Fiche du document numéro 18146

Num
18146
Date
Vendredi 30 septembre 1994
Amj
Auteur
Taille
390791
Titre
Revue de la presse rwandaise - Nouvelle série n° 1
Source
Type
Publication périodique
Langue
FR
Citation
1

R E V U E DE LA P R E S S E R W A N D A I S E
Bimensuel qui résume en français les principaux articles
de tous les périodiques parus en kinyarwanda (au Rwanda
ou dans les pays d'alentour)

Nouvelle Série
- SOMMAIRE DU N° 1 :
mois de septembre 1994
-

Imbaga y'Urwanda

n° 4 19-26 septembre 1994
pages 2 - 3

-

Kangura

n° 60

1-5 septembre 1994
pages 4 - 6

-

Kangura

n° 61

15-30septembre1994
pages 7 - 9

-

Le Messager - Intumwa

n° 43

28 septembre 1994
pages 9 - 13

n° 1

septembre 1994 pages
13- 17

- Tuza

REVUE DE PRESSE
Editeur :

A.S.B.L. DIALOGUE
Momentanément en
Belgique
322, rue du Noyer
Tél/Fax :
(32.2)735.39.16

Directeur a.i.:

Guy THEUNIS

2

IMBAGA Y'URWANDA n° 4, 19 - 26 septembre 1994
Le président Museveni met le Zaïre en garde contre les
attaques au Rwanda.
Ayabera Adonia , Imbaga y'Urwanda n°4, 19-26 septembre
1994
Lors de sa conférence de presse du 14 septembre 1994, le Président
Ugandais a déclaré que le FPR devrait prendre des mesures appropriées si le
Zaïre persistait à aider le Gouvernement déchu et ses militaires. Le Zaïre
semble soutenir ceux qui se préparent à attaquer le Rwanda : il exige que le
pouvoir de Kigali soit d'abord reconnu par la majorité de la population. Pour
lui, l'extradition des biens et des personnes se fera par la suite. Le
Gouvernement de Kigali, quant à lui, exige le jugement immédiat des auteurs
du génocide estimés à 100.000 personnes.

Les atrocités du Rwanda et le droit international
Norbert Mao, Imbaga y'Urwanda n° 4, 19-26 septembre 1994,
pages 1 à 3
Les lois internationales perdraient de leur crédibilité si les crimes
contre l'humanité n'étaient ni jugés ni punis. La Convention de Genève définit
les catégories de violences en trois crimes fondamentaux : génocide, crimes
contre l'humanité (asservissement, déportation, persécutions racistes...),
crimes de guerre (mauvais traitements et agressions de civils sans armes).
Depuis 1945, la loi internationale a évolué et a été de plus en plus précisée
pour la protection internationale des droits de l'homme. Cependant dans la
plupart des cas, le monde s'est tu devant les atrocités. Actuellement la loi
internationale se trouve face à un test de taille avec les violences commises
dans l'ancienne Yougoslavie et au Rwanda. Dans ce dernier pays, le nombre
des victimes s'élève à plus d'un million tandis que les auteurs des massacres
sont estimés à 100.000 pesonnes. L'arrestation de ces tueurs, leur détention
et éventuellement leur extradition se feront en conformité avec la loi
internationale et avec la coopération de la communauté internationale,
spécialement celle des pays où ils se cachent.

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Une association des Droits de l'Homme accuse le
Gouvernement d'Obote d'avoir chassé les Rwandais en 1982.
Imbaga y'Urwanda n° 4, 19-26 septembre 1994, pages 4 et 5.

En 1982, des personnes d'origine rwandaise (réfugiés et non réfugiés)
ont été chassées de l'Uganda, sans aucun préavis. De nombreux signes et
témoignages montrent que le gouvernement de M. Obote est responsable de
cette persécution. Les plus incriminés sont des ministres et des dirigeants du
Parti UPC dont MM. Patrick Rubayo, alors Ministre de l'Agriculture et
Kagulisi, député dudit parti. La haine contre les Rwandais s'est localisée en
Ankole où les dissensions entre Rwandais et Ugandais d'Ankole étaient
d'origine ethnique, religieuse et politique: les Bayiru, majoritairement
protestants, étaient du Parti UPC tandis que les Batutsi et les Bahima
(apparentés aux Tutsi) étaient, la plupart, catholiques et préféraient le parti
DP.
Elle a chanté, elle a été écoutée
Imbaga y'Urwanda n° 4, 19-26 septembre 1994, page 6
Zoni Migozi, 29 ans, est une chanteuse d'origine rwandaise. Après le
Kenya, elle est allée tenter sa chance en Amérique. Ses chansons sur la
guerre du Rwanda ont eu beaucoup de succès. Elle vient de déposer au
Rwanda une aide en habits et médicaments, collectée à Diluth au Minesota, en
faveur des déshérités de la guerre.
Le chef de l'armée en déroute du Rwanda n' a pas de regrets
Imbaga y'Urwanda n° 4, 19-26 septembre 1994, page 4
(édition en français)
Le Général Bizimungu Augustin, âgé de 42 ans, est l'homme le plus
recherché par les groupes des droits de l'homme pour avoir dirigé le
génocide rwandais. Il est le premier sur la liste de M. José Ayala Laso, Haut
Commissaire des Nations Unies pour les Droits de l'Homme. Le gouvernement
de Kigali demandera sûrement son extradition une fois que l'équipe dirigée
par le Britannique M. William Clarance, aura terminé son enquête sur les
horreurs commises au Rwanda. Cependant, l'ancien chef de l'Etat-Major de
l'armée rwandaise ne regrette rien. Il a déclaré à Associated Press : "Je
trouve juste ce que j'ai fait en tant que chef de l' armée: j'ai protégé mon
peuple".

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KANGURA n° 60, 1 - 15 septembre 1994
Editorial.
Kangura n° 60, 1-15 septembre 1994, page 2
Quand rentrerons-nous ? Comment rentrerons-nous ? Quelle est la
politique qui nous permettra de rentrer ? Ce sont les questions que chaque
réfugié rwandais se pose. Les réfugiés ont besoin de dirigeants ou de
représentants courageux, honnêtes et habiles en politique. C'est pourquoi il
est important de procéder à un remaniement ministériel pour ne nommer
que six ministres qui travailleront réellement dans l'intérêt de la population.
Il est aussi nécessaire de faire l'épuration au sein de l'armée pour ne garder
que des militaires désireux de libérer le pays et prêts à travailler sans
salaire.

Kengo wa Dondo, le Premier ministre du Zaïre, nous a rendu
notre dignité
Ngeze Hassan, Kangura n° 60, 1 - 15 septembre 1994, pages 3
à 5.
Le Premier ministre du Zaïre, M. Kengo wa Dondo, a donné une
conférence de presse. Il a parlé principalement du problème rwandais. Pour
lui, les réfugiés rwandais devraient rentrer au pays avant fin septembre,
mais le FPR doit poser des préalables pour que la population rentre et
s'installe en toute sécurité. Le Premier ministre zaïrois est étonné que le
gouvernement de Kigali réclame les biens du Rwanda déplacés au Zaïre avant
de résoudre le problème des réfugiés. Concernant le désarmement des
anciens militaires, il a dit que le Zaïre veut bien les désarmer et les mettre
dans un camp, loin des réfugiés, mais la Communauté internationnale devrait
lui en donner les moyens, le Zaïre ne pouvant pas s'en sortir seul. A propos
de la reconnaissance du gouvernement de Kigali, il a déclaré que son pays
reconnaît l'existence de l'Etat Rwandais non son gouvernement.

Des négociations sont-elles possibles entre le FPR et le
Gouvernement en exil ?
Kangura n° 60, 1-15 septembre 1994, page 5.
Des négociations sont quasi impossibles entre le gouvernement en exil
et le Front Patriotique Rwandais . En effet, ce dernier veut qu'on respecte une
proportion de 65 % de ses militaires et de 35 % des anciens militaires pour la
constitution d'une armée nationale. Quant au partage du pouvoir, le FPR ne
veut pas de Président issu du MRND, parti accusé d'avoir perpétré les
massacres d'avril à juillet 1994. Aussi faudra-t-il que les Forces Armées
Rwandaises attaquent et prennent le pouvoir de force, à l'exemple du FPR.

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L'avidité des politiciens en exil.
Kangura n° 60, 1 - 15 septembre 1994, page 6.
Certains membres du gouvernement des Batabazi ("Les sauveurs") ont
déçu les réfugiés. Alors que la guerre battait son plein, certains hauts
fonctionnaires et militaires se sont contentés de protéger les biens pillés.
Quand ils sont arrivés au Zaïre, ils se sont empressés de vendre les biens de
l'Etat, notamment les camions et autres véhicules. A ce propos, le journal
Kangura fait encore des enquêtes; il publiera la liste des biens de l'Etat
vendus et de ceux qui en ont empoché les bénéfices.
Les prophéties de Ngeze allaient le perdre.
Kangura n° 60, 1-15 septembre 1994, pages 6 à 8
Ngeze Hassan affirme avoir le don de voir et de prédire l'avenir. Il a
déjà prédit 59 événements qui sont survenus par la suite, notamment la
mort du Président Habyalimana.
Que dit-il des massacres d'avril à juillet 1994 ?
- La mort du Président Habyalimana a été programmée mais les événements
qui s'en sont suivi sont
un déchaînement spontané de la population ;
- Les dirigeants rwandais ont été malhabiles: ils n'ont pas pu prévoir à long
terme ;
- Les massacres ne pouvaient que détruire le pays ; les autorités civiles et
militaires auraient dû les
arrêter à temps au lieu de poursuivre M. Ngeze
Hassan qui leur disait que les tueries ne sont pas une solution à la guerre.
Quelles nouvelles au Rwanda ?
Kangura n° 60, 1 - 15 septembre

1994, pages 1, 8 et 9.

Après avoir pris le pouvoir, le FPR s'est trouvé devant un problème de
taille : le pays était vide de sa population. Le FPR veut-il réellement que la
population retourne au Rwanda ? Il ne veut ni intellectuels, ni militaires. Il
les tue ou les emprisonne. Le nombre de ses victimes s'élève actuellement à
35.000, tandis que le nombre de prisonniers est estimé à 2.500 personnes. Il
faut croire que le nouveau régime de Kigali ne se contente que d'illettrés
dépourvus de sens critique et d'esprit de discernement.
Qui sera jugé coupable des massacres du Rwanda ?
Kangura n° 60, 1 - 15 septembre 1994, pages 9 et 10
La communauté internationale souhaite que les responsables des
massacres soient jugés. Mais qui comparaîtra devant la justice ? Depuis le
début de la guerre, le FPR fait des listes de prétendus mal-faiteurs ; il a déjà
élaboré la liste des auteurs des massacres d'avril à juillet 1994. Se juge-t-il
innocent ? N'a-t-il pas commis des massacres à Byumba, à Kibungo et à
Ruhengeri ? N'est-il pas entrain de tuer ? Il y a eu des violences de part et
d'autre. Tous les criminels doivent être jugés et punis. Les représentants des

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réfugiés doivent clamer haut la responsabilité du FPR dans les massacres
commis au Rwanda.
Comment avons-nous été vaincus ? Qui nous a vaincus ?
Kangura n° 60, 1 - 15 septembre 1994, pages 10 et 11.
L'attentat contre le Président Habyalimana a été suivi de massacres, de
pillages et de règlements de compte. C'est suite à ses débordements que la
communauté internationnale a décidé de faire un embargo sur la vente
d'armes au Rwanda. Certains pays comme la Belgique et les Etas-Unis
d'Amérique ont soutenu militairement le FPR. L'issue de la guerre aurait pu
être autre si les autorités rwandaises avaient prévu à plus long terme, si elles
avaient privilégié la sécurité de la population et s'il n'y avait pas eu de
divisions régionales au sein de l'armée. Le FPR a trouvé le terrain déblayé : il
n'a pas eu de mal à prendre le pays.
On a été vaincu parce qu'on a été distrait.
Kangura n° 60, 1 - 15 septembre 1994, pages 11 et 12.
Beaucoup de Rwandais vivent à l'étranger, grâce au courage des Forces
Armées qui les ont évacués à l'approche du FPR dont ils avaient peur. Au
début de la guerre, les militaires se sont bien conduits mais au fil des jours,
leur zèle a diminué et ils ont commencé à voler et à piller. Les officiers
supérieurs n'étaient pas non plus des modèles de sainteté ; ils ont oublié que
le premier ennemi était le FPR. La ville de Kigali a été prise non parce qu'il
n'y avait pas assez d'armes, non parce que l'armée était affaiblie, mais parce
que les soldats et la population qui voulaient combattre ont manqué de
directives. Les officiers étaient occupés à acheminer les produits de leur
pillage vers des lieux plus sûrs. Ils se sont même enfuis avant la population à
l'approche du FPR.
"Il n'y a pas eu de génocide au Rwanda". Kangura n° 60, 1 15 septembre 1994, page 12.
Dernièrement, les Français ont révélé qu'il n'y a pas eu de génocide au
Rwanda. Ils ont demandé au FPR s'il menait un combat politique ou ethnique:
un combat politique parce qu'il tuait tous ceux qui n'épousaient pas son
idéologie et que les ennemis faisaient la même chose ; un combat ethnique
parce qu' il tuait les Hutu et que l'antagoniste tuait les Tutsi. Où est le
génocide ? La réalité est qu'il y a eu des violences des deux côtés. Cette
version française des massacres ne plaît pas au FPR.

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KANGURA, n° 61, 15 - 30 septembre 1994
Editorial : Pourquoi le FPR a-t-il commis des massacres ?
Kangura n°61, 15 - 30 septembre 1994, pages 1 à 3
Du 1er octobre 1990 au 6 avril 1994, le pays a connu un déferlement
de violences consécutif à la guerre et caractérisé par des assassinats collectifs
(Bugesera, Kibilira, etc...), des assassinats d'hommes politiques (MM. Gapyisi
Emmanuel, Gatabazi Félicien, etc...) et des explosions de bombes dans des
lieux publics ou des véhicules de transport en commun. La responsabilité de
ces massacres est mise sur le compte du président Habyalimana et de son
escadron de la mort d'une part, sur les personnalités du FPR ainsi que les
opposants au régime MRND, d'autre part. Les mass médias sont aussi
incriminés pour avoir joué un rôle néfaste et tendancieux dans le conflit
rwandais: "La victoire militaire a été celle du FPR et de ses alliés, la victoire
politique celle des médias. Dans tout cela, c'est le peuple rwandais qui a
perdu..." Il est temps que des enquêtes approfondies et impartiales soient
menées pour démasquer les instigateurs des massacres si on veut préserver
le processus de reconstruction et de réconciliation nationale (texte en
français).
La situation dans les camps
Kangura n°61, 15 - 30 septembre, pages 4 et 5
"La déchéance humaine est totale": telle est la réalité dans les camps. La
mort est devenue la compagne des hommes et des femmes, du plus vieux au
plus petit, du chercheur d'université au paysan illettré ; ils errent
indinstictement, portant le nom de "massacreur". Les relations avec les
organismes d'aide humanitaire sont souvent tendues. Ceux-ci, de connivence
avec le FPR, forcent les réfugiés à rentrer chez eux, leur assurant qu'au
Rwanda, ils jouiraient de la sécurité, de soins médicaux et d'eau potable. La
pression des pays dont ces organismes sont issus, la campagne anti-française,
la mise à l'écart des Rwandais dans l'encadrement des réfugiés n'encouragent
pas ces derniers à envisager un retour immédiat au pays. Certaines radios
sont écoutées attentivement, d'autres sont mal perçues et considérées comme
des antennes du FPR(texte en français).
Les responsabilités des Nations Unies
Kangura n°61, 15 - 30 septembre 1994, pages 5 à 8 (texte en
français).
L'organisation des Nations Unies a été omniprésente dans la guerre du
Rwanda ; elle aurait pu éviter l'effusion de sang. Participant aux négociations
sur le retour des réfugiés, elle aurait pu demander aux pays décideurs
d'arrêter l'attaque du FPR contre le Rwanda ; en prévision de la mise en place
des institutions élargies au FPR, la MINUAR a transporté de Mulindi à Kigali,
2.000 militaires du FPR au lieu des 600 militaires prévus par les Accords
d'Arusha ; la MINUAR n'aurait pas dû envoyer de casques bleus belges chez

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Mme Uwilingiyimana Agathe "qu'on savait condamnée à mort" sans moyens
de protection supplémentaire ; les positions des casques bleus ont servi de
renforcement aux positions du FPR (Nyamirambo, Rebero l'Horizon à Kicukiro,
Hôtel Méridien, Stade Amahoro, etc...) ; des armes et des troupes du FPR ont
été introduites à l'intérieur du pays sous la couverture des casques bleus. Le
commandement de la MINUAR a tout fait pour isoler le pays en incitant les
diplomates à fermer les ambassades et à quitter le Rwanda ; la réduction de
l'effectif de la MINUAR a été une façon de renforcer le FPR ; des personnes
ont été massacrées par les deux parties en conflit en présence de la MINUAR,
celle-ci n'a dénoncé que les violences commises par l'armée rwandaise et non
celles du FPR. Pourtant celui-ci a exterminé des témoins ou des personnalités
politiques et religieuses comme le Père Valmajo, les prêtres de Byumba,
l'évêque Thaddée Nsengiyumva qui avait joué et qui pouvait encore jouer un
rôle dans la recherche de la paix. Actuellement, les forces des Nations-Unies
présentes au Rwanda fournissent les frais de fonctionnement au
gouvernement de Kigali. "Les forces des Nations Unies ne peuvent inspirer
confiance à aucun réfugié si leur rôle pendant la guerre n'est pas clarifié".
Les responsabilités du FPR.
Kangura n° 61, 15 - 30 septembre 1994, pages 8 à 11
Si les milices et les membres de l'armée rwandaise ont perpétré des
massacres, la responsabilité du FPR n'est pas moins grande dans les actes de
violence commis au Rwanda. En effet, c'est lui qui a provoqué la guerre
fratricide qui a fait de nombreux victimes et a provoqué beaucoup de dégâts
; il a éliminé des familles entières dans les préfectures de Byumba et de
Ruhengeri ; il a massacré des familles hutu à Kigali dès le 7 avril 1994 ; il a
une responsabilité directe dans la mort des Tutsi car les milices
"Interahamwe" tutsi qui ont participé aux massacres ont servi de moyens
d'infiltration des lignes de l'armée rwandaise par le FPR. Par ailleurs, des
témoignages affirment que celui-ci aurait tiré avec précision sur des endroits
connus par lui pour être des concentrations de groupes tutsi. "Le retour
normal au pays ne peut se réaliser que si la vérité est connue et que les
responsables, quels qu'ils soient, soient identifiés et jugés" (texte en français).
(Une liste de 18 personnes ou groupes de personnes tuées par le FPR se
trouve aux pages 9 et 10).

Nous avons parlé avec les responsables du HCR, ils nous ont
expliqué comment les Hutu meurent au Rwanda,
Kangura n° 61, 15 - 30 septembre 1994, pages 11 à 13
Le HCR affirme que le FPR commet des actes de violence sur la
population. Cet organisme s'est décidé à faire une enquête après avoir
remarqué un afflux de réfugiés qui quittaient le Rwanda vers le Zaïre et la
Tanzanie ainsi que beaucoup de cadavres dans la rivière Akagera. Il a eu des
preuves que le FPR tue des Hutu. Les uns sont enterrés vivants, d'autres sont
emprisonnés dans des lieux inconnus. Il y en a même qui disparaissent
mystérieusement. Les personnalités hutu du Rwanda n'ont rien à dire

9

puisque des membres de leurs familles sont dans des camps de réfugiés ou
ont demandé asile à l'étranger. Au moment où le HCR dévoilait les exactions
du FPR, le président de la République, M. Bizimungu Pasteur, a déclaré que
les Hutu vivant dans des camps avaient corrompu le HCR. Il a ajouté que si
l'ancienne armée attaquait, le FPR saurait défendre le pays. Les Hutu ne
devraient pas tolérer d'être maintenus à l'extérieur du pays par les 400.000
"étrangers" qui le commandent. Ils doivent s'organiser et libérer le pays ! (En
page 14, on trouve la liste des nouveaux ambassadeurs du Rwanda).

LE MESSAGER - INTUMWA n° 43, 28 septembre
1994
Editorial : Nous venons de l'enfer.
Mutsinzi Edouard, Le Messager - Intumwa n° 43, 28
Septembre 1994, pages 1 et 2 .
Le Rwanda vient de traverser une épreuve des plus terribles. Le monde
n'a jamais connu un tel déferlement de violence ni un tel bain de sang, pas
même du temps de Hitler en Europe, ni des Tontons Macoutes en Haïti.
Qu'est-ce qui divise tant les Rwandais pour qu'ils s'entretuent de la sorte ?
Ils utilisent la même langue, ont la même culture. Les considérations
ethniques ne devraient pas les diviser puisque aucune ethnie n'a le monopole
de la bonté ni de la méchanceté. Ceux qui ont préparé la reprise des hostilités
voulaient la révision des Accords d'Arusha. Le Président Habyalimana traitait
ces accords de "chiffons de papier", son ministre des Mines, de l'Industrie et
de l'Artisanat, M. Mugenzi Justin, parlait de "chiot emballé". Les responsables
des massacres d'avril 1994 doivent être jugés et condamnés à mort, puisque
la peine de mort est acceptée par le Code pénal rwandais. La violence s'est
perpétuée au Rwanda car les crimes de 1959, 1961, 1963, 1967, 1972, 1973,
1990 et 1994 sont toujours restés impunis. Le nouveau régime de Kigali doit
éviter de tomber dans les mêmes erreurs que les précédents. Il doit
apprendre à la population à respecter les lois ; il doit écouter les conseils et
les critiques venant, entre autres, de la presse.
Le gouvernement pourra-t-il réaliser les objectifs qu'il s'est
fixés ?
Niyoyita Isaïe, le Messager - Intumwa n°43, 28 septembre
1994, pages 1 et 3 à 5
Qu'est-ce qui a été fait depuis la mise en place de ce gouvernement ?
On essaie de rassurer la population, de mettre en place les institutions de
base, d'améliorer les conditions de vie de la population, de relever l'économie
du pays, mais la peur et l'insécurité règnent partout dans le pays: les réfugiés
récents qui rentrent chez eux trouvent leurs maisons occupées par d'autres ;
les gens vivent misérablement faute de revenus...

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Rendons hommage aux hommes courageux.
Le Messager - Intumwa n° 43, 28 septembre 1994, pages 1, 5
et 6.
Certaines personnalités politiques courageuses ont été tuées au
lendemain de l'assassinat du Président Habyalimana. Il s'agit de : Madame
Uwilingiyimana Agathe, Premier ministre (de juillet 1993 à avril 1994) ; M.
Kavaruganda Joseph, président de la Cour de Cassation ; M. Nzamurambaho
Frédéric, ministre de l'Agriculture et de l'Elevage ; M. Ndasingwa Landouald,
ministre du Travail et des Affaires Sociales ; M. Ngango Félicien, membre du
parti PSD proposé à la présidence de l'Assemblée Nationale élargie au FPR ;
M. Ngulinzira Boniface, ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération
qui négocia les Accords de paix d'Arusha. M. Gatabazi Félicien, ministre des
Travaux publics et de l'Energie avait été assassiné au début de l'année 1994.
Il est du parti CDR, il ne reviendra plus !
Le Messager - Intumwa n°43, 28 septembre 1994, page 5
Au début de la guerre d'octobre 1990, le colonel Renzaho Tharcisse,
préfet de la préfecture de la ville de Kigali, M. Bakomera, bourgmestre de la
commune de Nyarugenge et M. Mbyariyehe Gabriel, conseiller du secteur
Rugenge, ont mis aux enchères les biens des commerçants qui venaient de
fuir le pays. A ce moment ils disaient : "Ces Inyenzi ne reviendront pas".
Aujourd'hui, on retrouve le même langage au Rwanda, on s'approprie les
biens des déplacés sous prétexte qu'ils étaient membres des milices ou du
parti CDR. Quand s'arrêtera cet esprit de suspicion au sein du peuple
rwandais ?
Le Docteur Nsengiyaremye nie l'existence de l'escadron de la
mort
Le Messager - Intumwa n° 43, 28 Septembre 1994, pages 6 à
8
Le journal "Le Messager - Intumwa" publie ici la déclaration faite le 7
avril 1993 par le gouvernement, suite à la publication du rapport de la
Commission Internationale d'enquête. Cette déclaration qui nie l'existence
d'une organisation criminelle dite "escadron de la mort" a été signée par le
président de la République, M. Juvénal Habyalimana, et le Premier ministre
de l'époque, M. Dismas Nsengiyaremye, ce qui, pour le journal, prouve que ce
dernier appartient à la tendance "Power" : il a innocenté le président
Habyalimana ! (texte en français).

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"L'invincible" ( IKINANI) a été tué mais il est parti avec des
innocents !
Le Messager - Intumwa n° 43, 28 septembre 1994, pages 910
Le président Habyalimana empêchait de toutes ses forces la mise en
application des Accords de paix d'Arusha et la mise en place des institutions
de transition élargies au FPR. Les Accords de paix d'Arusha ont été signés le
4 août 1993, les institutions devaient être mises sur pied 37 jours après ; le
28 décembre 1993, les ministres et députés du FPR arrivent à Kigali croyant
pouvoir prêter serment le 29 décembre 1993 ; le 30 décembre 1993, les
partis politiques dont le MRND sont réunis sous la direction du Premier
ministre du gouvernement de transition élargi au FPR en présence du
Premier ministre en fonction, Mme Uwilingiyimana Agathe, et d'un
représentant de la MINUAR.
Le 31 décembre 1993, Mme Agathe Uwilingiyimana déclare que tout
est prêt pour la mise en place des institutions (présidence de la république,
gouvernement et Assemblée nationale) ; le président de la République rejette
le calendier invoquant des problèmes de mésentente au sein des partis ; le 5
janvier 1994, le président de la République prête serment et sort
immédiatement du CND, refusant ainsi la prestation de serment des ministres
et députés ; le 25 mars 1994, les ministres et les députés doivent prêter
serment. Le rendez-vous a été fixé par Mme le Premier ministre. Dans la nuit
du 24 au 25 mars, le président Habyalimana lui fait connaître son désir de
voir figurer sur la liste des députés MM. Kamali Sylvestre de la faction MDR
Power, Barayagwiza du CDR et Kibata Djuma du PDI.
Le 6 avril 1994, le président Habyalimana est tué. Est-ce le FPR qui l'a
tué ? Avait-il un quelconque intérêt dans cet attentat puisque le minisommet de Dar-es-Salaam venait de décider la mise en place immédiate des
institutions de transition ? Le président Habyalimana avait accepté les
conseils de ses collègues tanzanien, burundais et ugandais. Il gardait sa place
mais n'aurait plus aucun pouvoir pour protéger les membres de son clan qui
voyaient leurs privilèges s'amenuiser et craignaient d'être jugés pour leurs
crimes. Ils l'ont tué pour s'emparer du pouvoir et le garder.
Eloigne-toi des assassins " Power".
Le Messager - Intumwa, n° 43, 28 septembre 1994, pages 11
et 12.
La mort du Président Habyalimana avait été préparée. La première
réunion de préparation a eu lieu dans les bâtiments d'un commerçant, M.
Karemera Boniface, en face des bureaux de Radio Rwanda. Cette réunion était
dirigée conjointement par MM. Bicamumpaka Jérôme et Kambanda Jean et
rassemblait 26 membres de la faction MDR dite "Power". Elle avait pour objet
d'étudier les modalités pratiques (organisation, achat d'armes, salaires des
réservistes) des massacres des Tutsi, des adhérents du MDR, faction

12

Twagiramungu, et de tous les prétendus complices du FPR. Le coup d'envoi
de ces crimes devait être la mort du Président Habyalimana. Les membres de
la faction MDR "Power" sont autant responsables des massacres d'avril à
juillet 1994 que les milices Interahamwe. La justice doit être rendue et il n'y
a pas de circonstances atténuantes.
Ne tuez pas le père de M. Majyambere .
Le Messager - Intumwa n° 43, 28 septembre 1994, page 12
Majyambere Silas fut un des grands commerçants du Rwanda ; il a
rejoint le FPR en 1990. Après les affrontements sanglants qui ont eu lieu
dans les environs de Kabuga, entre le FPR et les Forces Armées Rwandaises et
qui se sont soldés par la victoire du FPR, le père de M. Majyambere, M.
Buzana, a été retrouvé dans une de ses maisons en compagnie de M.
Mbandanyi Pierre. Il a été sauvé par le FPR, le sort réservé à son ami reste
inconnu.
Le gouvernement d'union nationale.
Le Messager - Intumwa n° 43, 28 septembre 1994, pages 13 à
14.
Le journal reprend intégralement, sans commentaires, le discours
programme prononcé par M. Twagiramungu Faustin, Premier ministre du
gouvernement d'union nationale. Ce gouvernement s'efforcera de réaliser les
8 objectifs suivants: -La restauration d'un climat de paix et de sécurité ;
-L'organisation de l'administration centrale et territoriale ;
-La restauration et la consolidation de l'unité nationale ;
-L'installation des réfugiés et la réintégration dans leurs biens des personnes
déplacées ;
-L'amélioration des conditions de vie de la population ;
-La relance de l'économie nationale ;
-La redifinition de la politique extérieure du pays ;
-La consolidation de la démocratie (texte en français).
Que Rwigema vous serve d'exemple !
Niyoyita Isaïe,
Le Messager - Intumwa n° 43, 28 septembre 1994, page 14.
Depuis la mise en place du gouvernement d'union nationale, plusieurs
ministres font preuve de bonne volonté pour la reconstruction du pays. Le
ministre Rwigema Pierre Célestin en est un exemple. Qui aurait cru que les
écoles reprendraient dès le 19 septembre 1994, après les massacres des
enfants, des parents et des enseignants, après la destruction de tant
d'infrastructures scolaires ?

13

"La presse doit être une sorte de miroir pour le pouvoir "
déclare le ministre Nkuliyingoma Mustinzi Edouard,
Le Messager - Intumwa n° 43, 28 septembre 1994, pages 15
et 16.
M. Nkuliyingoma Jean Baptiste, ministre de l'Information, a accordé une
inteview aux journalistes. Il est né en 1950 en commune Murambi,
préfecture de Byumba. Il a travaillé comme journaliste à l'Orinfor de 1984 à
1990. En 1990, il a démissionné de son poste pour devenir rédacteur en chef
du journal Imbaga. Il a suivi de près les négociations d'Arusha et a combattu
fermement le régime du président Habyalimana. Dans ses nouvelles
fonctions, il s'attachera à réviser la loi régissant la presse, à revaloriser la
fonction du journaliste et à rendre la presse indépendante. Pour lui, le
premier rôle de la presse est d'informer la population, de l'écouter et de
publier ses considérations. La presse doit être un miroir pour les autorités
politiques.
La Banque Commerciale du Rwanda serait dirigée par celui
qui se l'est appropriée
Le Messager - Intumwa n°43, 28 septembre 1994, page 16.
La Banque Commerciale du Rwanda serait dirigée par un certain
Nyumbayire qui, revenu du Zaïre, s'est installé au bureau directorial de cette
banque. Le même cas est arrivé à l'usine Rwantexco.
Serait-ce des rumeurs ? Le gouvernement devrait vite prendre les choses en
mains. Une banque doit être dirigée par quelqu'un qui en a l'expérience
comme Niyitegeka Gérard à la Banque Nationale du Rwanda.

TUZA n° 1, septembre 1994
Editorial : Calme-toi !
Tuza n°1, septembre 1994, page 1
Ce qui est passé est passé. L'essentiel, actuellement, est de donner la
priorité à la paix et à l'unité nationale. Le journal "Tuza" est apolitique. Son
objectif est de dire toute la vérité.
La mort de Habyalimana reste un mystère
Nyarwaya Barthelémy, Tuza n°1, septembre 1994, page 2
Depuis l'accident lors duquel ont péri les présidents rwandais et
burundais, personne ne sait dire quel est l'auteur de cet attentat. Certains
disent que ce sont les Belges en complicité avec le FPR ; d'autres accusent les
militaires de la garde présidentielle soutenus par les Français. Le
gouvernement de Kambanda, lui, a accusé les Belges, à l'ONU. Il existe une
troisième version : les proches de Habyalimana voulaient simuler un attentat
pour déclencher des massacres. La mise en scène s'est soldée par la mort du

14

président ; l'extermination des Tutsi et des opposants a commencé le jour
même. Ce qui est étonnant c'est que la communauté internationale a
abandonné le Rwanda : l'ONU a assisté passivement au génocide, la France a
commencé son opération "Turquoise" trop tard... Maintenant, les pays se
décident à envoyer leurs soldats au sein de la MINUAR II. Que vient-elle
faire au Rwanda ? Que vient-elle encore sauver ?
Kigali a été repeuplé: il faut beaucoup de sagesse
Nsanze Anicet, Tuza n° 1, septembre 1994, page 3
Après la victoire du FPR, les déplacés de guerre et les anciens réfugiés
sont rentrés, la plupart habitent Kigali. Kigali est devenue une ville
désordonnée : les réfugiés s'approprient des maisons, ils pillent les magasins
et revendent sur le marché leurs butins. Les réfugiés, surtout ceux provenant
du Burundi, traitent tous les Hutu d'Interahamwe alors que beaucoup de
Hutu sont morts durant cette guerre. Ceux qui auparavant habitaient Kigali
sont devenus des étrangers chez eux.
Le contexte actuel
Nyarwaya Barthélémy, Tuza n°1, septembre 1994, page 4
Le Rwanda est loin de connaître son ère de paix. Tant que certains
militaires seront à l'extérieur du pays on ne pourra dire que la guerre est
terminée. La solution est qu'il y ait des négociations directes et franches
entre le gouvernement de Kambanda (Zaïre) et le gouvernement de Kigali.
(Une liste de ceux qui auraient préparé le plan de génocide ou qui étaient au
courant, est publiée aux pages 1 et 4 à 6, de même que la liste des membres
du nouveau gouvernemen en page 6)
FRANCE - RWANDA Les Français sont venus par la force
Tuza n°1 , septembre 1994, page 6.
Le dossier Rwanda a été, depuis 1990, une affaire traitée par la
présidence française : personne n'ignore l'amitié qui liait le président
Mitterrand au président Habyalimana ainsi que M. Jean Pierre Habyalimana
à l'aîné de Mitterrand, chargé des questions africaines. C'est au nom de cette
amitié que des militaires français ont été envoyés au Rwanda pour défendre
et protéger le régime de Habyalimana. Il est difficile pour le FPR de composer
avec ceux qui ont soutenu les responsables du génocide rwandais.

15

Les multiples faces de la guerre du Rwanda. Tuza n°1,
septembre 1994, page 7
1990 : Attaque du Rwanda par le FPR. L'information donnée à la population
est que la NRA dirigée par un nommé Fred Rwigema a attaqué le
Rwanda.
Nuit du 4 au 5 octobre 1990 : mise en scène dans la ville de Kigali. Le régime
en profite pour emprisonner les prétendus complices du FPR ; il éloigne
au fait les officiers du Sud.
Après octobre 1990 : on apprend que M. Kanyarengwe Alexis est au FPR et
qu'il en est le président.
Janvier 1991 : Prise de la ville de Ruhengeri par le FPR et libération de MM.
Lizinde et Biseruka. Les Tutsi et les gens du Centre - Sud du pays sont
persécutés ou tués.
Juillet 1991 : le gouvernement Nsanzimana démissionne, le gouvernement
Nsengiyaremye s'installe en avril 1992 et commence les négociations
directes avec le FPR
Janvier 1993 : les milices viennent de terminer les exercices militaires ; ils
organisent des tueries dans les préféctures de Gisenyi, Ruhengeri et
Byumba.
Février 1993 : Le FPR reprend les combats et arrive à la porte de Kigali. Les
négociations le font retourner en arrière ; création d'une zone tampon.
Juillet 1993 : le gouvernement Nsengiyaremye est remplacé par celui de
Mme Uwilingiyimana Agathe
4 Août 1993 : Les Accords de paix sont signés à Arusha. Les partis CDR et PD
refusent de signer le code d'éthique politique
28 décembre 1993 : les militaires du FPR chargés d'assurer la sécurité des
dirigeants issus du FPR arrivent à Kigali
5 janvier 1994 : Habyalimana prête serment mais refuse la mise en place des
autres institutions. La CDR veut entrer de force à l'Assemblée nationale
de transition. La tension monte. Les deux belligérants sont prêts à
reprendre le combat.
25 mars 1994 : dernière date où on essaye de mettre en place les institutions
de transition
6 avril 1994 : l'avion du Président est abattu. Le cercle infernal des
massacres des Tutsi et de tous les opposants au régime commence.
18 juillet 1994 : mise en place du nouveau gouvernement
A quand le retour des réfugiés rwandais ?
M. Goretti Nyirarukundo, Tuza n°1, septembre 1994 , pages 8
et 9
(tiré de "Trait d'Union Rwanda", du 18-9-1994)
Les médias ont parlé de long en large du drame rwandais : du génocide
à l'épidémie de choléra et de dysenterie. On s'accorde à dire que la rentrée au
Rwanda des réfugiés récents résoudrait le problème. Mais personne ne
s'attarde à analyser les raisons profondes qui maintiennent la population en
exil. Cette population a peur du nouveau régime taxé de monarchiste, de la

16

justice et des représailles du FPR, de l'absence d'un bloc démocratique
protecteur, de la pauvreté, de la destruction sociale, et de l'effort de
reconstruction. La communauté internationale devrait prendre ses
responsabilités pour aider le Rwanda à trouver une solution politique pour
rétablir la confiance de la population et garantir un état de droit
démocratique (texte en français).
Haute tension sur les Grands Lacs : plus de deux millions de
réfugiés rwandais au Zaïre,
en Tanzanie et au Burundi.
Tuza n°1, septembre 1994, page 10
(tiré de "Croissance" n°374, de septembre 1994)
L'afflux des réfugiés risque d'aggraver la situation dans la région des
grands lacs déjà sujette à d'extrêmes tensions. Les milices, les FAR, les
bourgmestres perpétuent la dictature du président Habyalimana et
empêchent les réfugiés de rentrer chez eux. Par ailleurs, les habitants de la
zone turquoise ont commencé par milliers à gagner le Zaïre. Cette situation
géopolitique permet à Mobutu de faire du chantage vis-à-vis du
gouvernement de Kigali qui ne le considère plus comme un grand frère (au
profit de son confrère ugandais). Les milieux hutu modérés, eux, prônent des
mesures qui redonneraient confiance à la population :
- élargissement du gouvernement et de l'armée aux Hutu non impliqués dans
les massacres ;
- reprise des activités pour les partis politiques ;
- désarmement des deux belligérants par la MINUAR, dans l'ex-zone
turquoise.(texte en français)
Nous demandons des négociations !
Tuza n°1, septembre 1994, page 10
Il faut des négociations entre le gouvernement de Kambanda et le
gouvernement de Kigali. Le MRND doit être associé au pouvoir. Le Rwanda ne
connaîtra pas la paix tant que la majorité de la population restera à
l'extérieur du pays. Il n'y a pas que le Rwanda qui est menacé, c'est toute la
région d'autant plus que Mobutu soutient les FAR,et que le Palipehutu (parti
non reconnu au Burundi) menace d'attaquer prochainement. Que l'Afrique du
Sud serve d'exemple !
L'"Invincible" (Ikinani) dans les roseaux de marais
Karimba Anatole, Tuza n°1, septembre 1994, page 11
"Vous souhaitez la mort de votre marâtre et c'est votre mère qui
meurt". En rentrant de Tanzanie, le président Habyarimana était décidé à
mettre en exécution son plan de génocide. Il a été lui-même assassiné ; les
violences en ont été d'autant plus fortes. Malheureusement, c'est le petit
peuple qui souffre actuellement des conséquences de ces exactions (faim,
maladie et autres difficultés), tandis que les tueurs vivent confortablement
avec les biens et l'argent qu'ils ont pillés. Il est temps que les assassins soient

17

jugés et condamnés et que la population innocente puisse choisir de rentrer
librement.
Des soldats du FPR dans la Zone Humanitaire Sûre. Tuza n°1,
septembre 1994, page 11
Une trentaine de militaires du FPR en armes vont être déployés dans
l'ancienne "Zone Humanitaire Sûre" française actuellement sous contrôle de
l'ONU (MINUAR II). Le rôle de ces militaires est de protéger les nouveaux
administrateurs civils chargés de remettre sur pied l'administration dans la
région et de superviser le retour des déplacés de guerre. La MINUAR I I
continuera sa mission dans la région (texte en français).
Les tueurs doivent être jugés ! Simon Semana, Tuza n°1,
septembre 1994, page 12
L'ONU vient de nommer les experts d'une Commission chargée de
mener une enquête en rapport avec le génocide rwandais. Il s'agit de MM.
Atsu-Koffi Omega qui fut président de la Cour suprême au Togo, Hby Dieng,
ministre de la Justice en Guinée et Salifou Fomba, professeur de droit
international au Mali. Le travail de ces trois avocats demande beaucoup de
sagesse. Il faut d'abord déterminer les critères d'incrimination car il y a de
vrais coupables, des complices, des innocents et des otages des tueurs. On
souhaite que l'ONU leur donne assez de moyens pour qu'ils puissent mener à
bon terme leur mission, et que le gouvernement leur facilite la tâche.
Le sang des innocents crie vengeance !
K. Olivier, Tuza n°1, septembre 1994, page 12.
L'un des scandales du drame rwandais, ce sont les massacres qui ont eu
lieu dans les églises. Autrefois, l'église était sacrée. On ne pouvait poursuivre
quelqu'un à l'intérieur d'un sanctuaire. En 1994, on a tué devant les autels,
on a tué des prêtres, des religieux, des évêques. Les institutions scolaires et
universitaires (UNR Butare, Ruhengeri, Institut St Fidèle) ont été le terrain de
tueries, de viols et de tortures. Que dire des directeurs d'école qui ont forcé
les élèves restés en vacances à l'école à tuer leurs condisciples ?

R E V U E de la P R E S S E R W A N D A I S E
Bimensuel qui résume en français les principaux articles
de tous les périodiques parus en kinyarwanda (au Rwanda
ou dans les pays d'alentour)
Nouvelle Série
- SOMMAIRE DU N° 2 :
1 - 15 octobre 1994
-

Imbaga y'Urwanda

-

Kiberinka

-

Le Flambeau

n° 6

3 - 10 octobre 1994
pages 2 - 3

n° 20

15 octobre 1994
pages 4 - 7

n° 19

15 octobre 1994
pages 7 - 10

- L'Ere de Liberté

n° 14

octobre 1994
pages 10 - 13

- Le Tribun du Peuple

n° 33

octobre 1994
page 13 - 17

- Umurava Magazine

n° 19

12 octobre 1994
page 17 - 21

REVUE DE PRESSE
Editeur :

A.S.B.L. DIALOGUE
Momentanément en
Belgique
322, rue du Noyer
Tél/Fax :(32.2) 735.39.16

Directeur a.i.: Guy THEUNIS

2

IMBAGA Y'URWANDA n° 6, 3 - 10 octobre 1994
Le Représentant du HCR ne souhaite pas la paix au Rwanda.
Imbaga y'Urwanda n°6, 3 - 10 octobre 1994, page 1.
Le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) ayant son siège à Genève
souhaiterait l'échec du nouveau gouvernement de Kigali. En effet, il accuse le
FPR de perpétrer les massacres contre la population déplacée qui rentre au
pays. Cependant ces accusations, non fondées, ont été démenties par le
Représentant du HCR à Kigali et par d'autres visiteurs de marque qui ont
sillonné le pays après la prise du pouvoir par le FPR. On ne peut pas nier des
agressions, mais ce sont des actes isolés commis par les nouvelles recrues de
l'armée.
Rwanda : les monarchistes demandent le retour du Roi
Imbaga y'Urwanda n°6, 3 - 10 octobre 1994, page 1.
Le président du parti UNAR (Union Nationale Rwandaise), M. Claude
Rukeba, en exil, voudrait le retour au trône de Kigeri V (57 ans) renversé par
la révolution populaire de 1959. M. Rukeba et d'autres monarchistes
souhaitent une monarchie constitutionnelle au Rwanda.
La réintégration des déplacés de guerre dans leurs biens
Imbaga y'Urwanda n°6, 3 - 10 octobre 1994, pages 1 et 2
La MINUAR 2 voudrait faire réintégrer dans leurs biens les déplacés de
guerre. L'opération commencerait par ceux qui se sont réfugiés dans
l'ancienne "Zone Humanitaire Sûre". C'est dans ce cadre que les dirigeants de
la MINUAR se sont rendus à Kinshasa pour discuter avec les autorités
zaïroises du désarmement de l'ancienne armée rwandaise et du retour des
réfugiés récents au Zaïre. Le président du Rwanda, M. Pasteur Bizimungu,
quant à lui, met en garde le HCR qui accuse injustement le FPR de tuer les
déplacés qui rentrent. Le Secrétaire général de l'ONU, lui, préfère attendre les
résultats de l'enquête menée sur les exactions commises par l'armée du FPR.
Le shilling ougandais perd sa valeur, celle du franc rwandais
a remonté
Imbaga y'Urwanda n°6, 3 - 10 octobre 1994, page 1
Les commerçants ne veulent plus du shilling ougandais. Au moment où
un dollar américain vaut 270 Frw, on ne peut avoir que 200 Frw pour dix
mille shillings ougandais. Les jeunes changeurs de la frontière rwandougandaise ne savent plus que faire puisque le change était leur gagne-pain !

