de la
force des Nations unies à envoyer avec ceux de ses partenaires
européens et africains qui le voudront une force de protection
humanitaire destinée à assurer la sécurité des populations civiles qui
ont échappé à l'extermination
.

François Mitterrand a d'autre part effectué une mise au point sur le
rôle joué par la France dans la crise rwandaise.

Depuis le déclenchement des hostilités, elle a tout fait pour éviter
la reprise des combats, elle a mené une action diplomatique intense en
vue d'un accord politique
, a-t-il affirmé.

On ne peut plus attendre, on le voit bien (...) Il y a donc une
extrême urgence
, a ajouté François Mitterrand.

Le FPR est hostile à une intervention de la France, accusée d'avoir
soutenu et armé les forces gouvernementales et les milices. /JLF

(c) Reuters Limited 1994

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