3

Les crimes du Rwanda ! Qui est responsable ?
Imbaga y'Urwanda n°6, 3 - 10 octobre 1994, pages 2 et 3.
Les premiers responsables des massacres rwandais sont les colons
belges et français avec leur politique de "diviser pour régner". Ce n'est pas la
mort des Présidents rwandais et burundais qui a déchaîné les violences. Le
plan avait été préparé à l'avance au su et au vu de la communauté
internationale. Cette même communauté n'a pas levé le petit doigt de la
dictature de 1959 à celle de 1994. Elle a donc soutenu la dictature de
Habyalimana. Ceux qui incriminent le FPR se trompent dans leur
raisonnement. Si les autorités rwandaises avaient permis aux anciens
réfugiés de rentrer au moment voulu, le FPR n'aurait pas attaqué. Celui-ci a
remporté une victoire militaire mais ne saurait gagner seul la guerre du
développement et de la démocratie sans le concours international et sans la
contribution des nationaux. Cependant les criminels doivent être extradés et
jugés (une liste de 220 responsables présumés du génocide est donnée en
page 6)
Le Burundi décidé à éviter la violence à la rwandaise
Imbaga y'Urwanda n°6, 3 - 10 octobre 1994, page 2
Les dissensions des Rwandais profitent à certains : les dictateurs qui
s'enrichissent au détriment de la population et les étrangers qui les
soutiennent. Les Rwandais peuvent se défaire de l'emprise dictatoriale en
luttant contre l'ignorance, la pauvreté, l'ethnisme et en oeuvrant pour l'unité
et la reconstruction du pays. Les animateurs sociaux doivent éduquer la
population dans ce sens. L'armée doit réellement protéger les habitants et
leurs biens.
L'ONU va peut-être chasser les militaires des camps de
réfugiés
Imbaga y'Urwanda n°6, 3 - 10 octobre 1994, page 3
L'ONU aurait décidé de chasser des camps de réfugiés du Zaïre le
gouvernement MRND ainsi que les militaires. Cependant, cette opération
confiée à la MINUAR requiert d'abord l'autorisation du Conseil de Sécurité de
l'ONU. Cette autorisation peut être attendue longtemps. Par ailleurs les
rumeurs circulent comme quoi la France continue à fournir des armes au
gouvernement déchu, responsable des récents massacres au Rwanda. Seraitelle passée outre à l'embargo décidé par l'ONU sur la vente d'armes au
Rwanda ?

4

KIBERINKA N° 20, 15 octobre 1994
Editorial, Sam Gody Nshimyimana, Kiberinka n°20, 15 octobre
1994, page 2
Le soleil se lève, mais le brouillard n'est pas encore dissipé. Maudite
soit la nuit que nous venons de traverser ! Réveille-toi, toi qui dors encore !
Tu es fatigué, je le sais, mais il faut te mettre au travail pour sauvegarder la
paix que nous venons de retrouver au prix de lourds sacrifices.
Le 1er octobre, jour de libération du Rwanda
Emmanuel Nello Bizimana, Kiberinka n° 20, 15 octobre 1994,
pages 2 à 5
Tout a commencé quand Habyalimana, faisant une tournée dans les
pays qui hébergeaient les réfugiés rwandais, a déclaré que le pays était trop
petit pour les accueillir. Les réfugiés ont décidé de rentrer de force. Contraint
de négocier, il a signé les Accords d'Arusha sans être convaincu. Il avait
préparé son plan d'extermination ! Ce plan, appelé "apocalypse" par les
membres de son clan, a été exécuté sous les yeux des casques bleus de l'ONU.
Ceux-ci ont préféré plier bagages laissant les innocents à la merci des milices
"Interahamwe". Le nombre de victimes s'élève à un million. Maintenant le
FPR a libéré le pays, mais tant que les massacres resteront impunis, la paix
ne reviendra pas totalement au Rwanda.
Le général Kagame met en garde
Sam Gody Nshimyimana, Kiberinka n°20, 15 octobre 1994,
pages 5 et 6
Dans son discours du 1er octobre 1994, le général Paul Kagame, Viceprésident et ministre de la Défense nationale a mis la population en garde
contre :
- les militaires qui agressent la population ;
- les personnes hantées par la vengeance ;
- les ONG qui font une propagande contre le gouvernement et continuent à
cultiver l'ethnisme ;
- les jeunes qui s'adonnent à la boisson ;
- les milices et les FAR qui menacent d'attaquer.
Habyalimana disait : " D'où viendra une autre organisation des
Nations-Unies ?
Gombe, Kiberinka n°20, 15 octobre 1994, pages 7 et 8
Depuis 1960, l'ONU a toujours envoyé des missions et des représentants
au Rwanda mais les problèmes n'ont jamais été résolus. L'ONU n'a pas levé le
petit doigt lors du référendum fait à la hâte en 1961, lors des assassinats des

5

politiciens de Gitarama, lors des massacres qui ont échelonné le règne du
président Habyalimana et du génocide d'avril à juillet 1994. Quand
Habyalimana disait ironiquement : "D'où viendra une autre ONU ?", il savait
que celle-ci abandonnerait toujours le peuple rwandais à ses mains
meurtrières.
Colonel Bagosora:" Ressuscitez ceux que j'ai tués pour qu'ils
témoignent de mes crimes",
Kiberinka n°20, 15 octobre
1994, pages 8 à 10
Interrogé par des journalistes français, le colonel Théoneste Bagosora
nie l'existence de l'escadron de la mort et son rôle d'organisateur dans les
massacres d'avril à juillet 1994. Il est prêt à comparaître en justice, à
condition que ses victimes se présentent pour témoigner contre lui.
François Nzabahimana se montre,
Kiberinka n°20, 15 octobre
1994, pages 10 et 11
Dans sa jeunesse, M. François Nzabahimana était aimable, humoriste et
très intelligent. Il fut remarqué par Habyalimana à cause du film réalisé au
Centre Iwacu sur la famine dans la région de Gikongoro. Il en fit son ministre.
A la naissance du multipartisme, M. Nzabahimana resta, curieuse-ment, dans
le MRND. Actuellement, il voyage et s'acharne à faire une propagande contre
le gouvernement de Kigali. Il est soutenu dans son action par des anciens
responsables d'ONG vivant à Buka-vu, à Goma ou ailleurs (une liste de 17
participants à une réunion d'ONG est donnée à la page 11).
L'armée rwandaise a préparé les violences avant la mort du
président Habyalimana
Yombe, Kiberinka n° 20, 15 octobre 1994, pages 11 et 12
Poussé par le ministre de la Défense, le général Déo Nsabimana, chef
d'Etat Major de l'armée rwandaise, a dirigé en date du 30 mars 1994 une
réunion finalisant le plan d'auto-défense populaire. Le rapport de cette
réunion est tombé entre les mains du journal Kiberinka, quelques jours avant
la mort de "Kinani". Ce rapport mentionnait, entre autres, des exercices
militaires au niveau de chaque cellule du pays, la chasse aux prétendus
complices du FPR, l'achat et la distribution des armes. Les casques bleus en
présence à Kigali ont aidé à la réalisation de ce plan sans s'en rendre compte.

6

Un génocide était prévisible, Kiberinka n° 20, 15 octobre
1994, pages 12 à 14
L'Elysée prétend que le génocide des Tutsi et l'extermination des Hutu
modérés étaient imprévisibles. Pourtant depuis octobre 1990, Amnesty
International, des journaux et d'autres observateurs impartiaux n'ont pas
manqué de dénoncer les propagandes ethnistes et racistes faites par les
extrémistes, les opérations meurtrières lancées par le réseau du président
Habyalimana et toutes les autres violations des droits de l'homme au
Rwanda. François Mitterrand a délibérément fermé les yeux sur la politique
terroriste de son ami Habyalimana (texte en français).
N'agis pas comme les milices Interahamwe !
Kiberinka n°20,
15 octobre 1994, page 14
Une mauvaise habitude s'installe à Kigali : vouloir s'enrichir sans effort.
On s'approprie les biens d'autrui puis on les vend à des prix exorbitants.
N'est-ce pas cette cupidité qu'on reprochait au régime précédent ? Les
Rwandais doivent-ils continuer à se complaire dans le vol, la paresse, la
vengeance et la corruption ?
Le gouvernement des " Batabazi" ("les sauveurs") a été
remanié
Kiberinka n°20, 15 octobre 1994, page 15
Le président Théodore Sindikubwabo a terminé sa mission : celle
d'inciter la population à la violence à partir de sa région natale (Butare). Il a
été remplacé par le président actuel, M. Bizimungu, qui devra reconquérir le
Rwanda et faire rentrer les nouveaux exilés, sans jugement. Kambanda est
aussi en voie de partir, il serait remplacer par François Nzabahimana
également originaire de Butare.
Qu'on nous ramène notre président pour que nous puissions
l'enterrer !
Kiberinka n°20, 15 octobre 1994, page 15
Le président Habyalimana a été enterré provisoirement à Bagdolite, au
Zaïre. Il sera enterré au Rwanda avec tous les honneurs après la victoire des
Forces Armées Rwandaises (FAR) et du gouvernement des Batabazi. Mobutu
devrait rendre le corps de Habyalimana pour qu'il soit enterré au Rwanda,
sinon son "fantôme"(umuzimu) causera plus de dégâts qu'il n'en a causé de
son vivant.

7

STOP au SIDA !
Kiberinka n°20, 15 novembre 1994, page 15
La guerre a fait oublier l'épidémie du SIDA. Pourtant celui-ci est
toujours aux aguets. L'ivresse de la victoire, l'ambiance des Nights clubs... ne
doivent pas faire oublier cette traître maladie. Les projets SIDA, SAN
FRANCISCO et PNLS conseillent comment défier le SIDA.

LE FLAMBEAU N° 19, 15 octobre 1994
Editorial : Rien n'est éternel sur cette terre
Adrien Rangira, Le Flambeau n°19, 15 octobre 1994, page 3
Le Président Habyalimana avait tout pour régner éternellement : la
richesse, les héritiers, les protecteurs occidentaux et africains. Il avait droit
de vie et de mort sur chaque Rwandais. Et pour cause ! Ses gardes et ses
milices Interahamwe faisaient la sale besogne d'éloigner les indésirables ! A
sa mort, ses complices et successeurs ont voulu perpétuer la terreur macabre.
Mais le FPR ne l'a pas supporté, il s'est empressé de libérer le pays et d'en
chasser les buveurs de sang.
Que dire aux lecteurs ? Adrien Rangira,
le Flambeau n°19, 15 octobre 1994, page 4
Condoléances à tous ceux qui ont perdu les leurs durant cette guerre !
Mais il est important, pour la reconstruction du pays, de rester calme et
d'attendre le jugement des tueurs. La presse privée a perdu beaucoup de ses
promoteurs et de ses journalistes. Les journalistes assassinés sont Kameya
André (Rwanda Rushya), Rwabukwisi Vincent, Kayiranga Marcellin et
Mbaraga Wellars (Kanguka), Bazimaziki Obed, Mfuranzima Freedom et
Munana (Le Flambeau). Merci aux personnalités qui ont contribué au
développement des journaux Rwanda Rushya, le Tribun du peuple et le
Flambeau.
Je rends hommage aux courageux avec qui j'ai mené le
combat
Adrien Rangira,
Le Flambeau n°19, 15 octobre 1994, pages 5 à 7
Les journalistes assassinés entre avril et juillet 1994 ont lutté pour la
paix et la justice. La plupart ont commencé à s'opposer aux systèmes établis
dès leurs études secondaires. Ils ont soutenu fermement le FPR car il
défendait les réfugiés de 1959 qui devaient rentrer au pays. Ces journalistes
sont : Kameya André, Rwabukwisi Vincent, Bazimaziki Obed, Kalinganire
Charles, Mfuranzima Freedom et Mudatsikira Joseph.

8

La région de Gikongoro - Cyangugu - Kibungo a été
abandonnée aux mains des assassins et des Blancs,
Adrien Rangira , Le Flambeau n°19, 15 octobre 1994 , pages 8 et
9
Le 1er juillet 1962, le Rwanda a acquis son indépendance. Les Rwandais
pouvaient gérer leur pays et protéger sa souveraineté. Mais se sont-ils
défaits de l'impérialisme colonial ? Les anciens colons n'ont-ils pas été
toujours présents par le biais de leurs aides ? Sont-ils là quand on a besoin
d'eux ? Les casques bleus de l'ONU n'ont-ils pas assisté passivement aux
massacres d'avril à juillet 1994 ? La Mission Turquoise Française n'est-elle
pas arrivée trop tard ? Elle n'a fait que protéger les assassins et les
successeurs du président Habyalimana qui s'étaient repliés dans la région de
Gikongoro - Kibuye - Cyangugu.
Que fait la MINUAR au Rwanda ?
Adrien Rangira, Le Flambeau n°19, 15 octobre 1994, page 10
et 11
La MINUAR 1 a raté sa mission. Elle était venue au Rwanda pour aider
à la mise en application des Accords d'Arusha. Mais depuis son arrivée au
Rwanda, les assassinats (dont ceux des personnalités politiques) se sont
multipliés et les enquêtes menées n'ont jamais abouti. En avril 1994, les
casques bleus ont préféré abandonner le peuple rwandais aux mains des
Interahamwe déchaînés.
Que vient alors faire la MINUAR 2 ? Il n'y a plus deux armées en
présence ! Elle vient sûrement protéger les assassins qui sont dans la zone de
sécurité Cyangugu - Kibuye - Gikongoro. Pourquoi ne protège-t-elle pas les
innocents qui sont encore sous l'emprise des milices à Goma et à Bukavu ?
Pourquoi n'y a-t-il pas de coordination entre les actions de la MINUAR et du
HCR, concernant le retour au pays des récents réfugiés ?
Nous avons un Etat non ethniste
Adrien Rangira, Le Flambeau n°19, 15 octobre 1994, page 11
Au Rwanda, il n'y a plus ni Hutu, ni Tutsi, ni Twa. Le pays est habité
simplement par des Rwandais. Il est louable que le gouvernement ait
institutionnalisé le système de concours pour les recrutements et les
commissionnements. C'est un autre moyen d'éviter les ségrégations.
Les réfugiés rwandais des années 1960,vers quelle destinée ?
B. Munyaburanga, Le Flambeau n°19 , 15 octobre 1994, pages
12 et 13.
La réintégration des réfugiés des années 1960 ne sera pas facile. En
effet, le long exil les a exposés à maintes frustrations : oppressions,
privations, intolérances...; les plus jeunes d'entre eux n'ont presque pas de

9

formation ; les plus âgés sont encore nostalgiques du paradis perdu ; quant
aux intellectuels, ils se sont laissés détruire par l'alcool. Privés longtemps de
leurs droits, tous ces réfugiés se hâtent de rentrer au Rwanda mais les
infrastructures d'accueil sont quasi inexistantes. Le gouvernement actuel, le
HCR et la MINUAR ont un pari à gagner : mettre en oeuvre un plan de
"développement d'urgence" pour assurer une vie décente aux rapatriés (texte
en français).
Les commerçants achèvent ceux qui ont échappé aux
massacres des milices Interahamwe,
Bisangwa Macumu, Le Flambeau n°19, 15 octobre 1994, pages
13 et 14
La montée excessive des prix (transports, denrées alimentaires, etc...)
rend la vie difficile, particulièrement dans les villes . Un fonctionnaire
moyen, par exemple, se voit obligé de dépenser la moitié de son salaire rien
que pour se rendre à son lieu de travail (6.000 Frw de transport / 13.000
Frw de salaire). Le gouvernement assiste en spectateur à cette exploitation
du consommateur, invoquant la loi de l'offre et de la demande.
Qui sera jugé par le Tribunal Pénal International ?
Adrien Rangira, Le Flambeau n°19, 15 octobre 1994, pages 15
et 16
Il est difficile de retrouver tous les responsables du génocide d'avril à
juillet 1994. Les assassins ne sont pas seulement ceux qui ont versé le sang,
mais aussi ceux qui ont planifié les massacres, ceux qui ont excité la
population (slogans, journaux, messages radiodiffusés), ceux qui ont dénoncé
les voisins... Cependant, il faut procéder par ordre : d'abord faire arrêter et
punir de la peine de mort la famille et la belle-famille de Habyalimana, les
miliciens Interahamwe, les membres importants du parti MRND, les
extrémistes des partis PL, MDR, PSD, les fondateurs et les journalistes de la
Radio RTLM, les militaires de l'ancienne garde présidentielle, les membres du
parti CDR, les journalistes de Kangura et les extrémistes de Radio Rwanda, les
membres du gouvernement intérimaire, ainsi que tous les cadres de
l'administration centrale et locale nommés après le 6 avril 1994... Des
enquêtes devront être faites également au sein de l'ancienne armée
rwandaise, dans les préfectures, les communes, les secteurs et les cellules.
Les témoignages de la population locale ne seront pas à négliger.
Le président Juvénal Habyalimana a été enterré à Gbadolite,
au Zaïre
Le Flambeau n°19, 15 octobre 1994, page 17
- Le 6 avril 1994, le président Habyalimana est assassiné ;
- Du 6 avril au 8 avril 1994, la dépouille est dans sa propriété de Kanombe ;

10

- Le 8 avril 1994, Agathe Kanziga se réfugie en France et laisse le corps de
son mari aux militaires de la garde présidentielle. Ceux-ci le confie à leur
tour au président intérimaire, M. Théodore Sindikubwabo ;
- Le 24 avril 1994, le gouvernement intérimaire fixe l'enterrement de feu le
Président, au 6 mai 1994, au stade Amahoro de Kigali ;
- En juin, le corps est déplacé de Gitarama à Kibuye et de Kibuye à Gisenyi. Le
président Sindikubwabo demande à la femme du président, M. Agathe
Kanziga de revenir au Rwanda
pour l'enterrement de son mari en son
village natal (Rambura) ;
- Entretemps, les militaires français de l'opération Turquoise sont arrivés au
Rwanda, mais le FPR gagne du terrain : il contrôle les villes de Kigali et de
Ruhengeri.
- Le corps de Habyalimana est déplacé jusqu'à Kinshasa ; il a été enterré,
provisoirement, à
Gbadolite, le 1 octobre 1994.

L'ERE DE LIBERTE n° 14, octobre 1994
Editorial : La réconciliation chez nous
Elie Mpayimana, l'Ere de liberté n°14, octobre 1994, page 2
De quelle unité le Rwanda a-t-il besoin ? Entre Hutu et Tutsi ? Entre
gens du Nord et gens du Sud ? Si le Rwanda était un Etat de droit, chacun y
trouverait sa place sans qu'il y ait besoin de faire des distinctions ethniques
et régionales. L'unité du peuple rwandais doit être construite par les
Rwandais eux-mêmes avec des autorités qui mettent en priorité l'intérêt de
la population.
Si les souvenirs n'existaient pas ?
L'Ere de liberté n°14, octobre 1994, page 1, 2et 3
La presse privée a perdu plusieurs de ses courageux journalistes. Parmi
ceux qui ont été assassinés entre avril et juillet 1994, citons MM. Ravi et
Marcellin Kayiranga (Kangura), André Kameya (Rwanda Rushya), Joseph
Mudatsikira, Obed Bazimaziki et Charles Kalinganire (Le Flambeau) ainsi que
Sylvestre Nkubili (Kinyamateka). Tous ces journalistes sont morts au nom de
la vérité. Ils ont été tués parce qu'ils dénonçaient la politique du
régionalisme et de l'ethnisme. Cependant, on constate que le virus du
sectarisme se réinfiltre dans le pays et risque de s'y implanter. Les réfugiés
qui rentrent doivent comprendre qu'ils ne sont pas les seuls à avoir libéré le
Rwanda. Ceux qui y sont restés ont aussi donné leur contribution.

11

Il faut frapper le fer pendant qu'il est chaud
Mpayimana Elie, L'Ere de liberté n°14, pages 3 à 5
L'on se souviendra toujours du 7 avril 1994 comme le jour de la
descente aux enfers : tueries, pillages, viols... Quant à la date du 4 juillet
1994, elle marque la libération du pays par le FPR. Le 8 juillet 1994 marque
la fin de la guerre et l'espoir de retour au pays pour les réfugiés et les
déplacés de guerre. Mais cette date est aussi le début d'autres pillages et
vols. Les réfugiés rentrant du Burundi, du Zaïre, de la Tanzanie et de l'Uganda
s'approprient les biens meubles et immeubles des personnes déplacées. Ils
n'hésitent pas à commercialiser les produits du vol à des prix exorbitants. Si
le gouvernement ne prend pas des mesures appropriées, on ne parlera plus
de libération du pays par le FPR mais de coup d'Etat. Les politiciens des
forces démocratiques du changement porteront la responsabilité des
massacres perpétrés contre leurs adhérents.
Il revient témoigner contre les massacreurs
L'Ere de liberté n°14, octobre 1994, page 6
M. Janvier Afrika, journaliste de "Umurava Magazine" est revenu de
Naïrobi où il s'était réfugié déjouant la persécution et l'emprisonnement
venant de MM. Zigiranyirazo Protais, beau-frère du président Habyalimana et
Pascal Simbikangwa, tortionnaire du réseau zéro. M. Janvier Afrika a, le
premier, affirmé l'existence de l'escadron de la mort et en a donné la
description. Il revient au pays pour révéler toute la vérité sur cette
organisation et témoigner contre ceux qui ont versé le sang.
L'unité nationale : une cause universelle et immortelle
Mpayimana Elie, L'Ere de Liberté n°14, octobre 1994, pages 6
et 7
La révolution de 1959 a été bénéfique pour les uns et nuisible pour les
autres. Au moment où la majorité hutu chantait "vive l'indépendance", la
minorité tutsi, chassée, prenait le chemin de l'exil. Le coup d'Etat de 1973
n'améliora pas la situation. Les hommes de la révolution de 1959 furent tués,
les nouveaux dirigeants installèrent un système où seuls la corruption, le
népotisme, la cupidité et la conspiration du silence furent roi. Il n'y avait plus
de place pour le respect des droits de l'homme. Actuellement, il est question
de construire l'unité du pays avec comme pierres de fondation la démocratie,
la justice sociale et le respect intégral des droits de l'homme (article en
français).

12

Combattons l'extrémisme CDR.
Justin Bamenya Justin, L'Ere de Liberté n°14, octobre 1994,
page 8
La CDR-hutu (extrémisme hutu) prêché par MM. Ngeze Hassan, du
journal Kangura, Ferdinand Nahimana, Bosco Barayagwiza, Donat Murego et
Frodouald Karamira a été fortement combattu notamment par M. Landoald
Ndasingwa, ancien ministre du Travail et des Affaires Sociales, assassiné le 7
avril 1994. On ne peut aucunement accepter le CDR-tutsi (extrémisme tutsi)
importé par les Tutsi se réclamant du FPR et rentrant en majorité du
Burundi. Le combat du FPR va au-delà des clivages ethniques et régionaux.
Le chemin de croix dans les " blindés" (maisons de fortune)
Mpayimana Elie, L'Ere de Liberté n°14, octobre 1994, pages 8
à 11
Ceux qui étaient recherchés à Kigali par les Interahamwe et les
Impuzamugambi (milices des partis MRND et CDR) et les "Powers"
(extrémistes des partis MDR, PL et PSD) ont dû se réfugier à la paroisse Ste
Famille, au Centre de Pastorale Saint Paul et à l'Archevêché de Kigali. La vie
n'était pas facile : ils étaient traqués par la peur, la faim, la soif et les
maladies. Les messagers de la mort hantaient ces lieux comme des fantômes.
Le 16 juin 1994, ils ont tué 58 personnes au Centre Pastoral St Paul. Le 17
juin 1994, le FPR a fait un raid sur ce Centre et en a évacué la plupart des
réfugiés. Le 18 juin 1994, les milices ont tué 168 personnes à l'Eglise de la
Ste Famille et 2 au Centre de Pastorale St Paul. Après cette date, les prêtres,
les religieux et quelques civils rescapés ont été évacués par le colonel
Munyakazi vers les bâtiments de l'Archevêché de Kigali. Ils y sont restés
jusqu'à la prise de Kigali par le FPR.
Nécrologie : une étoile s'est éteinte
L'Ere de liberté n°14, octobre 1994, page 12
Madame Agathe Uwilingiyimana fut premier Ministre d'août 1993 à
avril 1994. Elle a lutté de toutes ses forces contre le régime dictatorial du
président Habyalimana et son injustice. Elle voulait le changement par la
démocratie. Elle a été assassinée le 7 avril 1994 (texte en français).
Quel scandale ! Justin Bamenya,
L'Ere de Liberté n°14, octobre 1994, page 13
Après la mort du président Habyalimana, Mme Agathe Kanziga, son
épouse, a exigé la tête de certaines personnalités. Le soir même, les militaires
de la garde présidentielle lui ont apporté les corps de MM. Frédéric
Nzamurambaho, Félicien Ngango, Joseph Kavaruganda et Landouald
Ndasingwa. Le lendemain matin, elle a eu le plaisir de contempler le cadavre

13

de Mme Agathe Uwilingiyimana. Quand le gouvernement du président
Sindikubwabo s'est installé, il a pris la relève des massacres et il n'a pas
caché son plaisir de prendre les places de ceux qu'il venait d'exterminer.
Qui a conduit le pays à l'épouvante ?
L'Ere de Liberté, octobre 1994, page 14
Le représentant du HCR et certains européens comme MM. Declean, De
Brouwer, Harroy et Logiest accusent le FPR d'être à l'origine des massacres
commis au Rwanda et lui reprochent de ne pas respecter les Accords
d'Arusha. Pourtant, le plan de massacre a été préparé au su et au vu de la
communauté internationale ; les tueries commencées en avril 1994 ont été
faites sous les yeux de l'ONU. Il est difficile pour le FPR de partager le
pouvoir et de fusionner son armée avec ceux qui, dès juillet 1992, ont rejeté
les Accords d'Arusha préférant plonger le pays dans un bain de sang !
Communiqué des partis MDR, PSD, PDC et PL
L'Ere de Liberté n°14, octobre 1994, pages 14 et 15
Les forces démocratiques composées des partis MDR, PSD,PDC et PL ont
tout fait pour éviter le pire. Leur communiqué de presse du 8 janvier 1994
est publié aux pages 14 et 15.

LE TRIBUN DU PEUPLE n° 33, octobre 1994
Editorial : Où croyez-vous que les réfugiés devraient vivre ?
Jean Pierre Mugabe, Le Tribun du Peuple n°33, octobre 1994,
page 2
Certains se plaignent que les réfugiés rentrés de l'Uganda, de la
Tanzanie, du Zaïre et du Burundi occupent les maisons des déplacés. C'est un
fait. Cependant, les gens devraient être tolérants les uns envers les autres.
Que les déplacés qui rentrent s'arrangent à l'amiable avec les occupants de
leurs maisons et que ceux-ci ne prennent pas des airs supérieurs sous
prétexte qu'ils connaissent telle ou telle autorité. Par ailleurs, les dirigeants
devraient résoudre ce problème de logement dans les meilleurs délais tant
pour les réfugiés que pour les déplacés.

14

Des responsables présumés du génocide se trouvent en
prison, à Kigali
Justin Faïda, Le Tribun du Peuple n°33, octobre 1994, pages 3
à 5
Dans la prison de Kigali, le nombre des présumés responsables des
massacres d'avril à juillet 1994 s'élève à 1.500 personnes. Parmi ces
prisonniers, il y a une centaine de femmes accompagnées de quelques
enfants. La prison de Gitarama contient 500 prisonniers. Les prisons de
Nyanza, Butare, Gikongoro et Cyangugu seront bientôt réouvertes. Les
détenus proviennent en majorité du bas peuple, mais il y a aussi quelques
intellectuels, fonctionnaires et commerçants. La plupart clament leur
innocence. La prison de Kigali qui sera bientôt saturée connaît de grands
problèmes dont l'insuffisance de personnel, de moyens matériels et de
provisions alimentaires, l'interdiction de contact entre les prisonniers et les
membres de leur famille. (Les noms de certains prisonniers sont donnés aux
pages 3 à 5).
D'autres ministres du gouvernement d'union nationale ont prêté
serment le 27 septembre 1994,

Faïda Justin, Le Tribun du Peuple n°33, octobre 1994, pages 6
et 7
Le gouvernement d'union nationale a été mis en place le 19 juillet
1994, mais la liste des ministres n'était pas complète. Les derniers ont prêté
serment le 27 septembre 1994. Il s'agit de MM.:
- Alphonse-Marie Nkubito, ministre de la Justice ;
- Augustin Iyamuremye, ministre de l'Agriculture et de l'Elevage ;
- Jean Berchmans Birara, ministre du Plan ;
- Patrick Mazimpaka, ministre de la Jeunesse ;
- Jean-Baptiste Nkuliyingoma, ministre de l'Information. Chacun de ces
ministres est
compétent et doit être capable de relever le
secteur dont il est responsable.
Le réseau des milices " Interahamwe" et ceux qui en ont fait
le recrutement
Le Tribun du Peuple n°33, octobre 1994, pages 8 et 9.
Le recrutement des milices a été fait par secteur d'activités et par
niveau de couches sociales. Ce réseau a été créé pour défendre et protéger,
par tous les moyens, le pouvoir de la caste Habyalimana. Le grand idéologue
de cette mafia est le professeur Léon Mugesera aidé par M. Charles Nyandwi,
ancien ministre de la Fonction publique et par M. Mathieu Ngirumpatse,
actuel président du MRND. Les premiers jeunes recrutés sont M. Robert
Kajuga, nommé président national des milices, Phénéas et Zuzu ainsi que M.
Léon Mbonabaryi, fils du député Mbonabaryi de Gisenyi. Les responsables

15

des recrutements ainsi que des meneurs lors des massacres d'avril à juillet
1994 sont cités aux pages 8 et 9.
Autorités, gardez-vous du favoritisme clanique dans la
distribution des postes d'emploi !

Le Tribun du Peuple n°33, octobre 1994, page 9.
Le système clanique qui a marqué le régime du président Habyalimana
semble être privilégié par certaines autorités de Kigali. Il est du devoir des
journalistes de les mettre en garde contre ce piège qui peut conduire le pays
à la corruption, au favoritisme et au népotisme.
Je donne ma contribution pour le développement du nouveau
Rwanda
D. G., Le Tribun du Peuple n° 33, octobre 1994, pages 10 et 11
L'investiture des nouvelles autorités du Rwanda a réjoui la population ;
en retour, elles ne doivent pas la décevoir. Elles doivent être à son service et
à son écoute. C'est pourquoi il est urgent de nommer les dirigeants de
l'administration centrale et territoriale, d'organiser les services publics, de
rouvrir la Banque Nationale, de mettre en place la nouvelle Assemblée
nationale, le Conseil supérieur de la magistrature et de révolutionner le
fonctionnement de l'appareil judiciaire.
L'assassinat de "L'invincible"( Ikinani) et les dégâts des
fossoyeurs
Le Tribun du Peuple n°33, octobre 1994, pages 12 à 14
Le journal "Le Tribun du Peuple" relate les dates qui ont marqué les
massacres du 31 mars au 4 mai 1994 ainsi que les combats entre le Front
Patriotique et les Forces Armées Rwandaises. Le 6 avril 1994 a vu le
déclenchement massif des violences ; la situation était tendue depuis un
certain temps. L'on se souviendra du soulèvement violent des membres
Impuzamugambi (parti CDR), le 1er avril, suite à l'assassinat de M. Alphonse
Ingabire, reconnu assassin de M. Straton Byabagamba du parti PL. Le 3 avril,
les mêmes Impuzamugambi ont assiégé le ministère des Affaires Etrangères
et de la Coopération pour réclamer leur siège au parlement, siège qu'ils
avaient refusé en dénigrant les Accords d'Arusha. La mort du président
Habyalimana a été le coup d'envoi de l'extermination systématique des
indésirables : personnalités politiques opposées au MRND, adhérents des
partis d'opposition et Tutsi considérés comme complices du FPR. Ce carnage a
provoqué la reprise des combats entre le FPR et les Forces Armées
Rwandaises : les affrontements ont été durs et sanglants.

16

Le colonel Tharcisse Renzaho a été battu à mort en Tanzanie
Jean Pierre Mugabe, Le Tribun du Peuple n°33, octobre 1994,
page 15
Arrivé en Tanzanie, le Colonel Tharcisse Renzaho, ancien préfet de la
préfecture de la ville de Kigali, a rencontré un certain Rwakana dont il avait
mis les biens aux enchères en 1990. Celui-ci en a profité pour se venger.
Quand les forces de l'ordre sont intervenues, ils ont trouvé le colonel Renzaho
en possession de deux passeports et l'ont reconnu comme un des auteurs du
génocide rwandais. Il a été emprisonné sur le champ.
Ceux qui ont planifié l'assassinat de " L'invincible" se
trouvaient à l'Hôtel des Diplomates la nuit du 6 avril 1994,
Le Tribun du Peuple n°33, octobre 1994, page 15
Ceux qui auraient fomenté l'assassinat du président Habyalimana sont
M. Justin Mugenzi, ancien ministre des Mines, de l'Industrie et de l'Artisanat,
Monseigneur Vincent Nsengiyumva, archevêque de Kigali, MM. Jean Bosco
Barayagwiza du parti CDR et Augustin Bizimana, ministre de la Défense
nationale. Les intéressés étaient à l'Hôtel des Diplomates le soir du 6 avril
1994 et se seraient enivrés de champagne à l'annonce de la mort de
Habyalimana. Tous les proches de celui-ci étaient au courant de cet attentat
notamment son gendre M. Alphonse Ntilivamunda, et M. Faustin Munyazesa,
alors ministre de l'Intérieur et du Développement communal.
Nous vous dévoilons ce qui a opposé le colonel Kanyarengwe à
"L'Invincible"
Jean Pierre Mugabe, Le Tribun du Peuple n°33, octobre 1994,
pages 16 à 18
Le président Habyalimana n'écoutait jamais les conseils et les avis de
ses proches collaborateurs. Il éloignait toujours ceux qui osaient émettre un
avis ou un conseil. Ainsi il n'a jamais digéré que le colonel Kanyarengwe l'ait
mis en garde contre l'assassinat des politiciens de Gitarama et contre le
système anti-démocratique consacré par les statuts du parti unique MRND.
Le ressentiment et les persécutions contre Kanyarengwe ont commencé en
1978 ; ils se sont aggravés en 1980. Après le départ forcé de ce dernier, le
président Habyalimana annonçait aux Rwandais qu'il avait fui la paix.
Cependant il n'a jamais donné la paix à qui que ce soit. L'on se souviendra du
rejet du colonel Benda, du Major Munyandekwe, des colonels Nsekalije et
Simba, des assassinats de l'abbé Silvio Sindambiwe, de la député Félicula
Nyiramutarambirwa, du docteur Muganza, du colonel Rwanyagasore, du
colonel Kamanzi, du major Muhirwa, du commandant Gacinya, de M.
Emmanuel Gapyisi et de tant d'autres.
Les politiciens ne doivent pas ignorer le indépendants
politiques

17

Mugabe Jean Pierre, Le Tribun du Peuple n°33, octobre 1994,
page 18
Les politiciens doivent être lucides dans la distribution des postes de
responsabilités. Ceux-ci doivent être confiés à des Rwandais capables et
compétents sans considération d'appartenance à un parti politique. Il est
louable que certains membres du gouvernement comme MM. Alphonse Marie
Nkubito (ministre de la Justice), et Jean Berchmans Birara (ministre du Plan)
soient politiquement indépendants et que des militaires soient associés.
Certains Blancs doivent faire attention !
Jean Pierre Mugabe, Le Tribun du Peuple n°33, octobre 1994,
page 18
Certains Européens sont responsables de ce qui s'est passé au Rwanda.
Ils ont trempé dans les massacres de 1959, ils ont soutenu le régime criminel
de Habyalimana, ils ont défendu et protégé ce même régime en 1990 et ils
ont formé les milices "Interahamwe", principaux auteurs du génocide
rwandais.
Je supplie le ministère des Transports et des Communications
Herménegilde Shyaka, Le Tribun du Peuple n°33, octobre
1994, page 19
Après la guerre, un litre d'essence coûtait 400 Frw, actuellement, il est
à 200 Frw mais le prix du transport en taxi et en ville reste à 100 Frw. C'est
trop cher. Le ministère des Transports et des Communications doit étudier et
résoudre ce problème dans les meilleurs délais.

UMURAVA MAGAZINE N° 19, 12 octobre 1994
Editorial : Sommes-nous chez nous ?
Umurava Magazine n°19, 12 octobre 1994, page 2
Le premier octobre d'après-guerre a été célébré de façon spectaculaire.
Cette date marquait le retour au bercail pour les Rwandais qui avaient été
forcés à l'exil. Les Rwandais doivent se sentir désormais chez eux, non pour
détruire, mais pour bâtir une nation libérée de la haine et de la vengeance
(texte en français).

18

Celui qui a tué le lapin ne s'est pas vêtu de sa peau. Je
reviens au pays
Janvier Afrika, Umurava Magazine n°19, 12 octobre 1994,
pages 3 à 5
Le journaliste Janvier Afrika connaît à fond la cruauté du clan
Habyalimana pour avoir vécu près de cette famille et avoir été recruté parmi
les premières milices "Interahamwe". Il affirme l'existence de l'escadron de
la mort appelé aussi "le réseau zéro". Cette organisation est composée
essentiellement de membres de la famille Habyalimana (une liste de 42
membres du réseau est publiée à la page 3). Avant la guerre d'octobre 1990,
leurs crimes étaient habillés savamment en accidents de roulage ou en
maladies incurables (empoisonnement). Avec la guerre, le clan Habyalimana
a crée le "club des milices Interahamwe" pour éliminer les Tutsi, les Hutu
opposés au régime et toute personne soupçonnée être complice du FPR. Le
journaliste Janvier Afrika est déterminé a révéler la vérité sur les
agissements machiavéliques du réseau zéro.
Uganda, Rwanda, Burundi : Soyez vigilants !
Janvier Afrika, Umurava Magazine n°19, 12 octobre 1994,
page 5
Les autorités des trois pays voisins : Uganda, Burundi et Rwanda,
doivent être vigilants. En effet, certaines personnalités bien connues comme
le lieutenant Colonel Moses Opango (Ugandais), le général major Augustin
Bizimungu (chef d'Etat major de l'ancienne armée rwandaise), Savimbi
(Burundi) et Mobutu Sese Seko (président du Zaïre) préparent une attaque de
grande envergure sur l'Uganda, le Rwanda et le Burundi. L'attaque se fera à
partir de Goma et de Bukavu par les anciens militaires rwandais et les
milices "Interahamwe".
Nous venons de terminer la guerre des ethnies. Echapperonsnous à celle de la peur ?
Athar Amani, Umurava Magazine n°19, 12 octobre 1994, page
6
La guerre a laissé un venin chez les Rwandais : "la peur". A Kigali, les
gens ont peur de tout et de rien, ils ont peur de parler, d'agir, de s'intéresser
aux problèmes du pays. La peur est devenue une sorte d'infirmité qui
entraîne l'apathie et l'indifférence.

19

Qui a tué Habyalimana ?
Janvier Afrika, Umurava Magazine n°19, 12 octobre 1994,
pages 7 et 8
Habyalimana est tombé dans le piège qu'il avait lui-même tendu. Le
plan d'extermination des Tutsi, et des Hutu opposés au régime, a été préparé
dès le lendemain de l'attaque du FPR en octobre 1990. Les discours de
Habyalimana y faisaient régulièrement allusion. Au fil des jours, ce plan a été
affiné ; il devait être mis en application avant la fin de l'année 1993. Comme
Habyalimana traînait et que son entourage était pressé de jouir seul du
pouvoir, il a décidé de le liquider le plus vite possible. Le président
Habyalimana a été tué par l'escadron de la mort, sa propre création.
Effacer de nos mémoires les tragédies de la guerre
Athar Amani, Umurava Magazine n°19, 12 octobre 1994, page
8
Il est très difficile d'oublier les images épouvantables de la guerre.
Cependant le pays doit être reconstruit et cette reconstruction doit avoir
comme fondation le courage, l'amour et le pardon. Le pays ne sera réunifié
que si chaque Rwandais décide d'abattre les murs de la haine, du tribalisme
et du régionalisme (texte en français).
L'avenir du Rwanda est crucial !
Athar Amani, Umurava Magazine n°19, 12 octobre 1994, page
9
La guerre est terminée. Chaque Rwandais libéré de toute idéologie
séparatiste doit apporter sa contribution au développement politique,
économique et social du pays (texte en français).
Les milices " Interahamwe" à Johannesburg
Michel Ndikumana, Umurava Magazine n°19, 12 octobre 1994,
page 9.
Le 2 septembre 1994, six miliciens Interahamwe ont été interpellés par
la police alors qu'ils essayaient d'entrer clandestinement en Afrique du Sud.
Ils sont actuellement détenus dans la ville de Johannesburg.
Lettre de Ezéchiel Sebasambizi, rédacteur en chef, au
lieutenant Kayibanda, chef de la brigade de Nyamirambo,
Umurava Magazine n°19, 12 octobre 1994, page 10.
La famille de Sebasambizi a été arrêtée et emprisonnée. Elle est accusée
d'avoir participé aux massacres d'avril à juillet 1994. Pour l'intéressé, cette
histoire a été montée par ses voisins de quartier qui veulent camoufler leur
ancienne complicité avec les milices "Interahamwe". Il demande à être

20

entendu par les instances judiciaires et que l'objet de son accusation soit
clarifié.
La vengeance et les règlements de compte vont détruire le
pays
Alexis Ndayabona, Umurava Magazine n°19, 12 octobre 1994,
page 10.
Des bandes organisées et commanditées sévissent dans tous les
quartiers de Kigali. Elles sont payées par ceux qui veulent assouvir leurs
anciennes haines familiales, politiques ou ethniques.
L'histoire a fait son devoir
Alexis Ndayabona, Umurava Magazine n°19, 12 octobre 1994,
pages 11 et 12
Le virus qui a détruit le pays l'a infecté dès le coup d'Etat du 5 juillet
1973, lequel coup d'Etat a été suivi par la mise à mort des anciens politiciens.
Le 5 juillet 1975, tous les Rwandais furent réunis de force au sein du parti
unique le MRND. L'année 1976 fut le début du culte de la personnalité (de
Habyalimana) par le système de l'''animation". En 1980, commencèrent les
éliminations et les emprisonnements arbitraires. En 1988, l'assassinat du
Colonel Mayuya fut suivi de l'emprisonnement de soldats et d'officiers
indésirables. En 1989, alors que la famine sévissait dans le pays, le Président
instaura la politique de l'austérité. La guerre d'octobre 1990 réjouit le clan de
Habyalimana ; c'était l'occasion rêvée pour exterminer tous ceux qu'il
appelait "complices du FPR"... Aujourd'hui, les Rwandais devraient tirer des
leçons de l'histoire, sinon ils seront condamnés par leur descendance (texte
en français).
Les Hutu ne sont pas des tueurs ; ce ne sont pas tous des
"Interahamwe"
Alexis Ndayabona, Umurava Magazine n°19, 12 octobre 1994,
page 12.
La guerre a fait autant de victimes hutu que tutsi. Ils ont tous été tués
par les milices Interahamwe, club composé de Hutu et de Tutsi et dirigé par
un Tutsi, M. Robert Kajuga. Les anciens réfugiés, principalement ceux qui
rentrent du Burundi, devraient le savoir. Actuellement, le Rwanda a besoin
de ceux qui contribuent à sa reconstruction : il n'a plus que faire des
ethnistes.

21

D'où proviennent les ethnies ?
Jeanne d'Arc Umulisa, Umurava Magazine n°19, 12 octobre
1994, page 13
La dénomination des Twa, Hutu et Tutsi n'a pas de fondement ethnique.
Elle est plutôt liée à la région d'origine ou au métier de chaque groupe. Ainsi
les Twa proviennent de la région de "Gitwa" où le roi était appelé "MUTWA";
les Hutu, agriculteurs avec comme mot de passe "MUHE UTU" (donnes-lui
cela) lors du troc, quand ils échangaient lait et récoltes, tandis que les Tutsi
("insulteurs"), éleveurs, insultaient leurs troupeaux pour les faire revenir à
l'ordre.
Femmes d'après-guerre
Michel Ndikumana, Umurava Magazine n°19, 12 octobre 1994,
page 14
Les conséquences de la guerre se ressentent plus chez la femme que
chez l'homme. La femme de l'après-guerre vit dans l'inquiétude. Elle est
confrontée aux problèmes de la faim, des habitations inconfortables, de
l'éducation des enfants. Elle attend beaucoup du gouvernement et des
organismes internationaux (texte en français).
On ne peut pas prêcher aux démons
Jeanne d'Arc Umulisa, Umurava Magazine n°19, 12 octobre
1994, page 14.
Ce qui s'est passé au Rwanda n'est autre que l'action des démons. Les
traîtres étaient hantés par les démons, par la haine. Il est impossible de
guérir leurs coeurs. Il ne reste qu'à les juger et à les punir de façon
exemplaire.

R E V U E de la

P R E S S E R W A N D A I S E

Bimensuel qui résume en français les principaux articles
de tous les périodiques parus en kinyarwanda (au Rwanda
ou dans les pays d'alentour)
Nouvelle Série : SOMMAIRE DU N° 3 :
16 - 30 octobre 1994
-

Imvaho Nshya

n° 1047

19 - 25 octobre 1994
pages 2 - 5

-

Imvaho Nshya

n° 1048

26 octobre- 1
novembre 1994
pages 5 - 9

-

Le Messager-Intumwan°

44

22 octobre 1994
pages 9 - 13

- Libération

n° 1

octobre 1994
pages 13- 14

- Le Moniteur

n° 1

22-25 octobre1994
pages 14 - 17

- Le Tribun du Peuple

n° 34

octobre II 1994
pages 17 - 20

REVUE DE PRESSE
Editeur :

A.S.B.L. DIALOGUE
Momentanément en
Belgique
322, rue du Noyer
Tél/Fax : (32.2) 735.39.16

Directeur a.i.: Guy THEUNIS

2

IMVAHO NSHYA n° 1047, 19 - 25 octobre 1994
Editorial : Imvaho sort après maintes difficultés,
Mweusi Karake, Imvaho nshya n° 1047, 19 - 25 octobre 1994,
page 1
Le journal "Imvaho nshya" n'est pas sorti en temps voulu, faute de
moyens matériels et logistiques : l'ORINFOR a été pillé, les téléphones ne
fonctionnent pas, l'imprimerie nationale est encore fermée. Certaines
personnes souhaitent que le nom du journal change, d'autres préfèrent que le
nom reste mais que le contenu soit axé sur la vérité.
Le 1er octobre : journée pour se délivrer de la dictature
Hélène Nyirabikali et Louis Sibomana, Imvaho nshya, n°
1047, 19 - 25 octobre 1994, pages 2 et 9
Le 1er octobre a été proclamé "fête nationale" en souvenir de l'entrée
du FPR au Rwanda , le 1er octobre 1990. Cette journée a été marquée par le
défilé militaire de la nouvelle armée, les chants, les danses et les discours de
hautes autorités du pays. Dans leurs discours, les dirigeants ont insisté sur la
reconstruction du pays et le respect de la personne humaine. Ils ont parlé
des martyrs du pays : une journée sera consacrée à leur mémoire. Ils ont
condamné les actes de vengeance et de violences ainsi que l'attitude de
certaines ONG qui continuent à cultiver l'ethnisme.
Le problème des logements et des biens pillés est inquiétant
Immaculée Mukanyonga, Imvaho nshya n° 1047, 19 - 25
octobre 1994, page 3
Les anciens réfugiés qui rentrent s'approprient les maisons et les
déplacés de guerre qui reviennent trouvent leurs maisons occupées, détruites
ou pillées. Le préfet de la Préfecture de Kigali est au courant du problème et
il a clairement énoncé sa position au journaliste :
- Les problèmes des maisons devraient être résolus au niveau des cellules et
des secteurs ;
- Seuls les propriétaires et les parents directs (femmes et enfants) peuvent
réclamer leurs maisons ; les anciens locataires n'y ont pas droit ;
- Les rapports ne parlent pas des agressions commises contre ceux qui
réclament leurs biens meubles et immeubles ;

3

- Les biens pillés mais récupérés par l'Etat ont été stockés à Kanombe; ils
seront remis aux vrais propriétaires ou seront mis aux enchères ;
- Il est difficile de contrôler et de récupérer les objets volés et vendus sur les
marchés publics.
Le gouvernement s'est souvenu des siens
Goretti Uwibambe, Imvaho nshya n° 1047, 19 - 25 octobre
1994, page 4
Les fonctionnaires viennent de recevoir leur premier salaire de deux
mois. C'est un soulagement pour eux après tant de mois de privations et de
misère. Le directeur général au ministère des Finances a expliqué que cet
argent provient des impôts perçus aux douanes. Mais il ne peut garantir que
les salaires seront réguliers, puisque les finances de l'Etat sont en mauvais
état et qu'il ne peut pas encore être question de voter le budget. Concernant
l'appui extérieur, les négociations pour relancer les projets de dévéloppement
sont en cours avec la Banque Mondiale, le PNUD a promis un expert pour
ouvrir le coffre de la Banque nationale. Y reste-t-il quelque chose ?
L'éducation : ce n'est pas une nouvelle année, c'est le
troisième trimestre de l'année
Vénéranda Hategekimana,
Imvaho nshya n° 1047, 19 - 25 octobre 1994, page 5
Les écoles primaires ont rouvert leurs portes non pour une année
nouvelle mais pour terminer la matière du troisième trimestre 1993-1994.
L'année scolaire s'étendra de janvier à août 1995. Au niveau du secondaire,
les classes terminales feront le dernier trimestre non suivi d'octobre à
décembre 1994. Le reste des classes reprendront en 1995. Il reste beaucoup
de problèmes pour remettre toutes les écoles en marche : écoles en ruines,
fournitures scolaires pillées, pauvreté des parents, pénurie d'enseignants,
beaucoup d'enfants orphelins,.. Certains pays et organismes comme l'UNESCO,
l'UNICEF, le PAM, la Rhénanie Palatinat, la France ont promis leur aide.
Les membres du gouvernement du nouveau Rwanda. Leurs noms et
attributions figurent aux
pages 6 et 7 (avec leurs photos)
Les amateurs de BRALIRWA ne doivent pas se réjouir trop
vite
Goretti Uwibambe, Imvaho nshya n° 1047, 19 - 25 octobre
1994, page 8.
La BRALIRWA vient de rouvrir ses portes mais elle est confrontée aux
problèmes de l'après guerre : elle a été pillée (ordinateurs, sucres, bureaux),
les grosses machines ont été endommagées. Elle refait de la bière mais cette
dernière est l'objet des spéculations de petits et grands commerçants. Au prix
de la Bralirwa, une bouteille de primus couterait 300 Frw mais elle est

4

vendue à 600 Frw. Un tableau donne le prix de la bière Primus et Mutzig
dans chaque préfecture.
J'ai retrouvé Kigali habité et bien chaleureux
Vénéranda Hategekimana, Imvaho nshya n° 1047, 19 - 25
octobre 1994, page 9
La vie a repris à Kigali. Les gens qui se rencontrent s'embrassent, se
racontent des histoires même si elles sont tristes. Le commerce a repris ; les
marchés se tiennent, les échanges en devises se font devant la poste, les bus
et les taxis circulent. Les jeunes se marient. Cette vie apparemment paisible
est aux prises avec des problèmes : l'hygiène (amas d'immondice), les
disputes pour les maisons, le manque de courant électrique, les réglements
de compte et le climat de suspicion.

Rouler à droite gêne encore
Louis Sibomana, Imvaho nshya n° 1047, 19 - 25 octobre 1994,
page 10.
Beaucoup d'anciens réfugiés rentrés à Kigali proviennent de pays
anglophones : Uganda, Tanzanie, Kenya où on roule à gauche, alors que le
code routier rwandais exige la conduite à droite. C'est pourquoi on constate
beaucoup de désordres et d'accidents sur les routes du Rwanda. L'O.P.J Higiro
déclare que des mesures ont été prises pour y remédier, notamment un
contrôle sérieux sur les routes, le recyclage des chauffeurs, la sécurité des
piétons...
Il y a beaucoup de tristesse dans le domaine de l'information
Louis Sibomana, Imvaho nshya n° 1047, 19 - 25 octobre
1994, page 10
Le journal publie à la page 10, une liste de 38 journalistes de la presse
publique ou privée, victimes des massacres d'avril à juillet 1994.

Les déplacés de l'Hôtel Mille Collines se sont défendus
Immaculée Mukanyonga, Imvaho nshya n° 1047, 19 - 25
octobre 1994, page 11
Après la mort de Kinani, beaucoup de personnes se sont réfugiées à
l'Hôtel des Mille Collines. Mais la vie n'y était pas facile : coût élevé des
chambres et des repas, menace des milices Interahamwe, amenuisement des
provisions en eau et en aliments... Quand le gouvernement intérimaire et le
FPR ont décidé de laisser les déplacés choisir leur zone de refuge, la plupart
des occupants de l'Hôtel sont allés du côté du FPR.

5

Nous n'avons pas d'information sur le secteur des Affaires
étrangères
Immaculée Mukanyonga, Imvaho nshya n° 1047, 19 - 25
octobre 1994, page 12
Les ambassadeurs et le personnel diplomatique ont été nommés, mais
les ambassades rwandaises restent fermées. Ils ne peuvent pas se rendre à
leur nouveau poste de travail à cause des problèmes budgétaires, problèmes
qui existaient avant les événements d'avril 1994 puisque certaines
ambassades avaient fermé leurs portes. Pourtant de nouvelles ambassades
ont été créées : Londres, Rome, Prétoria, Tel-Aviv, Stockholm. Vont-elles
fonctionner ? Le problème des finances est-il résolu?

IMVAHO NSHYA n° 1048, 26 octobre - 1
novembre 1994
Mettons en garde les extrémistes
Mweusi Karake, Imvaho nshya n° 1048, 26 octobre - 1
novembre 1994, page 1
Le génocide perpétré par les milices Interahamwe et Impuzamugambi,
les militaires de la garde présidentielle et les "power" ont favorisé la montée
de l'extrémisme. Les extrémistes hutu disent : "Nous l'avons toujours dit : les
Hutu et les Tutsi ne peuvent pas cohabiter", et les extrémistes tutsi traitent
tous les Hutu d'Interahamwe. Cet extrémisme n'a pas de raison d'être
puisque les violences d'avril ont frappé autant les Tutsi que les Hutu. Les
responsables de ces violences doivent être jugés et condamnés mais les
innocents ont le droit de vivre en sécurité.
Le Premier ministre a effectué une visite officielle au Canada
et en Belgique
Louise Kayibanda, Imvaho nshya n° 1048, 26 octobre - 1
novembre 1994, page 2.
Du 2 au 14 octobre 1994, le Premier ministre rwandais a effectué une
visite officielle au Canada et en Belgique. Il voulait expliquer la situation
actuelle du Rwanda, demander la reprise des relations du Rwanda avec les
deux pays et solliciter l'aide de la Banque Mondiale et des ONG. En Belgique, il
a rencontré le Premier ministre zaïrois, M. Kengo wa Ndondo avec qui il a
parlé du problème des réfugiés rwandais à Goma et celui des biens de l'Etat
rwandais volés par le gouvernement en exil.
Le Premier ministre s'est rendu au Zaïre : accords pour le
retour des réfugiés

6

Hélène Nyirabikari, Imvaho nshya n° 1048, 26 octobre - 1
novembre 1994, page 2.
Le Premier ministre rwandais, M. Faustin Twagiramungu, s'est rendu
au Zaïre du 23 au 25 octobre 1994. Il a rencontré son homologue zaïrois ainsi
que le Représentant du HCR avec lesquels il a signé des accords relatifs au
rapatriement des réfugiés rwandais. Au cours de cette visite, les problèmes
des anciens militaires rwandais, des biens de l'Etat rwandais exportés au
Zaïre et de l'extradition des auteurs des massacres rwandais ont été abordés.
Le ministre Ndagijimana s'est enfui avec l'argent du trésor
national !
Hélène Nyirabikari, Imvaho nshya n° 1048, 26 octobre - 1
novembre 1994, page 3.
Au cours d'une conférence de presse, le 20 octobre 1994, le Premier
ministre, M. Faustin Twagiramungu, a confirmé la fuite de M. J.M.V.
Ndagijimana qui avait été nommé ministre des Affaires étrangères et de la
Coopération. Ce dernier a empoché la somme de 200.000 dollars soit 40
millions de francs rwandais destinés aux ambassades rwandaises des EtatsUnis d'Amérique.
Les membres du gouvernement " Abatabazi" (Sauveurs) ont
emporté 22 milliards Frw
Mweusi Karake, Imvaho nshya n° 1048, 26 octobre - 1
novembre 1994, page 3.
Le coffre de la Banque Nationale du Rwanda a été finalement ouvert
mais il était vide alos qu'il aurait dû contenir 22 millions de francs rwandais.
Le gouvernement en exil a tout emporté même les billets qui n'étaient pas en
circulation et que l'on voit apparaître sur le marché.
J'ai rendu visite aux anciens militaires " Inzirabwoba" à Gako
Goretti Uwibambe, Imvaho nshya n° 1048, 26 octobre - 1
novembre 1994, pages 4 et 5.
Après la victoire du FPR, 69 officiers et près de 700 sous-officiers de
l'ancienne armée rwandaise sont rentrés. Parmi les officiers figurent
notamment le colonel Léonidas Rusatira, ancien directeur de l'Ecole
Supérieure Militaire, le colonel Marcel Gatsinzi, chef d'état major du 7 au 17
avril 1994 et le major Habyarabatuma. Ils sont actuellement à Gako où ils
suivent une formation conjointe avec les officiers du FPR. Ils déclarent qu'ils
sont rentrés pour contribuer à la reconstruction du pays d'autant plus qu'ils
n'ont participé ni à la préparation ni à l'exécution des massacres.
Ils se plaignent des prix des taxis

7

Hélène Nyirabikari, Imvaho nshya n° 1048, 26 octobre - 1
novembre 1994, page 5
Avant les événements d'avril 1994, le prix du transport en ville était
de 35 Frw. Après la guerre, le prix est monté jusqu'à 100 Frw. Ce tarif n'a
plus aucune raison d'être, puisque le coût de l'essence a diminué. La
commission technique chargée du problème n'a pas encore pu se réunir mais
ses membres souhaitent que le prix soit fixé à 50 Frw.
L'argent étranger dans la presse rwandaise
Mweusi Karake, Imvaho nshya n° 1048, 26 octobre - 1
novembre 1994, page 5.
L'organisme "Reporters sans Frontières" ayant son adresse officielle en
France a investi beaucoup de dollars dans la presse privée rwandaise. On ne
sait pas encore l'intérêt caché de cette aide. La seule condition exigée des
journaux qui la reçoivent, est de publier dans leurs numéros le logo de
Reporters sans Frontières, de lui envoyer un exemplaire du journal et de
s'engager à ne pas publier d'articles axés sur l'ethnisme ou sur une autre
forme de ségrégation.
Point de vue : le deuxième génocide, Jean-Pierre Chrétien,
historien français dans "Humanité" du 22 juillet 1994, et
traduction en kinyarwanda par Goretti Uwibambe,
Imvaho nshya n° 1048, 26 octobre - 1 novembre 1994, pages
6 et 7
Un million d'êtres ont péri au Rwanda entre avril et juillet 1994,
victimes du régime fasciste et mafieux du président Habyalimana. Un million
de réfugiés plongés dans la détresse sont tenus en otages par les successeurs
et complices de ce régime. Quelle est la responsabilité de la France dans le
drame rwandais ? La Communauté internationale, en particulier la France, a
trop longtemps idéalisé le régime de Habyalimana mais n'a pas bronché
quand ce même régime a commencé son action macabre. La troupe française
intervenue tardivement a toléré l'emprise des milices sur la population et le
message négatif de la Radio-Télévision Libre des Mille Collines (RTLM). Le
gouvernement du président Mitterand accuse le nouveau pouvoir de Kigali
de ne pas tenir compte de la majorité ethnique. Ne sait-il pas que la culture
démocratique est anti-raciste ? Les leaders du génocide ne sont pas
représentatifs des Hutu. La France doit cesser de les écouter pour voir en
face la réalité rwandaise.
La France au Tribunal
Dieudonné Sumuni, Imvaho nshya n° 1048, 26 octobre-1
novembre 1994, pages 6 et 7.

8

La France doit être jugée au même titre que les auteurs du génocide
rwandais. Le livre "Génocide franco-africain" qui vient de paraître explique
clairement la complicité de François Mitterand et de son fils dans les
massacres rwandais. Par ailleurs, les troupes françaises de la Mission
Turquoise ont assisté passivement aux tueries et pillages des milices
"Interahamwe" et "Impuzamugambi" dans la région dite "Zone de Sécurité
Humanitaire". La France devrait reconnaître ses torts et reconstruire au
moins les écoles, les hôpitaux et d'autres infrastructures détruites dans cette
zone. Tous les Français ne sont pas mauvais, mais M. François Mitterand
continue sa traîtrise en donnant asile à des criminels, tel M. J.M.V.
Ndagijimana.
Le bétail du Mutara a besoin de soins
Immaculée Mukanyonga, Imvaho nshya n° 1048, 26 octobre 1 novembre 1994, page 8
Après la victoire militaire du FPR, des réfugiés rwandais de 1959 et de
1973 sont rentrés. Beaucoup d'entre eux sont revenus avec des troupeaux de
vaches, mais ces vaches meurent chaque jour, faute de pâturages, de soins
vétérinaires ou parce qu'elles sont victimes des bêtes sauvages. Les éléveurs
souhaitent que le parc Akagera soit divisé en deux : une réserve destinée au
tourisme et une autre pour l'élevage.
Une Conférence Internationale sur la reconstruction du
Rwanda
Charles Sembeba, Imvaho nshya n° 1048, 26 octobre - 1
novembre 1994, page 8
Une Conférence Internationale sur la reconstruction du Rwanda a
commencé le 22 octobre 1994, à l'Hôtel des Mille Collines. Son ordre du jour
contenait les points suivants : réconciliation des Rwandais, conséquences de
l'impunité des auteurs des massacres, retour des anciens réfugiés, rentrée
des réfugiés récents, problèmes liés à la jeunesse, à l'information et aux
handicapés de guerre.
La ville de Kigali doit être nettoyée
Hélène Nyirabikari, Imvaho nshya n° 1048, 26 octobre - 1
novembre 1994, page 9
La ville de Kigali est devenue un amas d'immondices amassées depuis
les événements d'avril 1994. La préfecture de la ville de Kigali, chargée de la
propreté de cette ville, n'a pas assez de moyens (camions, carburants) pour
procéder au nettoyage. Néanmoins les autorités de la préfecture ont sollicité
le soutien de l'organisation "Africare" qui a accepté de financer le projet de
nettoyage de la ville de Kigali.

9

Ce que les fonctionnaires attendent de l'Etat. Le dialogue est
une richesse
François Murangira, Imvaho nshya n° 1048, 26 octobre - 1
novembre 1994, page 10.
L'ancien régime était caractérisé par l'ethnisme, le clanisme, le
régionalisme et l'avidité. Les autorités agissaient dans leur propre intérêt au
mépris des intérêts de la population. C'est ainsi que depuis 1980, les salaires
des fonctionnaires n'ont pas été majorés alors que le coût de la vie avait
augmenté de 106 %. Le nouveau régime veut éviter ces erreurs. C'est dans ce
cadre que le ministre de la Fonction publique, M. Alexis Kanyarengwe, a reçu
les dirigeants de la CESTRAR. Leur entrevue a porté sur les points suivants :
le statut des fonctionnaires, le transport, la formation et le perfectionnement
des fonctionnaires, la création des mutualités et des syndicats...
La Rwandaise dans le deuil et la tristesse
Hélène Nyirabikari, Imvaho nshya n° 1048, 26 octobre - 1
novembre 1994, page 11.
La femme rwandaise souffre de beaucoup de maux : deuil, tristesse,
faim et solitude. La veuve rwandaise porte un poids très lourd : elle n'a pas
enterré son mari, elle ne sait pas comment récupérer les biens de son mari,
elle ne sait pas où réclamer les indemnités sociales... Le cas le plus
dramatique est celui des femmes enceintes suites au viol par les
Interahamwe. La mère rwandaise ne sait plus faire face aux problèmes
d'éducation vu les diverses cultures véhiculées par les anciens réfugiés.

LE MESSAGER - INTUMWA n° 44, 22 octobre
1994
Editorial : Nous aussi nous avons cotisé
Edouard Mutsinzi, Le Messager-Intumwa n° 44, 22 octobre
1994, page 2.
Ceux qui sont rentrés au pays avec le FPR auront beaucoup de
difficultés à parler le même langage que ceux qui y étaient. En effet, les
premiers se croient tout permis : s'approprier les biens meubles et
immeubles des autres, persécuter et faire disparaître les prétendues milices
Intera-hamwe...Le prétexte qu'ils avancent est d'avoir combattu dans les
rangs du FPR ou de lui avoir payé une cotisation. Ils oublient que le combat
le plus dur a été mené par les journalistes, les politiciens, les membres des
partis d'opposition qui ont affronté la dictature de Habyalimana. La meilleure
cotisation est celle de respecter la personne humaine et de donner ainsi une
meilleure image du pays.

10

Etais-tu au Rwanda lors des événements ?
Edouard Mutsinzi, le Messager - Intumwa n° 44, 22 octobre
1994, page 2.
"Etais-tu au Rwanda au moment des événements ?" C'est la question qui
revient sur la bouche des personnes qui se croisent dans les rues. Le
journaliste Edouard Mutsinzi, lui, était au Rwanda. Il s'est d'abord réjoui de la
mort de "Kinani" (l'Invincible) mais il a vite déchanté en apprenant la chasse
à l'homme par les militaires de la garde présidentielle. Lui aussi a été traqué
par les milices, se cachant de famille en famille, de buisson en buisson.
Finalement, il a atterri à l'Hôtel des Mille Collines d'où il a été évacué par la
MINUAR vers la zone contrôlée par le FPR.
Quand l'Assemblée Nationale sera-t-elle mise en place ?
Le Messager-Intumwa n° 44, 22 octobre 1994, pages 3 à 5
L'Assemblée Nationale est une institution indispensable à la bonne
gestion d'un pays. Tous les pays démocratiques lui reconnaissent son
importance. Celle consacrée par les Accords d'Arusha aura entre autres la
mission de : contrôler le fonctionnement du gouvernement, élire le président
et le vice-président de la Cour Suprême, voter la loi relative au budget en
modifiant, si nécessaire, la Constitution. Les dates fixées pour la prestation de
serment des députés ont été reportées plus d'une fois (le 19 juillet, le 19 août
et le 28 septembre 1994). Ce retard est imputé au FPR et aux partis MDR,
PSD, PDC et PL qui n'arrivent pas à se mettre d'accord sur le partage des 19
sièges dévolus au MRND et à ses acolytes.
Exclure le MRND, c'est replonger le pays dans la guerre
Isaïe Niyoyita, le Messager-Intumwa n°44, 22 octobre 1994,
pages 5 et 6
L'erreur des politiciens du Rwanda a toujours été de ne pas tirer les
leçons de l'histoire. En 1959, au moment de la révolution populaire, plusieurs
partis politiques sont nés : le MDR PARMEHUTU, l'UNAR, l'APROSOMA, le
RADER et l'AREDETWA. En 1961, le MDR PARMEHUTU a gagné les élections et
les nouveaux dirigeants ont exclu les autres partis ; les membres importants
de l'UNAR, dont les dirigeants déchus, ont pris le chemin de l'exil. En 1973, le
président Habyalimana a fait un coup d'Etat, il a éliminé les politiciens du
MDR PARMEHUTU et surveillé leur famille. En 1975, il a institué le parti
unique, le MRND. Il croyait avoir tout résolu mais pendant ce temps les exilés
préparaient leur attaque. Le Rwanda n'aura pas la paix tant qu'il y aura des
nationaux mécontents en dehors de ses frontières. C'est pourquoi il faudrait
la reprise rapide des Accords d'Arusha, l'association du MRND au pouvoir,
l'intégration des forces armées rwandaises (FAR) dans la nouvelle armée.
Mais, il faut juger les responsables du génocide.

11

Nous avons fêté la journée de la libération
Isaïe Niyoyita, Le Messager-Intumwa n° 44, 22 octobre 1994,
pages 7 et 8.
Kagame a dit : "Le nouveau Rwanda n'est pas un pays où les dirigeants
conduisent les gens comme un troupeau au pâturage". Le 1er octobre 1994 a
été marqué par des danses, un défilé militaire et des discours des nouveaux
dirigeants. Les discours ont essentiellement porté sur le déracinement
définitif de la dictature, l'importance du travail, la condamnation des
étrangers qui continuent à cultiver l'esprit d'ethnisme sous le couvert des
aides.

Que Cyangugu serve d'exemple aux autres préfectures
Le Messager-Intumwa n °44, 22 octobre 1994, pages 8 à 10
Le 18 juillet 1994, le gouvernement des assassins traversait la frontière
rwando-zaïroise vers Bukavu laissant à Cyangugu ruines et désolation. Le 25
juillet 1994, le major Cyiza et le sous-préfet Munyangabe prirent l'initiative
de réunir en comité les intellectuels natifs de Cyangugu pour parer à
l'absence de l'administration locale et garantir la sécurité des personnes et
des biens. Ils divisèrent la région en trois zones : Nyamasheke, Shangi et
Kamembe. Dans son effort pour rassurer la population et empêcher un départ
massif vers le Zaïre, le comité de gestion de la Préfecture de Cyangugu a été
soutenu par l'opération turquoise des Français. Mais il s'est heurté aux
menaces des milices Interahamwe d'une part et à la méfiance du
gouvernement de Kigali d'autre part. Heureusement, celui-ci vient de
reconnaître son efficacité grâce à la tournée que les membres du
gouvernement ont effectuée à Cyangugu.

M. Faustin Munyazesa, où vis-tu ?
Edouard Mutsinzi, Le Messager-Intumwa n° 44, 22 octobre
1994, page 10
M. Faustin Munyazesa fut préfet de Byumba de 1987 à 1989, préfet de
Gitarama pour un petit temps et ministre de l'Intérieur jusqu'en avril 1994.
Il a contribué à la création du journal "Le Messager-Intumwa". Après la mort
de Kinani (L'Invincible), il a refusé de faire partie du gouvernement des
"Abatabazi" (Sauveurs). Il aurait trouvé asile à Dakar au Sénégal.
Le secteur des relations internationales du Rwanda ne
fonctionne pas bien
Le Messager-Intumwa n° 44, 22 octobre 1994, pages 11 à 13

12

Pendant les vingt ans du règne du président Habyalimana, le secteur
des relations internationales a servi essentiellement au tissage de ses liens
avec les autres tyrans notamment MM. François Mitterrand (France), Mobutu
(Zaïre), Eyadema (Togo), Arap Moi (Kenya)... Les diplomates nommés dans les
ambassades provenaient principalement de sa région natale (le Bushiru).
Cependant, des rumeurs circulent que le clan "Shiru" est en train d'être
remplacé par le clan Shi (Cyangugu) avec la nouvelle nomination des
diplomates rwandais. On parle également du remplacement du ministre des
Affaires Etrangères, M. J.M.V Ndagijimana, également originaire de Cyangugu,
puisqu'il a déserté son ministère emportant une importante somme d'argent
en dollars.
Interview accordée par le ministre Seth Sendashonga
Edouard Mutsinzi, Le Messager-intumwa n° 44, 22 octobre
1994, pages 14 à 16
L'interview accordée le 20 octobre 1994 par M. Seth Sendashonga,
ministre de l'Intérieur, a porté sur le retour des anciens réfugiés, la
réintégration des déplacés de guerre dans leurs biens, la sécurité à l'intérieur
du pays, la reprise des activités des partis politiques et la mise en place de
l'Assemblée nationale. Dans ses déclarations, M. Sendashonga a dit que :
- la réintégration des anciens réfugiés se fera conformément aux Accords
d'Arusha ;
- la remise des biens meubles et immeubles aux déplacés de guerre sera faite
par une commission créée à cet effet et par les autorités locales ;
- les partis politiques pourront reprendre leurs activités hormis le MRND et
la CDR ;
- les conditions de base sont remplies pour que l'Assemblée nationale se
mette en place prochainement.
"L'Inyenzi" Ngurumbe enseigne l'unité et la réconciliation des
Rwandais
Justin Mugabo, le Messager-Intumwa n° 44, 22 octobre 1994,
pages 17 à 19.
M. Ngurumbe est un ancien réfugié qui a lutté pour l'unité et
l'indépendance du Rwanda à partir des années 1960. Il a 61 ans. Il a vécu en
Uganda et au Zaïre. Il a été extradé et il vient de passer dix ans dans la
prison de Kigali. Dans ses propos, il livre les 6 idées suivantes : la guerre des
armes est facile, il reste la guerre des politiciens ; les Rwandais doivent s'unir
et se réconcilier pour mieux faire face aux problèmes sociaux, économiques et
politiques du pays ; le FPR ne doit pas se complaire dans la victoire, il ne doit
pas retomber dans les mêmes erreurs que le clan Habyalimana ; la presse est
un quatrième pouvoir, elle doit continuer l'instruction de la population ; la
démocratie permet la liberté d'expression, le multipartisme contribuera à
ramener la paix au Rwanda ; la justice doit être au service de la population :
elle doit punir les malfaiteurs et protéger les innocents.

13

LIBERATION n° 1, octobre 1994
Editorial, Anecto Kayitare, Libération n° 1, octobre 1994,
page 1.
Pendant trente ans d'indépendance, le Rwanda a connu plus de vingt
ans de bafouement des droits de l'homme par des génocides et des massacres
répétés. Les Rwandais nouveaux doivent lancer un défi à l'avenir : instaurer
la vraie justice et le respect des droits de l'homme (article en français).
La victoire du FPR est-elle une victoire de toute la Nation
rwandaise ?
Antoine Kapiteni, Libération n° 1, octobre 1994, page 2.
Le régime du président Habyalimana s'est caractérisé par l'ethnisme, le
régionalisme, le favoritisme, le despotisme et la terreur. Il s'est couronné par
un génocide ethnique. Le FPR a remporté la victoire ! Mais est-il à même
d'assurer à la population le bien-être moral, social et économique auquel elle
aspire ? La victoire du FPR ne pourra s'identifier à la victoire de toute la
Nation que si le gouvernement répond à cette aspiration.(article en français)
Le retour au pays natal : un véritable casse-tête
J.M.Vianney Makuza, Libération n° 1, octobre 1994, pages 3
et 4.
Les récents génocide et massacres commis au Rwanda figurent parmi
les plus grands crimes de l'histoire. Ils ont provoqué la fuite de 1,5 millions
d'habitants s'ajoutant à 1,5 millions d'anciens exilés. Depuis la fin de la
guerre, beaucoup d'anciens et de nouveaux réfugiés tentent de rentrer au
pays, mais ils se heurtent aux problèmes d'insécurité, de finances. D'autres
hésitent à abandonner leurs biens difficilement acquis à l'étranger. En effet,
le rapatriement n'est pas organisé et aucune infrastructure d'accueil n'a été
mise sur pied. L'Etat rwandais et la Communauté internationale ne
devraient-ils pas résoudre ce problème ? (article en français)
La Communauté internationale est-elle prête à appuyer les
Rwandais dans leurs efforts de réconciliation nationale ?
Anecto Kayitare, Libération n° 1, octobre 1994, page 4.
Le Rwanda attend beaucoup de la Communauté internationale pour se
relever des consé-quences de la guerre. Cette Communauté internationale
est-elle consciente de ses responsabilités ? Comprend-elle les vrais
problèmes du Rwanda qu'elle résume en Hutu et Tutsi ? N'a-t-elle pas assisté

14

passivement à la préparation et à l'exécution du récent génocide ? Les ONG et
le HCR ne freinent-ils pas la réconciliation s'ils n'aident pas au rapatriement
rapide et à la réinstallation des réfugiés ?
L'intelligence se puise,
J.M.Vianney Makuza, Libération n° 1,

octobre 1994, page 6.

M. Makuza a rencontré le vieux Nshizirungu, exilé depuis des années. Il
n'avait pas pu rentrer au pays car le président Habyalimana contraignait les
réfugiés à rester à l'étranger sous prétexte que le Rwanda était trop petit.
Pour Nshizirungu, la victoire n'appartient pas au FPR. Elle appartient à Dieu
qui n'a pas supporté les injustices commises contre la population par ceux qui
devaient la protéger. Tout pouvoir qui pratique la politique de la division et
de la cupidité est voué à la destruction. Que le FPR retienne la leçon !
Recherchons les nôtres,
Yvonne Umurungi, Libération n° 1, octobre 1994, page 6.
Le Rwanda vient de sortir d'une guerre de quatre ans. Cette guerre
laisse la désolation : beaucoup de dégâts matériels, beaucoup de pertes en
vies humaines, beaucoup d'orphelins. Le journal Libération se propose de
répondre aux avis de recherche des familles apparentées aux orphelins et de
publier la liste des enfants retrouvés dans l'un ou l'autre orphelinat.
Une liste de 102 enfants recueillis par les Soeurs de Mère Thérèse de Calcutta
à Kigali est publiée aux pages 7 et 8.

LE MONITEUR n° 1, 22-25 octobre 1994
Editorial : Le Moniteur n°1, 22-25 octobre 1994, pages 2 et 3.
Il est nécessaire de lever l'équivoque quant au comportement de
l'armée du président Habyalimana et à celui de l'armée du FPR. C'est l'armée
de Habyalimana qui a violé les Accords d'Arusha et qui a commencé les
massacres. L'armée du FPR s'est bien comportée jusqu'à la libération du pays.
Aujourd'hui, on se plaît à accuser cette armée de commettre les exactions.
Mais c'est la popu-lation qui l'y entraîne, quand elle montre du doigt des
miliciens qui n'en sont pas. C'est la faute de la population qui la corrompt
pour assouvir des anciennes haines familiales ou ethniques (article en
français).
Seule l'histoire sauvera la jeunesse

15

Athar Amani, Le Moniteur n° 1, 22-25 octobre 1994, pages 4
à 6.
La majorité de la jeunesse rwandaise tant de l'intérieur du pays que de
la diaspora ne pouvait pas accéder à l'instruction. Elle était condamnée à
chômer et à vagabonder dans les centres urbains. La sélection des lauréats de
fin du cycle primaire était faite suivant des critères régionaux et ethniques.
Le patriotisme qu'on apprenait à la jeunesse consistait en la fidélité, la
vénération et le dévouement au "Père de la Nation, Habyalimana". Il n'est
donc pas étonnant que le moment venu, certains ont pris des armes pour
éliminer les prétendus ennemis du "père de la Nation". Il est plus que temps
d'apprendre à la jeunesse rwandaise autre chose que la haine, le tribalisme
et le régionalisme (article en français).
Le nouvel ambassadeur de l'Allemagne au Rwanda. Qui
est-il ?
Le Moniteur n° 1, 22-25 octobre 1994, pages 7 et 8.
Le nouvel ambassadeur de l'Allemagne au Rwanda s'appelle Augt
Hummel. Il est né à Freistett, le 19 février 1933. Il a derrière lui plusieurs
années d'expérience dans la diplomatie. Au moment où il reçoit les
journalistes du Moniteur, il n'est pas encore reconnu comme Ambassadeur
par le gouvernement de Kigali. Son curriculum vitae est donné aux pages 7 et
8 (article en français).
Un commerçant, M. Kamate, a été tué par des miliciens
Interahamwe à Goma
Le Moniteur n°1, 22-25 octobre 1994, pages 8 à 9
Des miliciens Interahamwe avaient vendu à M. Kamate un des
nombreux véhicules qu'ils avaient pillés. Il leur avait donné 1.000 dollars. Un
autre commerçant leur a proposé 800 dollars en plus. Les miliciens
Interahamwe ont capturé le premier acheteur, ils l'ont tué et ont alors
récupéré le véhicule.

16

Où le président Habyalimana a-t-il été enterré ?
Le Moniteur n° 1, 22-25 octobre 1994, page 9
Les proches du président Habyalimana, dont sa femme, disent que
celui-ci a été enterré provisoirement à Bagdolite. Il semble qu'il sera enterré
définitivement au Rwanda, dans son village natal avec tous les honneurs
dignes d'un chef d'Etat.
Propriétaires de véhicules, soyez humains !
Athar Amani, Le Moniteur n° 1, 22-25 octobre 1994, pages 10
et 11
Actuellement,
beaucoup
de
Rwandais,
particulièrement
les
propriétaires de véhicules, montrent peu de considérations pour les
militaires. Ils roulent dans des véhicules pillés et oublient que c'est grâce à
ces militaires que le pays a été libéré.
L'ennemi est toujours aux aguets
Le Moniteur n° 1, 22-25 octobre 1994, page 11
L'objectif du journal est de produire des articles constructifs. Il n'est
pas question d'accepter des textes basés sur des mensonges ou des intrigues.
L'ennemi n'attend-il pas la moindre faille ?
A Bibwe, au Zaïre, les réfugiés appellent au secours !
Le Moniteur n° 1, 22-25 octobre 1994, page 11
Selon l'abbé Claver Maya, prêtre de la paroisse de Bibwe, les réfugiés
de 1959 sont nombreux à vouloir rentrer au Rwanda. Mais ils se heurtent à
une série de problèmes dont les moyens financiers limités, l'hésitation à
quitter les biens durement acquis et la peur des miliciens Interahamwe qui
abondent dans la région de Masisi.
M. Karera : " Au besoin, les militaires vous aideront"
Karake, le Moniteur n° 1, 22-25 octobre 1994, pages 12 et 13
Le 14 octobre 1994, le préfet de Gisenyi, M. Denis Karera, a tenu une
réunion avec les habitants de la commune de Rubavu. Les problèmes abordés
au cours de cette réunion sont : les assassinats dans la commune, la sécurité
constamment menacée par les miliciens venant du Zaïre, le désordre dans
certains services publics dû à l'esprit de clientélisme et de tribalisme.
Concernant l'attaque éventuelle de l'ancienne armée rwandaise, le préfet a
dit à la population : "organisez-vous en résistance civile, au besoin l'armée
vous aidera"

17

Le Swahili est devenu une langue nationale de l'Uganda
Le Moniteur n° 1, 22-25 octobre 1994, pages 1 et 16
Le Swahili est devenu une langue nationale de l'Uganda après de
longues discussions entre parlementaires. Les parlementaires originaires de
l'Uganda étaient contre cette décision mais grâce au vote, la majorité de ceux
qui étaient pour le Swahili l'a emporté. Le Swahili facilitera les relations
entre l'Uganda et les pays limitrophes notamment le Kenya, la Tanzanie, le
Zaïre et le Rwanda.

LE TRIBUN DU PEUPLE n° 34, octobre II 1994
Editorial : Chaque société porte son virus d'auto-destruction
Jean Pierre Mugabe, Le Tribun du Peuple n° 34, octobre II
1994, page 2
Certains Rwandais compliquent la reconstruction du pays par leurs
attitudes et leurs agissements. En effet, la nouvelle société rwandaise va vers
un nouvel extrémisme ethnique, elle accuse le clientélisme, le désir de
s'enrichir vite et sans efforts, l'esprit de vengeance par des arrestations
arbitraires. La reconstruction et l'unité nationale ne se réaliseront jamais si
les autorités ne prennent pas de mesures fermes.
Disparition de personnes au Rwanda
Jean Pierre Mugabe, Le tribun du Peuple n° 34, octobre II
1994, pages 3 et 4
Il devient fréquent que des gens disparaissent mystérieusement et
qu'on ne retrouve pas leurs traces. Disparaissent en général ceux qui, soidisant, n'ont pas donné de cotisation au FPR, les déplacés qui rentrent
récupérer leurs biens, les Hutu traités de miliciens "Interahamwe" par des
extrémistes tutsi. Selon la loi du pays et même en droit international, nul ne
devrait être arrêté sans mandat d'amener ou emprisonné sans mandat
d'arrêt.
J'ai rencontré le ministre de la Justice à ce sujet
Jean Pierre Mugabe, Le Tribun du Peuple n° 34, octobre II
pages 4 et 5
Malgré ses nombreuses occupations, le ministre de la Justice, M.
Alphonse Marie Nkubito a bien voulu rencontrer un journaliste du "Le Tribun
du Peuple". Ils se sont entretenus principalement sur les problèmes relatifs
aux procédures d'arrestation et d'emprisonnement. Le Ministre a déploré le
manque de collaboration entre les instances judiciaires et les agents de
l'ordre. Cependant, il a dit que des mesures ont été prises : l'établissement de
listes des personnes disparues, l'interdiction d'emprisonnement dans des

18

lieux inconnus et de réquisition sans mandat d'amener, l'appropriation des
biens d'autrui... Une liste des personnes disparues a été confiée au service de
Sûreté de l'Etat pour recherche. (Une liste de 21 personnes disparues est
publiée à la page 5).
Mme Agathe Kanziga et sa suite se sont réfugiés au Gabon
Le Tribun du Peuple n° 34, octobre II page 5.
Un sage a dit : "Les pays ont des intérêts éternels mais pas d'amis
éternels". C'est ainsi que le gouvernement de M. François Mitterrand, qui
était fort lié au régime de M. Habyalimana, a prié la famille de ce dernier de
quitter la France et lui a cherché asile au Gabon. Le gouvernement a eu peur
de l'opinion publique, des journalistes et des associations des droits de
l'homme qui lui reprochaient d'abriter des criminels. La famille Habyalimana
se trouve actuellement au Gabon, avec sa suite, dont MM. Ferdinand
Nahimana et Séraphin Rwabukumba.
Les Accords de Paix d'Arusha dans le contexte actuel
Gervais Dusabemungu, Le Tribun du Peuple n° 34, octobre II
1994, pages 6 et 7
Tout le monde avait espéré que les Accords d'Arusha, signés, seraient
mis en application sans autre effusion de sang. Mais cela n'a pas été possible.
La guerre a repris en avril 1994, le FPR a pris le pouvoir en juillet, le groupe
MRND s'est enfui. Le partage du pouvoir a été impossible. Aussi certains
articles des Accords d'Arusha sont difficilement applicables à moins d'être
actualisés. Il s'agit notamment de la consolidation de l'unité nationale, du
programme de démocratisation, du respect des droits de l'homme, du partage
du pouvoir, du retour des réfugiés et de la réintégration des déplacés dans
leurs biens ainsi que de la fusion des deux armées.
Tout Hutu n'est pas " Interahamwe" et tout Tutsi n'est pas
libérateur du pays
Jean Pierre Mugabe, Le Tribun du Peuple n° 34, octobre II
1994, pages 8 et 9.
Il y a quelques mois on condamnait énergiquement la politique
régionaliste et ethnique du président Habyalimana, parce qu'on voulait un
pays unifié. Actuellement, le Rwanda est entrain de virer vers une nouvelle
forme d'extrémisme et de sectarisme. Depuis la victoire militaire du FPR, les
extrémistes tutsi croient avoir acquis tous les droits pour profiter du pouvoir
et piétiner le reste de la population. Les extrémistes hutu, quant à eux,
décrient que le régime monarchique des Tutsi ne peut plus s'implanter au
Rwanda.

19

Le journal "Le Tribun du Peuple" publie une liste de 23 ambassadeurs
ainsi que du
personnel diplomatique rwandais accrédité à l'étranger
(pages 9 et 10)
Interview accordée par M. Vénuste Karambizi, docteur en
Relations Internationales
Jean Pierre Mugabe, le Tribun du Peuple n° 34, octobre II
1994, pages 10 et 11.
Le docteur Vénuste Karambizi est chargé des affaires politiques au
ministère des Affaires Etrangères. Il s'est entretenu avec un journaliste du
"Le Tribun du peuple" sur les priorités du programme gouvernemental et de
la politique extérieure. Selon lui, les priorités de l'action du gouvernement
sont : la sécurité, le renforcement de l'appareil judiciaire, la recherche de
produits alimentaires de base et l'harmonisation des prix, les salaires des
fonctionnaires et des militaires, la nomination des autorités locales, la
réouverture des écoles secondaires et supérieures. Il affirme que la
diplomatie doit se concentrer sur l'arrestation et le jugement des auteurs du
génocide ainsi que sur la recherche des aides pour relever l'économie du
pays.
Les malfaiteurs finissent par être découverts
Ntegano, Le Tribun du Peuple n° 34, octobre II 1994, page 13.
La Radio Télévision Libre des Mille Collines (RTLM) a été créée au
moment où la loi régissant la presse venait d'être signée. Elle a été mise en
route par des intellectuels proches de la caste Habyalimana. Son objectif
premier était de semer la haine entre les Rwandais. L'on se souviendra que
les journalistes de cette radio dont MM. Kantano, Noël Hitimana, Gaspard
Gahigi ont encouragé les massacres lors des événements d'avril à juillet 1994.
Tous ceux qui ont créé cette radio ou contribué à ses émissions doivent être
arrêtés et jugés.
La liste de 27 initiateurs de la RTLM est publiée à la page 12.
Les fonctionnaires doivent-ils condamner ou craindre un
concours ?
Herménégilde Shyaka, Le Tribun du Peuple n° 34, octobre II
1994, pages 13 et 14.
Le 4 octobre 1994, le Conseil du gouvernement a décidé que les
recrutements et les commissionnements se feraient sur concours. Bien que ce
soit une bonne idée, certaines personnes ne sont pas contentes d'autant plus
que les postes de directeurs généraux, de directeurs, des chefs de division
ainsi que les postes politiques seront pourvus sur nomination. Certains
pensent même que le FPR veut s'approprier tous les postes importants.

20

Missions suicides du gouvernement des assassins accomplies
au Zaïre
Jean Pierre Mugabe, Le Tribun du Peuple n° 34, octobre II
1994, pages 14 et 15.
Personne n'ignore les massacres perpétrés par le gouvernement
intérimaire actuellement exilé au Zaïre. Pourtant certains pays voisins du
Rwanda ont accueilli sur leurs territoires, sans les désarmer, les militaires de
l'ancienne armée et les milices "Interahamwe". Ils leur permettent de faire
des exercices militaires en préparation d'une attaque contre le Rwanda avant
l'installation du Tribunal International. Les tueurs espèrent qu'une nouvelle
guerre arrêtera les activités dudit tribunal.

"Si MM. James Gasana, Faustin Munyazesa, Enoch Ruhigira et
Dismas Nsengiyaremye n'intègrent pas le gouvernement, rien
ne sera possible"
Justin Faïda, Le Tribun du Peuple n° 34, octobre II 1994,
pages 15 à 17.
Certaines personnalités politiques européennes refusent de reconnaître
le gouvernement de Kigali sous prétexte qu'il n'est pas élargi aux Hutu. Ces
personnalités sont notamment M. François Mitterand qui a soutenu le régime
dictatorial de Juvénal Habyalimana et formé les auteurs des massacres ainsi
que le belge Harroy dont les idées ethniques sont bien connues. Messieurs
James Gasana, Faustin Munyazesa, Enoch Ruhigira et Dismas Nsengiyaremye,
si protégés qu'ils soient, ne peuvent entrer au gouvernement car ils sont
parmi les commanditaires du génocide rwandais.

R E V U E de la

P R E S S E R W A N D A I S E

Bimensuel qui résume en français les principaux articles
de tous les périodiques parus en kinyarwanda (au Rwanda
ou dans les pays d'alentour)
Nouvelle Série :
SOMMAIRE DU N° 4 :
1 - 15 Novembre 1994
-

Amizero - L'espoir

n° 0

7 - 14 novembre 1994
pages 3 - 7

-

Imvaho Nshya

n° 1049

2 - 8 novembre 1994
pages 7 - 10

-

Imvaho Nshya

n° 1050

9 - 15 novembre 1994
pages 10 - 14

- Kangura

n° 62

1 - 15 novembre 1994
pages 14 - 18

- Le Flambeau

n° 20

Novembre 1994
pages 18-21

n° 15

Novembre 1994
pages 21-24

n° 35

Novembre 1994
pages 24-28

n° 19

Novembre 1994
pages 28-29

-

L'Ere de Liberté

- Le Tribun du Peuple
-

Nyabarongo

2

REVUE DE PRESSE
Editeur :

A.S.B.L. DIALOGUE
Momentanément en
Belgique
322, rue du Noyer
Tél/Fax : (32.2) 735.39.16

Directeur a.i.: Guy THEUNIS

3

AMIZERO - L'ESPOIR n° 0, 7 - 14 Novembre
1994
Editorial : Aidez-nous à vous aider,
Gaspard Gahigi, Amizero - L'Espoir n°0, 7 - 14 novembre
1994, page 1
Des journalistes en exil viennent de fonder une "Association des
Journalistes Rwandais en Exil" (AJRE). Cette association va sortir une fois par
semaine le journal "Amizero - L'espoir". Ce journal a pour objectif de clarifier les
problèmes des réfugiés auprès des organismes humanitaires, de faire circuler
l'information dans les différents camps, d'oeuvrer pour la compréhension entre
les organismes humanitaires et les réfugiés, et entre les réfugiés et la population
locale .

Ceux qui nous accusent d'être des massacreurs, sont euxmêmes des criminels !
Gaspad Gahigi, Amizero - L'Espoir n° 0, 7 - 14 novembre
1994, pages 2 à 4.
Depuis le début de la guerre d'octobre 1990, le FPR sort régulièrement des
listes de criminels réunis en "escadrons de la mort". Ces présumés criminels sont
soit des membres de la famille de feu le président Habyalimana, soit des
membres du Parti MRND qui se sont fortement opposés aux actions
machiavéliques du FPR. Par contre, celui-ci a un escadron de la mort nommé en
anglais "squad killers". Quand on analyse de près l'histoire du Rwanda et sa
situation actuelle, on en conclut que le FPR est responsable du sang versé depuis
1990. Le petit livre intitulé "Le peuple rwandais accuse" qui vient de sortir,
accuse le FPR d'avoir exterminé la population des préfectures de Byumba et de
Ruhengeri, d'avoir assassiné des Hutu dont MM. Emmanuel Gapyisi, Fidèle
Rwabukumba, Félicien Gatabazi, de déporter des personnes et de les asservir ainsi
que de tuer les prisonniers. Le FPR est donc accusé de crimes de guerre, de crimes
contre l'humanité et du génocide.
Rien ne va au sein du gouvernement de Kigali
Thacien Hahozayezu, Amizero - L'Espoir n° 0, 7 - 14 novembre
1994, pages 4 et 5.
La fuite de M. Ndagijimana, ministre nommé des Affaires Etrangères, a été
fort commentée. Le 17 octobre 1994, le Premier ministre, M. Faustin
Twagiramungu a déclaré que le gouvernement allait faire son possible pour
clarifier cette affaire. Le 19 octobre 1994, M. Ndagijimana a affirmé que certaines
autorités de Kigali ne le supportaient pas parce qu'il osait donner son opinion
sur certains faits, notamment le massacre de milliers de Hutu, le refus d'intégrer
à la gestion du pays les membres du MRND non impliqués dans le génocide, le
refus de fusionner les deux armées, l'emprisonnement arbitraire de personnes, la
censure des activités des partis politiques. Le problème de M. Ndagijimana est
commun à tous les ministres hutu, mais les autres n'osent rien dire.

4

Quelles nouvelles de la MINUAR ?
Thacien Hahozayezu, Amizero - L'espoir n° 0, 7 - 14 novembre
1994, page 5.
La Mission des Nations Unies pour l'Assistance au Rwanda (MINUAR) serait
confrontée à de graves problèmes actuellement. La nuit du 15 au 16 octobre
1994, la MINUAR a mis en garde un militaire ivrogne du FPR qui perturbait
fréquemment la sécurité de la population et le 18 octobre 1994, trois militaires
armés ont volé un véhicule appartenant à ladite mission.

Kagame ne contrôle plus ses soldats
Hatana, Amizero - L'Espoir n° 0, 7 - 14 novembre 1994, page
5
Le matin du 4 novembre 1994, le général Kagame a mis en garde
militaires du FPR qui s'adonnent aux vols et qui ont une soif démesurée
richesse. Les militaires du FPR se montrent indisciplinés au moment où
président Pasteur Bizimungu rentre du Koweit où il a sollicité une aide
uniformes militaires pour eux.

les
de
le
en

Les vrais statistiques des réfugiés
Thacien Hahozayezu, Amizero - L'Espoir n° 0, 7 - 14
novembre 1994, pages 6 et 7
Le HCR n'a pas encore publié les chiffres exacts relatifs aux récents réfugiés
rwandais. Cet organisme fait souvent état d'un nombre inférieur à la réalité. Le
gouvernement en exil affirme que le Zaïre, la Tanzanie, le Burundi et d'autres
pays étrangers abritent respectivement 4.050.000, 500.000, 300.000 et 50.000
réfugiés. Le nombre total des réfugiés est de 4.900.000. Il évalue à 1.600.000 les
habitants actuels du Rwanda composés surtout de vieux, de veuves, d'orphelins
et des réfugiés de 1959 rentrés. Le FPR gouverne donc un pays vide et des
journaux de l'intérieur comme Tuza ne cessent d'écrire que les campagnes
rwandaises sont vides et que le problème des denrées alimentaires se posera sous
peu.

La vérité ne se dit pas. Les frontières du " tutsiland" ont été
tracées
Hatana, Amizero - L'Espoir n° 0, 7 - 14 novembre 1994, page
7
Les Tutsi avaient pensé qu'après la prise du pouvoir par le FPR, ils feraient
appel aux Tutsi de l'extérieur pour peupler le Rwanda. Actuellement, ils se
rendent compte que la guerre qu'ils ont eux-mêmes provoquée a emporté
beaucoup des leurs et qu'ils ne peuvent plus prétendre occuper tout le territoire
rwandais. De plus, ils sont conscients que leur cohabitation avec les Hutu est
devenue impossible. C'est pourquoi ils ont créé un "tutsiland" qui prendra une
partie de la préfecture de Byumba, toute la préfecture de Kibungo, le parc
Akagera et le tronçon de Kigali au Bugesera. Ils pourront protéger facilement ce

5

morceau de terrain, le jour où les Hutu "peuple majoritaire" reviendront libérer
leur pays.

Le FPR a fait un mauvais calcul
Hatana, Amizero - L'Espoir n° 0, 7 - 14 novembre 1994, pages
8 et 9
En tuant le président Habyalimana, le FPR espérait prendre le pouvoir
facilement et asservir les Hutu. Les choses ne se sont pas passées comme prévu. Il
a alors sollicité le soutien des pays anglophones mais il n'a pas pu prendre les
Hutu dans ses filets. Même les Rwandais du Sud (Abanyenduga) se sont méfiés de
lui car le but du FPR était clair : prendre le pouvoir et rayer de l'histoire la
révolution populaire de 1959. Il est temps que les réfugiés rentrent de force pour
libérer le pays. Le FPR ne voudra jamais négocier maintenant qu'il a le pouvoir en
mains.

Nous rentrerons dans un proche avenir !
Jean-Baptiste Hategekimana, Amizero - L'Espoir n° 0, 7 - 14
novembre 1994, page 9
Quand rentrerons-nous ? C'est la question que se posent tous les réfugiés et
ils espèrent rentrer en toute dignité. Ils doivent être tranquilles car leurs
nouveaux chefs politiques sont compétents et habiles, l'armée est disciplinée. Les
pays étrangers commencent à comprendre la réalité du problème rwandais. En
revanche, les réfugiés doivent bien se comporter vis-à-vis des bienfaiteurs ; les
complices du FPR qui sèment la zizanie dans les camps n'ont qu'à rentrer
immédiatement au Rwanda.

Le gouvernement rwandais en exil a été remanié
J.-B. Hategekimana, Amizero - L'Espoir n° 0, 7 - 14 novembre
1994, pages 9 et 10.
Un nouveau gouvernement en exil a prêté serment, le 1 novembre 1994, à
Bukavu. Il est composé comme suit : M. Théodore Sindikubwabo, président de la
République ; M. Jean Kambanda, Premier ministre
Col. Athanase Gasake, ministre de la Défense ;
M. Callixte Kalimanzira, ministre des Affaires Sociales et des Réfugiés ;
M. Joseph Kalinganire, ministre de l'Information ;
M. Jérôme Bicamumpaka, ministre des Affaires Etrangères et de la
Coopération ;
M. Stanislas Mbonampeka, ministre de la Justice ;
M. Innocent Habamenshi , ministre du Patrimoine et de l'Equipement ;
M. Frédéric Kayogora, ministre de la Mobilisation de la Jeunesse.

6

Les réfugiés du Burundi
Hatana, Amizero - L'Espoir n ° 0, 7 - 14 novembre 1994, page
11
Il y a 300.000 réfugiés rwandais au Burundi. Ceux-ci proviennent surtout
des communes Ngoma, Kibayi et Kigembe de la préfecture de Butare. Au début de
la guerre d'octobre 1990, l'on disait qu'aucun Hutu ne peut se réfugier au
Burundi, pays des "Inyenzi". Mais il faut savoir que le Nord du Burundi est habité
majoritairement par des Hutu qui ont bien accueilli leurs frères du Rwanda.

Je n'aime pas les Hutu.
Amizero - L'Espoir n° 0, 7 - 14 novembre 1994, page 12
La solidarité des Hutu est loin d'être atteinte. C'est chacun pour soi. Au
moment où certains courraient derrière leurs intérêts, d'autres se battaient par
les armes ou par la presse pour sauvegarder le pouvoir des Hutu; aujourd'hui
personne ne les reconnaît. Ils sont ignorés de tous alors qu'ils ont besoin d'aide et
de soutien. Pourtant le combat n'est pas fini !

La Radio "RTLM" immortelle
Hatana, Amizero - L'Espoir n° 0, 7-14 novembre 1994, pages 12 et
13
La radio "RTLM" a bénéficié d'une publicité universelle gratuite. On rejette
la responsabilité de tous les morts de la guerre civile rwandaise sur les
journalistes de cette radio. Certains journalistes canadiens n'hésitent pas à
incriminer la "RTLM" sur les ondes de la radio "Muhabura" alors que celle-ci est
la radio "la plus haineuse" et on n'en parle jamais.(article en français)

Les réfugiés rwandais protestent contre l'envoi des troupes
onusiennes dans les camps du Zaïre,
Amizero - L'Espoir n° 0, 7 - 14 novembre 1995, pages 13 à 15
Les réfugiés rwandais ne veulent pas des forces onusiennes dans les camps
vu leur penchant passé pour le FPR, leur incapacité à assurer la sécurité pour la
population et que leur but est de faire rentrer les réfugiés de force. C'est ce qu'ils
écrivent, en français, dans une lettre adressée à M. Boutros Boutros Ghali,
Secrétaire Général des Nations Unies.

Le gouvernement en exil présente des préalables pour le
retour de tous les réfugiés
Amizero - L'Espoir n°0, 7-14 novembre 1994, page 15
Le gouvernement en exil présente des préalables jugés indispensables pour
la restauration de la paix au Rwanda et la réconciliation nationale. Ces
préalables au nombre de 11 sont notamment la mise en place des institutions de
large consensus
(Présidence,
Gouvernement,
Assemblée
nationale),
le

7

désarmement du FPR, la formation d'une armée nationale, la libération
inconditionnelle des personnes arrêtées arbitrairement, la relance du processus
démocratique pluraliste ainsi que des enquêtes impartiales des crimes commis
sur tout le territoire du pays (texte en français).

Pourquoi une association de journalistes rwandais en exil ?
Amizero - L'espoir n° 0, 7-14 novembre 1994, page 16
Une Association des Journalistes Rwandais en Exil (AJRE) a été créée dans le
but de faire circuler l'information dans les camps, d'améliorer les relations entre
les réfugiés eux-mêmes, entre les réfugiés et les organismes d'aide humanitaire et
entre les réfugiés et la population locale. De plus, elle se propose de contribuer au
respect des droits de l'homme en général et des réfugiés en particulier (texte en
français).

IMVAHO NSHYA n° 1049, 2 - 8 Novembre 1994
Beaucoup d'erreurs ont été commises
Mweusi Karake, Imvaho Nshya n° 1049, 2 - 8 novembre 1994,
p. 1
Le ministre Ndagijimana s'est enfui avec une importante somme d'argent. Il
avait préparé le coup puisque sa famille était toujours à l'étranger. Le Premier
ministre a déclaré que M. Ndagijimana était encore à l'essai car suspecté.
Pourquoi a-t-on fait confiance à un homme malhonnête ? Le Rwanda manque-t-il
d'hommes intègres ? Pourra-t-on récupérer l'argent volé alors qu'il n'y a pas de
pièces justificatives ? Pourquoi le gouvernement travaille-t-il au ralenti ? Les
anciennes ambassades ne délivrent-elles pas encore de passeports et de visas ? Le
pays ne regrettera-t-il pas les fautes qui sont en train d'être commises ?

Que la région du Mutara redevienne le grenier du Rwanda
H. Nyirabikali et P. Gatambire, Imvaho Nshya n° 1049, 2 - 8
novembre 94, pages 2 et 3.
La journée nationale de l'alimentation a été célébrée le 29/10/1994 dans la
région de Nyagatare au Mutara. La fête a été honorée par les autorités du pays, le
Représentant de la FAO et l'Ambassadeur de la République Fédérale d'Allemagne.
Le Mutara est une région d'agriculture, d'élevage et de chasse. L'eau s'y trouve en
suffisance. Depuis la fin de la guerre, des réfugiés y sont rentrés avec leurs
troupeaux de vaches : 200.000 têtes. On en attend encore 200.000 autres. Il n'y a
pas assez d'eau et de pâturage pour toutes ces vaches. Le plus urgent est de
chercher des terrains d'élevage. Il faut aussi réexploiter la culture du riz et
l'élevage du petit bétail.

La Conférence internationale sur la réconciliation et la
reconstruction du pays est
terminée, Charles Sembeba,
Imvaho Nshya n°1049, 2-8 novembre 1994, pages 3 et 4.

8

La Conférence internationale sur la réconciliation et la reconstruction
nationale tenue à Kigali du 22 au 28 octobre 1994 a été organisée par le Collectif
des Ligues et Associations de Défense des Droits de l'Homme (CLADHO) en
collaboration avec la Fondation pour le Progrès de l'Homme (FPH). Elle réunissait
des directeurs d'ONG du Rwanda, d'Amérique, d'Asie, d'Europe et d'Afrique.
Différents problèmes ont été abordés : l'impunité, les victimes de la guerre, la
mémoire, la société civile, les réfugiés, les terres et la reconstruction de
l'administration, les Eglises, la jeunesse et les média.

Trois mille cinq cents squelettes dans l'Eglise de Nyarubuye
Charles Sembeba, Imvaho Nshya n° 1049, 2-8 novembre
1994, page 5
Les participants à la conférence sur la réconciliation et la reconstruction du
Rwanda, tenue à Kigali du 22 au 28 octobre 1994, sont allés en préfecture de
Kibungo pour se rendre compte des dégâts de la guerre. Ils ont visité la région de
Rusumo, le centre de rééducation de Nsinda et la commune Rukira. Partout, ils
ont constaté la désolation, les champs de caféiers et de bananiers abandonnés.
C'est en commune Rukira que les étrangers ont mesuré l'étendue du drame
rwandais : plus de 3.500 squelettes humains se trouvent encore dans l'église, au
presbytère et au Centre de santé de Nyarubuye. Les victimes ont été massacrées
aux environs du 8 avril 1994. Qui aurait imaginé que les milices tueraient dans
les églises ?

L'église catholique est accusée
Ferdinand Murara, Imvaho Nshya n° 1049, 2-8 novembre
1994, page 5
Le journaliste Ferdinand Murara a parlé avec le Père Jésuite Octave
Ugirashebuja, Supérieur de la Communauté de Remera près de Kigali. Ce dernier
a déclaré que les prêtres tués à Remera ne sont pas au nombre de 11 mais de 3,
plus 6 religieuses et 2 laïcs. Pour lui, l'Eglise du Rwanda doit se réformer. Elle ne
doit pas se mêler de la politique. Elle doit être au service de tous, surtout des
pauvres, sans distinction d'ethnie. Tous les chrétiens n'ont pas tué, il n'y a que
les évêques qui composaient avec Habyalimana.

A Kigali, les produits des vols sont commercialisés sur les
marchés publics
Immaculée Mukanyonga, Imvaho Nshya n° 1049, 2-8
novembre 1994, page 6
Dans tous les quartiers de Kigali, on vend des objets pillés ou volés (lits,
matelas, ustensiles de cuisine, radios, télévisions...) à des prix très élevés. Les
vendeurs veulent tirer le maximum de profit de ces vols. Les acheteurs doivent
faire attention de peur de rencontrer les vrais propriétaires des objets ainsi
commercialisés.

L'impartialité dans l'aide donnée aux réfugiés

9

N. Sembeba, Imvaho Nshya n° 1049, 2-8 novembre 1994,
page 6
Les réfugiés rentrés du Zaïre et installés à Ruhengeri ont créé un syndicat
chargé de défendre leurs intérêts. Ils s'indignent contre les ONG oeuvrant au
Rwanda et le HCR qui distribuent des aides alimentaires aux réfugiés rwandais du
Zaïre et qui ne donnent rien à ceux qui sont rentrés au pays. De plus, ils se
demandent pourquoi ces ONG engagent des chauffeurs étrangers alors que la
main d'oeuvre est abondante au Rwanda. Personne ne comprend la mission de
ces ONG. Il est temps de les renvoyer hors des frontières du Rwanda.

La ville de Kigali a de nouveau du courant. Pas d'électricité,
pas de développement
possible, Ferdinand Murara,
Imvaho Nshya n° 1049, 2-8 novembre 1994, page 7
Le journaliste de l'Imvaho a demandé à M. Straton Gasigwa, chef du service
Electricité à l'Electrogaz, comment cette société s'est tirée d'affaire pour
redistribuer le courant. Les employés de l'Electrogaz se sont mis ensemble et ont
travaillé jour et nuit pour remettre en état les lignes abîmées notamment celles
de Mukungwa, Gihira et Gisenyi. La coopération allemande et la MINUAR ont
soutenu leurs efforts. Actuellement les villes de Gisenyi, Kibuye, Cyangugu,
Byumba et une partie de Kigali sont éclairées. Les lignes à réparer sont celles
venant de Ntaruka et de Kigoma. Elles seront réparées dès que le gouvernement
allemand aura donné au gouvernement rwandais le matériel promis.

Point de vue : Le troisième génocide, par Daniel Fontaine
(tiré du livre " Essai sur le
génocide" de Alain Destexhe,
Editions Complexe)
Imvaho Nshya n° 1049, 2-8 novembre 1994, page 8
On ne peut pas mettre au même niveau les exactions des soldats du FPR et
le génocide systématiquement planifié. La Belgique et les pays occidentaux qui
exigent du pouvoir de Kigali d'intégrer des personnalités du MRND ignorent
délibérément le nazisme prêché et pratiqué par ce parti. On ne peut pas
distinguer les bons nazis des mauvais. Le vrai processus de réconciliation du
peuple rwandais ne pourra commencer que quand les auteurs du génocide seront
jugés (texte en français et en kinyarwanda, traduit par Goretti Uwibambe).

Nkotanyi, militaires rwandais, soyez vigilants !
Philbert Rudasingwa, Imvaho Nshya n° 1049, 2-8 novembre
1994, page 10
Le Rwanda a été endeuillé par les actes criminels des miliciens
Interahamwe. S'il existe encore des Interahamwe à l'intérieur du pays, cela ne
veut pas dire que tout Hutu est un milicien. Les militaires rwandais (Inkotanyi)
doivent être sages et vigilants. Leur mission est de protéger les citoyens et leurs
biens. De plus ils doivent se garder de la débauche qui peuvent les contaminer
du SIDA.

10

Un scandale à l'imprimerie de Kigali
André Ngilimana, Imvaho Nshya n° 1049, 2-8 novembre
1994, page 10
C'est la terreur qui règne à l'imprimerie de Kigali. Le directeur de cette
imprimerie, M. Nsengimana, n'a aucune compréhension envers ses employés. En
plus, il pratique la ségrégation et le favoritisme dans le recrutement et
l'attribution des salaires.

Jeunes, soyez prudents !
Hussein Mutabazi, Imvaho Nshya n° 1049, 2-8 novembre
1994, page 10
Les sanguinaires ont détruit le pays. Ils en ont fait un tombeau. Ce n'est
plus qu'un pays de veuves et d'orphelins. Les survivants doivent se réjouir d'avoir
la vie sauve et se garder de "voir la paille dans l'oeil de l'autre...". La jeunesse
doit se soustraire de la débauche, source de beaucoup de maux. Elle doit utiliser
sa force pour la reconstruction et le développement du pays.

C'est la panique au Zaïre !
Pay Pay Gatambira Pius, Imvaho Nshya n° 1049, 2-8
novembre 1994, page 11.
L'on se souviendra que les régions Nord-Kivu et Sud-Kivu sont sujettes aux
tensions ethniques et racistes entre les autochtones et les habitants d'origine
rwandaise. Depuis octobre 1994, les malfaiteurs profitent de cette tension pour
s'adonner aux pillages, aux tueries, aux destructions de maison et au viol des
femmes. Personne n'est à l'abri de ces débordements dans les régions de Goma,
Bukavu, Kalehe, Walikale, Masisi et Rutshuru.

IMVAHO NSHYA n° 1050, 9 - 15 Novembre 1994
Que les ONG aident les nécessiteux !
Mweusi Karake, Imvaho Nshya n° 1050, 9-15 novembre 1994,
page 1
Les ONG et les organismes internationaux sont venus au Rwanda pour aider
à la réhabilitation des infrastructures abîmées et au rapatriement des réfugiés,
mais ils manquent à leur mission. Ils font converger toute leur aide alimentaire
vers Goma alors que les exilés rentrés meurent de faim. L'organisme OIM
(Organisme International de Migration) qui normalement organise le transport
des réfugiés est au chômage, car les réfugiés de Goma sont pris en otage par les
miliciens Interahamwe. Pourquoi cet organisme n'offre-t-il pas ses services aux
anciens exilés pauvres de l'Uganda, du Kenya, de Masisi et de Bukavu ? Pourquoi
la MINUAR n'aide-t-elle pas au rapatriement des personnes qui sont sur la route
Mombasa-Kigali par où vient son matériel ? Aider un pays signifie-t-il se pavaner
dans de telles voitures ?

11

17ème journée de l'information en Afrique : information pour
l'unité, non la dissension ,
Hélène Nyirabikari, Imvaho Nshya n° 1050, 9-15 novembre
1994, page 2
Le Rwanda était encore en deuil le 1er novembre 1994, le jour où il a fêté
e
pour la 17 fois l'information en Afrique. Le secteur de l'information est
également endeuillé : 35 journalistes ont été assassinés et une partie de la presse
rwandaise a contribué au génocide. Tous les discours prononcés à cette occasion
ont insisté sur le rôle de la presse dans l'éducation à l'amour, à la paix, à la
réconciliation et à l'unité nationale. La presse doit être au service de la
population et doit servir de lien direct entre les dirigeants et les citoyens.

Après cent jours d'existence, le bilan du gouvernement est
positif
Goretti Uwibambe, Imvaho Nshya n° 1050, 9-15 novembre
1994, page 3
Le Premier ministre, M. Faustin Twagiramungu, est content des réalisations
de son gouvernement : nomination des préfets civils, entrée des recettes dans la
caisse de l'Etat, relance de l'agriculture, fonctionnement des hôpitaux,
libéralisation et privatisation du commerce, réouverture des écoles... Le
gouvernement doit encore affronter des problèmes financiers, des questions
sociales (trop d'orphelins), de la sécurité et des soins de santé. En marge de ce
bilan, le Premier ministre a dû répondre aux questions des journalistes
concernant le vrai détenteur du pouvoir au Rwanda, le rôle des pays
francophones dans la résolution des problèmes rwandais, l'accueil des anciens
réfugiés et la réintégration des déplacés de guerre dans leurs biens.

En commune Rubavu et Rwerere, 36 personnes ont été tuées
par des malfaiteurs venus
du Zaïre, Hélène Nyirabikari,
Imvaho Nshya n°1050, 9-15 novembre 1994, page 4
Dans la nuit du 31 octobre 1994, les habitants des secteurs Byahi en
commune Rubavu et Kinyanzovu en commune Rwerere ont été réveillés par des
bruits de balles et de grenades. Les personnes tuées sont des membres des familles
Cyanzagara, Kinyogote et Ntakazalimara dont les habitations étaient contiguës à
la frontière rwando-zaïroise. Les voisins ainsi que les agents de sécurité imputent
ces violences aux miliciens Interahamwe venus du Zaïre, qui, à plusieurs reprises
et en collaboration avec le anciens militaires, ont tenté d'attaquer les soldats du
FPR sur leurs positions.

12

Le Général Major Kagame déclare : " le militaire indiscipliné
recevra une punition
exemplaire",
P. P. Gatambiye, Imvaho Nshya n° 1050, 9-15 novembre
1994, page 5
Le 3 novembre 1994, le major Paul Kagame, vice-président du pays et
ministre de la Défense, a rendu visite aux militaires de Kibungo. Dans le message
qu'il leur a adressé, il a parlé de la difficulté du gouvernement à leur trouver des
logements, du matériel adéquat, des uniformes, des aliments en suffisance ainsi
que les salaires. Il a dit que la remise des salaires et des uniformes était
imminente. Cependant, il a mis en garde les militaires qui s'adonnent aux
actions de vol, de pillage, de terrorisme et de cupidité. Les militaires qui feront
des écarts seront punis de façon exemplaire.

Les tueries et les vols sont excessifs dans la ville de Kigali
Pay Pay Pius Gatambiye, Imvaho Nshya n° 1050, 9-15
novembre 1994, page 5
On croyait que les massacres, les vols et d'autres calamités étaient
l'apanage des tueurs partis au Zaïre. Malheureusement, ces maux sévissent encore
à Kigali. Ce sont des actes de bandits ou de soldats. Les plus visés sont les
propriétaires des moyens de locomotion, les habitants des maisons bien équipées,
spécialement les changeurs de monnaie... Les autorités devraient faire des
enquêtes sérieuses sur la situation et adopter des attitudes fermes avant qu'il ne
soit trop tard.

Si la justice n'est pas rendue, la vengeance fera la loi
Immaculée Mukanyonga, Imvaho Nshya n° 1050, 9-15
novembre 1994, page 6
Les lois interdisent la vengeance, car seule la justice est chargée de punir les
malfaiteurs, et ce, suivant la gravité de leur crime. Le ministre de la Justice, M.
Alphonse Marie Nkubito, déplore le nombre limité de juges et l'insuffisance des
moyens, lacunes qui freinent la bonne marche des instances judiciaires. Il regrette
le retard de la mise en place du Conseil Supérieur de la Magistrature et de
l'Assemblée Nationale, seules institutions habilitées à rétablir l'organigramme de
l'appareil judiciaire. Il a demandé que les prisonniers soient détenus aux endroits
autorisés par la loi. Le procureur François Nsanzuwera, lui, a déclaré que la
plupart des détenus sont réellement impliqués dans les massacres mais que
d'autres sont victimes de la jalousie pour leurs biens et leurs postes de travail, de
règlements de comptes... Il a affirmé sa détermination à poursuivre les personnes
qui, de concert avec d'autres, s'approprient leur biens ou occupent leur emploi...

13

J'ai eu une entrevue avec la Présidente du Mouvement pour
la Promotion de la Femme et du Bas Peuple (MFBP)
Hélène Nyirabikali, Imvaho Nshya n° 1050, 9-15 novembre
1994, page 7
Madame Gaudence Nyirahabimana, présidente du MFBP, est rentrée au
Rwanda au mois de septembre 1994. Elle a déclaré qu'elle ne s'était pas enfuie
mais qu'elle avait accompagné les fuyards. Elle est revenue au Rwanda pour voir
ce qui s'y passe afin de faire un rapport au Mouvement pour la Réconciliation
nationale, basé à Goma et dont elle est la secrétaire générale. Elle souhaite que les
récents réfugiés puissent rentrer au Rwanda sans être inquiétés et qu'on attende
l'arrêt des Cours et Tribunaux pour désigner les responsables des massacres.

Stop Press : une nouvelle à la une
Mweusi Karake, Imvaho Nshya n° 1050, 9-15 novembre 1994,
page 7
Le Rwanda n'a pas été invité par la France au sommet franco-africain des
chefs d'Etats. Les raisons non dévoilées de l'attitude de la France est que ce pays
ne reconnaît pas le gouvernement de Kigali et qu'il ne souhaite pas voir le
problème rwandais à l'ordre du jour de ce sommet. Pourtant Mobutu dont les
relations avec la France étaient gelées depuis longtemps a été invité.

Le ministre Züber déclare : " je vais être le messager du
Rwanda"
Charles Sembeba, Imvaho Nshya n° 1050, 9-15 novembre
1994, page 8
Monsieur Walter Züber, ministre de l'Intérieur et des Sports de la RhénaniePalatinat, a effectué une visite officielle de dix jours au Rwanda. Il a vu, il a
écouté et il a compris le drame du peuple rwandais. Il a déclaré que le Rwanda
avait besoin d'une sorte de "plan Marshall" pour lui permettre de se relever des
conséquences de la guerre. Il a ajouté que pour respecter intégralement les droits
de l'homme, le Rwanda avait besoin d'un appui dans la consolidation de
l'appareil judiciaire.

Les enseignants ne savent plus à quel Saint se vouer
Vénéranda Hategekimana, Imvaho Nshya n° 1050, 9-15
novembre 1994, page 8
L'UNICEF avait promis un salaire de 30 dollars pour chaque enseignant,
tandis que le PAM avait promis de compléter cette somme par une ration
alimentaire. A ce jour, les enseignants n'ont encore rien reçu. C'est pourquoi, ils
ont décidé de consacrer une demi journée à l'enseignement et l'autre demijournée à des occupations plus rentables. L'UNICEF pourrait ne pas tenir ses
promesses faute de moyens et vu le nombre élevé d'enseignants à rémunérer.
Heureusement, le ministre des Finances est en voie de trouver les salaires de

14

juillet, août et septembre ; le PAM, a commencé la distribution de denrées
alimentaires.

99 gendarmes viennent de terminer leur formation
Charles Sembeba, Imvaho Nshya n° 1050, 9-15 novembre
1994, page 8.
Une formation pour 99 gendarmes a été organisée par la MINUAR à la
demande du gouvernement. Dans son discours de clôture, le Général-Major Paul
Kagame a insisté sur la mission essentielle de la gendarmerie, qui est d'assurer la
sécurité de la population et de leurs biens. La gendarmerie, a-t-il dit, doit
contribuer à donner une belle image du pays. La MINUAR a promis son soutien
pour d'autres formations.

A Gisenyi, les réfugiés rentrent nombreux mais ils ne sont
pas tous traités de la même manière,
Pay Pay Pius Gatambiye, Imvaho Nshya n° 1050, 9-15
novembre 1994, page 9
Trois organismes s'occupent du rapatriement et de l'accueil des réfugiés
rwandais. Il s'agit de l'Organisme International de Migration (OIM) chargé du
transport, l'Association Américaine de l'Accueil des Réfugiés (CARE) et du Haut
Commissariat pour les Réfugiés (HCR). Bien que ces trois organismes aient
rapatrié près de cent mille personnes, ils semblent négliger les exilés de 1960 pour
ne s'occuper que des réfugiés récents à l'apparence misérable. Tous les réfugiés
ont besoin de moyens de transport et de sécurité.

L'enquête sur la mort du Colonel Mayuya continue
Immaculée Mukanyonga, Imvaho Nshya n° 1050, 9-15
novembre 1994, page 11
Le ministre de la Justice, M. Alphonse Marie Nkubito, a déclaré que
l'enquête sur l'assassinat du colonel Mayuya continue même si pendant un
certain temps l'affaire a été gelée par les autorités qui en étaient chargées. La
mort de Mayuya reste un mystère. Il existe trois hypothèses sur les supposés
criminels : Mme Agathe Habyalimana et le colonel Serubuga ; certains des
officiers emprisonnés à cause de cette affaire et le FPR. Il est temps que la justice
fasse éclater la vérité au grand jour.

KANGURA n° 62, 1 - 15 Novembre 1994
Editorial : Pourquoi les Hutu n'ont-ils pas de secrets?
Kangura n° 62, 1 - 15 novembre 1994, pages 1 et 2
Quand attaquerons-nous le Rwanda ? Y'a-t-il assez d'armes ? Devrons-nous
tuer tous ceux qui sont restés au pays ? Voilà les sujets de conversations dans les
rues, dans les cabarets, au marché... Ces problèmes ne regardent pas les autorités.

15

Le jour venu, les instructions nécessaires seront données. Le retour au pays a été
minutieusement préparé.

Une autre face de la guerre du Rwanda
Kangura n° 62, 1 - 15 novembre 1994, pages 3 à 6
Le monde entier a eu connaissance de la tragédie rwandaise mais personne
n'a essayé d'en découvrir la véritable origine et la cause profonde. Beaucoup de
personnes parlent d'une guerre ethnique entre les Hutu et les Tutsi. Pourtant
l'origine est l'attaque du pays par les anciens réfugiés qui voulaient déstabiliser le
régime populaire des Hutu. Les Etats-Unis d'Amérique ont quelque peu aidé ces
réfugiés. Depuis 1989, le gouvernement américain était au courant de l'attaque
par l'armée ougandaise, dont les hauts officiers étaient des Tutsi d'origine
rwandaise. Entre 1989 et 1992, ce même gouvernement a donné à l'Uganda une
aide militaire de 1 million de dollars et une aide économique de 183 millions de
dollars. A cette époque, le Rwanda n'a même pas eu la moitié de l'aide accordée à
l'Uganda. Au moment où les Etats-Unis aidaient Museveni qui soutenait les
maquisards, le gouvernement rwandais a été poussé à commettre des violences
contre les droits de l'homme. Ceux qui voudront expliquer la tragédie rwandaise
devront se référer à l'histoire de l'Afrique, spécialement à celle du Rwanda et du
Burundi. Depuis la nuit des temps, il existe des tensions et des luttes pour le
pouvoir entre les Hutu et les Tutsi. Le sang n'aurait pas coulé au Rwanda si le FPR
et l'Uganda n'avaient pas attaqué pour instaurer un pouvoir anti-démocratique
au Rwanda.
Un scandale dans le camp de Katale
Kangura n° 62, 1 - 15 novembre 1994, pages 8 et 9
Les disparitions mystérieuses et fréquentes de réfugiés du camp de Katale
ont poussé la population a élire un comité de sécurité. Il est étonnant qu'une
employée de Care Canada ait refusé les agents de sécurité élus par les réfugiés
pour désigner des gens reconnus pour leur brutalité et leur malhonnêteté.
L'intéressée travaillait pour le FPR en complicité avec d'autres fonctionnaires de
Care Canada. Ces derniers distribuaient des tracts dans les camps. Depuis que
leur plan a été découvert, Care Canada est parti et ce sont les Japonais qui
s'occupent de l'aide humanitaire. Il y a des agents du FPR partout, les réfugiés
doivent rester vigilants !

Nous devons rentrer de force et dans les meilleurs délais
Hassan Ngeze, Kangura n° 62, 1 - 15 novembre 1994, pages 9
et 10
"Nous en avons assez du mépris et de l'arrogance du FPR". Toute la ville de
Kigali est pleine de Tutsi venant du Burundi, de l'Uganda, du Zaïre et d'ailleurs.
Ils occupent des maisons et ne veulent pas les céder aux vrais propriétaires. Ils
préfèrent tuer et se prévaloir de la victoire du FPR. Pour eux, les Hutu doivent
disparaître, même les hauts dignitaires comme MM. Bizimungu et Twagiramungu
qui n'ont rien à dire. Le malheur est que ceux-ci refusent d'affirmer que le
génocide des Hutu a commencé. Puisque les Inkotanyi (le FPR) ont refusé les
négociations, le peuple majoritaire doit libérer son pays.

16

La réconciliation et l'unité sont-elles possibles entre les Hutu
et les Tutsi ?
Kangura n°62, 1 - 15 novembre 1994, pages 10 à 12
A l'époque du président Habyalimana, on croyait que l'unité entre les Hutu
et les Tutsi était chose acquise. Personne ne pouvait penser à l'attaque des
Rwandais qui vivaient à l'étranger. On s'est bien rendu compte que l'unité tant
chantée était superficielle et qu'elle était faussée par la politique de l'équilibre. Il
aurait fallu que chaque Rwandais soit jugé sur ses valeurs et non sur son ethnie.
La réalité actuelle est que le sang a coulé et que les deux ethnies ont autant
souffert l'une que l'autre. Le FPR devrait comprendre que c'est grâce aux
souffrances du peuple rwandais qu'il a accédé au pouvoir. Il devrait accepter ses
torts et la résolution pacifique du problème des réfugiés. C'est à ces deux
conditions que le peuple rwandais sera réconcilié et unifié.

Quelles nouvelles au Rwanda ?
Kangura n° 62, 1 - 15 novembre 1994, pages 12 et 13
La réalité de ce qui se passe au Rwanda finira par être découverte. Tout a
commencé par la fuite de M. J.M. Vianney Ndagijimana, Hutu, qui était ministre
nommé des Affaires Etrangères. Il n'a pas supporté les exactions et l'arrogance du
FPR.

Trois cents Inkotanyi (agents du FPR) ont été envoyés dans la
ville de Goma pour tuer les Hutu, Kangura n° 62, 1 - 15
novembre 1994, page 13
D'après des informateurs du Rwanda, le FPR aurait envoyé dans la ville de
Goma 300 agents pour tuer les politiciens, les journalistes et les chefs de
l'ancienne armée rwandaise. Sur la liste de ceux qu'ils doivent éliminer figurent
les noms de MM. Ngeze Hassan, Simon Bikindi, le général Bizimungu, le général
Kabiligi et le Ministre Mugenzi. Des agents de ce genre seront envoyés dans tous
les camps des réfugiés rwandais.

Où sera installé le Tribunal International ?
Kangura n° 62, 1 - 15 novembre 1994, pages 13 et 14
Beaucoup de personnes pensent que le Tribunal International chargé de
juger les responsables des massacres au Rwanda sera installé à la Haye en
Hollande. Qui comparaîtra devant ce Tribunal ? Le FPR a déjà dressé la liste de
ceux qui n'épousent pas son idéologie. Il s'est attaqué à toute personne capable
de représenter valablement les Hutu lors du partage du pouvoir. Mais le
gouvernement en exil a aussi établi une liste de tous les victimes du FPR, les
coupables de ces massacres sont également connus.

Quels sont les politiciens qui se sont montrés cupides depuis
notre exil ?
Kangura n° 62, 1 - 15 novembre 1994, page 14

17

Comme il a été dit dans les autres numéros de Kangura, la cupidité de
certaines autorités a scandalisé la population. Ils ont oublié que le bénéfice
provenant des biens publics vendus aurait aidé à faire face aux dépenses
inévitables pour le retour au pays. Parmi les biens vendus figurent 610 camions,
1.380 voitures, du café pour une valeur de 300.000 $, du minerai, tous les
camions de la STIR et tous les biens de PETRORWANDA. La liste des malfaiteurs
sera publiée après les enquêtes menées par le journal Kangura.

Nous ne voulons plus de politiciens incapables, civils ou
militaires
Kangura n° 62, 1-15 novembre 1994, page 15
Les personnes incapables dont il s'agit, sont surtout celles qui ont été
placées à des postes de responsabilité par clientélisme ou favoritisme. Ces
personnes sont incapables de réfléchir et de prévoir. Elles s'approprient les biens
publics. Certaines ne se rendent pas compte de la tragédie vécue par la
population. Qu'elles démissionnent puisque personne ne peut plus compter sur
elles.

Kangura a pardonné, Kangura n° 62, 1 - 15 novembre 1994,
page 15
M. Ngeze Hassan a pardonné aux politiciens et aux militaires qui le
poursuivaient alors qu'il leur donnait des conseils utiles

Rentrerons-nous réellement à la fin de l'année ?
Ngeze Hassan, Kangura n° 62, 1 - 15 novembre 1994, pages
15 et 16
C'est la première fois dans l'histoire mondiale qu'un peuple refuse de se
courber devant un nouveau pouvoir et qu'il préfère quitter le pays. C'est la
première fois que le HCR emploie son budget d'une année en une semaine
seulement. Les pays membres de l'ONU continueront-ils à cotiser à ce rythme ? Le
pouvoir de Kigali demande de l'aide pour la reconstruction mais ces pays savent
pertinemment que la guerre n'est pas finie d'autant plus que le FPR refuse de
négocier avec le gouvernement en exil. La population majoritaire n'acceptera pas
de rester longtemps à l'étranger. Il est temps qu'elle se prépare à attaquer.

18

Nous avons rendu visite aux réfugiés au Burundi
Kangura n° 62, 1 - 15 novembre 1994, page 16
Les réfugiés rwandais sont concentrés dans les provinces de Ngozi, Muyinga
et Kirundo. C'est à Ngozi que 50 réfugiés ont été tués par des militaires burundais,
en complicité avec le FPR. Les réfugiés du Burundi sont isolés, ils sont dans un
pays hostile, aucune autorité du gouvernement en exil ne leur a rendu visite.
Mais les organismes d'aide humanitaire, tel que le HCR, les assistent valablement.

Nous avons visité les camps de réfugiés rwandais à l'étranger
Kangura n° 62, 1 - 15 novembre 1994, page 17
Les réfugiés rwandais au Zaïre sont au nombre de 2,5 millions ; ceux du
Kenya, 3.420 et ceux du Gabon 731. Tous aspirent à une chose : rentrer au pays.

LE FLAMBEAU n° 20, 15 Novembre 1994
Editorial : Le contexte actuel
Adrien Rangira, Le Flambeau n° 20, 15 novembre 1994, page
3
M. Mitterand n'a pas invité le Rwanda au sommet franco-africain sous
prétexte que depuis que le FPR a pris le pouvoir, le Rwanda fait partie des pays
anglophones. Maintenant on comprend pourquoi il a toujours soutenu le régime
dictatorial de Habyalimana et pourquoi il a assisté en spectateur quand le
gouvernement de Kambanda et les miliciens Interahamwe ont plongé le pays
dans un bain de sang. Il luttait pour le maintien de la langue française au
Rwanda. Pourtant, qui connait mieux le français que MM. Pasteur Bizimungu et
Faustin Twagiramungu ?

Les partis politiques existent-ils encore au Rwanda ?
Adrien Rangira, Le Flambeau n° 20, 15 novembre 1994, pages
4 et 5
Le vent démocratique qui a soufflé sur l'Afrique, a permis la création de
plus de quinze partis au Rwanda. Les grands partis étaient le MDR
majoritairement Hutu, le PL majoritairement Tutsi, le PSD taxé de sudiste et le
MRND, ancien parti unique du président Habyalimana. Les trois premiers avaient
beaucoup d'adhérants. Ils tenaient un même langage sur la démocratie et l'unité
du pays. Ils luttaient contre la corruption, la cupidité et le non respect des droits
de l'homme qui caractérisaient la politique de Habyalimana. Au fil des jours, les
chefs des partis ont été liquidés, d'autres ont été corrompus de telle façon qu'à la
veille du 6 avril 1994, il n'y avait plus que deux blocs: le MRND (Hutu) et le FPR
(Tutsi). Après l'enfer que vient de traverser le Rwanda, quel parti peut prétendre
être le plus important ? Quel parti peut prétendre avoir le plus d'adhérents ?
Pour le moment, la reconstruction du pays a besoin de toutes les forces vives du

19

pays, c'est pourquoi la distribution des emplois ne doit pas tenir compte des
tendances politiques.

Quelle valeur ont encore les Accords d'Arusha ?
Adrien Rangira, Le Flambeau n° 20, 15 novembre 1994, pages
6 et 7
Le 4 août 1993, les Accords d'Arusha ont été signés par le président Juvénal
Habyalimana au nom du gouvernement rwandais et par M. Alexis Kanyarengwe,
au nom du FPR. Ces accords comprenaient six cha-pitres : l'arrêt des combats ; la
création d'un Etat de droit ; le partage du pouvoir ; le rapatriement des réfugiés
et la réintégration des déplacés de guerre dans leurs biens ; la fusion des deux
armées ; conclusions et annexes. Après la signature des Accords d'Arusha, le
président Habyalimana a créé la RTLM qui a semé et propagé le virus de
l'ethnisme. Il a infiltré et détruit les partis avec ce virus. Les assassinats politiques
se sont multipliés. Le 6 avril 1994, il est mort mais il avait bien préparé son plan
macabre. Ses successeurs et son réseau zéro ont procédé au génocide politicoethnique des Tutsi. Que reste-t-il des Accords d'Arusha ? Le MRND ne les a-t-il pas
foulés aux pieds avec ses massacres ? Pour le moment, ce qui est urgent c'est de
mettre en place l'Assemblée Nationale qui établirait une nouvelle Constitution à
partir de la Constitution du 10 juin 1991, des articles restés intacts des Accords
d'Arusha et de la déclaration du FPR sur le nouvel Etat rwandais.

Pas de négociations avec le MRND !
Le Flambeau n° 20, 15 novembre 1994, page 8
Ceux qui prônent des négociations entre le gouvernement de Kigali et le
MRND n'ont pas d'arguments valables. En effet, nul n'est exclu du pays, tout
Rwandais a une place au Rwanda. Pourquoi faut-il des négociations avec les
récents réfugiés ? Les Accords d'Arusha avaient donné la part du MRND en tant
que force politique acceptant le respect des droits de l'homme. Mais qu'a-t-il fait
? Il s'est occupé de préparer le plan de massacre avant, pendant et après les
négociations d'Arusha. Le MRND s'est désolidarisé totalement des Accords
d'Arusha et aucun de ses adhérents n'a les mains propres ! Le pays doit se
reconstruire sur la base d'une vraie justice, d'une démocratie claire et du respect
intégral des droits de l'homme.

Pourquoi faire à l'autre ce que tu ne voudrais pas qu'on te
fasse ?
J.M. Vianney Rudahunga, Le Flambeau n° 20, 15 novembre
1994, pages 9 et 10
La vie reprend petit à petit dans la ville de Kigali. La plupart des gens, des
jeunes aux vieux, font du commerce et recherchent le bénéfice immédiat sans
beaucoup d'efforts. C'est la course éperdue après l'argent. On voit encore les
traces de la guerre : maisons détruites, amertume dans les regards et sûrement
dans les coeurs. Mais doit-on en rester là ? Pourquoi doit-on suspecter tout le
monde ? Pourquoi vouloir se venger même sur des innocents ? Qui est coupable ?
Qui ne l'est pas ? Chacun n'a-t-il pas sa part de responsabilité dans la guerre ?

20

Que pour une fois on respecte la personne humaine et qu'on laisse la justice faire
son travail !
L'Etat doit combattre la fraude
Albert Semuhungu, Le Flambeau n°20, 15 novembre 1994, page
11
Le commerce est un secteur important de la vie nationale. Il est régi par
des lois bien définies. Quand il est guidé par la fraude et la corruption,
l'économie du pays en pâtit. L'exemple le plus concret c'est le Zaïre. La fraude et
la corruption se sont infiltrés dans le commerce rwandais : fausses déclarations,
pots de vin aux douaniers, prix concurrençant ceux des produits locaux. Si les
Ministères du Commerce et de la Défense Nationale n'adoptent pas des mesures
énergiques, l'économie du pays se relèvera difficilement.

Des problèmes difficiles à résoudre
Adrien Rangira, Le Flambeau n°20, 15 novembre 1994, page
12
Les journaux parlent souvent des problèmes de logement, de sécurité, de vol
à main armée, d'extrémisme ethnique, de dissensions au sein du gouvernement,
mais oublie de traiter des problèmes fondamentaux dont la solution entraînerait
celle des autres. En effet, il est urgent de relancer l'économie nationale pour
permettre à la population d'avoir le minimum vital et d'élever tout doucement
son standing de vie, de partager équitablement le patrimoine du pays et d'éviter
ainsi la petite bourgeoisie.

Nous avons parlé avec M. Prosper Higiro, Vice-président du
Parti Libéral (PL)
Adrien Rangira, Le Flambeau n° 20, 15 novembre 1994, page
13
Les rumeurs circulent que le Parti Libéral est lésé dans la distribution des
postes importants. Il semble que le partage se fait entre le FPR, le MDR et le PSD ;
les partis PL et PDC sont tenus à l'écart, tandis que les partis PDI, PSR et UDPR sont
complètement ignorés. Concernant le problème du PL, M. Prosper Higiro n'a pas
nié que son parti ait été lésé dans la nomination des diplomates et des préfets de
Préfectures. Il explique qu'au départ la nomination des diplomates devait se faire
suivant les compétences et non l'appartenance politique. Par ailleurs, pour éviter
des discussions interminables au gouvernement, le problème des préfets a été
laissé à la décision du Président de la République, du premier Ministre et du
ministre de l'Intérieur.

21

Le "génocide" du SIDA présent à nos portes !
Ignace Kisu, Le Flambeau n° 20, 15 novembre 1994, page 14
Le premier génocide a été perpétré par les miliciens Interahamwe. Le
deuxième s'appelle SIDA, il a été préparé par ces mêmes miliciens quand ils ont
violé les filles. Celles-ci propagent le virus partout. Les personnes qui en sont
atteintes se conduisent comme des fous : ivrogneries, accidents de route, vol,
agressivité...

Trop d'accidents de la route !
Adrien Rangira, Le Flambeau n° 20, 15 novembre 1994, page
14
Kigali est devenu un abattoir ; il y a trop d'accidents de la circulation. Ces
accidents sont dus à l'ignorance du code de la route et du véhicule, de la non
connaissance de la ville de Kigali et du manque de contrôle sur les routes. Les
autres villes ne sont pas épargnées non plus par ce fléau !

Rendons sa valeur à notre langue
Adrien Rangira, Le Flambeau n° 20, 15 novembre 1994, page
14
La langue parlée actuellement au Rwanda est un mélange de kinyarwanda,
de français, de swahili et d'anglais. Il est temps qu'on parle un kinyarwanda pur,
sinon ce ne sera plus une langue. Il ne faut pas pour autant négliger les autres
langues.

L'unité nationale et le génocide
Munyaburanga Basengo, Le Flambeau n° 20, 15 novembre
1994, page 15
Le président Habyalimana a commis un crime contre le peuple rwandais et
contre l'humanité. Ce crime reste impuni, le Tribunal International tarde à
s'installer pour juger les criminels. Même si les tueurs sont jugés et condamnés,
les vies humaines perdues ne reviendront pas. Le génocide est irréparable, sa
plaie est incurable. Entre-temps, les rescapés jouissent pleinement de la vie, ils ne
s'organisent pas pour défendre les droits des victimes ou pour aider les
enquêteurs. L'unité du pays ne peut se consolider que si chacun se sent
parfaitement sécurisé et qu'il jouit pleinement de son droit à la vie.

L'ERE DE LIBERTE n° 15, Novembre 1994
Editorial : L'unité nationale
Elie Mpayimana, L'Ere de Liberté n° 15, novembre 1994, page
3

22

L'unité nationale est nécessaire, c'est vrai. Mais elle ne doit pas être
conditionnée par l'élargissement du pouvoir politique aux assassins. Les étrangers
qui exigent l'entrée d'assassins au gouvernement rwandais n'ont qu'à remporter
leur aide chez eux ! L'unité et la réconciliation du peuple rwandais doivent
trouver leur fondement dans la vraie justice. Les auteurs des massacres doivent
être jugés et condamnés.

J'ai très peur !
Pierre Damien Ndabakenga, L'Ere de Liberté n°15, novembre
1994, pages 3 à 5
On se demande si l'ONU et les Blancs ne veulent pas un autre génocide au
Rwanda quand ils décident que : - aucun Rwandais ne fera partie du Tribunal
International ;
- les coupables seront détenus en dehors du Rwanda ;
- les actes antérieurs au 1er janvier 1994 ne seront pas objet d'enquêtes ;
- les preuves manquent pour incriminer certains suspects.
La justice et l'impérialisme occidentaux sont en train d'innocenter les criminels
au détriment du bas peuple. Les vrais coupables sont les anciens détenteurs du
pouvoir : ils ont incité la population au racisme et à la violence par leurs
discours incendiaires à la Radio Rwanda, à la Radio Télévision Libre des Mille
Collines (RTLM), lors des meetings, dans les journaux comme Kangura et
Nyiramacibili. Ils ont exercé et armé les miliciens Interahamwe. Les preuves de
leur criminalité existent, mais une partie de la communauté internationale ne
veut pas les voir.

Nous voulons des meetings
Anaclet Nyilimbibi, L'Ere de Liberté n° 15, novembre 1994,
pages 6 et 7
Les partis politiques ne sont pas disparus, ils existent encore. Que les
leaders du parti PSD parlent. Que le président du MDR, M. Faustin
Twagiramungu, dise où en est le parti. Que le FPR présente son projet de société
d'autant plus que les extrémistes (CDR nouvelle version) se réclament du FPR. La
population veut la reprise des activités des partis ; elle veut adhérer librement à
tel ou à tel parti politique. Elle veut entendre parler de l'avenir politique,
économique et social du pays.

Les autorités religieuses rwandaises ont exagéré !
Elie Mpayimana, L'Ere de Liberté n° 15, novembre 1994,
pages 7 et 8
Avec sa malignité subversive, le président Habyalimana avait su gagner la
confiance des hommes de religion qui le considéraient comme un homme pieux
et pacifique. Il les a toujours associés à ses actes : il en a nommé au Comité
Central du MRND et à la Commission Nationale de Synthèse. Il s'est rallié 26
prêtres pour la création de la radio RTLM. Quand le génocide d'avril à juillet
1994 a commencé, les autorités ecclésiastiques se sont voilé la face, même quand
des prêtres, des religieux et religieuses en ont été victimes. Le virus du racisme les

23

avait profondément atteints. Le journal "L'Ere de Liberté" publie aux pages 7 et 8
la liste des membres de la Commission Nationale de Synthèse et celle de religieux
tués à Nyamirambo et à Kabgayi.

Construisons le pays en respectant les droits de la personne
humaine
Elie Mpayimana, L'Ere de Liberté n°15, novembre 1994, pages
8 et 9
"Fais à l'autre le bien que tu souhaites qu'il te fasse". Depuis un certain
temps, on souhaite la comparution en justice des auteurs du génocide mais on
continue à mépriser la personne humaine. Les autorités et les agents de l'ordre
courent derrière leurs propres intérêts ; des gens disparaissent mystérieusement ;
les prisonniers n'ont pas droit aux visites ; les personnes nanties sont traitées de
miliciens... celles qui n'idolâtrent pas le FPR sont méprisées. Bref, on a
l'impression que l'extrémisme hutu tant décrié est en train d'être remplacé par
un extrémisme tutsi ; les deux sont nuisibles au pays.

Les médias de la haine,
L'Ere de Liberté n° 15, novembre 1994, pages 10 et 11
Les hommes politiques avaient fait de la presse rwandaise une arme de
guerre. Les journalistes étaient devenus comme des soldats luttant sur le front,
pour la victoire de leur clan et piétinant délibérément la vérité. Les journalistes
dénoncés pour avoir incité la population à la haine raciale et à la violence sont
ceux de Radio Rwanda et de la radio RTLM ainsi que ceux des journaux Kangura,
Médaille Nyiramacibiri, Echo des Mille Collines, Kamarampaka, Ijambo, Umurangi
et Ibyikigihe.
(Leurs noms sont repris aux pages 10 et 11 - article en français).

Le scandale !
L'Ere de Liberté n° 15, novembre 1994, pages 12 et 13
Le nouveau président du gouvernement en exil au Zaïre, M. Casimir
Bizimungu, a la mission difficile de reconquérir le Rwanda et de faire rentrer les
réfugiés sans qu'il y ait des jugements. Le premier Ministre, M. Jean Kambanda,
doit sensibiliser la population des camps à leur retour imminent derrière les
Forces Armées Rwandaises et les miliciens "Interahamwe". Il est épaulé par Mme
Marie Claire Mukamugema, épouse de M. Stanislas Mbonampeka, par M. Bosco
Barayagwiza (du parti CDR), M. Tharcisse Renzaho, ancien préfet de la ville de
Kigali et d'autres. Ils assurent la population qu'ils ont acquis des armes en
suffisance. Quand on fait une retrospective dans l'histoire, on constate que les
leaders de Goma ont eu soif de sang dès leur jeune âge. On les retrouve comme
meneurs lors des violences de 1973 dans les écoles secondaires et à l'Université,
violences qui se sont clôturées par le coup d'Etat du 5 juillet 1973. Les noms de
jeunes adhérents du réseau zéro sont repris à la page 12 ; ce sont eux qui ont
propagé le culte du "hutisme", lequel a atteint son paroxysme en avril 1994.

24

Ils ont détruit notre école !
Jean Damascène Mulindahabi , L'Ere de Liberté n° 15,
novembre 1994, page 13
Le collège Apacope était considéré par le pouvoir en place comme "le
bastion du FPR". C'est ainsi que dès 1990, on a commencé à persécuter et à faire
disparaître ceux qui étaient considérés comme opposants au régime. En avril
1994, la leçon du génocide a été donnée au collège APACOPE : on a exterminé les
élèves et les professeurs ; on a détruit et brûlé l'équipement de cette école. Bref, le
"bastion du FPR" a été réduit en cendres.

Nous avons parlé avec l'abbé Célestin Hakizimana du Centre
National de Pastorale St Paul,
Emmanuel Ngezahayo, L'Ere de Liberté n° 15, novembre 1994,
pages 13 et 14
Lors des événements d'avril 1994, l'abbé Célestin Hakizimana a préféré
rester avec les réfugiés du Centre National de Pastorale St Paul pour les encadrer
et les réconforter. Les abbés Anaclet Mwumvaneza, Protais Safi, Gallican
Ndayisaba, Emmanuel Tubane et Paulin Munyazikwiye sont restés avec lui. L'abbé
Célestin Hakizimana pense que l'Eglise catholique a commis des erreurs : elle doit
se convertir et se mettre à l'écart de la politique pour mieux transmettre son
message évangélique ; il sera très difficile pour le peuple rwandais d'oublier les
victimes des deux forces en conflit, MRND et FPR ; la seule façon de calmer la
popu-lation est que les coupables des deux côtés puissent être jugés et condamnés
; la peine de mort est à éviter ; elle ne donne pas au coupable le temps de se
repentir ; le nouveau Rwanda est composé des rescapés des miliciens, des rescapés
des combats entre le FPR et les FAR ainsi que de réfugiés qui rentrent au pays. Ces
trois caté-gories représentent la nation ; elles doivent agir en conséquence et
respecter intégralement les droits de la per-sonne humaine ; la nouvelle armée est
une armée nationale, elle doit être au service du peuple et non d'un clan.

LE TRIBUN DU PEUPLE n° 35, Novembre 1994
Editorial, Herménégilde Shyaka, Le Tribun du Peuple n° 35,
novembre 1994, page 2
La population se demande ce que fait le gouvernement. La vie devient de
plus en plus intenable : montée vertigineuse des prix, absence de salaires pour les
fonctionnaires, absence des institutions de base et de l'Assemblée Nationale ainsi
que la peur de la reprise des combats. Les autorités ne sont pas à l'écoute de la
population ; elles brillent par leur absence. Ne seraient-elles pas occupées à se
disputer et à se partager les bons postes au sein des partis ?

25

M. Ndagijimana a-t-il fui pour des raisons politiques ?
Le Tribun du Peuple n° 35, novembre 1994, page 3
Monsieur J.M. Vianney Ndagijimana qui avait été nommé ministre des
Affaires Etrangères et qui fut Ambassadeur du Rwanda à Paris, s'est enfui en
emportant 200.000 dollars destinés aux Ambassades. Il sera difficile de le traduire
en justice car il n'a signé aucun papier. Le premier Ministre a déclaré que
l'intéressé était encore à l'essai, qu'on faisait encore des investigations pour tirer
au clair l'affaire de la maison de l'Ambassade rwandaise qu'il avait vendue et
dont il avait empoché le produit de la vente. On se demande pourquoi un
homme reconnu pour sa malhonnêteté a été nommé ministre. Interrogé sur les
raisons de sa désertion, M. Ndagijimana a répondu qu'il ne s'entendait pas bien
avec le premier Ministre, M. Faustin Twagiramungu. Le nouveau ministre des
affaires Etrangères serait choisi parmi les personnes suivantes : Bonaventure
Ubalijoro (1er Vice-président du MDR), Dr Anastase Gasana (Ambassadeur aux
Etats Unis), J.M.V. Mbonimpa (Ambassadeur à Berne), Léon Ngarukiye (Directeur
de cabinet) et Antoine Nyilinkindi (Ambassadeur à Kinshasa).
Le préfet de la ville de Kigali, continue son travail : elle parle
des problèmes de sécurité
Justin Faida, Le Tribun du Peuple n° 35, novembre 1994, pages 4
et 5
Le Major Rose Kabuye est la première femme préfet au Rwanda. L'interview
qu'elle a accordée à la presse portait principalement sur les disparitions
mystérieuses de personnes, la détention dans des lieux non autorisés par la loi,
les vols à main armée par des personnes en tenues militaires, les permis de
résidence et la mise en place des institutions de base dans la ville de Kigali. Le
préfet a déclaré qu'elle connaît le problème de la sécurité des biens et des
personnes. Elle est déterminée à réunir tous les renseignements sur la question, à
mener des enquêtes, à demander des conseils aux autorités hiérarchiques et à
résoudre ce problème dans les meilleurs délais. Quant à la mise en place des
institutions dans la ville de Kigali, elle est conditionnée par la nomination des
préfets, des bourgmestres et des conseillers.

L'Etat à la croisée des chemins. Le Tribun du Peuple n° 35,
novembre 1994, pages 6 et 7
Trois mois après la mise en place du gouvernement d'union nationale, on
peut se permettre d'en faire le bilan. Qu'est-ce qui a été fait ? Qu'est-ce qui n'a
pas été fait ? La sécurité des personnes et des biens a été prise en main par le
ministre de l'Intérieur et les résultats commencent à se voir. Mais où sont les
institutions locales ? Où est l'Assemblée nationale ? A quand la nomination des
directeurs des sociétés parastatales ? Quand les fonc-tionnaires seront-ils payés ?
Pourquoi les agents de sécurité n'écoutent-ils pas les doléances de la population ?
On se rend bien compte que depuis trois mois, il n'y a que le pouvoir exécutif, et
au niveau central seulement, qui fonctionne ; le pouvoir législatif est absent ; le
pouvoir judiciaire est très faible ! C'est vrai que le gouver-nement doit résoudre
les problèmes de la sécurité, des finances, de la justice mais le problème le plus
épineux reste l'application des Accords d'Arusha. Certains dirigeants voudraient

26

leur application intégrale mais n'osent pas le dire ouvertement. Le FPR tire de son
côté. Il s'est permis de créer, à son avantage, de nouveaux postes, comme la viceprésidence de la République, et de s'approprier les postes ministériels réservés au
MRND.

Philippe Reyntjens : " Les militaires ne peuvent pas faire
partie de l'Assemblée Nationale. Cela n'a existé nulle part",
Le Tribun du Peuple n° 35, novembre 1994, pages 8 et 13
Le professeur Philippe Reyntjens est un juriste éminent. Il a écrit les Codes
et Lois du Rwanda. Il n'est resté que trois jours à Kigali, mais il a vu et entendu
beaucoup de choses. Il a clairement émis ses observations :
les voici : l'Etat rwandais a de grands problèmes à résoudre, principalement celui
de la sécurité des personnes et des biens. Des extrémistes se permettent de
dénoncer des innocents ; des intellectuels hutu et certains politiciens ont peur.
Les Accords d'Arusha ne sont pas respectés. Les militaires ne peuvent pas faire
partie de l'Assemblée nationale. Le FPR doit tenir compte des avis des autres
partis politiques. Des membres du MRND non impliqués dans les massacres
doivent être associés au pouvoir . Le poste de vice-président de la République
n'est pas prévu dans les Accords d'Arusha ; sa création prouve que c'est le FPR qui
mène le pays.

Nous avons visité la BRALIRWA
Justin Faida et Abel Ntegano, Le Tribun du Peuple n° 35,
novembre 1994, page 9
La Bralirwa a fixé à 215 Frw le prix de la bouteille de Primus. Cette somme
est trop élevée pour le revenu de la plupart des Rwandais ; au marché, une
bouteille de bière coûte plus de 300 Frw. La Bralirwa est obligée d'élever le prix
pour pouvoir récupérer petit à petit les 2,5 milliards perdus à cause du pillage
qu'elle a subi et de la destruction des machines. Elle n'a pas assez d'inspecteurs
pour contrôler les prix en dehors de son usine. Quoi qu'il en soit, l'Etat perd dans
ces spéculations sur les prix.

Les fonctionnaires espéraient recevoir leurs salaires d'avril,
mai et juin 1994.
Justin Faida, Le Tribun du Peuple n° 35, novembre 1994,
pages 10 et 11
Le ministre des Finances, M. Marc Rugenera, a dû répondre à des questions
posées sur les finances, le salaire des fonctionnaires et les dettes de l'Etat. Il a dû
défendre la position du parti PSD, dont il est le secrétaire général, sur la
composition de l'Assemblée Nationale de Transition. Voici quelques-unes de ses
déclarations :
- L'Etat a peu de moyens financiers, mais les problèmes se résoudront petit à petit
avec la rentrée des recettes dans la caisse de l'Etat.
- L'Etat a des dettes s'élevant à 172 milliards de francs rwandais, il en a
consommé 118 millions et remboursait régulièrement par tranches avant la
reprise des hostilités. Ces dettes ne renferment pas les achats d'armes.

27

- Le PSD a nommé M. Juvénal Nkusi, candidat au poste de Président de
l'Assemblée Nationale en remplacement de feu Félicien Ngango. Le PSD propose
que l'Assemblée se mette en place avec 51 députés et que ceux-ci décident du
partage des sièges dévolus au MRND et à ses acolytes.

Le Ministre Rwigema est l'un des ministres les plus appréciés
Justin Faida, Le Tribun du Peuple n° 35, novembre 1994,
pages 12 et 13
Les écoles secondaires vont bientôt rouvrir leurs portes. Mais beaucoup de
problèmes subsistent : reconstruction des locaux, achat du matériel scolaire,
remplacement des professeurs défunts ou réfugiés, salaires, prise en charge des
orphelins, pauvreté des parents... Certaines écoles ne peuvent pas ouvrir car les
religieux qui tenaient ces écoles ne sont pas encore revenus au Rwanda. Des
solutions à ces problèmes sont en voie d'être trouvées : une commission étudiera
la réouverture des écoles non endommagées ; les classes terminales sont rentrées
(± 5.500 élèves) ; le projet allemand GTZ prendra en charge les frais de scolarité
et le salaire des professeurs qui recevront, en plus, des provisions alimentaires.

Aidez les réfugiés qui rentrent n'est pas l'affaire de l'Etat
seul !
G. Dusabemungu, Le Tribun du Peuple n° 35, novembre 1994,
page 14
Les Rwandais qui avaient été forcés à l'exil par le pouvoir dictatorial du
président Habyalimana sont en train de revenir au pays. Chacun a le devoir
d'accueillir et d'intégrer les arrivants dans son quartier. Quant au gouvernement,
spécialement le secrétariat d'Etat aux réfugiés, il doit se référer au protocole
d'accord, signé à Arusha le 9 juin 1993, pour créer des infrastructures
d'installation des réfugiés.

Certains des religieux se sont défaits de leur habit pour
dévoiler leur méchanceté
G. Dusabemungu, Le Tribun du Peuple n° 35, novembre 1994
pages 15 et 17
Le 2 août 1994, les prêtres réfugiés à Goma ont écrit une lettre au Pape. Ils
regrettaient la mort des Evêques de Kabgayi, de Kigali et Byumba et des autres
prêtres et religieux. Ils se plaignaient de ce que la communauté internationale
notamment l'Europe, les Etats-Unis d'Amérique ainsi que l'ONU, ait soutenu le FPR
négligeant les doléances de la population majoritaire. Ils affirment
qu'actuellement le pays est vidé de ses habitants et que les prêtres et religieux
restés à l'intérieur sont devenus les fonctionnaires d'un nouveau nazisme. Ils
reprochent au Vatican d'avoir soutenu le FPR et de ne s'être pas opposé aux
mouvements anti-catholiques au Rwanda. Ils demandent de l'aide et voudraient
avoir des garanties de sécurité pour pouvoir rentrer au Rwanda. (Les noms des
signataires de la lettre au Pape figurent à la page 17).

28

NYABARONGO n° 19, Novembre 1994
Editorial ,Nyabarongo n° 19, novembre 1994, page 2
La disparition mystérieuse de personnes sème la panique et l'inquiétude au
Rwanda. Le pouvoir en place semble ne rien faire contre les dénonciations et les
arrestations arbitraires. Des personnes comme MM. Isaïe Ndahimana, Léopold
Munyakazi, Joseph Muhigande, Joséphine Uwambazamariya et son mari, ont été
emprisonnés sans raisons valables. D'autres personnes sont obligées de louer leur
logement alors que leurs propres maisons ont été occupées de force.

Le parti MDR dénonce.
T. Abiyingoma, Nyabarongo n° 19, novembre 1994, page 2 et
3
Le MDR vient de sortir un document intitulé : "Position du parti MDR sur
les grands problèmes actuels du Rwanda". Ces problèmes sont notamment, le non
respect de la loi fondamentale constituée en grande partie des Accords d'Arusha ;
l'interdiction des activités de partis politiques ; l'insécurité et la criminalité dans
le pays ; le non respect de l'Etat de droit ; la paralysie des services de l'Etat ; les
entraves à l'unité et à la réconciliation nationale ; le manque d'une politique
économique et d'un programme de reconstruction ; le rapatriement non organisé
des réfugiés. Le MDR propose des solutions à ces problèmes.

La mise à mort de Kinani (L'Invincible)
Nyabarongo n° 19, novembre 1994, pages 4 à 6
Le président Habyalimana et M. Bagosora étaient fort liés mais leur amitié
était fondée sur l'hyprocrisie. M. Bagosora avait soif du pouvoir et établissait en
cachette des plans pour détrôner son ami. M. Nzirorera était dans le coup car il
se voyait déjà président de la République, convaincu que seuls les gens du Nord
pouvaient prétendre à cette haute fonction. C'est ainsi que les deux en sont
venus à établir un plan pour éliminer Habyalimana. Ce dernier ne savait pas ce
qui se tramait derrière lui. Son seul souci était de détruire les partis d'opposition
et d'empêcher la mise en application des Accords d'Arusha. C'était sans compter
avec la pression internationale, notamment celle de la Tanzanie qui a beaucoup
investi dans ses Accords. Quand le président Habyalimana est allé au minisommet de Dar-es-Saalam, le 6 avril 1994, il venait d'être informé par Mobutu
que les partis d'opposition, la CIA, la Belgique et le FPR avaient ourdi le plan de le
tuer à son retour. En invitant le Président Ntaryamira à monter avec lui dans
l'avion, il pensait que ses supposés ennemis n'allaient pas oser tuer le Président
du Burundi. Mais il ignorait que son propre clan avait décidé de l'éliminer pour
jouir pleinement du pouvoir sans les Accords d'Arusha et le FPR.

29

Ils ont couru à en perdre haleine !
Nyabarongo n° 19, novembre 1994, pages 7 et 8
Après la mort de Kinani (L'Invincible), M. Bagosora a créé un comité
constitué de 6 hauts officiers et dirigé par lui. Les représentants diplomatiques
ont refusé de cautionner ce fait, car "la direction du pays doit rester aux mains
des civils", disaient-ils. Le gouvernement intérimaire appelé "gouvernement des
sauveurs" (Abatabazi) a alors été formé. M. Bagosora lui donnait les directives à
suivre, notamment celle d'exterminer les Tutsi et les Hutu de l'opposition. Ce
gouvernement n'a fait que tuer et fuir chaque fois, à l'approche du FPR.

Prophétie de Nyirabiyoro : " Quand Rukara périra, le pays
retentira de cris et de pleurs"
Nyabarongo n° 19, novembre 1994, page 9
Nyirabiyoro était une devineresse célèbre du temps de Kigeri IV, vers les
années 1888. Elle avait prédit l'arrivée des Blancs et les changements qui s'en
suivraient. Elle avait prédit encore que le clan des Banyiginya serait détrôné par
un homme de petite taille (Kayibanda), qui serait à son tour tué par Rukara
(Habyalimana). Celui-ci donnerait tous les pouvoirs à une femme, mais le pays
n'aurait pas la paix avec cette femme et quand Rukara serait tué le pays serait
plongé dans un bain de sang. Le journal publie aux pages 10 et 11 une liste de
162 complices de Kinani (L'Invincible), Kanziga et Bagosora, dans la préparation
du génocide rwandais.

Magayane de Gatonde : " Heureux ceux qui habiteront le
Rwanda après le règne de Habyalimana ",
Nyabarongo n° 19, novembre 1994, pages 12 et 13
Plusieurs devins dont M. Magayane avaient prédit la guerre des Inkotanyi
(FPR), la mort de Habyalimana et la prise du pouvoir par le FPR (gens venant de
l'extérieur). Ces devins ont dit que la mort de Kinani entraînerait un bain de
sang mais qu'après des combats sanglants, le pays retrouverait le calme,
l'économie serait prospère et le problème ethnique serait définitivement résolu.

R E V U E de la

P R E S S E R W A N D A I S E

Bimensuel qui résume en français les principaux articles
de tous les périodiques parus en kinyarwanda (au Rwanda
ou dans les pays d'alentour)
Nouvelle Série :

SOMMAIRE DU N° 5 : 16 - 30
Novembre 1994

-

Imboni

n° 1

novembre 1994
page 3

-

Imvaho Nshya

n° 1051

16 - 22 novembre
1994 pages 3 - 8

-

Imvaho Nshya

n° 1052

23 - 29 novembre
1994 pages 8- 12

- Kangura

n° 63

15 - 30 novembre
1994 pages12- 15

- L'arc-en-ciel

n° 1

-

La voix du réfugié rwandais

- Le Messager - Intumwa

novembre 1994
pages 15 -17
n° 1 novembre 1994
pages 17 - 19

n° 45

24 novembre1994
pages 19-22

-

Le Moniteur

n° 2

17 - 23 novembre
1994 pages 22-23

-

Le Tribun du Peuple

n° 36

novembre II 1994
pages 24-27

-

Le Tribun du Peuple

n° 37

novembre III
1994 pages 27-32

-

Rwanda Rushya

n° 56

novembre 1994
pages 32-35

2

REVUE DE PRESSE
Editeur :

A.S.B.L. DIALOGUE
Momentanément en
Belgique
322, rue du Noyer - 1040
Bruxelles
Tél/Fax : (32.2) 735.39.16

Directeur a.i.:

Père Guy THEUNIS

-

3

IMBONI n° 1, Novembre 1994
Editorial : Imboni n°1, novembre 1994, pages 2 et 3
La presse privée a le plaisir de présenter au public un nouveau journal
dénommé "IMBONI" (la pupille). La pupille, c'est le coeur de l'oeil. C'est elle qui
enregistre ce qui défile devant l'oeil. En même temps qu'elle enregistre, elle
analyse et distingue ce qui est utile ou nuisible à l'oeil. Lorsque la pupille ne
fonctionne plus, l'homme est désorganisé, il ne sait plus séparer le bien et le mal.
Lorsqu'on se remémore ce qui s'est passé au Rwanda où l'on confondait le bien et
le mal, on conclut que les Rwandais avaient des yeux dépourvus de pupilles. Le
journal "Imboni" a l'objectif de leur ouvrir les yeux. Il produira des articles basés
sur la vérité et des pensées constructives pour le pays, la vie économique, la
critique historique, la créativité...
La philosophie de l' Ubwenge (la ruse).
Olivier Manzi, Imboni n°1, novembre 1994, pages 3 à 5
Le malheur qui s'est abattu sur le Rwanda a pour origine la philosophie de
l'"ubwenge" (ruse). Celle-ci consiste à se faire passer pour plus malin que les
autres et à montrer au public le bon côté de soi. Certains étrangers qualifient les
Rwandais de menteurs et de fourbes parce que ceux-ci se croient plus malins que
les autres peuplades. Cependant chaque peuple possède sa "philosophie de
l'Ubwenge". C'est pourquoi les cultures, les comportements et les modes de pensée
diffèrent de pays en pays. La sagesse rwandaise veut que tout Rwandais soit
réservé et se conduise avec bienveillance et finesse. Cette philosophie a viré vers
la caricature le jour où certains ont appris à la jeunesse l'égoïsme, la
malhonnêteté, voire le terrorisme.
Bernard Kayumba, survivant du génocide.
Olivier Manzi, Imboni
n°1, nov. 1994, pages 6 et 7
M. Bernard Kayumba, 24 ans, originaire de Gitesi en préfecture de Kibuye,
est étudiant au grand séminaire. Il a survécu au génocide qui a emporté plus de
30.000 personnes de sa région natale. Dans l'interview qu'il a accordée au journal
"Imboni", il explique comment lui et ses voisins ont lutté contre une armée de
militaires et de milices "Interahamwe" munis de fusils alors que eux, ne
disposaient que des armes traditionnelles. Mille personnes ont pu survivre parmi
ceux qui avaient résisté.

IMVAHO NSHYA n° 1051, 16 - 22 Novembre 1994
Le bras droit ignore ce que fait le bras gauche
Mweusi Karake, Imvaho Nshya n° 1051, 16-22 novembre 1994,
page 1
Les Accords d'Arusha avaient prévu les modalités de rapatriement,
d'accueil, d'installation des anciens réfugiés et de la réintégration des déplacés de
guerre dans leurs biens. Au moment des négociations de ces Accords, personne ne
pensait à la reprise des hostilités, à la rentrée massive et désordonnée des

4

réfugiés, à l'installation de ces réfugiés dans les biens des déplacés et aux
innombrables orphelins. La situation qui prévaut actuellement au Rwanda exige
une nouvelle législation car certains principes des Accords d'Arusha sont devenus
caducs. Les autorités en place ne savent plus quelle voie suivre. Chacun agit
comme il l'entend, comme si le bras droit ignorait ce que fait le bras gauche.
Le Vice-président dénonce les recommandations du Conseil de
sécurité de l'ONU
Goretti Uwibambe, Imvaho Nshya n° 1051, 16-22 novembre 94,
page 2
Le général major Paul Kagame, vice-président de la République et ministre
de la Défense, a tenu une conférence de presse, le 10 novembre 94, au cours de
laquelle il a notamment accusé le Conseil de Sécurité de l'ONU d'être partial visà-vis des acteurs du génocide rwandais. Les vrais coupables se trouvant à
l'étranger subiront moins de peines que les exécutants qui sont encore sur le sol
rwandais. Les situations nouvelles appellent une législation nouvelle car les lois
sont faites pour les hommes et par les hommes. En marge de ce problème
concernant le Tribunal International, le général major Paul Kagame a dû
répondre aux questions relatives à la sécurité intérieure et à l'attaque éventuelle
des militaires du gouvernement en exil.
Stop
novembre

Press, Mweusi
Karake,
1994, page 2

Imvaho

Nshya

n°1051,

16-22

L'organisation "Médecins Sans Frontières" (MSF) aurait arrêté son action
humanitaire à Bukavu (Zaïre). Son porte-parole, M. Jean Louis Lacus, a déclaré
que MSF ne peut plus travailler dans les camps car ceux-ci sont contrôlés par le
gouvernement déchu, que le nombre de réfugiés est exagéré et que les camps sont
devenus un terrain d'exercice pour les milices.
Si tu veux vivre, respecte la vie des autres !
Pay-Pay Pius Gatambiye, Imvaho Nshya n° 1051, 16-22 novembre
1994, page 3
Le 12/11/1994, le président de la République a visité la commune de
Ntongwe, l'une des 17 communes de la préfecture de Gitarama. C'est l'une de
celles qui ont le plus souffert du génocide. Avant la guerre, elle comptait 76.000
habitants ; il n'en reste que 55.000. Dans son discours, le président a appelé la
population au respect de la personne humaine. "Si tu veux vivre, respecte la vie
de l'autre" a-t-il dit. Pour sa reconstruction, la commune a besoin d'outils
agricoles, de semences, de provisions en aliments et en médicaments ainsi que du
personnel pour la relance des services publics.

5

Les habitants de la sous-préfecture de Ruhango accusent la
MINUAR
Charles Sembeba, Imvaho Nshya n° 1051, 16-22 novembre 1994,
page 3
Au cours d'une réunion de la population, tenue le 13/11/94, à la souspréfecture de Ruhango, les habi-tants ont accusé les soldats de la MINUAR. Ils leur
reprochent de soutenir les malfaiteurs qui s'adonnent au vol, au pillage et
sèment l'insécurité dans les communes frontalières de la préfecture de Gikongoro.
Le représentant de la MINUAR qui était présent a déclaré être surpris par ces
accusations et a promis de redresser la situation.
Le secteur de l'industrie a été sérieusement touché
Goretti Uwibambe, Imvaho Nshya n° 1051, 16-22 novembre 1994,
page 4
Les événements d'avril 1994 n'ont pas laissé que des victimes humaines. Le
secteur de l'industrie en a souffert également. Les usines ont été démolies ou
pillées ; les petites machines ont été volées ; les grosses machines ont été mises
hors d'usage. Le peu d'employés qui restent en vie ne sont outillés ni
financièrement, ni matériellement pour relancer les activités de ces usines. Les
propriétaires, quant à eux, demandent l'exonération des taxes pour pouvoir
démarrer, mais l'Etat est à son tour confronté à une pénurie grave d'argent.
M. Wellars Banzi, ancien président du MRND à Gisenyi, est bel et
bien chez lui.
Immaculée Mukanyonga, Imvaho Nshya n° 1051, 16-22 novembre
1994, page 5
M. Wellars Banzi, adhérent du MDR-Parmehutu lors de la première
République, fut nommé président du MRND à Gisenyi par la deuxième
République. Au début des événements d'avril 94, il s'est réfugié à Goma et après
la prise du pouvoir par le FPR, il est rentré chez lui à Gisenyi, ce qui a étonné les
Rwandais de l'intérieur et de l'étranger. Il a déclaré qu'il a été nommé président
du MRND sans être consulté et l'a accepté pour sa sécurité. Il est revenu au
Rwanda car il n'a pas été complice du génocide et n'a jamais cautionné la thèse
du monoethnisme soutenue par le régime Habyalimana.
Les problèmes de l'enseignement : une voie de solution
Vénéranda Hategekimana, Imvaho Nshya n° 1051, 16-22
novembre 1994, page 6
Les classes terminales du cycle secondaire ont commencé après maints
problèmes relatifs à la carence des professeurs et au nombre trop élevé d'élèves.
Les autres classes devraient commencer mais le Ministère de l'Enseignement
Primaire et Secondaire se heurte aux problèmes de reconstruction et de
réhabilitation des écoles, d'achat de matériel scolaire et du personnel enseignant.
Quant au concours de fin du cycle primaire, il sera fait en décembre 1994.
Cependant le gouvernement doit d'abord trouver 50 millions de Frw pour faire
les opérations de préparation, d'exécution et de correction dudit concours.

6

A Kicukiro, c'est le drame !
Louis Sibomana, Imvaho Nshya n° 1051, 16-22 novembre 1994,
page 6
On avait espéré qu'avec la fin de la guerre, le calme reviendrait et que les
vols diminueraient. Mais on s'est trompé. Quand on laisse sa maison sans
gardien, au retour on la retrouve vide, d'autant plus que la plupart des maisons
n'ont plus ni portes ni fenêtres. Le quartier le plus touché est celui de Kicukiro ;
la brigade de Gikondo est dépassée !
Si vous refusez de céder la maison, entretenez-la au moins !
Louis Sibomana, Imvaho Nshya n° 1051, 16-22 novembre 1994,
page 7
Le problème de logements devient de plus en plus crucial à Kigali. Les gens
s'installent dans des maisons qui ne leur appartiennent pas et refusent de les
céder aux propriétaires avec tous les risques que les réclamations entraînent. Un
autre problème est que ceux qui occupent illégalement les maisons cassent les
portes et les serrures, font du feu à l'intérieur et abîment les meubles. Les
autorités locales sont dépassées par ce problème.
Que le tourisme reprenne au Rwanda !
Ferdinand Murara, Imvaho Nshya n° 1051, 16-22 novembre 1994,
page 7.
Les sites et les infrastructures touristiques ont été endommagés par la
guerre. Si des dégâts ont été causés au parc de l'Akagera, aux forêts de Nyungwe et
de Gishwati, le parc des Volcans est resté intact. Malgré la carence de moyens de
transport et de communication, l'Office National du Tourisme et des Parcs
Nationaux réorganise le secteur du tourisme et s'attelle à trouver des solutions
aux problèmes.
Le nouveau gouvernement de M. Kambanda
Goretti Uwibambe, Imvaho Nshya n°1051, 16-22 novembre 1994,
page 7
Le nouveau gouvernement de M. Kambanda compte 7 ministres : MM.
Kalimanzira Callixte: ministre des Affaires Sociales et des problèmes des Réfugiés ;
M. Joseph Kalinganire, ministre de l'Information ; M. Jérôme Bicamumpaka,
ministre des Affaires Etrangères ; M. Innocent Habamenshi, ministre des Finances
et de l'Equipement,; colonel Gasake, ministre de l'Armée ; M. Stanislas
Mbonampeka, ministre de la Justice ; M. Frédéric Kayogira, ministre de la
Jeunesse et de la Mobilisation.

7

Punir les assassins, c'est éviter d'autres massacres
Henri Mugabo, Imvaho Nshya n°1051, 16-22 novembre 1994, page
8
De l'époque de la monarchie à la fin de la 2ème République, les crimes
n'ont jamais été punis. Les différents régimes qui se sont succédés au Rwanda
n'ont jamais accordé sa valeur à la personne humaine. Si les auteurs du dernier
génocide ne sont pas punis, on doit s'attendre à une catastrophe pire que la
précédente. Les résolutions du Conseil de Sécurité sur le Tribunal International
vont dans le sens de l'impunité. Elles disent notamment que le Tribunal tiendra
ses assises en dehors du Rwanda, qu'aucun Rwandais n'en fera partie, que les
crimes commis avant le 1er janvier 1994 ne seront pas poursuivis, que la peine
capitale n'est pas envisageable. Toutes ces mesures ne permettront pas d'éviter
définitivement d'autres entraves aux droits de la personne humaine sur le sol
rwandais.
Au Mutara, la vie reprend au ralenti
Hélène Nyirabikali, Imvaho Nshya n° 1051, 16-22 novembre 1994,
page 9
Le 21/11/1994, les journalistes de l'Imvaho Nshya ont visité la région du
Mutara. Ils ont constaté que la vie reprend progressivement mais dans des
conditions difficiles. La population est confrontée au problème du manque de
soins et d'eau. L'alimentation est insuffisante et de mauvaise qualité ; les écoles
sont quasi inexistantes. Les champs restent en friche, faute d'outils agricoles, de
semences et de pluies.
Les marchandises du Rwanda sont bloquées en Tanzanie
Goretti Uwibambe, Imvaho Nshya n° 1051, 16-22 novembre 1994,
page 9.
Des marchandises destinées au Rwanda ont été bloquées au port de Dar-esSalaam lorsque la guerre a éclaté le 6 avril 1994. Les marchandises étaient
estimées à 23.492 tonnes à la fin du mois de juillet 1994. Une partie se trouve
encore en dépôt, une autre a été détournée par les anciens tenants du pouvoir
déchu ou par des commerçants débiteurs de banques qui veulent échapper au
remboursement.
Les amis du Rwanda sont déterminés à l'aider
Charles Sembeba, Imvaho Nshya n°1051, 16-22 novembre 1994,
page 10
Le ministre de la Santé, le Dr Colonel Karemera, a réceptionné divers
médicaments offerts par l'UNICEF. Cet organisme a promis un don d'outils de
santé dans un proche avenir. La Norvège a fait un don de 35 tonnes de
médicaments et d'appareils divers à ce même ministère. La Tunisie et l'Italie ont
aussi offert des aides substantielles dans ce domaine.

8

Même si tu souffres...,
Gertrude Nyiratebuka,
Imvaho Nshya n°1051, 16-22 nov. 1994, page 10
Les Rwandais avaient espéré se défaire du régime dictatorial sans bain de
sang. Mais le sang a été versé et la vengeance ne peut qu'entraîner d'autres
victimes innocentes. Les soldats doivent prendre conscience qu'ils appartiennent
au pays, qu'ils doivent respecter les lois. La vengeance ne peut que mener à une
guerre continuelle, ce qui conduirait le pays au néant.

IMVAHO NSHYA n° 1052, 23 - 29 Novembre 1994
Les noces sans champagne sont à la mode. Les officiers donnent
le premier exemple
Mweusi Karake, Imvaho Nshya n° 1052, 23-29 novembre 1994,
page 1
Avant la guerre, les Rwandais rivalisaient à faire des fêtes grandioses surtout
lors des mariages. Actuellement, ceux qui assistent aux noces des officiers sont
surpris par leur sobriété : l'habillement est simple ; on ne sert que du Fanta et de
la bière de sorgho. Le temps du champagne et des bières importées est révolu.
Tout le monde est conscient que l'heure des réjouissances n'est pas encore arrivée
; souvent l'assemblée observe quelques minutes de silence en mémoire des
victimes du génocide et de ceux qui sont morts au front.
Tout va bien à la Banque Nationale du Rwanda
Hélène Nyirabikali, Imvaho Nshya n°1052, 23-29 novembre 1994,
page 2
La Banque Nationale du Rwanda qui a rouvert ses portes vient de révéler au
public que le gouvernement en exil e emporté la somme de 21.382.831.211 Frw.
Le nouveau gouverneur de cette banque, M. Gérard Niyitegeka, a déclaré qu'à
l'ouverture du coffre, tous les billets de 5.000 et de 500 étaient partis mais que la
caisse de comptage et de triage contenait des billets de toutes sortes ainsi que des
pièces toutes nouvelles. Cependant, il a déploré le manque de devises et la
pénurie du personnel qui freinent respectivement la relance économique et le
bon fonctionnement de la banque.
Quand les autres banques ouvriront-elles ?
Imvaho Nshya n°1052, 23-29 novembre 1994, page 3
La Banque de Kigali fonctionne et reçoit des clients. La Banque
Commerciale devrait rouvrir ses portes car son coffre contient 100 millions de
francs rwandais qui n'ont pas été volés. Les agents de la Banque Continentale
Africaine au Rwanda (BACAR) attendent l'autorisation de la maison-mère qui est
au Grand Duché de Luxembourg. Les autres institutions bancaires comme l'Union
des Banques Populaires, la Caisse d'Epargne, la CEPES ont encore une série de
problèmes, les uns plus graves que les autres, à résoudre avant la reprise des
activités.

9

On a présenté Mme Agathe Uwilingiyimana autrement qu'elle
n'était !
Goretti Uwibambe, Imvaho Nshya n° 1052, 23-29 novembre 1994,
page 3
Mme Agathe Uwilingiyimana a été traitée de tous les noms et accusée des
pires vices par le clan Habyalimana. Pourtant, ses proches qui la connaissaient
mieux que quiconque, trouvaient en elle une femme de grande valeur. Elle
marchait dans la vérité. Elle était simple, accessible et laborieuse. Ses amis lui
disaient qu'un jour "Kinani" (l'Invincible) la tuerait. Elle répondait : "Qu'il me
tue, je ne peux plus reculer".
Major Assane : "Il n'y a pas d'uniforme pour distinguer les Hutu,
les Tutsi et lesInterahamwe"
Pay-Pay Pius Gatambiye, Imvaho Nshya n°1052, 23-29 novembre
1994, page 3
Le Major A.Y. Assane est un officier d'origine ghanéenne, un des
responsables de la MINUAR à Gikongoro. Il reconnaît que la guerre est terminée
mais que le rôle de la MINUAR II est d'assurer la sécurité de la population locale
et de veiller au rapatriement des réfugiés. Il nie les violences commises par le
nouveau pouvoir à l'endroit des récents réfugiés qui rentrent mais déplore la
présence d'éléments perturbateurs dans les camps qui y font une mauvaise
propagande. "Il n'est pas facile d'identifier ces éléments, dit-il, car pour la
MINUAR, tous les réfugiés se ressemblent". Il affirme que les casques bleus venant
du Ghana entretiennent des relations de bonne collaboration avec le
gouvernement de Kigali.
La réouverture de l'Union des Banques Populaires du Rwanda
n'est pas pour bientôt !
Immaculée Mukanyonga, Imvaho Nshya n° 1052, 23-29 novembre
1994, page 4
Les problèmes de l'Union des Banques Populaires sont complexes : vols
d'une somme importante, d'ordinateurs, de véhicules et de dossiers, destruction
de bâtiments; 16 des 140 succursales de cette institution peuvent fonctionner. La
plupart des biens de ces banques sont au Zaïre car MM. Augustin Bizimana (exministre de la Défense Nationale) et Jean Kambanda (Premier ministre du
gouvernement déchu) en dirigeaient le Conseil d'Administration. Il sera très
difficile de récupérer l'argent donné en crédit, car les biens hypo-théqués ont été
détruits et les débiteurs sont à l'étranger. Le gouvernement suisse qui avait
financé le projet des Banques Populaires et le gouvernement rwandais devraient
se concerter sur la manière de relancer leurs activités .

10

Les prix sont trop élevés dans les marchés
Louis Sibomana, Imvaho Nshya n°1052, 23-29 novembre 1994,
page 4
Les projets d'élevage de volailles comme l'EVOKI de Kicukiro n'existent plus.
Ceux qui font ce genre d'élevage fixent les prix en dollars. Ainsi, un oeuf revient à
50 Frw et une poule à 1.000 Frw. Ces prix sont inaccessibles pour la majorité des
Rwandais. Il est temps que les projets d'élevage de volailles soient relancés.
En quelle langue enseignez-vous ?
Imvaho Nshya n°1052, 23-29 novembre 1994, page 4
Les écoles primaires ont repris en septembre 1994. En plus de la jeune
population habituelle, elles ont accueilli les enfants rentrés des pays limitrophes.
Les gens se demandent comment les instituteurs se font comprendre par ces
enfants surtout avec la nouvelle terminologie du kinyarwanda. Les instituteurs
interrogés affirment ne pas avoir de problèmes. Ils expliquent les nouveaux
termes dans la langue usuelle et les nouveaux élèves comprennent sans difficulté.
Les problèmes des fonctionnaires en voie de solution !
Immaculée Mukanyonga, Imvaho Nshya n° 1052, 23-29 novembre
1994, page 5
Les problèmes des fonctionnaires sont nombreux : chômage, retard de
paiement des salaires, retraite forcée. Le ministre de la Fonction Publique, M.
Alexis Kanyarengwe, est au courant de ces problèmes ; son ministère est confronté
au manque de moyens matériels, financiers et humains. Il a affirmé qu'il sera
tenu compte de l'ancienneté, du grade réel, du diplôme et des compétences.
L'apparence physique ou l'appartenance à un parti ne pourront plus influencer
l'engagement ou l'affectation à un poste. Par ailleurs, le ministère compte sur le
soutien de la Caisse Sociale du Rwanda pour régulariser les salaires des nouveaux
retraités.
Le président de la République à Butare.
Imvaho Nshya n° 1052, 23-29 novembre 1994, page 6
Pendant la semaine du 16 au 22 novembre, le président de la République
rwandaise, M. Pasteur Bizimungu, a rendu visite aux habitants de Butare. Il a
dirigé des réunions avec les bourgmestres, les conseillers et les chefs de cellule.
Beaucoup de problèmes ont été soumis à son attention, notamment : l'insécurité
causée par les milices Interahamwe réfugiés au Burundi ou cachés dans les camps
de Gikongoro, la vengeance des mili-taires et les dénonciations injustifiées ; la
question de la succession des terres appartenant aux récents réfugiés ou aux
victimes du génocide; la faim et la pauvreté de la population ; le manque de
moyens matériels, financiers et humains pour relancer les services de santé,
d'éducation, des coopératives et projets de développement...

11

La sécurité est totale en commune Kanombe
Louis Sibomana, Imvaho Nshya n° 1052, 23-29 novembre 1994,
page 8
"Je viens de terminer mon mandat et la sécurité est totale en commune
Kanombe" déclare M. Sylvain Karasira, qui dirigeait provisoirement cette
commune. Celle-ci était vidée de ces habitants immédiatement après la guerre
mais, depuis lors, les réfugiés sont rentrés du Zaïre et ne le regrettent pas. Ils
déplorent les conditions de vie dans les camps ainsi que l'autoritarisme des
Interahamwe.
La région sanitaire de Ruhengeri est confrontée à de graves
problèmes de santé
Solange Ayanane, Imvaho Nshya n°1052, 23-29 novembre 1994,
page 8
L'hôpital urbain, les dispensaires et les Centres nutritionnels de la région
sanitaire de Ruhengeri fonctionnent mais sont confrontés à des problèmes
multiples, notamment le manque de médicaments, le nombre considérable de
malades, les maladies causées par la non vaccination des enfants et des mères, la
mortalité trop élevée à cause de la malaria et de la pneumonie. Les bienfaiteurs
comme MSF Hollande, le Save Children et les Soeurs des Anges ont contribué à la
reprise de l'hôpital de Ruhengeri mais cette aide a été minime. Cet hôpital a
besoin d'autres fonds pour rouvrir les services de radiographie, d'échographie et
d'ORL.
La mort de Fridolin Hatungimana : un mystère !
Ferdinand Murara, Imvaho Nshya n°1052, 23-29 novembre 1994,
page 9
Depuis la mort du président Ndadaye, les divisions et les haines ethniques
ne font que croître au Burundi. Des massacres qui s'en sont suivi, on en est arrivé
à la création spontanée des communes et des quartiers de Hutu d'une part et de
Tutsi d'autre part. La mort de M. Fridolin Hatungimana a aggravé la situation.
Militant du parti UPRONA, il dirigeait le bureau de campagne au moment des
élections présidentielles de 1993, quand M. Melchior Ndadaye l'a emporté sur M.
Pierre Buyoya. Depuis lors, les Tutsi de l'UPRONA ont commencé à le suspecter et
à l'isoler d'autant plus que les massacres qui ont suivi la mort de Ndadaye n'ont
pas touché sa famille. C'est dans ce climat de suspicion et d'isolation qu'il a été
assassiné. On a retrouvé son corps dans son bureau. Sa mort reste inexpliquée.
Une femme nommée vice-présidente du pays en Ouganda
Mweusi Karake, Imvaho Nshya n°1052, 23-29 novembre 1994,
page 10
Le président Yoweri Museveni vient de remanier les hautes instances de son
pays. C'est dans ce cadre qu'il a nommé le Docteur Spéciosa Wandira Kazibwe au
poste de vice-président de l'Uganda. Elle était précédemment ministre du
Tourisme et de l'Environnement. Répondant aux journalistes qui lui
demandaient ce qu'elle ressentait, elle a dit : "Je suis plus heureuse que le jour de
mon mariage".

12

Les déplacés de guerre rentrent en masse.
Imvaho Nshya n°1052, 23-29 novembre 1994, page 10
Les déplacés de guerre qui s'étaient réfugié dans la zone ex-turquoise
rentrent massivement dans leurs régions d'origine. Durant la journée du 18
novembre 1994, le journaliste de l'Imvaho Nshya a dénombré 370 personnes
rentrant de Cyangugu et 358 venant de Gikongoro. Tous les réfugiés de cette zone
voudraient réintégrer leurs biens mais ils ont des problèmes de déplacement.
STOP PRESS- On continue à nous voler !
Imvaho Nshya n°1052, 23-29 novembre 1994, page 10
Bien que la Tanzanie ait déjà rendu des avions petits porteurs à l'Etat
rwandais, des malfaiteurs continuent à le dépouiller par le port de Dar-essalaam. Le thé de Cyangugu est exporté par la ligne Bukavu (Zaïre), Kigoma
(Tanzanie) jusqu'au dit port. La compagnie maritime belge "AMI" figure parmi
ceux qui font ce commerce illégal.

KANGURA n° 63, 15 - 30 Novembre 1994
Les massacres au Rwanda: du jamais vu dans l'histoire
mondiale!
Kangura n° 63, 15-30 novembre 1994, pages 1 à 3
Que se passerait-il si MM. Pasteur Bizimungu, Faustin Twagiramungu ou
Paul Kagame mourraient ? Que deviendraient les Hutu de l'intérieur si les réfugiés
Hutu attaquaient le Rwanda ? Ces questions préoccupent chacun des réfugiés.
Ceux qui parlent de vengeance envers les Hutu du Rwanda sont des ennemis du
peuple. Si les Hutu en exil veulent libérer leur pays, c'est pour soustraire les
autres Hutu du joug du FPR.
Que demandons-nous aux Hutu du Rwanda ?
Ngeze Hassan, Kangura n°63, 15-30 novembre 1994, page 3
Les Hutu qui sont au Rwanda sont persécutés, ils sont traités de milices
Interahamwe ou Impuzamugambi (du CDR). Ils ne doivent pas avoir honte d'être
traités de miliciens. Ils doivent au contraire se préparer au combat pour se
défendre et résister aux réfugiés le jour où ceux-ci attaqueront.
Les Hutu ne doivent pas désespérer !
Nkundurwanda, Kangura n° 63, 15-30 novembre 1994, pages 3 à
5
Les Hutu devaient fêter les 35 ans de la Révolution populaire de 1959, le 1er
novembre 1994. A cette date, ils étaient dans le deuil car cette révolution venait
d'être détruite par le FPR. Pourtant, ils ne doivent pas désespérer : ce n'est pas la
première fois dans l'histoire d'un pays qu'on parle de contre révolution ou de
restauration ; le FPR gouverne un pays vide de sa population ; les Hutu "veulent"

13

et "peuvent" rentrer de force, ils n'ont pas oublié les méfaits du régime tutsi
avant la révolution de 1959. Les Hutu ont perdu la bataille mais ils gagneront la
guerre. Ils doivent dès lors jouer la politique de l'unité, sensibiliser la
Communauté
internationale,
exploiter
les
mass-média
et
préparer
minutieusement le combat des armes.
Après le maquis, les Inkotanyi (FPR) se mettent à nu.
Jacques Turana, Kangura n°63, 15-30 novembre 1994, pages 6 et
7
Au Rwanda, les journalistes et les politiciens se contredisent souvent. Un
exemple frappant est celui du comportement des militaires du FPR. Tantôt les
journalistes vantent leur discipline, tantôt on entend les autori-tés de Kigali les
mettre en garde parce qu'ils s'adonnent au vol, au pillage, à la violence et à la
débauche. La Communauté internationale commence à découvrir les mensonges
du FPR. Elle exige que tous les réfugiés puis-sent rentrer ; c'est à cette seule
condition qu'elle soutiendra la reconstruction et la relance économique du pays.
L'intelligence viendra après l'ignorance
Pablo Ngabidasunikwa, Kangura n°63, 15-30 novembre 1994,
pages 7 et 8
Avant l'attaque du Rwanda par le FPR, les Hutu ne comprenaient pas
l'importance des mass-média. Les autorités de cette époque jugeaient les
journalistes comme quantité négligeable. Ils l'ont regretté plus tard alors que la
Communauté internationale les méprisait et leur préférait le FPR. Personne ne
pouvait imaginer que la guerre menée par le FPR était ethnique. Personne ne
croyait que le FPR commettait des violences. Actuellement, tous les pays ont
compris que la guerre du Rwanda est ethnique et ce, grâce à la sensibilisation de
la presse. Il est important que celle-ci continue à dire la vérité et à dévoiler le
vrai fond de cette guerre.
Révélations aux Hutu qui sont au Rwanda
Ngeze Hassan, Kangura n°63, 15-30 novembre 1994, pages 8 et 9
Parmi les Tutsi qui sont au pouvoir, il y a deux factions. La première est
constituée de Tutsi extrémistes, rangés derrière M. Alfred Rwigema, qui ne tolèrent
ni M. Pasteur Bizimungu ni M. Alexis Kanyarengwe, jugés coupables des massacres
de 1959 et de 1973. La deuxième est celle de Paul Kagame : ils prennent les Hutu
comme un paravent pour montrer que l'ethnie hutu est associée au pouvoir. Que
cache le jeu de M. Kagame et de ses adhérents ? La réalité est que la situation est
tendue. Certains Tutsi voudraient faire disparaître M. Pasteur Bizimungu pour
pouvoir introniser le général Kagame. Les Tutsi extrémistes, eux, voudraient tuer
Kagame pour trouver un prétexte d'éliminer les Hutu du gouvernement et jouir
seuls du pouvoir.

14

La mânes de M. Boutros Ghali dans les camps des réfugiés
Pablo Ngabidasunikwa, Kangura n°63, 15-30 novembre 1994,
pages 9 et 10
Les réfugiés rwandais, surtout ceux des camps de Goma, vivent dans des
conditions inhumaines, ils ne reçoivent presque plus rien comme aide. On dirait
que les organismes d'assistance humanitaire ont fait un embargo sur les camps.
L'aide alimentaire a fortement diminué, les soins de santé ne se donnent plus
convenablement ; à croire que le personnel médical étranger n'était venu que
pour soigner les épidémies de choléra et de dysenterie. Les réfugiés n'aspirent plus
qu'à rentrer, c'est leur seul espoir. Qu'ils n'essayent pas de rentrer
individuellement : les Hutu sont maltraités au Rwanda !
Les Hutu qui ont fui le FPR sont nombreux.
Kangura n°63, 15-30 novembre 1994, page 11
Quand on circule dans les camps du Zaïre, de la Tanzanie et du Burundi,
on est étonné du nombre élevé des réfugiés. Ceux-ci ne veulent pas retourner au
Rwanda. Plusieurs d'entre eux viennent des préfectures de Byumba et de
Ruhengeri, ils connaissent la cruauté du FPR depuis 1990. Ils ne peuvent pas
espérer qu'il soit devenu plus humain. Ils n'ont aucune garantie de sécurité
puisque les familles des dignitaires Hutu comme celles de MM. Faustin
Twagiramungu et Marc Rugenera, sont à l'étranger.
On nous appelle injustement " les assassins".
Kangura n°63, 15-30 novembre 1994, page 12
Ce qui afflige les réfugiés rwandais, c'est qu'on les traite tous de
massacreurs. C'est une atteinte à leur dignité. C'est un scandale ! Ce qui est grave,
c'est que les organismes internationaux et certains pays sont tombés dans le
piège. Tous les Hutu ne sont pas des tueurs. Que le FPR cesse de faire des listes de
prétendus massacreurs. Pourquoi met-il les intellectuels exilés en tête de ces listes
?
Les divisions entre Tutsi au Rwanda
Jacques Turana, Kangura n°63, 15-30 novembre 1994, pages 12 et
13
En septembre, Paul Kagame a déclaré au journal Jeune Afrique : "Au
Rwanda, il n'existe plus de ségrégation régionale en Nkiga (Nord) et Nduga(Sud).
Et ce genre de division est pire que la ségrégation ethnique". Pourtant quand on
suit de près les relations entre les anciens réfugiés rentrés au Rwanda, on constate
des divisions par pays de provenance. Il y a des Zaïrois, des Ugandais, des
Burundais,... les Burundais sont caractérisés par l'extrémisme ethnique ; les
Zaïrois sont francs et spontanés ; quant aux Ugandais, ils se prévalent de la
victoire du FPR. Les Tutsi de l'intérieur sont modérés ; ils ne sont ni orgueilleux ni
malhonnêtes. Toutes ces divisions nuisent à "la solidarité tutsi devenue
légendaire". Les Hutu devraient en tirer une leçon pour consolider leur unité.

15

Au Rwanda, les massacres continuent.
Kangura n°63, 15-30 novembre 1994, pages 14 et 15
Les récentes enquêtes faites par le HCR et dont le Secrétaire général a
défendu la publication cachent les signes visibles qui confirment les violences du
FPR envers la population ; or rien ne garantit la sécurité des récents réfugiés qui
rentrent au Rwanda. Le FPR ne nie pas les massacres commis mais les considère
comme des actes de vengeance isolés, non imputables à son armée. D'autres
rapports faits par des diplomates ou des tierces personnes affirment que les
massacres continuent au Rwanda, que le gouvernement de Kigali projette de
chasser les Hutu de la région Sud-Ouest et que le retour des réfugiés récents au
Rwanda est le moindre de ses soucis (Article lu et traduit par Jacques Turana, tiré
du journal "Le Monde" du 8 octobre 1994).
Comment est-ce possible ?
Kangura n°63, 15-30 novembre 1994, page 15
Le FPR aurait offert à M. Augustin Bizimana le poste de ministre des Affaires
Etrangères. Que cache cette offre ? Le FPR veut montrer à la communauté
internationale que l'ancienne armée est intégrée. L'intéressé n'a pas encore donné
sa réponse qui d'ailleurs n'intéresse personne car il a perdu toute crédibilité
auprès des réfugiés. Tout ce qu'on lui demande, c'est qu'il rembourse la somme
de 640.000 $ qu'il a empochée et qu'il rende les véhicules du ministère de la
Défense. Durant la guerre, il a été malhabile ; en exil, il s'est montré cupide.
Qu'en est-il de M. Nsengiyumva Rafiki Hyacinthe, ancien
ministre des Travaux Publics et de l'Energie ?
Ngeze Hassan, Kangura n°63, 15-30 novembre 1994, page 16
Monsieur Hyacinthe Nsengiyumva Rafiki s'est approprié tous les véhicules
du ministère des Travaux Publics et d'autres biens de l'Etat Rwandais équivalant
à 1 million de dollars (sans compter 65 camions, 30 voitures et 126 camions
"Caterpillar"). Il est en voie de créer une société à son nom avec tout ce matériel.
Le plus dramatique est qu'il a créé un escadron de la mort pour liquider ceux qui
pourraient le dénoncer.
Le FPR prépare un génocide.
Kangura n°63, 15-30 novembre 1994, pages 16 et 17
Monsieur J.M.V Ndagijimana, ancien ministre des Affaires Etrangères au
sein du gouvernement de Kigali, est le premier à avoir dénoncé le plan
d'extermination des Hutu par le FPR. Il affirme que les réfugiés qui rentrent
disparaissent, que les ministres et les militaires Hutu sont des otages du FPR et
que le pouvoir instauré au Rwanda n'est autre qu'une dictature sanguinaire (A la
page 17, le journal Kangura fait appel à quiconque connaît les autorités qui se
sont appropriés et ont vendu les biens publics et de les dénoncer).

L'ARC-EN-CIEL n° 1, Novembre 1994 (articles en
français)

16

Editorial : Ces journalistes malades qui nous informent
Jean-Marie Mudakikwa, L'Arc-en-ciel n° 1, novembre 1994, page 1
La presse écrite rwandaise continue à montrer son image hideuse. Hier elle
incitait la population à la violence, aujourd'hui, elle cultive la division au sein
du peuple rwandais. Les réfugiés rentrés du Burundi sont les premières victimes
des préjugés colportés par une certaine presse qui a créé trois nouvelles ethnies :
"Abarundi" (Les Burundais), "Abaganda" (les Ougandais) et "Abacitse ku Icumu"
(les rescapés du génocide).
Le Conseil de Sécurité de l'ONU est devenu amnésique.
L'Arc-en-ciel n°1, novembre 1994, page 2
Omettre la peine de mort pour les auteurs et les commanditaires du
génocide rwandais est une injure à la mémoire des victimes. Le Tribunal
International devrait suivre la procédure proposée par le gouvernement rwandais
et se référer au procès de Nuremberg de 1945.
Rapatriés : entre l'espoir et le désenchantement
Jean-Marie Mudakikwa, l'Arc-en-ciel n°1, novembre 1994, pages 2
et 3
Les rapatriés rwandais qui espéraient retrouver le paradis perdu ont vite
déchanté. Au lieu de constituer un atout enrichissant, leur hétérogénéité est
devenue un danger. Une certaine presse a semé l'antagonisme entre ceux qu'elle a
appelé Abarundi (les Burundais), Abaganda (les Ougandais) et Abacitse ku Icumu
(les rescapés du génocide). Les Rwandais rentrés du Burundi sont la bête noire :
ils sont accusés de tous les maux. Le refus de la différence, l'intolérance et le
dénigrement, caractéristiques de l'ancienne société rwandaise, doivent disparaître
et céder la place au respect mutuel et à la solidarité. Quant à la presse, elle doit
rechercher et publier la vérité. L'opinion des journalistes ne doit pas "primer sur
la déontologie d'informer le lecteur".
Kagame dit comment le Rwanda sera reconstruit.
L'Arc-en-ciel n°1, novembre 1994, pages 4 et 5
Le major Kagame, vice-président de la République et ministre de la Défense
nationale a livré à la presse sa vision de l'avenir du Rwanda. Pour lui, les
nouvelles autorités en place vont restaurer le leadership qui a longtemps manqué
au pays ; le nouveau gouvernement recherche une justice équitable pour les
auteurs du génocide ; c'est pourquoi, il a fait appel aux experts et observateurs
internationaux ; mais les criminels doivent payer leurs atrocités. Le système
judiciaire doit être reconstruit. "Un autre gouvernement, une nouvelle
génération, une nouvelle superstructure", voilà la devise du nouveau pouvoir de
Kigali
Le Rwanda à l'épreuve de l'indifférence universelle
Ferdinand Murara, l'Arc-en-ciel n°1, novembre 1994, pages 5 et 6

17

Le génocide des Tutsi et le massacre des Hutu de l'opposition ont été faits
sous les yeux de la Communauté internationale qui n'a pas levé le petit doigt. Le
FPR s'est débrouillé pour libérer le pays. Malgré son fair-play, sa politique axée sur
la réconciliation nationale et son effort de reconstruction, les organismes
internationaux et les bailleurs de fonds lui montrent une indifférence coupable et
refusent de le soutenir.
Qui veut détruire le Burundi ? François Bugingo,
l'Arc-en-ciel n°1, novembre 1994, page 7
L'assassinat du président Ndadaye a plongé le Burundi dans un chaos
indescriptible. Le pourrissement de la politique a engendré une radicalisation
ethnique qui pourrait aboutir à une violence sans précédent: du côté de la
mouvance présidentielle, la scission est nette au sein même du FRODEBU. MM.
Sendegeya et Nyangoma ne cachent pas leur opposition à leur ancien front.
Quant à l'UPRONA, elle est fragilisée par des luttes internes et accuse en son sein
des durs "qui promettent de jouer l'enfant terrible de la politique burundaise".
A propos de la campagne de presse contre les Rwandais venus du
Burundi
L'Arc-en-ciel n°1, novembre 1994, pages 8 à 12
Les Rwandais rentrés du Burundi sont victimes de préjugés colportés par
une certaine presse écrite. Ils sont accusés d'être des tribalistes, des acculturés, des
affairistes et des débauchés. Cette exclusion provient d'un choc de culture. On a
peur de l'autre avec qui on ne partage pas le même passé, les mêmes habitudes.
On cherche aussi un bouc émissaire à la situation du pays : "les privations, la
course au butin, le fonctionnement au ralenti de l'appareil de l'Etat, la
dépossession des individus et des familles...". Pourtant ces rapatriés du Burundi
sont prêts à contribuer à la reconstruction et au développement. Ils n'attendent
qu'un peu de sympathie, eux qui ont été victimes de la xénophobie et du
tribalisme sont incapables de les faire subir aux autres.

LA VOIX DU REFUGIE RWANDAIS n° 1, Novembre
1994
(articles en français)
Editorial : La voix du réfugié rwandais n°1, novembre 1994, page
1
Après sa victoire militaire, le FPR qui s'était toujours présenté comme le
libérateur du peuple rwandais, s'est trouvé devant un pays vide de sa
population. Les rares habitants qui y restaient continuaient à fuir vers le Zaïre et
la Tanzanie. Que fuyaient-ils ? Les réfugiés ne veulent pas rentrer chez eux tant
que la loi du FPR reste exclusive et sans appel. Ils souhaitent que le monde entier
connaissent la vérité et qu'il ouvre les yeux sur la perfidie médiatique et
diplomatique du FPR.

18

Pourquoi la population a-t-elle fui en masse le FPR ?
La voix du réfugié rwandais n°1, novembre 1994, pages 2 et 3
La rédaction du bulletin "La voix du réfugié rwandais" a visité les camps de
réfugiés rwandais en Tanzanie et au Zaïre pour savoir le pourquoi de la fuite
massive de la population à l'arrivée du FPR. Certains des réfugiés errent depuis le
début de la guerre d'octobre 1990 ; ils ont été les témoins oculaires des
traitements inhumains et des massacres collectifs commis par le FPR. D'autres
sont des rescapés de ses violences en 1994. En juillet 1994, la foule des fugitifs a
été bombardée à Goma, en territoire zaïrois ; plusieurs morts ont été enregistrés.
Les réfugiés ne sont pas prêts d'oublier tous ces crimes contre l'humanité et le
silence complice que la communauté internationale continue à garder.
Pourquoi les réfugiés rwandais refusent-ils de rentrer sous le
pouvoir exclusif du FPR ?
La voix du réfugié rwandais n°1, novembre 1994, pages 3 à 5
Le FPR a provoqué la guerre et depuis 1990, il ne fait rien d'autre que tuer.
Plusieurs hauts responsables du pouvoir à Kigali préfèrent laisser leurs familles et
leurs proches en sécurité dans les camps où à l'étranger. Comment peuvent-ils
alors garantir la sécurité pour les tiers anonymes ? Les personnes qui ont pris le
risque de rester au pays sont maltraitées ou massacrées . Tous les tenants du
nouveau pouvoir sont connus pour leur opportunisme, leur malhonnêteté ou
leur cruauté.
Camp de " normalisation " au Rwanda.
La voix du réfugié rwandais n°1, novembre 1994, page 5
Après la prise du pouvoir par le FPR, quelques officiers supérieurs et hauts
cadres sont rentrés au pays pour offrir leurs services au FPR. Certains ont été
exécutés ; les militaires ont été enfermés au camp de rééducation civique du
Bugesera. Ce camp est plutôt un centre de"normalisation" ou de "lavage de
cerveau". Le monde devrait s'indigner et condamner ce crime contre l'humanité.
Déni de droits aux réfugiés rwandais.
La voix du réfugié rwandais n°1, novembre 1994, pages 6 à 8
Actuellement, les réfugiés rwandais majoritairement hutu sont traités
indistinctement de massacreurs. Plusieurs pays et organismes humanitaires sont
tombés dans le piège et leur appliquent des mesures discriminatoires comme le
refus d'assistance et de protection, le refus de visa ou l'attribution d'un salaire
trop bas pour ceux qui sont engagés dans ces organismes. Par ailleurs, des Zaïrois
gardiens de la paix et du maintien de l'ordre et même des autorités politiques
ont dépouillé les réfugiés de leurs biens tandis que le HCR réduit l'aide
alimentaire pour les obliger à rentrer. Le monde devrait comprendre que nier au
réfugié le droit à la propriété et à l'assistance est une atteinte à sa dignité.
La justice du FPR.
La voix du réfugié rwandais n°1, novembre 1994, page 8

19

Le gouvernement de Kigali vient de déclarer qu'il n'est plus intéressé par le
Tribunal International car celui-ci ne recourt pas à la peine capitale. Les
autorités de Kigali veulent un tribunal national. Ceux que le FPR veut tuer sont
condamnés avant d'être jugés. Les listes existent depuis janvier 1994. Le FPR a
peur de l'impartialité du Tribunal International. Il faut que ce tribunal siège et
que les vrais coupables de la tragédie rwandaise soient impartialement jugés et
condamnés.

LE MESSAGER - INTUMWA n° 45, 24 Novembre
1994
Editorial : Edouard Mutsinzi, Le Messager - Intumwa n°45, 24
novembre 1994, page 2
C'est la panique au Rwanda. Le climat de terreur qui y règne est
comparable à celui de la période précédant la mort de "Kinani" (L'Invincible).
Les gens commencent à perdre confiance dans le FPR. En effet, les disparitions
mystérieuses et les règlements de compte sont devenus monnaie courante. Que
fait le pouvoir en place ? Pourquoi ne fait-il rien pour arrêter la criminalité ?
Peut-on continuer à parler d'unité ou de réconciliation au moment où tout
survivant au génocide est traité d'Interahamwe ? Peut-on continuer à incriminer
le gouvernement de Kambanda alors que le nouveau gouvernement ne sécurise
pas la population de l'intérieur ? Peut-on exhorter les récents réfugiés à rentrer
alors que l'exode vers le Zaïre ne s'arrête pas ?
Hôtel des Mille Collines : rappelons-nous de notre fuite
Edouard Mutsinzi, Le Messager - Intumwa N°45, 24 novembre
1994, page 2
Les réfugiés de l'hôtel des Mille Collines dont des journalistes et de grands
commerçants, n'ont pas vécu d'aussi grands problèmes que ceux qui vivaient
ailleurs. Après le départ des expatriés, le directeur de l'hôtel des Diplomates, M.
Paul Rusesabagina, a dû gérer l'hôtel des Mille Collines. Il a tout fait pour éviter
l'assaut des Interahamwe ; il a traité les fuyards avec beaucoup d'humanité
jusqu'au jour où ils ont été évacués par la MINUAR vers Kabuga.
Kagame va-t-il corriger les militaires du FPR ?
Le ministre de la Défense continue à mettre en garde les
militaires indisciplinés
Le Messager - Intumwa n° 45, 24 novembre 1994, pages 3 et 4
Lors de sa visite à l'unité de Kibungo, le général major Kagame a annoncé
aux militaires que le gouvernement faisait son possible pour améliorer leurs
conditions de vie (logements, uniformes, vivres, salaires...). Cependant il a mis en
garde les militaires qui s'adonnent au vol, au pillage, aux vengeances et aux
règlements de compte. Ces actions salissent l'image de marque du FPR. Les
militaires indisciplinés qui sèment la terreur au sein de la population seront
punis de façon exemplaire. Le discours de Kibungo a rasséréné les auditeurs. Mais
les gens se demandent si les militaires seront réellement punis. N'ont-ils pas aidé

20

M. Kagame à prendre le pouvoir ? Quelle sorte de punition leur infligera-t-il ? Il
paraît qu'il en a le secret.
L'Assemblée Nationale sera bientôt mise en place
Edouard Mutsinzi, Le Messager - Intumwa n°45, 24 novembre
1994, page 5
La prestation de serment par les députés aura lieu le 25 novembre 94. La
population rwandaise commençait à désespérer et à redouter une nouvelle
guerre. Ce qui a retardé la mise en place de l'Assemblée Nationale, c'est le partage
des 19 sièges dévolus au MRND et à ses acolytes par les Accords d'Arusha. Ladite
Assemblée aurait pu se mettre en place avec 51 députés, lesquels députés
auraient pu voter une loi fixant les modalités du partage des 19 autres sièges.
C'était l'avis des partis MDR et PSD, tandis que le FPR voulait s'approprier ces
sièges comme il l'a fait pour les ministères réservés au MRND et aux partis
annexes. Finalement, le partage s'est fait comme suit : FPR : 11+2 = 13 sièges ;
MDR : 11+2 = 13 ; PSD : 11+2 = 13 ; PL : 11+2 = 13 ; PDC : 4+2 = 6 ; UDPR : 1+1 = 2
; PSR : 1+1 = 2 ; PDI : 1+1 = 2. Le FPR a réservé 6 sièges aux militaires.
Rendons hommage à M. Bideli
Edouard Mutsinzi, Le Messager - Intumwa n°45, 24 novembre
1994, page 6
M. Charles Bideli Munyangabe était journaliste au journal "Le Messager Intumwa". Il est le premier à avoir osé produire des articles sur le FPR et sur la
dictature du pouvoir en place. Il a tenu tête à son grand-frère, Phénéas
Ruhumuliza, vice-président national du club des milices Interahamwe. Il a été
assassiné par ce même club le 9 avril 1994. Qu'il repose en paix ! (Le journal "Le
Messager - Intumwa" établit en page 6 une liste de 50 journalistes assassinés lors
des événements d'avril à juillet 1994).
Le MDR face à la déception.
Le Messager - Intumwa n°45, 24 novembre 1994, pages 7 à 9
Le parti MDR vient de publier un document de 34 pages intitulé "Position
du Parti MDR sur les grands problèmes actuels du Rwanda". Ce document fait
une analyse de la situation politico-administrative, économique et socioculturelle, trois mois après la mise en place du Gouvernement d'Union Nationale.
Les principaux problèmes relevés sont : le non respect de la loi fondamentale et
des Accords d'Arusha, la censure des activités des partis politiques, l'aggravation
de l'insécurité dans le pays, le retard de la formation d'une armée nationale, le
manque d'une politique économique et d'un programme de reconstruction, les
entraves à la réconciliation et à l'unité nationale, le rapatriement non organisé
des réfugiés ... Le MDR propose des solutions adéquates sous forme de
recommandations adressées aux instances habilitées (texte en français).
Les 9 millions volés à PETRORWANDA sont à chercher au sein de
son personnel
Isaïe Niyoyita, Le Messager - Intumwa n°45, 24 novembre 1994,
pages 10 et 11

21

Lorsque la guerre venait de se terminer, 4 agents cadres de la société
PETRORWANDA ont pris l'initiative de faire redémarrer l'entreprise. Ils ont fait
ouvrir le coffre-fort et n'y ont trouvé que 75 Frw. La caissière a déclaré y avoir
laissé plus de 2 millions de Frw. Les dépôts de carburants ont été également vidés
progressivement sans qu'aucun franc ne soit versé dans la caisse. Les personnes
soupçonnées de ces vols sont la caissière et la secrétaire de direction. Le parquet
de la République qui mène l'enquête devrait non seulement s'en prendre à ces
deux personnes, mais également aux 4 agents cadres qui ont pris l'initiative de
relancer les activités de la société.
Nous avons visité la prison de Kigali
Le Messager - Intumwa n°45, 24 novembre 1994, pages 12 et 13
Les prisonniers actuels de Kigali sont détenus sans dossiers. Ils n'ont aucune
chance d'être interrogés par la justice dans un proche avenir. Leur cas est
semblable à celui de l'année 1990, lorsque 8.000 personnes ont été emprisonnées
parce que soupçonnées d'être complices du FPR. Aujourd'hui, il suffit d'être
présumé milicien ou instigateur du génocide pour être jeté en prison sans aucune
autre preuve. Les cas de M. Faustin Kanyangabo, ancien directeur du centre
Hospitalier de Kigali, de M. Gérard Gashugi, de Mme Christine Mukarusagara et
de M. Benoît Hatungimana, illustrent bien cette situation. Le personnel judiciaire
chargé de statuer sur leur cas a aussi peur de dire la vérité car il est exposé et ne
jouit d'aucune protection.
Des personnes célèbres de notre histoire
Isaïe Niyoyita, Le Messager - Intumwa n°45, 24 novembre 1994,
pages 14 et 17
Les personnes qui ont marqué l'histoire du Rwanda ne se comptent plus sur
les doigts. On peut citer le roi Rudahigwa qui a mis fin à la féodalité, MM.
Kayibanda et Gitera qui ont combattu le colonialisme. On ne peut pas oublier les
plus récents, MM. Rwigema Fred et Védaste Kayitare qui ont contribué à renverser
la dictature de M. Habyarimana.
Magayane de Gatonde a prédit : " heureux les habitants du
Rwanda après le règne de Habyalimana". Récit d'Elie Mpayimana
dans L'Ere de Liberté n°9, mars 1993
Le Messager - Intumwa n°45, 24 novembre 1994, pages 15 à 17
Magayane est un devin natif de Gatonde en préfecture de Ruhengeri. Il a
commencé à prédire l'avenir des dirigeants du Rwanda en 1977. La plupart de ses
prophéties se sont réalisés, notamment l'emprisonnement de hauts officiers
comme Lizinde, Biseruka, Muvunanyambo ; l'exil de Kanyarengwe et son retour
au pays ; l'amélioration des conditions de vie des prisonniers ; la visite du Pape
et l'amnistie donnée par le président Habyalimana ; le bain de sang qui a
couronné la fin du règne de Habyalimana et la prise du pouvoir par le FPR.
Le journal reprend aux pages 17 à 19, un article sur les prédictions de
Magayane qu'il a publié dans son numéro 41 du 28 février 1994.

22

LE MONITEUR n° 2, 17 - 23 Novembre 1994
Jeunes filles : méfiez-vous des tentations !
Le Moniteur n°2, 17 - 23 novembre 1994, page 3
Au cours des années passées, l'homme rwandais se considérait comme
supérieur à la femme qui lui devait respect et obéissance. Dans les pays
européens, il en va autrement : la femme est indépendante, l'homme ne lui est
pas indispensable. Au Rwanda, les filles ne pensent jamais que vivre toute une vie
avec un homme demande patience et sagesse. Elles veulent à tout prix trouver un
mari ; elles ne savent pas que les garçons, avec leurs paroles mielleuses, ne
veulent que s'amuser.
Les Américains contredisent M. Kagame.
Le Moniteur n°2, 17 - 23 novembre 1994, page 4
Au moment où le président Mitterand ne veut pas recevoir M. Pasteur
Bizimungu, les Américains, eux, déclarent que leur ambassadeur à Kigali y était
non pour empêcher les massacres mais pour veiller aux intérêts de leur pays.
A Bujumbura, la sécurité devient de moins en moins sûre
Le Moniteur n°2, 17 - 23 novembre 1994, page 4
A Bujumbura, la sécurité devient de plus en plus hypothétique. Les
personnes sont attaquées ou tuées en plein jour. Ainsi, l'ancien ministre du Plan
a été tué à l'hôpital. M. Hatungimana qui a dirigé les élections du temps de M.
Ndadaye a été abattu devant son bureau.
Burundi.
Le Moniteur n°2, 17 - 23 novembre 1994, page 5
Le 8 novembre 1994, le premier ministre du Burundi, M. Anatole
Kanyenkiko, a posé la première pierre d'une école à Rubambyi. Les jeunes gens
vont construire cette école à l'emplacement de celle qui a été détruite lors des
affrontements ethniques. Ces jeunes ont condamné les guerres ethniques qui
plongent leur pays dans la misère et le chaos.

23

Le saviez-vous ?
Le Moniteur n°2, 17 - 23 novembre 1994, page 5
Le 10 novembre 1994, le président Yoweri Kaguta Museveni a accepté les
élections présidentielles pour 1995, après la mise en place de l'Assemblée
Nationale.
Les brigades de Nyamirambo et de Muhima ont leur problème à
eux
Le Moniteur n°2, 17 - 23 novembre 1994, page 6
Les habitants relevant des brigades de Nyamirambo et de Muhima se
plaignent du mauvais fonctionnement de ces brigades. Les veuves déplorent le
manque de délicatesse des jeunes gens qui y travaillent.
"Nos dirigeants ont moins de zèle". Le Moniteur n°2, 17 - 23
novembre 1994, page 7
Depuis que l'ONU a décidé de mettre en place le Tribunal International
chargé de juger les responsables et les auteurs du génocide, les dirigeants
rwandais semblent moins résolus. Le président Bizimungu dit : "Nous nous
entendons bien"; le général major Kagame déclare : "Nous travaillerons avec eux"
et M. Nkubito annonce "Attendons".
L'ONU ne peut aider indéfiniment !
Le Moniteur n°2, 17 - 23 novembre 1994, page 8
En 1959, les Rwandais qui fuyaient leur pays vers le Zaïre, l'Uganda, la
Tanzanie espéraient y revenir après trois mois. Au début de l'exil, ils ont été
accueillis et aidés par les Nations-Unies. Mais cette aide n'a pas duré longtemps
et les réfugiés se sont rendu compte de leur situation tragique. Que les récents
réfugiés n'espèrent pas bénéficier de cette aide plus longtemps. Ils devraient
plutôt penser à regagner le pays avant qu'ils ne soient déçus.
Où le Rwanda trouvera-t-il six fous pour le libérer ?
le Moniteur n°2, 17 - 23 novembre 1994, pages 12 et 13
Le Rwanda a besoin de fous pour le sortir du néant tragique. Il a besoin des
fous comme Lucky Dube ou Bob Marley qui éveillent à la justice. Il a besoin de
Martin Luther King qui lance un message d'amour. Le Rwanda a besoin de
femmes comme Mère Thérèse de Calcutta qui a consacré sa vie aux plus démunis.

24

LE TRIBUN DU PEUPLE n° 36, Novembre II 1994
Editorial. Herménégilde Shyaka,
Le Tribun du Peuple n°36 , novembre II 1994, page 2
Certains Blancs reviennent avec leur tactique : "Diviser pour régner"; les
ethnistes étrangers se cachent surtout dans les ONG et les organismes
internationaux. Le ministère chargé de la réhabilitation des infrastructures
détruites et celui de l'Intérieur doivent suspecter tous les organismes oeuvrant au
Rwanda même la MINUAR, la Croix-Rouge, le HCR, l'AICF. Ces organismes
renferment des indicateurs des milices "Interahamwe".
Les militaires rwandais voudraient attaquer !
P. Uwarugira, Le Tribun du Peuple n°36, novembre II 1994, page
3
Le général Declan O'Brien, ancien militaire irlandais, travaillant
actuellement dans l'organisme "Goal" à Goma, a déclaré que l'ancienne armée
rwandaise est décidée à attaquer le Rwanda à partir du Nord, puisque les
négociations n'ont pas pu les faire rentrer au pays. Le général Augustin
Bizimungu, chef d'Etat Major pense que des négociations sont encore possibles ;
quant à M. Ngirumpatse, président du MRND, il affirme que l'attaque est possible
et que les pays amis sont disposés à fournir des armes.
Le général Kagame :" S'ils attaquent, leur problème sera
complètement résolu"
Justin Faida, Le Tribun du Peuple n°36, novembre II 1994, pages
4 et 5
Le général Kagame a rencontré un journaliste du Le Tribun du Peuple et lui
a donné des réponses à la question d'attaque éventuelle de l'ancienne armée en
exil, de la sécurité des personnes et des biens, du rôle de la MINUAR, du jugement
des responsables du génocide rwandais. Pour le général Kagame, si les anciens
militaires attaquent, leurs problèmes seront complètement résolus, le FPR a assez
de force pour les vaincre définitivement ; ceux qui attaquent à main armée et en
tenue militaire ne sont pas nécessairement des militaires, les enquêtes le
détermineront ; la MINUAR II a un rôle d'observateur, elle rassure les déplacés qui
rentrent ; les lois relatives à la détention doivent être respectées ; le Rwanda
demandera l'extradition des responsables des massacres ; la gendarmerie et les
instances de la justice s'occupent du problème de la disparition mystérieuse des
personnes.

25

"A Biarritz, ce qui devait être une réunion est devenue une
foire"
Hermenégilde Shyaka, Le Tribun du Peuple n°36, novembre II
1994, page 5
Le sommet franco-africain avait à l'ordre du jour le bilan de la coopération
française avec l'Afrique. L'on connaît les anciens amis de Mitterrand : MM. Omar
Bongo, Etienne Eyadema, Mobutu Sese Seko et feu Habyalimana. Le président
rwandais actuel n'a pas été invité. Pourquoi ? A cette question, le président
Mitterrand a répondu que le Rwanda n'a pas fait preuve de volonté de participer
à cette réunion. Son ministre Alain Juppé a souhaité que le Rwanda cesse d'abord
ses agressions contre la France. Le président Mitterrand aurait-il rayé le Rwanda
de la liste des pays francophones ? N'a-t-il pas plutôt eu peur des attaques
ouvertes du président rwandais, M. Pasteur Bizimungu ?
"Un génocide à Bicumbi"
J.B. Uwarugira, Le Tribun du Peuple n°36, novembre II 1994,
page 6
Le 9 novembre 1994, les journalistes de l'UNICEF et de l'organisme " The
Christian Science Monitor" sont allés voir les fosses communes en secteur
Muyumbu de la commune Bicumbi. Elles se trouvent dans la propriété de M.
Théodore Rutabubura, chez qui 50 familles Tutsi des environs s'étaient réfugiées,
espérant la protection des autorités locales. Les journalistes étaient consternés
face à cette horreur : ils ont souhaité que les auteurs soient punis de façon
exemplaire. Le responsable de l'information à l'UNICEF, M. Damien Personnaz, a
déclaré qu'il ne soutenait pas la peine de mort.
Le procureur François Nsanzuwera déclare : " 20 % des détenus
sont innocents"
Justin Faida, Le Tribun du Peuple n°36, novembre II 1994, page
7
Le 5 octobre 1994, la prison de Kigali contenait 3.500 prétendus
responsables des massacres, le 10 novembre 1994, il y en avait 4.890 ; 1253 parmi
eux ont un dossier ; les 3.637 autres ne figurent sur aucun dossier du parquet. Les
problèmes sont toujours les mêmes : le parquet n'a de moyens ni matériels, ni
humains, ni financiers. Le procureur lui-même n'a ni véhicule, ni maison, ni
garde pour sa sécurité. Il affirme que parmi les détenus, 80 % sont coupables de
massacres, les autres 20 % sont victimes de gens jaloux de leurs biens. Il regrette
le manque de collaboration entre la gendarmerie et la justice. Il craint que
l'insécurité qui prévaut dans le pays ne donne une mauvaise image de celui-ci et
ne fasse oublier le génocide.

26

MM. Mitterrand et Boutros : premiers responsables du génocide
rwandais
Hermenégilde Shyaka, Le Tribun du Peuple n°36, novembre II
1994, pages 8 et 12
La France et l'ONU ont contribué aux massacres d'avril à juillet 1994. Les
militaires de la garde présidentielle et les milices Interahamwe ont été formés en
France ou sur place par des coopérants militaires français. L'opération turquoise
qui soi-disant était une opération humanitaire est arrivée trop tard au Rwanda.
Les casques bleus de l'ONU, présents au Rwanda, ont assisté passivement aux
violences, M. Boutros Ghali leur avait défendu d'intervenir militairement.
Pourtant le gouvernement des assassins a été constitué avec la bénédiction de M.
Roger Booh-Booh, le représentant spécial de Boutros Ghali, au mépris des Accords
d'Arusha. Que vient faire la MINUAR après tous ces déraillements ? M. Boutros
Ghali n'innocente-t-il pas les criminels puisque, pour lui, le Tribunal
International ne jugera pas les crimes antérieurs au 1er janvier 1994 ?
Au Burundi, ça sent la guerre ! Justin Faida, Le Tribun du Peuple
n°36, nov. II 1994, p. 10 et 11
L'ambassadeur du Burundi au Rwanda a parlé des problèmes de politique
et de sécurité qui prévalent au Burundi. De cette causerie, ressortent les idées
suivantes : après le départ du Burundi des réfugiés rwandais, certaines activités
de la vie économique ont été perturbées ; les milices Interahamwe provenant du
Zaïre sèment l'insécurité dans les camps de réfugiés au Burundi ; les "Sans
Echecs", "Sans Culotte" sont des bandes de jeunes gens qui s'adonnent au
banditisme et qui n'ont aucune appartenance aux partis politiques au Burundi ;
M. Nyangoma prépare une attaque contre le Burundi, il affirme avoir une armée
de 50.000 hommes ; les réfugiés burundais qui auraient participé aux massacres
de Rwandais d'avril à juillet 1994 doivent être jugés et punis comme les autres
criminels ; le Burundi est dirigé par deux familles politiques de militaires et de
juristes réunis respectivement dans la "Coalition des partis politiques de
l'opposition" et le "Rassemblement pour le droit et le développement
économique et social" ; le Burundi a encore ses anciens dirigeants : le colonel J.
Baptiste Bagaza (01/11/1976 - 03/09/1987), et le major Pierre Buyoya
(03/09/1987 - 1992).
Le colonel Mayuya a été assassiné : pourquoi Habyalimana l'a-til tué ?
Jean Pierre Mugabe, Le Tribun du Peuple n°36, novembre II 1994,
pages 13 et 14
La presse a beaucoup parlé de l'assassinat du colonel Mayuya mais les
journalistes qui essayaient de creuser pour mettre la vérité au grand jour étaient
persécutés. Le colonel Mayuya était un homme honnête, plein de sagesse. Le
président Habyalimana avait vu en lui un remplaçant digne, mais sa femme ne
voulait rien entendre. C'est elle qui a ourdi le plan d'éliminer Mayuya, elle y a
impliqué son mari et ses frères Sagatwa, Serubuga et Zigiranyirazo. Le colonel
Mayuya a échappé à deux attentats mais le troisième ne l'a pas raté. Le sergent
Birori qui a réussi le coup a été liquidé avant de pouvoir dire la vérité aux
enquêteurs ; d'autres personnes ont été emprisonnées à sa place.

27

La sécurité en cellule Kabeza (commune Kanombe)
Ntegano, Le Tribun du Peuple n°36, novembre II 1994, page 14
Le problème à la une dans la cellule Kabeza (de Kanombe), c'est la remise
des maisons à leurs vrais propriétaires et l'accaparement des maisons des autres
par les animateurs sociaux. On parle aussi de corruption car les responsables de
ce secteur laissent les auteurs de massacres circuler librement.
Aider les réfugiés qui rentrent n'est pas l'affaire de l'Etat seul
(suite du n°35)
Gervais Dusabemungu, Le Tribun du Peuple n°36, novembre II
1994, pages 15 et 16
L'Etat a l'obligation d'installer les réfugiés qui rentrent et de leur donner des
moyens de vivre. L'Etat ne peut pas loger tous les réfugiés mais il peut encourager
ceux qui en ont les moyens. Des parcelles peuvent être trouvées en remorcellant
les terrains des communes, en rétrécissant les immenses parcelles de Remera,
Kimi-hurura et Kacyiru, en redistribuant les parcelles non mises en valeur. En
milieu rural, les communes peuvent faire le recensement des terres cultivables
disponibles en vue d'une redistribution ou d'une mise en rente viagère. Par
ailleurs, l'Etat doit faire une redistribution des emplois dans le secteur public car
il y a des places vacantes.
Jeunes du Rwanda, resaisissons-nous !
Isidore Kazenga, Le Tribun n°36, nov. II 1994, page 17
Les jeunes rwandais, les citadins surtout ,ont oublié la culture rwandaise.
Les jeunes se croient en Europe ou dans un autre pays étranger. Autrefois, les
jeunes filles étaient éduquées à se respecter et à respecter leurs aînés. Mais
aujourd'hui, c'est autre chose ! Elles s'habillent de pantalons collants, de
minijupes, elles fument dans la rue, elles fréquentent les cabarets. C'est
scandaleux !

LE TRIBUN DU PEUPLE n° 37, Novembre III 1994
Editorial : Bienvenue aux députés !
Jean Baptiste Uwarugira, Le Tribun du Peuple n°37 , novembre
III 1994, page 2
Du temps du président Habyalimana, les députés approchaient la
population seulement au moment des élections et après, elle ne les voyait plus.
On espère que les nouveaux députés seront plus proches de la population. Cette
population est actuellement aux prises avec d'énormes problèmes : faim à la
campagne, absence de salaires pour les fonctionnaires, cherté des médicaments,
pénurie des logements en ville... Les députés doivent être de vrais interlocuteurs
de la masse.
Comment a-t-on pu oublier le Dr Gasana ?

28

Le Tribun du Peuple n°37, nov. III 1994, pages 3 et 4
Le Docteur Anastase Gasana vient d'être nommé ministre des Affaires
Etrangères et de la Coopération. C'est l'homme qu'il faut à ce poste car il a
beaucoup de mérites. Il est le premier à avoir dénoncé le club des milices
Interahamwe. Il a achevé les Accords d'Arusha. Il a conduit à New-York la
délégation qui a négocié la Mission des Nations Unies pour l'Assistance au
Rwanda (MINUAR). Il s'est opposé à l'intégration du CDR à l'Assemblée Nationale
et grâce à lui, le Rwanda vient de récupérer deux avions qui étaient en Tanzanie.
Interview du colonel député Frank Mugambage.
Le Tribun du Peuple n°37, novembre III 1994, pages 4 et 5
Le colonel député Frank Mugambage était chargé, pendant la guerre, de la
formation politique au sein du FPR ; il est parmi ceux qui ont négocié les Accords
d'Arusha. Il travaille actuellement à l'Etat-Major. Il a livré aux journalistes ses
réflexions. Les militaires députés ne représentent pas seulement les militaires
mais toute la population. Les militaires sont représentés à l'Assemblée Nationale
car le problème du Rwanda n'a pas été réglé politiquement mais militairement.
La nouvelle Assemblée Nationale n'aura pas la possibilité de travailler pour une
personne ou un clan car elle réunit toutes les tendances politiques. Les militaires
doivent rassurer et protéger la population, ils doivent suivre une discipline
ferme.
A qui l'Eglise appartient-elle ?
J.-Baptiste Uwarugira, Le Tribun du Peuple n°37, nov. III, page 5
Après les horreurs qui se sont passées au Rwanda, beaucoup de personnes se
sont révoltées disant que Dieu n'existait pas ou qu'il avait oublié le Rwanda. Ces
réflexions sont peut-être fondées quand on pense que certains hommes et femmes
d'Eglise sont incriminés. Mais ils ne sont pas l'Eglise. L'Eglise, c'est la communauté
des baptisés. Celle-ci doit la construire en collaboration avec les prêtres et les
évêques. Il est demandé au peuple des baptisés de pardonner, d'éviter la
vengeance et de laisser l'Etat juger les auteurs du génocide.
Discours du président de l'Assemblée Nationale, M. Juvénal
Nkusi
Le Tribun du Peuple n°37, novembre III 1994, page 6
La mise en place de l'Assemblée Nationale est une preuve que les Rwandais
veulent reconstruire le pays après les horreurs qu'ils viennent de vivre, a déclaré
le président de l'Assemblée Nationale. Pour lui, être député, c'est faire un pacte
avec la population ; et il faut honorer ce pacte. Il a rappelé la mission de
l'Assemblée Nationale qui est de faire des lois et de contrôler le fonctionnement
du gouvernement. Les députés doivent non seulement légiférer mais s'assurer de
l'applicabilité des lois.
L'assemblée Nationale ne doit pas être sous les ordres du
gouvernement !
Jean Pierre Mugabe, Le Tribun du Peuple n°37, novembre III
1994, page 6

29

Depuis l'indépendance du Rwanda, les trois pouvoirs (exécutif, législatif et
judiciaire) étaient en principe séparés mais, dans la pratique, le pouvoir exécutif
s'appropriait le législatif et le judiciaire. Les lois étaient faites pour protéger le
Président. On espère que les nouveaux députés seront fermes et qu'ils
travailleront pour le peuple et dans son intérêt. Ils doivent faire du Rwanda un
vrai "Etat de Droit".
Le Dr Sindikubwabo est mourant !
Le Tribun du Peuple n°37, novembre III 1994, page 7
Le Docteur Sindikubwabo est gravement malade. Il a été évacué sur
Kinshasa mais Mobutu a eu peur de l'accueillir et a déclaré qu'il ne pourrait pas
enterrer deux présidents (Habyalimana et Sindikubwabo). Il est à noter qu'en
plus de sa maladie, le Docteur Sindikubwabo a d'autres problèmes : ses proches
collaborateurs sont divisés entre Abanyenduga (sudistes) et Abakiga (nordistes) ;
il y a le clan de ceux qui se déclarent innocents et qui veulent les négociations
avec le FPR. De plus, les réfugiés de Goma et Bukavu affluent vers la Tanzanie
fuyant la cruauté des milices Interahamwe.
Quelles nouvelles des camps de réfugiés ?
Le Tribun du Peuple n°37, novembre III 1994, page 7
Au Zaïre, les milices Interahamwe empêchent la population de rentrer au
pays et déclarent que le nombre de réfugiés des camps de Kibumba, Mugunga,
Katale I et Katale II atteint 2.500.000 de personnes. Au Burundi, les milices ont
tué 50 personnes et ont annoncé que les coupables sont des militaires burundais
complices de l'Etat rwandais. Les réfugiés bien nantis fuient vers le Kenya et le
Gabon qui donne facilement l'asile aux responsables du génocide rwandais.
Entretemps, les milices menacent d'attaquer prochainement le Rwanda quitte à
employer les armes traditionnelles.
"Tu ne tueras pas, tu ne voleras pas, tu ne commettras pas
d'adultère", déclare le Premier ministre, M. Faustin
Twagiramungu,
Le Tribun du Peuple n°37, novembre III 1994, page 8
A l'occasion de la mise en place de l'Assemblée Nationale, le Premier
ministre rwandais a rappelé un des mots d'ordre du gouvernement : "Tu ne
tueras pas, tu ne voleras pas, tu ne commettras pas d'adultère". Il a ajouté que
l'une des missions principales de son gouvernement est de rapatrier les réfugiés et
que la sécurité reviendra totalement lorsque toutes les institutions seront mises
en place.
Encore beaucoup de tristesses : les jeunes filles rwandaises ont
beaucoup souffert
Ntegano, Le Tribun du Peuple n°37, novembre III 1994, page 9
Personne n'ignore les horreurs qui ont endeuillé le Rwanda. On peut essayer
d'oublier, mais il y a des choses difficiles à oublier. Comment peut-on oublier les
meurtres et toutes les violences qui les accompagnent ? Comment peut-on oublier

30

que la jeunesse rwandaise a été terrassée par ce drame ? Que dire aux jeunes filles
qui ont été violées et portent des enfants des miliciens ? Comment peut-on
consoler ces femmes qui ont vieilli avant l'âge ? Que répondre à leur interrogation
muette ? Comment peut-on les tirer de leur solitude ? Comment peut-on les
guérir de leur désespoir ? Il faut aider cette jeunesse ; elle a besoin d'être soutenue
et comprise !
Discours du président de la République.
Le Tribun du Peuple n°37, novembre III 1994, page 9
Dans son discours de circonstance, le président de la République a dit aux
députés qui venaient de prêter serment qu'ils étaient appelés à aider les
Rwandais à reconstruire le pays et à se réconcilier. Il leur a demandé d'asseoir des
principes et des stratégies assez solides pour éviter définitivement le bain de sang
sur le sol rwandais. Il a annoncé que la mise en place de l'Assemblée Nationale
allait permettre l'établissement du pouvoir judiciaire. Il a demandé à la
communauté internationale de donner au Rwanda des techniciens pour leur
permettre le bon fonctionnement des institutions.
"S'ils attaquent, leur problème sera définitivement réglé !". Que
cela signifie-t-il ?
Le Tribun du Peuple n°37, novembre III 1994, page 11
"S'ils attaquent, leur problème sera définitivement réglé". Ces paroles du
général major Kagame ont été mal interprétées par les miliciens et les "Power" qui
voulaient empêcher les réfugiés de rentrer. Certains disaient que quand
l'ancienne armée attaquerait, le FPR s'empresserait d'exterminer les Hutu de
l'intérieur. D'autres colportaient que ceux-ci seraient tués sans pitié par les FAR,
car ils sont considérés comme des complices du FPR. Après le génocide des Tutsi,
les miliciens et les "Power" souhaitent le génocide des Hutu pour que le FPR soit
aussi incriminé devant le Tribunal International. Le FPR ne peut pas tuer la
population qu'il protège, mais il anéantira l'ancienne armée si celle-ci ose
attaquer.
Je suis arrivé à Kamembe.
Le Tribun du Peuple n°37, novembre III 1994, pages 12 et 13
La ville de Kamembe est une ville morte. Certains bâtiments de commerce
et certaines maisons privées sont devenus des bureaux de services publics,
d'autres sont devenus des buvettes. Aucune banque ne fonctionne. Les quartiers
qui étaient animés auparavant accusent un silence de mosquée. Les habitants qui
ont peur des militaires, s'enfuient vers le Zaïre.
M. Nsengumuremyi, ex-bourgmestre de Gisuma, a volé 5.000.000
Frw mais il a reçu en échange des faux dollars,
Le Tribun du Peuple n°37, novembre III 1994, page 13
La commune Gisuma est une des rares communes qui avait beaucoup de
recettes grâce aux marchés de Bushenge, Bimazi et Shuguli. Lors de la fuite du
gouvernement déchu vers le Zaïre, le bourgmestre de cette commune, M. Fulgence
Nsengumuremyi, a raflé les économies de cette commune s'élevant à 8.000.000

31

Frw et s'en est allé au Zaïre. Malheureusement pour lui, il a échangé 5 millions
contre de faux dollars. Le brigadier de cette même commune a volé tout le
matériel de bureau. Quant au bourgmestre de la commune Cyimbogo, il a suivi
l'exemple de son collègue de Gisuma.
Interview de maître Laurent Nkongori, vice-président de
l'Assemblée Nationale
Jean-Pierre Mugabe, Le Tribun du Peuple n°37, novembre III
1994, page 14
Le vice-président de l'Assemblée Nationale a accordé une interview à un
journaliste de "Le Tribun du Peuple". Cette interview a porté essentiellement sur
la mission de la nouvelle Assemblée Nationale et sur le respect des accords
d'Arusha. Maître Nkongoli a dit que l'Assemblée Nationale devait contrôler le
pouvoir exécutif et établir des lois dignes de ce nom. Pour lui, le pouvoir législatif
doit être indépendant et il le sera car les nouveaux députés proviennent de
plusieurs partis politiques. Il a déclaré que les Accords d'Arusha ne pouvaient pas
être appliqués dans leur entièreté car il a fallu exclure les partis des milices et des
Power qui ont été les premiers à les dénigrer et à les rejeter, ainsi qu'à exécuter le
génocide.
Quand en finira-t-on avec les vengeances et les disparitions
mystérieuses ?
Jean Baptiste Uwarugira, Le Tribun du Peuple n°37, novembre III
1994, page 15
On croyait que les disparitions mystérieuses et les règlements de compte se
limitaient à la ville de Kigali et disparaîtraient avec le temps. On s'est trompé car
les villes de Gitarama et de Butare en sont atteintes. Les arrestations arbitraires,
les vengeances, les dénonciations injustifiées sévissent dans plusieurs préfectures.
Parfois les militaires sont corrompus et font la sale besogne. Il est temps que
l'ordre revienne, que les conseillers et chefs de cellule identifient les fauteurs de
troubles, que les coupables soient arrêtés et jugés conformément aux lois en
vigueur et que les militaires corrompus soient punis d'une façon exemplaire.
Resaisissons-nous!
Valens Habiyambere, Le Tribun du Peuple n° 37, novembre III
1994, page 15
Au moment où les Rwandais devaient laisser leurs blessures se cicatriser,
certains se plaisent à cultiver la division. Les anciens réfugiés qui rentrent
reprochent ouvertement aux Rwandais de l'intérieur d'avoir survécu aux
massacres. Ils vont jusqu'à convoiter les biens des vieilles personnes et des veuves
et n'hésitent pas à s'approprier des maisons qui ne leur appartiennent pas. Le
concept "abasangwabutaka" (les premiers occupants du terrain) qui est à la
mode dénote une forme de ségrégation.
Qu'on en finisse avec les " j'ai cotisé".
Le Tribun du Peuple n°37, novembre III 1994, page 16

32

¨
Certaines personnes se croient intouchables et pensent être au-dessus des
lois, car elles ont cotisé pour le FPR. Qui n'a pas cotisé ? Il y en a qui ont même
versé leur sang. Le fait d'avoir cotisé pour le FPR n'autorise pas à enfreindre les
lois du pays. Chaque Rwandais a le droit de vivre en paix et il doit être respecté.
Tout le monde, sans exception, est appelé à contribuer à la reconstruction du
pays.
Que dire du génocide au Rwanda ?
Gaspard Karemera, Le Tribun du Peuple n°37, novembre III 1994,
pages 16 et 17
Le génocide rwandais est le fruit d'une idéologie ethniste et régionaliste
prêchée pendant longtemps par le régime Habyalimana et dont l'horreur
transparaît dans toute son étendue. Mais personne ne comprend comment le
Rwanda en est arrivé là. Pourquoi l'Europe, l'ONU, l'OUA, la CEPGL, l'OBK ont-t-il
laissé s'accomplir cette monstruosité ? Comment l'Eglise a-t-il laissé périr
plusieurs de ses enfants ? Pourquoi les messages de la haine l'ont-ils emporté ?
(article en français)
Le salaire des militaires est arrivé !
Le Tribun du Peuple n°37, novembre III 1994, page 17
Après la paie des fonctionnaires, les détracteurs du nouveau régime ont
commencé à semer le mauvais esprit au sein de l'armée. Mais le ministère a su
défier ces agitateurs. Il a emprunté à la Banque Nationale du Rwanda près de 2
milliards de francs rwandais pour payer aux militaires leur salaire de deux mois.
On espère que le surplus de cet argent servira à acheter des uniformes militaires.

RWANDA RUSHYA n° 56, Novembre II 1994
Editorial : Rwanda Rushya n°56, novembre II 1994, page 2
Merci à tous ceux qui ont contribué à la reprise du journal "Rwanda
Rushya". Hommage à M. André Kameya, son rédacteur en chef, qui a été emporté
par l'ouragan qui vient de souffler sur le pays. M. André Kameya a lutté pour
l'avènement d'un nouveau Rwanda. Il a combattu la dictature par sa plume. Il
souhaitait un Rwanda démocratique où les intérêts du peuple primeraient sur
ceux des dirigeants. Ses idées le rendent éternel.
M. André Kameya, rédacteur en chef du journal "Rwanda
Rushya" s'en est allé !
Jean Gualbert Burasa, Rwanda Rushya n°56, novembre II 1994,
page 3
Après avoir appris l'attentat contre l'avion du président Habyalimana, M.
Kameya et sa famille ont cherché refuge chez les Soeurs Missionnaires de la
Charité. Les militaires de la garde présidentielle qui les recherchaient les y ont
poursuivis. M. Kameya est parvenu à s'échapper ; ils ont tué sa femme et sa fille
de 18 ans. Deux mois après, les milices Interahamwe l'ont retrouvé dans les

33

bureaux du journal Kinyamateka où il venait de passer 70 jours. Ils l'ont tué le
14 juin 1994. Le journal "Rwanda Rushya" était son arme de combat contre le
dictateur Kinani Habyalimana. Ses amis ne le verront plus, mais ses idées
demeureront !
1er octobre 1990 - 1er octobre 1994
Jean Bosco Ruzindana, Rwanda Rushya n°56, novembre II 1994,
pages 4 et 5
Le FPR Inkotanyi a attaqué le pays le 1er octobre 1990. La nuit du 4 au 5
octobre, le clan Habyalimana a simulé la prise de Kigali pour trouver un prétexte
pour emprisonner et tuer les présumés complices du FPR. Le clan ne voulait pas
négocier avec les maquisards. Après l'attaque de février 1992, beaucoup de
Rwandais, désireux d'arrêter le flot de sang, se sont investis dans les négociations
d'Arusha ; ils espéraient en terminer avec la guerre fratricide. Mais c'était sans
compter avec la mauvaise foi de feu Habyalimana et de ses serviteurs comme
MM. Justin Mugenzi et Frodouald Karamira. Ils ont préparé le génocide et ils
l'ont exécuté. Le premier octobre 1994, le Rwanda était libéré et la paix règne.
Actuellement, les anciens exilés et les rescapés du génocide travaillent avec
acharnement pour reconstruire le pays. La paix durement acquise doit être
gardée jalousement.
La décadence déchéance d'une Eglise
Jean Bosco Ruzindana, Rwanda Rushya, novembre II 1994, pages
6 et 7
L'Eglise catholique au Rwanda date de 1900. Les 94 ans d'évangélisation ont
été couronnés par un bain de sang, ce sang si précieux à Dieu. Pourquoi l'Eglise at-elle échoué dans sa mission essentielle, à savoir le salut des hommes ? Pourquoi
a-t-elle oublié l'option et la prédilection de Jésus pour les pauvres et les
opprimés? Les grandes étapes de son histoire et de celle du Rwanda montrent que
l'Eglise catholique s'est laissé inféoder au pouvoir politique et que certains prélats
avaient des ambitions plus politiques qu'apostoliques (article en français).
Le président Habyalimana a dit : " Je ne serai plus surpris"
Jean Gualbert Burasa, Rwanda Rushya n°56, novembre II 1994,
pages 8 et 9
L'une des causes de la guerre qui a ravagé le pays est l'entêtement de M.
Juvénal Habyalimana. Ses conseillers lui ont toujours dit de laisser rentrer les
réfugiés paisiblement et il s'y est opposé jusqu'au jour où la guerre a éclaté. C'est
alors qu'il a accepté de négocier. Cependant, il a refusé de mettre en application
les Accords d'Arusha qu'il avait signés lui-même préférant préparer la guerre.
Alors que les Rwandais espéraient en avoir fini avec la guerre par ces accords, M.
Habyalimana était occupé à mettre au point l'entraînement de sa milice et à
distribuer des armes à la population. Les massacres n'ont été que l'aboutissement
logique des manoeuvres soigneusement préparées par le clan Habyalimana.
Le génocide a été préparé avec la complicité de la communauté
internationale

34

Jean Bosco Ruzindana, Rwanda Rushya, novembre II 1994, pages
9 et 10
Lorsqu'il a accepté le multipartisme, M. Habyalimana ne croyait pas que
ses opposants oseraient le contredire et dénoncer sa politique ethniste et
régionaliste. Quand il a constaté que sa mauvaise politique venait d'être mise à
jour, il a préparé le plan d'exterminer tous ceux qui ne parlaient pas le même
langage que lui. Ses hommes ont vite mis en exécution ce plan à travers tout le
pays. Toutes les représentations diplomatiques accréditées à Kigali ainsi que les
confessions religieuses voyaient ce qui se passait ; elles étaient au courant de ce
qui se tramait. Pourtant elles n'ont rien dit, elles n'ont pas réagi. Aujourd'hui, il
est indispensable de réconcilier les esprits, sinon l'histoire demandera à tous ceux
qui n'ont rien fait d'en rendre compte.
Le Haut Commissariat aux Refugiés empêche les réfugiés de
entrer
Jean Bosco Ruzindana, Rwanda Rushya n°56, novembre 1994,
pages 10 à12
Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Refugiés opérant dans les
camps de réfugiés rwandais au Zaïre et en Tanzanie collabore avec le groupe des
assassins qui empêchent de rentrer ceux qui veulent rentrer pacifiquement au
Rwanda. Alors que les coupables craignent les châtiments qui les attendent, le
HCR craint de manquer d'activité une fois qu'il n'y aura plus de réfugiés dans la
région. Le pouvoir de Kigali ne cesse d'exhorter les exilés à rentrer mais, pendant
ce temps, le HCR et ses complices prêchent le contraire faisant croire que ceux qui
rentrent sont massacrés.
M. Joseph Mudatsikira, l'apôtre de la vérité n'est plus.
Jean Bosco Ruzindana, Rwanda Rushya n°56, novembre II 1994,
page 12
M. Joseph Mudatsikira, né en commune Mubuga (préfecture de Gikongoro)
a fait ses études au séminaire, puis il a travaillé pour l'Etat avant de se lancer
dans le journalisme. Il a été le premier à démentir le clan Habyalimana qui
affirmait que le FPR n'occupait aucune parcelle du territoire rwandais. Depuis
lors, M. Joseph Mudatsikira a été recherché pour être finalement tué avant de
voir la victoire du FPR.

35

Les soldats de la MINUAR ont déçu les Rwandais
Jean Bosco Ruzindana, Rwanda Rushya n°56, novembre II 1994,
page 13
La guerre a commencé le 1er octobre 1990. Elle a été suivie par des
négociations au Zaïre, à Dar-es-Salaam et à Arusha en Tanzanie. La signature des
Accords d'Arusha a engendré la Mission des Nations-Unies pour l'Assistance au
Rwanda (MINUAR) qui avait pour mission de faire respecter ces accords. Après les
avoir signés, M. Habyalimana s'est acharné à contrecarrer leur mise en
application. Le désordre s'est alors installé dans le pays, les milices Interahamwe
et Impuzamugambi ont suivi des entrainements militaires, des hommes
politiques ont été assassinés et le plan de génocide a été affiné et exécuté devant
l'oeil complaisant des casques bleus. La MINUAR devrait en répondre devant le
peuple rwandais.
La guerre se termine. Que nous laisse-t-elle ?
Jean Gualbert Burasa, Rwanda Rushya n°56, novembre 1994, page
15
La guerre du Rwanda a duré 4 ans. Elle n'a pas été aussi longue que celle
qui a opposé Israël et les Palestiniens, ni celle des Noirs contre l'apartheid en
Afrique du Sud, ni celles de Salvador ou du Soudan. Même si elle a été courte, elle
a fait beaucoup de dégâts. Ceux qui croient que les problèmes du Rwanda seront
réglés par la guerre se trompent. Les survivants ont une dette importante envers
ce pays.

R E V U E de la

P R E S S E R W A N D A I S E

Bimensuel qui résume en français les principaux articles
de tous les périodiques parus en kinyarwanda (au Rwanda
ou dans les pays d'alentour)
Nouvelle Série :

SOMMAIRE DU N° 7 :
Décembre 1994

16 - 31

-

Imboni

n° 2

-

Imvaho Nshya

n° 1055

12 - 18 décembre
1994 pages 4 - 8

-

Imvaho Nshya

n° 1057

26 /12 - 1 janvier
1995 pages 9 - 13

- Intaremara

n° 1

28décembre 1994
pages 14 - 16

- Kinyamateka

n° 1414

décembre 1994
pages 16 -19

- L'Arc-en-Ciel

n° 2

16décembre 1994
pages 19-21

- Le Messager - Intumwa

n° 47

31 décembre
1994 pages 21-24

décembre 1994
pages 3 - 4

-

Le Partisan

n° 22

décembre 1994
pages 25-29

-

Le Tribun du Peuple

n° 39

décembre II 1994
pages 29-34

2

REVUE DE PRESSE
Editeur :

A.S.B.L. DIALOGUE
Momentanément en
Belgique
322, rue du Noyer - 1040
Bruxelles
Tél/Fax : (32.2) 735.39.16

Directeur a.i.:

Père Guy THEUNIS

-

3

IMBONI n°2, Décembre 1994
Editorial : sortons de l'absurdité !
Olivier Manzi, Imboni n°2, décembre 1994, pages 2 et 3
Il y a quelques mois, les chefs des nouveaux partis aimaient lancer le slogan
"combattons le régime du mensonge et de la dictature !" Mais ils n'ont jamais dit
que cette dictature provenait d'une autre dictature installée par les Belges sous
prétexte d'émanciper les Hutu asservis par les Tutsi. Ces Belges croyaient installer
la démocratie, mais ils ont installé l'ethnocratie car ils ont appris aux Hutu à
haïr les Tutsi et à les traquer. Ils n'ont jamais visé l'indépendance du pays. C'est
pourquoi le pouvoir de 1959 à 1994 n'a eu aucune idéologie. Personne ne parlait
de l'unité du peuple rwandais, les partis comme l'UNAR et CONCORDIA qui
visaient cette unité ont été abolis. Ce qu'on a appelé révolution n'est rien d'autre
que le massacre des Tutsi, les vols et les pillages. La relance du multipartisme n'a
rien arrangé puisque les partis étaient tous nés du MRND. Il n'y a jamais eu de
démocratie au Rwanda.
Message aux députés
Albert Mutasi, Imboni n°2, décembre 1994, pages 3 et 4
La dictature a été définitivement renversée. Les institutions se mettent
progressivement en place. Après le gouvernement, l'Assemblée Nationale a été
installée. Le député de l'ère nouvelle doit être réellement le messager du peuple.
Il doit travailler dans l'intérêt de celui-ci. Il ne doit pas tomber dans le piège de
l'ethnisme, du régionalisme, du clanisme. Le Rwanda n'a plus que faire d'une
politique divisionniste.
Jusqu'où arriveront ces problèmes des maisons et des propriétés
terriennes ?
Olivier Manzi, Imboni n°2, décembre 1994, pages 5 à 8
Les discussions et les palabres autour des propriétés terriennes et des
maisons sont connues de tout un chacun. A Kigali, le problème des maisons est si
complexe que personne n'en est épargné. Ce problème a plusieurs aspects. Il
existe des litiges : entre ceux qui se sont appropriés les maisons des autres ; entre
ceux qui louaient les maisons et ceux qui les occupaient ; pour ceux qui se sont
approprié les maisons de l'Etat et des sociétés ; entre ceux qui se sont approprié
des maisons et leurs propriétaires. Le cas le plus tragique est celui des veuves et
des orphelins dont les maisons ont été détruites et qui n'ont plus rien. Les
réfugiés de 59 n'ont plus rien non plus au Rwanda. La propriété privée est
inviolable : il est juste que les vrais propriétaires récupèrent leurs maisons et
propriétés. Mais le problème de ceux qui sont démunis de tout doit être résolu,
sinon il n'y aura pas d'"Etat de droit".

4

Ségrégation à l'école de Byimana ?
Mudatinya, Imboni n°2, décembre 1994, pages 8 à 11
Le journaliste de Imboni s'est rendu à l'école de Byimana pour se rendre
compte sur place du problème éprouvé par les jeunes gens et jeunes filles rentrés
du Zaïre. Le ministère de l'Enseignement Primaire et Secondaire a refusé de les
reclasser dans une des classes terminales de Byimana. Le journaliste a parlé avec
les concernés, avec le sous-directeur de l'école et avec l'un des professeurs de
l'institut. De tous ces entretiens, il se dégage que le ministère a inscrit les élèves
en classe terminale sous certaines conditions : avoir manqué les cours du
troisième trimestre 94, avoir moins de 27 ans, avoir une attestation d'inscription
dans une classe terminale. Les élèves lésés sont surtout ceux provenant du
Burundi et du Zaïre. Ils déclarent être victimes d'une ségrégation ethniste et
régionaliste, car tous les élèves qui ont étudié au Rwanda ont été acceptés, disentils. Et ils continuent : "sur 223 élèves inscrits, il n'y a que 32 Tutsi". Interrogés, le
sous-directeur et le professeur interrogé souhaitent que le ministère de
l'Enseignement Primaire et Secondaire manifeste un peu de compréhension envers
ces jeunes. Ils ont quitté le Zaïre et le Burundi sans faire l'examen d'Etat qui
devait leur permettre d'accéder au diplôme de fin d'humanité.

IMVAHO NSHYA n°1055, 12 - 18 Décembre 1994
Ne nous accrochons pas à nos anciennes pratiques
Mweusi Karake, Imvaho Nshya n° 1055, 12 - 18 décembre 1994,
page 1
Les multiples problèmes que connaît le Rwanda doivent trouver des
solutions satisfaisantes pour tout le monde. Ces problèmes sont entre autres :
organiser le jugement des auteurs du génocide, combattre le réflexe de vengeance
de la part des rescapés du génocide, relancer et réorganiser l'enseignement, etc...
Le problème de l'enseignement est à la une car bientôt il va falloir organiser et
faire passer les examens aux finalistes tant au niveau primaire qu'au niveau
secondaire. Dans le passé, les corrections de ces différents examens ne se sont
jamais déroulés dans la transparence. Au contraire, c'était un événement entouré
de corruption, d'intrigues et cela à cause de la politique en vigueur d'équilibre
ethnique et régional. Pourtant, ailleurs et même dans les pays limitrophes, ces
corrections sont organisées d'une façon transparente et équitable. Il est temps que
le Rwanda adopte des pratiques plus transparentes et plus justes qui ont fait leur
preuve dans d'autres pays.
A la prison centrale de Kigali, les détenus comptent beaucoup
sur une justice équitable
Hélène Nyirabikari, Imvaho Nshya n°1055, 12 - 18 décembre
1994, pages 2 et 3
Lors d'une visite à la prison centrale de Kigali, le journaliste de l'Imvaho a
pu s'entretenir avec le directeur de cette prison ainsi qu'avec des détenus. Le
premier constat est la surpopulation de la prison qui abrite 5.546 détenus alors
que sa capacité normale est de 2.000 détenus. Les problèmes dûs à cette

5

surpopulation sont multiples : malnutrition, décès dûs à différentes maladies
mais surtout à la dysenterie. On estime leur nombre à à peu près 3 décès par
jour. A ces différents problèmes, vient s'ajouter celui du manque de personnel et
de moyens tels que les moyens de déplacement et les autres indispensables pour
le bon fonctionnement d'un tel établissement. Les détenus sont de différents âges
et de plusieurs catégories (selon les infractions commises). On y rencontre des
adultes, hommes et femmes, mais également des enfants de 11 à 14 ans. Des
entretiens avec ces détenus, on peut dire que tous souhaitent le démarrage de la
machine judiciaire pour que les coupables soient punis et les innocents libérés.
Vol mystérieux à PETRORWANDA
Goretti Uwibambe, Imvaho nshya n° 1055, 12 - 18 décembre
1994, pages 3 et 11
Durant le week-end du 7 au 9 octobre 1994, un vol mystérieux a eu lieu au
siège de PETRORWANDA. Ce vol a porté sur une importante somme (environ 9
millions de Frw). Cette somme a été déposée dans l'armoire samedi et le lundi
matin, quand le caissier est venu travailler, il a trouvé l'armoire de son bureau
largement ouverte et bien sûr vide. Le mystère réside dans le fait que l'armoire a
été ouverte sans effraction alors que la fenêtre du bureau a été forcée de
l'intérieur car elle ne pouvait l'être de l'extérieur. Les gardiens de jour affirment
que durant la journée du dimanche, la fenêtre du bureau était intacte et les
veilleurs de nuit affirment que cet endroit est suffisamment éclairé de sorte que
l'effraction n'a pu se faire de nuit. Alors que s'est-il réellement passé ? La clef de
l'armoire aurait-elle un double dont tout le monde ignore l'existence ?
Nouveau bourgmestre pour la commune de Ruhondo
Solange Ayanone, Imvaho Nshya n°1055, 12 - 18 décembre 1994,
page 4
L'ancien bourgmestre de la commune Ruhondo, M. Isaïe Hakizimana, a été
remplacé par Mme Consolata Nduwamariya. D'après le préfet, l'ancien
bourgmestre a été démis de ses fonctions à cause de son comportement
dictatorial dans l'administration de la commune et de sa complicité avec les
milices Interahamwe. Il a même été mis sous arrêt à la grande satisfaction de ses
administrés. En plus des problèmes d'insécurité causés par un mauvais
bourgmestre, la commune connaît des problèmes de disette, d'absence
d'infrastructures de santé et d'autres installations de base. C'est à cause de tous
ces problèmes qu'un nouveau bourgmestre a été nommé. Madame Nduwamariya
espère qu'avec l'aide de la population, elle parviendra à trouver des solutions aux
problèmes que connaît sa commune.
Il n'y a plus de camps de déplacés à Cyangugu
Charles Sembeba, Imvaho Nshya n °1055, 12 - 18 décembre 1994,
page 4
A l'heure actuelle, les 37.487 déplacés qui étaient installés dans les
différents camps de la préfecture de Cyangugu sont tous retournés chez eux. Ces
déplacés avaient fui avec les autorités de l'ancien régime. On dénombrait 6
camps de déplacés : Nyarushishi, Cyimbogo - Karengero, Cyimbogo - Mururu,
Gishoma - Butambogo, Nyagatare et Kirambo. Ces déplacés une fois rentrés chez

6

eux, sont confrontés à d'autres problèmes tels que le logement, la nourriture, les
outils aratoires, les semences, etc... Les ONG étrangères n'aident que les déplacés
et ignorent ceux qui sont retournés chez eux. A cela s'ajoute le problème des
écoles primaires car toutes les infrastructures scolaires ont été détruites par les
Interahamwe.
A Tare, les restes des personnes victimes du génocide ont été
inhumées
Constantin Mugabo, Imvaho n°1055, 12 - 18 décembre 1994, page
4
Le 8 décembre 1994 dans le secteur Muyongwe de la commune Tare
(préfecture de Kigali rural) ont eu lieu les cérémonies d'inhumation des restes des
personnes victimes du génocide. Le ministre du Travail et des Affaires Sociales
était représenté par un haut fonctionnaire de son ministère. Ce dernier a
remercié les habitants de cette commune d'avoir pris cette initiative. Cet acte est
plein de significations, notamment l'amitié et la solidarité existant entre les
habitants de Tare ainsi qu'un début de réconciliation, a-t-il dit. Et il a continué :
"Toutefois, pour que nous puissions construire un nouveau Rwanda, il faudra une
justice équitable afin que les auteurs du génocide soient punis d'une façon
exemplaire". Le bourgmestre de la commune a exprimé le souhait qu'avec l'aide
du ministère, soit érigé un monument en souvenir des victimes du génocide.
Le préfet de Cyangugu visite les communes de la préfecture
Tony Kuramba, Imvaho Nshya n°1055, 12 - 18 décembre 1994,
page 4
Le 5 décembre 1994, M. Théobald Rutihunza, préfet de Cyangugu, a
commencé une tournée à travers toutes les communes de cette préfecture. Il a
tenu sa première réunion avec les habitants de la commune de Gatare où étaient
présentes les autorités locales tant militaires et religieuses qu'administratives.
Selon le bourgmestre de Gatare, le problème principal de sa commune est celui
de l'insécurité : cette commune est frontalière avec le Zaïre et les incursions des
Interahamwe sont fréquentes. Un autre problème est celui des rescapés du
génocide qui optent pour la vengeance avec l'aide des militaires au lieu de
recourir aux autorités habilitées pour régler ces litiges. D'autres problèmes ont été
signalés tels les armes dissimulées et les auteurs du génocide toujours en liberté.
Pour le préfet, la solution à tous ces problèmes réside dans le refus des règlements
de comptes, dans la réconciliation et la recherche de l'unité nationale, mais
surtout dans l'appui à l'armée pour le maintien de la sécurité.

7

La Télévision nationale a été complètement pillée
Vénéranda Hategekimana, Imvaho Nshya n°1055, 12 - 18
décembre 1994, page 5
La Télévision nationale doit faire face à plusieurs défis suite au pillage dont
elle a été l'objet. D'après le responsable du projet T.V., tout le matériel a été
systématiquement pillé : les véhicules de reportage, les cassettes, etc... Tout ce
matériel a été emporté au Zaïre. Pendant la guerre, certaines antennes de relais
ont été endommagées ou détruites. A ces problèmes purement techniques, il faut
ajouter l'insuffisance du personnel qualifié. Malgré tous ces handicaps, la
Télévision parvient à émettre une fois par semaine grâce au bricolage et à la
détermination de son personnel. Pour le directeur de la Télévision nationale,
cette dernière a besoin d'une aide consistante pour relancer ses activités ; il
compte sur l'aide extérieure. Il estime que la télévision est un moyen de
communication moderne utile pour la politique de reconstruction et de
réconciliation nationale.
Les ONG vont mettre fin à leurs activités humanitaires dans la
préfecture de Byumba
Joseph Mpumuro, Imvaho Nshya n°1055, 12 - 18 décembre 1994,
page 6
Plusieurs ONG travaillent dans les communes de la préfecture Byumba. Elles
s'occupent de différents volets tels la santé, l'alimentation, l'agriculture. Bref, tout
ce qui relève de l'aide humanitaire. Bien que certaines ONG s'acquittent
correctement de leur mission, d'autres semblent poursuivre d'autres objectifs non
humanitaires. Différentes ONG, dont la Croix-Rouge, ont déclaré vouloir mettre
fin à leurs activités humanitaires à la fin du mois de décembre. Les raisons
invoquées sont de deux ordres : il semble d'une part, que les populations
bénéficiaires des aides vont les vendre sur le marché ; des responsables de la
distribution de ces aides les détournent aussi à leur profit.
Les déplacés de Musambira appellent au secours !
Immaculée Mukanyonga, Imvaho Nshya n°1055, 12 - 18 décembre
1994, page 7
Au centre commercial de la commune Musambira (préfecture de Gitarama)
se trouvent environ 2.000 déplacés qui ont besoin d'une aide urgente. Ces
déplacés manquent de tout : leurs biens ont été volés par les milices
Interahamwe qui ont également massacré leurs familles. Ce qui inquiète ces
déplacés, c'est que les autorités administratives leur demandent de quitter ce
centre commercial pour que les activités socio-économiques reprennent. On leur
demande de retourner chez eux alors que leurs maisons ont été détruites et qu'ils
n'ont plus rien. Il faut ajouter le sentiment d'insécurité qu'éprouvent ces
déplacés à cause de la présence des Interahamwe. Lors de la visite du ministre de
l'Intérieur et du Développement communal, ces déplacés lui ont exposé leurs
problèmes et soumis leurs doléances. Ils ont notamment demandé le
remplacement des autorités administratives locales actuelles à cause de leur
complicité avec les Interahamwe, ainsi que la restitution de leurs biens par ces
derniers. Pour ces déplacés rescapés, il ne pourra y avoir de réconciliation tant
que ces problèmes resteront sans solutions.

8

Un spectacle grandiose !
Joseph Mpumuro, Imvaho Nshya n° 1055, 12 - 18 décembre 1994,
p. 8
Le 19 novembre 1994, les habitants de la commune Cyungo, environ 7.000
personnes, ont organisé à la sous-préfecture de Kinihira une fête en l'honneur du
gouvernement de l'unité nationale. Ce spectacle composé de chants, de poèmes
et de danses folkloriques avait pour thème principal l'unité nationale. Il a été
rehaussé de la présence d'autorités administratives et militaires dont le directeur
de l'ORINFOR, le sous-préfet de Kinihira, le commandant de la région militaire de
Byumba. Ces autorités ont pris la parole pour féliciter la population de Cyungo
de l'initiative prise : organiser cette fête est la preuve que l'unité entre les
Rwandais est chose possible. Ils ont insisté sur le fait que grâce à l'unité entre les
habitants de Cyungo, ils pourront trouver des solutions aux problèmes qui se
posent dans leur commune.
Parlons des problèmes de l'environnement au Rwanda
Alexis Gakuba, Imvaho Nshya n°1055, 12 - 18 décembre 1994,
page 9
Le Rwanda sort d'une guerre qui a duré presque 4 ans. Cette guerre a causé
la mort d'innombrables personnes ainsi que des dégâts matériels inestimables.
Elle a eu de graves conséquences sur l'environnement et particulièrement sur le
tourisme qui constitue une source de devises pour le pays. La guerre d'octobre
1990 s'est déroulée dans le parc de l'Akagera qui a été fort endommagé. Il en est
de même du parc des Birunga. Des forêts ont été détruites par des incendies.
L'environnement des villes n'est pas meilleur : saletés, immondices, victimes du
génocide non enterrées ou mal enterrées... seront bientôt source de maladies. Au
moment où l'Etat s'organise pour la reconstruction du pays, il doit tenir compte
du facteur "environnement".
Le piège ne supporte pas de mensonge
Vital Augustin Nkulikiyinka, Imvaho Nshya n°1055, 12 - 18
décembre 1994, page 9
Il n'y a aucun doute que le Rwanda fait partie des pays de la
"francophonie" depuis sa création. Normalement, quand un sommet de Chefs
d'Etat a lieu, le président français adresse des invitations aux différents pays
membres. Le dernier sommet de la Francophonie s'est tenu à Biarritz, en France,
le 7 novembre 1994 ; tous les pays membres ont été invités sauf le Rwanda. La
raison invoquée par le Président français est tout à fait fausse ; la vérité est que le
Président Mitterrand ne souhaitait pas se trouver en tête à tête avec l'actuel
président rwandais car il risquait de se retrouver sur le banc des accusés. En effet,
nul n'ignore le rôle joué par la France dans les malheurs qui viennent de frapper
le Rwanda dont une partie de la population parle le français et se considère
toujours comme francophone.

9

IMVAHO NSHYA n°1057, 26 Décembre 1994 - 1
Janvier 1995
Que ce Noël soit le dernier !
Mweusi Karake, Imvaho Nshya n°1057, 26 décembre 1994 - 1
janvier 1995, page 1
Noël 1959 fut pour certains Rwandais le début d'un long exil qui a duré 35
ans. Pour la première fois dans l'histoire du pays, des Rwandais tuèrent d'autres
Rwandais et les chassèrent du pays. Et on parle de révolution ! Les crimes de 1959
ne furent pas punis ; il s'en suivit d'autres en 1964 et en 1973. Le couronnement
en fut le génocide de 1994. On ne peut pas juger seulement les massacres datant
de la mort de Habyalimana. Auparavant, il y a eu les massacres des Bagogwe et
des Bahima ; on a tué à Kibilira et à Gishyita. Tous ces crimes doivent être punis.
Et que Noêl 1994 soit le dernier Noël triste pour le peuple rwandais !
Le Tribunal International est proche
Hélène Nyirabikari, Imvaho Nshya n°1057, 26 décembre 1994 - 1
janvier 1995, page 2
Le Procureur général du Tribunal International chargé de juger les auteurs
du génocide rwandais a effectué une visite au Rwanda les 19 et 20 décembre
1994. Il a eu des entrevues avec différentes autorités du pays. Avant de prendre
l'avion, il a déclaré à la presse que les préparatifs de la mise en place du Tribunal
International avançaient bien, que le parquet auprès de celui-ci (170 juristes)
s'installerait bientôt à Kigali et commencerait à fonctionner. Il a ajouté que le
siège de ce Tribunal serait en dehors du Rwanda pour garder son indépendance,
mais qu'il travaillerait en collaboration avec les tribunaux rwandais. A cette
occasion, le ministre de la Justice a déclaré qu'il était urgent que les personnes
emprisonnées soient jugées, que le gouvernement était en train de rechercher les
moyens pour asseoir le système judiciaire.
Nous avons pensé aux enfants
Constantin Mugabo, Imvaho Nshya n°1057, 26 décembre 1994 - 1
janvier 1995, page 2
La semaine du 13 au 17 décembre 1994 a été consacrée à l'enfant rwandais.
La cérémonie d'ouverture a été présidée par Madame Séraphine Bizimungu,
épouse du président de la République rwandaise. Dans son discours, la première
dame rwandaise a dit que la plupart des orphelins étaient des victimes du
génocide et qu'il fallait leur accorder une attention particulière car "c'est un
investissement pour le pays". Actuellement, il existe 5 orphelinats qui ont
recueilli un nombre total de 12.000 orphelins ; 10.000 autres ont été recueillis
individuellement par des personnes privées. Madame Bizimungu a souhaité que
chaque famille rwandaise accueille au moins un orphelin.

10

Les Etats-Unis d'Amérique ont promis au Rwanda une aide de
plus de 11 millions de dollars
Constantin Mugabo, Imvaho Nshya n°1057, 26 décembre 1994 - 1
janvier 1995, page 2
Monsieur Antony Lake, conseiller chargé de la sécurité à la Présidence des
Etats-Unis d'Amérique, a effectué une visite officielle au Rwanda, le 16 décembre
1994. Il a déclaré que son pays appréciait l'effort fait par le gouvernement de
Kigali pour relever le Rwanda du chaos. Mais il n'a pas caché son inquiétude en
ce qui concerne les réfugiés et la situation dans les camps au Zaïre. Il a demandé
que le gouvernement rwandais prépare rapidement un programme de
rapatriement des réfugiés. Les Etats-Unis sont prêts à rembourser la dette de 2,5
millions de dollars que le Rwanda doit à la Banque Mondiale, à donner une aide
de 9 millions de dollars et à fournir des assistants techniques spécialisés en droit.
Entretien avec Madame Spéciose Murorunkwere, bourgmestre de
Rubavu
J.M.Vianney Nkuliyingoma, Imvaho Nshya n°1057, 26 décembre
1994 - 1 janvier 1995, page 3
Madame Spéciose Murorunkwere est la présidente provisoire de
l'Association des femmes de Gisenyi, membre du comité de direction de
l'Association "Duterimbere" et bourgmestre de Rubavu. Lors d'une interview
accordée au représentant de Radio - Rwanda à Gisenyi, M. J.M.V Nkuliyingoma,
elle a émis plusieurs idées : la femme rwandaise n'est pas suffisamment
représentée dans les instances du pays ; elle a été profondément blessée par les
massacres commis dans le pays ; l'Etat rwandais devrait aider celles qui ont été
violées, qui sont enceintes ou qui portent le Sida ; les femmes qui ont participé
au génocide devront être jugées et punies comme tous les massacreurs ; il est
important de mener minutieusement les enquêtes sur les massacres pour ne pas
incriminer des innocents (c'est ce que Madame Murorunkwere fait dans sa
commune) ; l'idéal serait d'accueillir les orphelins de guerre dans des familles,
mais la plupart de celles-ci n'ont pas beaucoup de moyens.
Des neuf usines à thé, il n'en reste que quatre !
Charles Sembeba, Imvaho Nshya n°1057, 26 décembre 1994 - 1
janvier 1995, pages 4 et 6
Le Rwanda comptait 9 usines à thé ; il n'en reste que quatre qui peuvent
fonctionner. Les usines de Cyangugu, Gikongoro et Kibuye ont été pillées et
détruites par les milices et l'ancienne armée ; celle de Murindi ne fonctionnait
plus depuis longtemps. L'Etat rwandais a besoin de 6 millions de Frw pour
réhabiliter les usines détruites et acheter de nouvelles machines. Le Fonds
Européen de Développement (FED) a promis d'accorder cette somme. Par ailleurs,
l'OCIR-Thé a besoin de 800 millions Frw pour remettre en état les plantations de
thé.

11

Le thé est rentable.
Charles Sembeba, Imvaho Nshya n°1057, 26 déc. 1994 - 1 janv.
1995, page 4
Le thé est l'une des richesses du pays. Il rapporte 24 % des devises qui
rentrent annuellement dans la caisse de l'Etat. Avant la guerre, l'OCIR-Thé
employait 25.507 personnes dont 23.000 manoeuvres. Il
débloquait
annuellement 48 millions de Frw en salaires. Il achetait aux planteurs de thé
pour une valeur de 500.000.000 frw. Actuellement, l'OCIR-Thé est confronté à
divers problèmes : outre qu'il a été pillé et volé par les anciens détenteurs du
pouvoir, les nouveaux dirigeants ne peuvent pas accéder à son compte en
banque, ils ne peuvent donc pas payer les employés... Les banques sont encore
régies par d'anciens textes, elles exigent "une ordonnance présidentielle"; le
nouveau gouvernement n'a pas encore commencé à signer des textes de lois.
Kigali : réforme du commerce dans les marchés
Vénéranda Hategekimana, Imvaho Nshya n°1057, 26 décembre
1994 - 1 janvier 1995, page 5
Le commerce est une activité fort prisée ; il rapporte beaucoup d'argent.
Dans les marchés de Kigali, on vend de tout et il y a beaucoup de désordres. Les
autorités de la préfecture de la ville de Kigali ont décidé de mettre de l'ordre
dans les marchés par mesure de sécurité et d'hygiène. Le marché de Nyarugenge
serait réservé aux produits alimentaires ; les autres produits devraient réintégrer
les boutiques. A Nyabugogo, les marchands de vêtements chassent les marchands
de produits alimentaires alors que ce marché était anciennement divisé en deux :
une partie pour les vêtements et une partie pour l'alimentation. Ce marché doit
garder sa vocation première ainsi que les autres marchés de la ville. Quant aux
marchés spontanés comme le "marathon" de Nyabugogo ou les kiosques en
dessous de la gare routière, ils doivent disparaître.
Les cachets communaux ont été distribués ; les nouvelles cartes
d'identité bientôt disponibles,
Immaculée Mukanyonga, Imvaho Nshya n°1057, 26 décembre
1994 - 1 janvier 1995, page 6
Au Rwanda, les gens sont inquiets ; la plupart n'ont pas de pièces
d'identité. Certains ont dû les jeter au moment du génocide pour cacher leur
ethnie. Le ministre de l'Intérieur les a rassurés: les fiches individuelles et les
permis de résidence ont été faits. Les nouvelles cartes d'identité ont été
imprimées sans mention d'ethnie comme le voulaient les Accords d'Arusha. Dans
un premier temps, ce sont les permis de résidence qui seront délivrés ; les cartes
d'identité seront distribuées après le rapatriement de tous les réfugiés et le
recensement de la population commune par commune.

12

Les sourds et les muets réclament leurs droits
Constantin Mugabo, Imvaho Nshya n°1057, 26 décembre 1994 - 1
janvier 1995, page 7
Un séminaire sur les droits des sourds et des muets a commencé, le 13
décembre 1994, au Centre Iwacu de Kabusunzu. Ce séminaire a été organisé par
l'Association Nationale des Sourds aux Rwanda avec le soutien financier, matériel
et logistique de l'association française "Nord-Sud". Les séminaristes ont affirmé
que le sourds et les muets sont des personnes à part entière. Ils doivent bénéficier
des mêmes droits que les autres. Ils ont souhaité que le gouvernement actuel
envisage des actions pour aider la promotion des sourds et surtout des muets qui,
jusqu'à présent, ont été oubliés.
Les objectifs de la nouvelle Assemblée Nationale
Pay Pay Pius Gatambiye, Imvaho Nshya n°1057, 26 décembre
1994 - 1 janvier 1995, page 7
Les députés de la nouvelle Assemblée Nationale sont déterminés à tirer le
pays du chaos. La nouvelle Assemblée est celle de tous les Rwandais ; la politique
ethnique et régionaliste doit être bannie. Les députés étudieront les stratégies
pour combattre la pauvreté et l'ignorance en vue d'élever le niveau de vie de la
population. La démocratie ne sera atteinte que si le député est un vrai messager
du peuple. Pour cela, il doit le laisser exprimer ses avis et considérations et les
prendre en compte. Le Rwanda doit être un Etat de droit ; la personne humaine
doit être respectée. Les meurtres, les vols et les autres crimes doivent appartenir
au passé. C'est pourquoi un système judiciaire doit être mis en place dans les
meilleurs délais. L'Assemblée Nationale doit aussi édicter les lois qui lui
permettront de contrôler les actions du gouvernement.
Contribuons à reconstruire ce que nous avons détruit
Anthyne Gasana, Imvaho Nshya n°1057, 26 décembre 1994 - 1
janvier 1995, page 10
Le Rwanda a été détruit par les Rwandais eux-mêmes. Les étrangers ne
pouvaient que les laisser faire. Maintenant il faut reconstruire. Cette
reconstruction doit se faire par étape. Tous les réfugiés doivent rentrer ; il faut
rechercher, juger et punir les auteurs des massacres. Il n'y a pas de circonstances
atténuantes, la justice est la vraie base de la réconciliation nationale. Ceux qui
ont détruit les maisons des voisins doivent les reconstruire; ceux qui ont volé le
bétail doivent le restituer ou aider leur voisin à redémarrer son élevage. Cette
contribution doit être une obligation. Les mauvaises habitudes comme le
clientélisme, l'avidité, l'appétit des richesses doivent disparaître de la culture
rwandaise. Chacun doit vivre selon ses moyens et par son travail !

13

Les militaires n'ont pas de savoir vivre
K.B.Ny., Imvaho Nshya n°1057, 26 décembre 1994 - 1 janvier
1995, page 10
Les militaires commencent à exagérer : l'histoire ne leur a laissé aucune
leçon ; les recommandations des autorités sont négligées. Ils s'adonnent à la
débauche et perturbent la sécurité de la population. Ils n'hésitent pas à enfoncer
des portes pendant la nuit pour réclamer filles et femmes. Ils ne pensent même
pas que le SIDA les guette. C'est un manque de savoir-vivre évident que de
bousculer ainsi la vie des familles.
Ne croiront-ils pas que nous faisons la grasse matinée ?
Louis Sibomana, Imvaho Nshya n°1057, 26 décembre 1994 - 1
janvier 1995, page 12
Il fut un temps où chacun était ponctuel au travail : il y avait assez
d'autobus et de taxis. Mais les autobus pour le transport urbain n'existent plus ;
les milices et les anciens militaires les ont emportés au Zaïre. Depuis que le prix
du transport a été fixé à 50 Frw, les taximen ont boudé et ont arrêté les transports
en ville. Que pensent les employeurs ? La plupart des employés arrivent au
travail à 10 heures, voire à 11 heures du matin. Comment ce problème du
transport sera-t-il résolu ?
Vol à l'ambassade de Tanzanie. Le capitaine Zigira explique
Mweusi Karake, Imvaho Nshya n°1057, 26 décembre 1994 - 1
janvier 1995, page 14
Pendant la nuit du 17 décembre 1994, 5 militaires et 6 civils ont attaqué
l'ambassade de Tanzanie ; ils y ont tué les gardes et ont volé 2 camionnettes
double cabine. Ce vol est un coup préparé de longue date. C'est le sous-lieutenant
Ngoga Innocent et M. Ndimanyi Kadhak (commerçant à Kibungo) qui en ont
affiné le plan en octobre 1994 ; ils y ont associé le capitaine Rwapapa, trois autres
militaires et des civils MM. Vianney Nzaramba, Badru Drada, Gérard Bazirufite,
Gaspard Zimurinda et Sulaiman Uzabakiriho. Le capitaine Zigira nie que cet acte
soit le fait des militaires même si des militaires y sont impliqués. Pour lui ce sont
des individus isolés qui ont fait un mauvais coup avec des civils.
Il y a trop d'accidents de roulage !
Hélène Nyirabikari, Imvaho Nshya n°1057, 26 décembre 1994 - 1
janvier 1995, page 15
Selon le commandant de la brigade de Muhima, on enregistre 10 accidents
de roulage par jour dans la ville de Kigali. Les causes en sont l'ignorance ou
l'irrespect du code de la route, l'excès de vitesse et l'alcoolisme. Les mesures prises
sont des amendes qui vont de 5.000 Frw à 100.000 Frw suivant la gravité de la
faute. Ces amendes seront rabaissées quand les chauffeurs deviendront plus
raisonnables.

14

INTAREMARA n°1, 28 Décembre 1994
Editorial : Charles Nkurunziza, Intaremara n°1, 28 décembre
1994, page 2
Le journal "Intaremara" vient de naître : il apportera sa contribution à la
reconstruction du pays. Son objectif est de dire la vérité. La vérité est une valeur
qui doit entrer dans la nouvelle culture du Rwanda. L'habitude de dire "un tel
vient du Burundi, tel autre de l'Uganda ou d'ailleurs" doit disparaître. Chacun
doit respecter l'autre, l'accueillir conformément à la culture traditionnelle.
Chacun doit se sentir concerné par la reconstruction de ce pays marqué par la
guerre et le génocide.
Construisons ensemble le Rwanda.
Charles Rutsindura, Intaremara n°1, 28 déc 1994, pages 2 et 9
Le temps de fêter la victoire est terminé ; on commence à affronter la
réalité. Les auteurs des massacres ont laissé un pays détruit ; il ne sera pas facile
de le reconstruire. Les Rwandais qui viennent de rentrer et qui ont des capitaux
sont appelés à investir et à créer des projets pour relancer l'économie du pays.
Les rescapés du génocide doivent considérer les nouveaux arrivés comme des
frères contraints à l'exil par un pouvoir dictatorial et divisionniste. Les Rwandais
encore en exil doivent rentrer pour collaborer à la reconstruction du pays dans la
paix. Ils doivent s'éloigner des massacreurs car ceux-ci sont connus ; les innocents
n'ont rien à craindre.
Nous avons été blessés.
Charles Nkurunziza, Intaremara n°1, 28 décembre 1994, page 3
Le génocide et les massacres commis par les milices Interahamwe, les CDR et
les Power auraient pu être évités si la communauté internationale l'avait voulu.
Quand les massacreurs partaient, en chantant, accomplir leur mission macabre,
cette communauté les voyait et savait ce qu'ils allaient faire. Ignore-t-elle qu'il y
a des fosses communes ? Ne sait-elle pas que certains ont été jetés vivants dans
des puits perdus ? La peine de mort est la seule sanction qui pourrait apaiser
ceux que les massacres ont blessés. Le discours de MM. Kambanda, Bagosora et
Renzaho ne peuvent être oubliés ! Messieurs Mitterrand et Roger Booh Booh
devront aussi être jugés car ils ont soutenu les instigateurs des massacres. Le
Tribunal tarde à venir : M. Sindikubwabo mourra avant d'y comparaître.
Réconciliation, fonction de la justice
Wellars Ruzindana Buragatare, Intaremara n°1, 28 décembre
1994, pages 4 et 5
La réconciliation des Rwandais est une base essentielle à la reconstruction
du pays. Mais cette réconciliation ne peut se faire tant que les responsables du
génocide et des massacres vivent en liberté et espèrent bénéficier de l'impunité
comme les années précédentes. Le génocide et les massacres ont bel et bien eu
lieu, il faut que justice soit faite. C'est la seule voie pour rendre confiance et

15

sérénité aux rares rescapés de cette tragédie. C'est le seul moyen de susciter une
véritable réconciliation nationale (texte en français).
Massacres dans les églises du Rwanda.
Charles Nkurunziza, Intaremara n°1, 28 déc. 1994, page 5
Il a été dit, écrit et vérifié que certains hommes d'Eglise ont trempé dans les
massacres du Rwanda. Beaucoup d'églises ont été des abattoirs d'hommes tués à
cause de leur ethnie. On peut citer à titre d'exemple les églises de Nyarubuye,
Nyamata, Rukara (Karubamba), Rukumberi et ailleurs. Certains chefs d'Eglise
dirigeaient des groupes des tueurs ou refusaient protection à ceux qui allaient
vers eux. Mais il y en a qui, comme MM. Faustin Bashaka et Joseph Nsanzurwimo,
ont montré qu'ils travaillaient réellement pour Dieu : ils ont mis tout en oeuvre
pour protéger les fuyards traqués par les milices ou les militaires de l'ancienne
garde présidentielle.
Ce qui se passe au MDR est incompréhensible !
Charles Nkurunziza, Intaremara n°1, 28 décembre 1994, pages 5
et 6
Dans un document qu'il vient de publier, le MDR reproche au
gouvernement d'avoir permis aux anciens réfugiés de rentrer en désordre et
d'occuper illégalement les biens d'autrui. Il propose au gouvernement de "hâter
le rapatriement des anciens réfugiés" suivant "les mécanismes prévus" par les
Accords de Paix d'Arusha. Le MDR ignore délibérément les réalités du pays. Ne
voit-il pas que les réfugiés ont occupé les seules maisons qui n'ont pas été
détruites par les milices ? N'est-il pas préférable d'occuper une maison ou
d'utiliser un véhicule au lieu de les détruire ? Quand le MDR parle de la
formation d'une nouvelle armée nationale, il rejette l'APR. Veut-il des militaires
comme Théoneste Bagosora, Augustin Bizimungu ou Tharcisse Renzaho ? Pourquoi
parle-t-il d'une période de transition trop longue et de l'interdiction des activités
des partis politiques ? Ce n'est pas encore le moment de remettre tout en route.
Burundi : un Etat qui s'auto-détruit !
Origène Mugambira, Intaremara n°1, 28 déc. 1994, page 7
Ce qui se passe au Burundi étonne les observateurs. Certaines hautes
autorités s'opposent ouvertement à l'armée nationale. Un exemple concret est
celui de M. Nyangoma, ex-ministre de l'Intérieur, qui a formé une opposition
armée contre son propre pays. Il a bénéficié de tous les avantages d'un ministre
même pendant cinq mois après sa désertion du ministère. Le docteur Jean
Baptiste Minani qui, en 1993, a incité le peuple burundais à la violence, a été élu
Président de l'Assemblée nationale. Des rumeurs disent que le FRODEBU, parti au
pouvoir, serait divisé en deux : les modérés qui sont avec le président Sylvestre
Ntibantunganya et les extrémistes de M. Nyangoma. Le président Ntibantunganya
devrait être clair et dire sa position au peuple burundais. Son silence laisse
supposer qu'il soutient M. Nyangoma.
La dernière offensive du FPR. L'épopée militaire du FPR : Paul
Kagame, génie militaire...
Intaremara n°1, 28 décembre 1994, pages 8 et 9

16

Si le FPR, armée que tout défavorisait, l'a emporté sur une armée super
équipée et entraînée par une puissance européenne, il a fallu le génie de M. Paul
Kagame. Celui-ci a su diriger ses troupes, les discipliner et élaborer "une stratégie
imparable". La guerre s'est faite à pied, sans moyens de transports, depuis 1990.
La stratégie de Kagame était de réduire au minimum les pertes dans ses rangs.
Pour y arriver, ses soldats "infiltraient et contournaient les positions
gouvernementales, souvent la nuit, et exerçaient ensuite un harcèlement continu
par les mortiers" jusqu'à la débandade de celles-ci (texte en français).

KINYAMATEKA n°1414, Décembre 1994
L'Eglise Catholique a été éprouvée
Ladislas Niyongira, Kinyamateka n°1414, décembre 1994, pages 1
et 6
Les massacres qui ont eu lieu au Rwanda ont emporté d'innombrables vies
humaines dont plusieurs prêtres et religieux. En effet, l'Eglise catholique déplore
la perte de 3 évêques, de plus de 100 prêtres, de 41 frères et de près de 70
religieuses. La liste des tués, pages 1 et 6, ne concerne que les prêtres diocésains ;
une liste complémentaire sera donnée dans les prochains numéros.
L'Eglise catholique a été durement éprouvée par la guerre
Kinyamateka n°1414, décembre 1994, page 2
Le Rwanda comprend 9 diocèses, trois des responsables (évêques) de ces
neuf diocèses ont été tués. La plupart des évêchés ont été pillés sauf ceux de
Cyangugu, Gikongoro et Kigali. Des 128 paroisses réparties sur le territoire, 50
seulement peuvent relancer leurs activités. Des 400 prêtres rwandais qui
oeuvraient dans les différents diocèses, 103 ont été assassinés, 183 autres se
trouvent à l'étranger, exilés ou étudiants ; il n'y en a plus que 114 au Rwanda.
Des 150 missionnaires qui exerçaient leur apostolat au Rwanda, 7 sont morts ; il
n'y en a que 50 qui sont rentrés au pays. Les séminaristes ont été dispersés : le
Grand Séminaire de Nyakibanda hébergeait 450 Séminaristes, il n'en compte que
59 actuellement, 150 autres sont à l'étranger ; le séminaire de Rutongo n'en
compte plus que 20 et il ne reste plus qu'un tiers des Séminaristes (80) des classes
terminales de tous les petits séminaires du pays. Concernant les noviciats, il n'y a
que les congrégations des Soeurs Benebikira et des Petites Soeurs de Jésus qui ont
pu rouvrir leurs portes. Entretemps, Rome a nommé des administrateurs
apostoliques à la tête des diocèses qui en manquaient.
(A la page 2, le Kinyamateka publie la liste de ses employés et ceux de
l'imprimerie Pallotti-Presse,
victimes du génocide rwandais).
Aucune démocratie n'est possible sans des institutions chargées
de défendre les droits de l'homme
Antoine Rwagahilima, Kinyamateka n°1414, décembre 1994, page
3

17

Un journaliste du Kinyamateka, A. Rwagahilima, s'est rendu au Canada au
mois de novembre ; il y a rencontré d'autres journalistes venant d'Uganda, du
Pérou et de Sri Lanka. Ce voyage d'études avait été organisé par le Centre
International de Protection des Droits de l'Homme et du Développement de la
Démocratie de Montréal. L'objectif en était de montrer aux journalistes des pays
en voie de développement la place de la presse dans un pays démocratique et la
façon dont les journalistes peuvent rappeler aux autorités leurs engagements. Au
terme de leur voyage, les journalistes se sont rendus compte que la démocratie
n'est possible que s'il existe à tous les niveaux des institutions nationales des
mécanismes qui protègent les droits du citoyen. Il existe de telles institutions au
Canada. "Le protecteur du citoyen" qui est mis en place par le parlement est
chargé d'écouter les doléances de la population quand elle se sent lésée par le
fonctionnement ou les décisions de l'Etat. "Le Conseil de presse" écoute les
protestations des citoyens ou des autorités contre des articles de presse
diffamatoires ou biaisés. Ce conseil a le pouvoir de mener des enquêtes et de
blâmer les journalistes auteurs des articles contestés. "La loi sur l'accès à
l'information" autorise les journalistes à consulter les documents d'ordre public
et d'en informer la population. "La loi canadienne sur les droits de la personne"
permet au citoyen de faire valoir leurs droits quand il subit des injustices telles
que la ségrégation raciale, ethnique ou sexuelle...
Les écoles : un lieu de rencontre pour plusieurs langues
Rose Mukantwali, Kinyamateka n°1414, décembre 1994, page 5
Le 12 décembre 1994, un journaliste du Kinyamateka a rencontré le
directeur général du ministère de l'Enseignement Primaire et Secondaire. Plusieurs
problèmes ont été abordés, notamment la diversité des langues dans les écoles, le
paiement du minerval, la reconstruction des écoles, l'intégration des enfants
venant des pays limitrophes, les écoles techniques et les relations entre les Eglises
et l'Etat. Selon le directeur général, chaque enfant terminant la 6ème année
primaire fera l'examen dans la langue dans laquelle il a appris cette matière, sauf
en calcul. Les écoles secondaires de l'Etat redeviendront des internats et les élèves
seront exonérés du minerval pendant un an. Les écoles techniques ne peuvent
pas encore rouvrir leurs portes car elles ont été entièrement pillées et que le
matériel technique coûte cher. La Convention entre l'Etat et l'Eglise concernant
l'enseignement devra être revue.
Philippe Reyntjens : "Sujets d'inquiétude au Rwanda"
Ladislas Niyongira, Kinyamateka n°1414, décembre 1994, page 7
De retour d'une mission de 7 jours au Rwanda, le professeur Reyntjens a fait
un rapport qui sonne l'alarme. Pour lui, les problèmes auxquels le Rwanda est
confronté risquent d'hypothéquer son avenir et le conduire vers une nouvelle
guerre. Ces problèmes sont l'insécurité causée par la discipline relâchée de
l'armée du FPR et l'absence du système judiciaire ; le retour désordonné des
anciens réfugiés et les infractions à la propriété privée ; les règlements de compte,
les disparitions mystérieuses, les meurtres, la vengeance ; le radicalisme ethnique
qui freine la réconciliation nationale ; l'isolement des rescapés du génocide ; la
mésentente au sein du gouvernement.
Même quand nous sommes tristes, nous sourions

18

Rose Mukantwali, Kinyamateka n°1414, décembre 1994, page 9
"Même quand nous sommes tristes, nous sourions" a déclaré Madame
Judith Kanakuze qui représentait l'Association "Duterimbere", le 3 décembre
1994, lors de la cérémonie de clôture de la semaine de la femme africaine en
général et de la femme rwandaise en particulier. Elle a demandé à l'assemblée
d'observer une minute de silence en mémoire de ceux qui ont lutté pour la paix,
particulièrement Mesdames Agathe Uwiringiyimana et Odette Ubonabenshi.
Toutes les femmes qui ont pris la parole ce jour-là, notamment les représentantes
des associations de femmes et le préfet de la ville de Kigali, ont insisté sur les
conséquences de la guerre pour la femme rwandaise. La femme rwandaise est
triste, elle a faim, elle a été violentée et dépouillée de tout, elle n'a plus rien. Elle
est angoissée, elle n'ose pas soumettre ses problèmes aux autorités. Ses droits ne
sont pas respectés et elle ne les connaît pas. Elle n'est pas suffisamment
représentée dans les instances du pays ; par exemple, il n'y a que 8 femmes sur 70
députés de l'Assemblée nationale. Il est temps qu'on donne des droits aux
femmes et qu'on les respecte, notamment en ce qui concerne le droit de
l'héritage, l'accès aux postes de responsabilités, le droit à un niveau de vie décent
par la promotion des actions sociales et économiques en faveur de la famille.
"Le Rwanda n'était pas trop petit pour ne pas accueillir ses
réfugiés"
Antoine Rwagahilima, Kinyamateka n°1414, décembre 1994, page
10
"Le Rwanda n'était pas trop petit pour ne pas accueillir ses réfugiés" a
déclaré le ministre Bihozagara lors de la conférence de presse donnée le 8
décembre 1994. Cette conférence avait pour objectif de parler des problèmes du
logement dans la ville de Kigali et des propriétés terriennes à la campagne. Le
problème des maisons en ville a été aggravé par le retour spontané des anciens
réfugiés ; le ministère habilité pour les accueillir n'a pas eu le temps de mettre en
place les infrastructures prévues par les Accords de paix d'Arusha. Mais il a déjà
identifié les zones où ces réfugiés pourraient habiter car ils devront libérer les
maisons et propriétés qu'ils ont occupées à leur arrivée au Rwanda. La propriété
privée est inviolable, a-t-il ajouté. Certains terrains d'élevage et de chasse du
Mutara seront mis à la disposition des réfugiés. Les éleveurs du grand bétail
seront invités à vendre leurs troupeaux et à investir leur argent dans d'autres
projets. Dans la ville de Kigali, les secteurs de Nyarutama, Remera 3, Gikondo,
Gaculiro, Kimihurura, Nyandungu seront parcellisés et mis à la disposition de
ceux qui peuvent construire des maisons cadastrées. Le problème de la
nationalité a été aussi évoqué lors de la conférence de presse. Pour le ministre
Bihozagara, les Rwandophones des pays limitrophes qui se sentiront menacés et
qui viendront au Rwanda seront accueillis sans problème.
A la page 10, le journal Kinyamateka donne les noms des communes et régions
où l'Etat rwandais pourrait installer les anciens réfugiés.
Message adressé au gouvernement rwandais par les Représentants
de la Conférence Episcopale de l'Afrique de l'Est,
Kinyamateka n°1414, décembre 1994, page 11

19

Les Représentants des Conférences épiscopales de l'Afrique de l'Est (Ethiopie,
Kenya, Malawi, Soudan, Tanzanie, Ouganda et Zambie) ont visité le Rwanda du
20 au 26 novembre 1994. Leur visite avait pour objet de partager la joie et la
douleur de l'Eglise et de montrer leur volonté de collaborer pour un avenir
meilleur. Les visiteurs de marque ont déploré les massacres commis au Rwanda et
ils ont salué le courage des chrétiens qui ont protégé leurs frères menacés. Vu que
leurs diocèses respectifs ont accueilli les récents réfugiés rwandais, ils ont souhaité
que le gouvernement arrête les violences contre les droits de l'homme et cesse
d'appeler "massacreurs" tous les Hutu ; ceux qui veulent rentrer doivent être
rassurés. Ils ont demandé à la communauté internationale d'aider l'Etat
rwandais à identifier, juger et punir les coupables pour permettre la
réconciliation du peuple rwandais.
Les militaires ont reçu leur salaire.
Ladislas Niyongira, Kinyamateka n°1414, déc. 1994, page 12
La Banque Nationale du Rwanda a donné en prêt à l'Etat la somme de
1.824.177.000 Frw pour que le ministère de la Défense puisse donner deux mois
de salaire aux militaires et aux civils qui travaillent pour eux, payer les
fournisseurs, acheter les uniformes militaires et les tentes. On avait espéré que si
les militaires étaient payés, la sécurité reviendrait mais on remarque le contraire.
En effet la discipline de la nouvelle armée n'est plus celle du temps de la guérilla.
On remarque un relâchement, un esprit d'affairisme, l'appétit du gain matériel.
Etant la nouvelle armée gouvernementale, les militaires estiment que l'Etat doit
les prendre en charge d'autant plus qu'ils ont des familles qu'ils doivent
entretenir. Dans un effort de relance de la vie économique et sociale, le
gouvernement doit tenir compte de l'élément "salaire des militaires" pour éviter
ces débordements.

L'ARC-EN-CIEL n°2, 16 Décembre 1994
(articles en français)
Editorial : Illustrer les valeurs de la culture rwandaise
Jean-Marie Mudakikwa, l'Arc-en-Ciel n°2, 16 décembre 1994, page
1
Les Rwandais doivent se pardonner mutuellement, conjuguer leurs efforts
pour reconstruire le pays et lutter contre toute forme de pathologie qui peut les
conduire encore une fois au génocide. Les hommes politiques doivent
appréhender correctement le concept "démocratie" et en instruire le peuple. Le
Rwanda doit retrouver toutes les valeurs qui avaient fait la renommée de sa
culture.
Le Burundi assis sur un volcan.
Ferdinand Murara, L'Arc-en-Ciel n°2, 16 déc. 1994, pages 1 à 3
On croyait qu'après la signature de la Convention du Gouvernement (le 10
septembre 1994), le Burundi s'acheminerait vers la concorde. Hélas, l'élection de
M. Jean Minani, ancien ministre de la Santé, au poste de président de l'Assemblée

20

Nationale, vient de replonger le pays dans le chaos. Celui-ci est accusé par
l'opposition d'avoir incité la population hutu au massacre des Tutsi et des Hutu
de l'UPRONA, après l'assassinat du président Ndadaye. Cette élection contribue
encore à radicaliser les sensibilités en présence. "Le Burundi fonctionne
dorénavant à la manière de la roulette russe. D'un moment à l'autre, tout peut
exploser".
Visite du président burundais M. Sylvestre Ntibantunganya
L'Arc-en-Ciel n°2, 16 décembre 1994, page 3
Le 6 décembre 1994, le président burundais a fait une visite de travail au
Rwanda. Les deux présidents, Sylvestre Ntibantunganya et Pasteur Bizimungu, ont
passé en revue les problèmes des réfugiés et d'insécurité. On espère que les
relations de bon voisinage vont reprendre entre les peuples burundais et
rwandais.
La CEPGL redevient fonctionnelle.
Jean-Marie Mudakikwa, L'Arc-en-Ciel n°2, 16 décembre 1994,
page 3
Le second sommet extraordinaire de la CEPGL a eu lieu, le 26 novembre
1994, à Bagdolite (Zaïre). Les trois présidents du Burundi, du Zaïre et du Rwanda
y participaient. Deux points étaient inscrits à l'ordre du jour le problème de la
sécurité lié à celui des réfugiés ainsi que la relance économique du pays.
Burundi : drôle de guerre !
François Bugingo, l'Arc-en-Ciel n°2, décembre 1994, page 4
"Le pays est plongé dans une logique de guerre sans guerre". Au Burundi,
c'est le chaos. Le venin de l'ethnisme est ancré dans la société burundaise. On ne
s'étonne plus des assassinats dans certaines régions d'autant plus que les milices
Interahamwe du Rwanda ont fusionné avec les Intagoheka (milices de Nyangoma)
et le Palipehutu. Encore une fois, des innocents meurent injustement.
Quelle originalité du parlement rwandais
Ferdinand Murara, L'Arc-en-Ciel n°2, 16 décembre 1994, pages 4
et 5
L'intégration de militaires dans le parlement rwandais apparaît aux yeux
de la Communauté internationale comme un mépris de la démocratie. Mais
dans le contexte actuel du Rwanda et après la méconduite des anciennes forces
armées, il est important de donner à la nouvelle armée un rôle incontournable
dans la nouvelle marche du pays. C'est un moyen de considérer les militaires qui
ont combattu pour l'avènement d'un "Etat de droit", comme "des acteurs à part
entière de la vie politique rwandaise".
Quand un verre de trop met fin à la carrière politique d'un
député !
L'Arc-en-Ciel n°2, 16 décembre 1994, page 5

21

Le député Louis Nizigiyimana, membre du Parti Libéral (PL) vient de
présenter sa démission au président de l'Assemblée Nationale. Il reconnaît avoir
eu un comportement honteux, le 25 novembre 1994, pendant la cérémonie de
prestation de serment par les nouveaux députés.
Quelques articles tirés de la presse rwandaise en novembre
Faustin Kagame, L'Arc-en-Ciel n°2, 16 décembre 1994, pages 6 et
8
Résumé d'articles parus dans Le Flambeau du 15 novembre 1994, Le
Messager-Intumwa du 24 novembre 1994 et Le Tribun du peuple du 13 novembre
1994.
Livre : un drame qui a une histoire.
François Bugingo., L'Arc-en-Ciel n°2, 16 décembre 1994, page 10
Présention du livre de Colette Braeckman : "Rwanda : histoire d'un
génocide" (Fayard)

LE MESSAGER - INTUMWA n°47, 31 Décembre 1994
Le temps de s'affronter n'est pas arrivé !
Edouard Mutsinzi, Le Messager - Intumwa n°47, 31 décembre
1994, page 2
Le Conseil du gouvernement du 20 décembre 1994 a confirmé la
dénomination de "gouvernement d'union nationale" et a rejeté l'appellation
"Gouvernement de Transition à base élargie" consacrée par les Accords de Paix
d'Arusha. De retour d'une visite en Europe, le Premier ministre, M. Faustin
Twagiramungu, a discouru sur la sécurité du pays, dénonçant ceux qui la
perturbent. Ce discours a été interprété comme un complément au discours
prononcé par le général major Kagame lors de sa visite à l'unité militaire de
Kibungo. Mais ces paroles du 23 décembre 1994, pleines de tristesse et de colère,
ont désarçonné quelque peu la population. Si la succession des discours sur la
sécurité montre l'importance que les dirigeants lui accordent, le peuple souhaite
qu'ils ne s'affrontent pas publiquement. Si le gouvernement actuel a été baptisé
"gouvernement d'union nationale", cette unité doit transparaître dans les dires
des membres de ce gouvernement sinon on va vers une autre guerre. Les
journalistes ne manqueront pas de dénoncer les groupuscules indisciplinés qui
perturbent la sécurité de la population.
Le Premier ministre a aboli la torture. Le roi Rudahigwa avait
aboli la torture et la servitude
Le Messager - Intumwa n°47, 31 décembre 1994, page 3
De retour d'une visite en Europe, M. Faustin Twagiramungu a dû affronter
les journalistes et répondre à leurs questions. Le problème clé de cette interview
était la sécurité. Les idées du Premier ministre peuvent être résumées en quelques
points : le gouvernement avait promis à la population de ramener la sécurité.

22

Depuis quatre mois que ce gouvernement existe, la sécurité n'est pas encore
revenue ; des groupuscules semblables aux escadrons de la mort sévissent dans le
pays. Il est temps que ce cycle infernal des vengeances, des règlements de compte
s'arrête. Les instances concernées doivent respecter les directives du
gouvernement. La sécurité doit être assurée pour que la population ait confiance
dans ses autorités. La sécurité est l'une des bases du développement. Elle est la
première condition d'une relance économique ; les bailleurs de fonds ne peuvent
pas accepter d'investir dans un pays perturbé. Le Premier ministre n'a rien
déclaré sur le document que le MDR vient de publier.
Le ministre de la Défense nationale, M. Paul Kagame, a pointé
du doigt le Premier ministre
Edouard Mutsinzi, Le Messager - Intumwa n° 47, 31 décembre
1994, pages 4 et 5
Le général major Paul Kagame, Vice-président de la République et ministre
de la Défense nationale, a été choqué par les propos du Premier ministre. Pour
lui, la sécurité est un problème parmi tant d'autres, notamment le rapatriement
des réfugiés, leur accueil et leur installation, la relance économique... Le problème
de sécurité doit être celui de tout Rwandais principalement des autorités. Ceux
qui perturbent la sécurité sont des individus isolés ; l'armée ne doit pas être
incriminée.
Les Sudistes ( Abanyenduga ) sont accusés de génocide
Le Messager - Intumwa n°47, 31 décembre 1994, pages 6 à 8
Le flot de sang qui a coulé au Rwanda l'a rendu célèbre. Les étrangers savent
qu'il existe des ethnies au Rwanda, les Tutsi et les Hutu, et que ces derniers sont
des tueurs. Cependant ce qui est étonnant, c'est que les intellectuels Hutu du Sud
ont accepté de verser le sang de leurs frères Tutsi alors qu'ils avaient été
défavorisés par le régime Habyalimana. Ne les avait-il pas traités d'être des
complices du FPR en 1990 ? Ne les avait-il pas emprisonnés ? Pourtant ce sont eux
qui ont enseigné l'idéologie ethniste dans tous les partis, sur les antennes de
Radio-Rwanda et sur la RTLM. On a jamais entendu un Nordiste (umukiga) ou un
proche parent de Habyalimana inciter la population à la violence. Les Sudistes
seront jugés coupables de génocide. Actuellement la population du Sud (Nduga)
est en train de payer "le péché originel" commis par MM. Karamira, Kambanda
et Sindikubwabo. Cependant, les militaires du FPR devraient cesser leurs
règlements de compte sinon ils seront à leur tour accusés de génocide.
BNR : le Vice-gouverneur est tombé dans le piège de la CDR
Isaïe Niyoyita, Le Messager - Intumwa n° 47, 31 décembre 1994,
page 9
Vers la fin du règne de Kinani (l'invincible), le climat à la Banque Nationale
était marqué par la cupidité, le régionalisme, l'ethnisme et la suspicion. Les
Banyenduga (les Rwandais du Sud) et les Tutsi étaient persécutés. L'actuel
gouverneur, M. Gérard Niyitegeka, a été lui-même victime de ces malveillances.
Actuellement, l'ambiance s'est améliorée mais un extrémiste, M. Nsengimana,
toujours secrétaire général, fait la loi et sème la zizanie. Le vice-gouverneur

23

Rutayisire collabore avec lui. Le gouverneur n'arrive pas à mettre de l'ordre dans
la banque. C'est un travailleur mais il ne sait pas dénouer les intrigues.
L'inquiétude du professeur Reyntjens à l'égard du non-respect
des droits de l'homme au Rwanda
Le Messager - Intumwa n°47, 31 décembre 1994, pages 10 à 12
De retour d'une brève mission menée au Rwanda, du 15 au 22 octobre 1994,
le professeur Philippe Reyntjens a exprimé son inquiétude face aux graves
problèmes qui risquent d'hypothéquer l'avenir du pays. Ces problèmes sont
l'insécurité due notamment à la discipline relâchée de l'APR, à la justice quasiinexistante et à l'absence d'une administration territoriale ; le retour anarchique
des réfugiés et l'occupation illégale des propriétés ; les disparitions mystérieuses,
les assassinats, les massacres et les arrestations arbitraires ; la naissance du
radicalisme ethnique ; la marginalisation des Tutsi de l'intérieur ; la peur des
Hutu (particulièrement les intellectuels) au vu des arrestations arbitraires, des
disparitions mystérieuses, des meurtres... l'inactivité de l'ONU et l'absence de
coordination entre la MINUAR et la mission d'observation du Centre des droits de
l'homme (texte en français).
Quelle collaboration entre la presse privée et l'Etat ?
Edouard Mutsinzi, Le Messager - Intumwa n°47, 31 décembre
1994, pages 12 à 14
L'avènement du multipartisme au Rwanda (juin 1991) a suscité la
naissance de la presse écrite privée. Les Rwandais se sont sentis libres d'exprimer
leurs opinions. Les journaux comme Rwanda Rushya, Ikindi, Isibo, Umurangi ont
aidé les politiciens de l'opposition à combattre la dictature de Kinani
(l'Invincible). Cependant, les journaux de la tendance MRND-CDR ont fait la
réplique et ont semé le venin de l'ethnisme et de la violence. Ils ont aidé le clan
de Habyarimana à préparer le génocide. Actuellement, la presse privée est bonne,
même si parfois elle est tendancieuse. La presse publique travaille dans la ligne
de l'unité, de la réconciliation et du développement national. On attend l'entrée
en fonction des radios de l'Eglise catholique à Kabgayi, de l'ONU (MINUAR), de la
défense des droits de l'homme de CLADHO. Dans l'ensemble, la presse est
soutenue par les hautes instances du pays. C'est ainsi que lors de sa séance du 18
novembre 1994, le Conseil du gouvernement a déterminé 10 points essentiels
relatifs à la mission de la presse dans le développement du pays et l'éducation de
la population.
Nous avons parlé avec M. Walter Zuber
Edouard Mutsinzi, Le Messager - Intumwa n° 47, 31 décembre
1994, page 14
Le ministre de l'Intérieur de la Rhénanie Palatinat, M. Walter Zuber, a fait
une visite officielle au Rwanda. Il a déclaré au journaliste du Messager - Intumwa
que la Rhénanie Palatinat va redéfinir sa coopération avec le Rwanda pour l'aider
à reconstruire les infrastructures détruites et à relancer les projets de
développement. Il a affirmé la volonté de la Rhénanie Palatinat d'aider la presse
privée à se développer.

24

"Que le MDR dise clairement qu'il veut une armée
majoritairement hutu" , déclare le député Tito Rutaremara.
Le Messager - Intumwa n° 47, 31 décembre 1994, pages 15 et 16
Des journalistes du Messager - Intumwa ont rencontré le député Tito
Rutaremara et lui ont posé des questions sur les enquêtes relatives au génocide, la
responsabilité de la France dans les massacres rwandais et les déclarations du
MDR sur les problèmes actuels du pays. Les réflexions du député Tito Rutaremara
se résument comme suit : il existe une Commission des droits de l'homme
chargée d'étudier l'historique, le développement et les idéologues du génocide au
Rwanda ; les résolutions du Conseil de Sécurité sur le Tribunal international
chargé de juger les auteurs du génocide sont incompatibles avec la loi rwandaise
et les souhaits du pouvoir de Kigali ; l'insécurité et le désordre qui règnent au
pays sont consécutifs à la guerre, la sécurité reviendra avec la mise en route du
système judiciaire ; la France est impliquée dans le génocide rwandais mais il ne
tient qu'à elle que ses liens de coopération reprennent avec le Rwanda pour
autant qu'elle ne parle plus de l'intégration du MRND dans la gestion du pays ; le
MDR ignore délibérément les vrais problèmes du pays "qu'il dise clairement qu'il
veut une armée majoritairement hutu".
Un juge, M. Mwumvaneza, a été emprisonné injustement
Le Messager - Intumwa n°47, 31 décembre 1994, page 17
Le commerçant Paulin Ruzindana de Remera, en complicité avec des
militaires a dirigé les massacres dans la cellule Karutindo, secteur Gahengeri, en
commune Bicumbi. Leur objectif premier était d'exterminer la belle famille de M.
Joseph Kavaruganda, ancien président de la Cour de cassation. Parmi les victimes
figurent la femme et l'enfant de M. Juvénal Mwumvaneza, président du tribunal
de Canton de ladite commune. Ce dernier a successivement fait appel au
ministre de la Justice et au Secrétaire du service central de renseignement qui
n'ont rien fait pour lui. Il a ensuite imploré le ministre de l'Intérieur et du
Développement communal qui lui a donné une lettre de recommandation
auprès du Chef d'Etat Major de la gendarmerie. Au lieu d'être entendu, il a été
interpellé et emprisonné, il est accusé de génocide par le commerçant Paulin
Ruzindana et le lieutenant Mukagasana.

25

LE PARTISAN n° 22, Décembre 1994
Editorial : On en a assez de courir
Amiel Nkuliza , Le Partisan n°22, Décembre 1994, page 2
Tout pouvoir corrompt. Le règne du président Habyarimana a été
caractérisé par la méchanceté, les meurtres et les assassinats. Il a été couronné
par les massacres des Tutsi, des Banyenduga (Sudistes) et de toute autre personne
opposée aux idéaux du MRND-CDR. Cependant ce qui se passe actuellement au
Rwanda n'est pas meilleur. Durant les événements d'avril à juillet 1994,
beaucoup de Hutu ont caché et protégé des Tutsi ; aujourd'hui ce sont ces Tutsi
qui dénoncent les Hutu les traitant de miliciens. Pour eux, les personnes qui ont
fui vers Goma ou Bukavu sont des tueurs. Le gouvernement devrait asseoir les
mécanismes pour faire des enquêtes impartiales et protéger les innocents, sinon le
pays ne connaîtra jamais la réconciliation ni l'unité ni la paix.
Jusque quand courir ?
Amiel Nkuliza, Le Partisan n°22, Décembre 1994, pages 3 à 6
Le président Habyarimana est mort le 6 avril 1994 à 20 h 25. C'est la RTLM
qui a annoncé la nouvelle. Le 7 avril 1994, au matin, les milices Interahamwe Impuzamugambi et la garde présidentielle ont commencé l'exécution des
politiciens, des Tutsi et des Hutu opposants aux partis MRND et CDR. A la
campagne, les Tutsi et les adhérents des partis d'opposition ont été tués par leurs
voisins et leurs amis. Dans les quartiers de Kigali, les listes des prétendus
complices du FPR avaient été établies. Les conseillers des secteurs avaient ces listes
et avaient ordonné aux bourreaux de tuer (emmener à Arusha) sans autre forme
de procès. Certains miliciens ont caché des Tutsi ; c'est le cas de M. Ndayitabi,
chef des milices à Bilyogo, qui avait interdit les massacres dans sa cellule. A
partir du 20 avril 1994, beaucoup de personnes ont commencé à partir vers le
Sud (Gitarama, Gikongoro, Kibuye, Cyangugu). Certains fuyaient les combats
entre le FPR et l'armée rwandaise, d'autres espéraient que les actions macabres des
milices se limiteraient à Kigali. Vers le 17 juillet, le FPR a pris le camp de
Mukamira (Gisenyi), l'armée rwandaise s'est enfuie. C'est alors que toute la
population, du Ministre au petit fonctionnaire, a afflué vers Goma ; quand les
Zaïrois ont vu cette foule de fuyards, ils se sont exclamés: "Voilà les assassins qui
arrivent". A Goma, les fonctionnaires circulaient dans de belles voitures, les
chauffeurs vendaient les véhicules de l'Etat et recevaient des dollars. Mais
l'aisance ne dura pas longtemps. Ceux qui voulaient rentrer évitaient de passer
par Gisenyi, ils se dirigeaient vers Bukavu et de là ils regagnaient le Rwanda.
Mise en garde contre les extrémistes !
Amiel Nkuliza, Le Partisan n°22, Décembre 1994, p. 6 et 7
Les Tutsi pensent et affirment que tous les Hutu sont des miliciens donc des
tueurs. Aussi, s'empressent-ils de dénoncer les réfugiés qui rentrent de Goma ou
de Bukavu. Pour eux, toute personne sortie du pays au moment des événements
d'avril à juillet 1994, est un traître. Pourtant il y a des Hutu qui n'ont pas tué
mais qui ont fui les combats entre le FPR et l'ancienne armée rwandaise. Tout
comme il y a des miliciens Tutsi qui ont massacré leurs frères ; citons M. Robert

26

Kajuga, ancien président des Intarahamwe au niveau national. Les extrémistes
Tutsi, particulièrement ceux du Burundi, ont intérêt à ce que les Hutu ne
rentrent pas, car ils ont occupé leurs biens. Le pouvoir actuel devrait tirer une
leçon de ce qui vient de se passer au Rwanda pour ne pas retomber dans les
mêmes erreurs que le régime précédent.
Des petits fonctionnaires appellent au secours
Amiel Nkuliza, Le Partisan n°22, Décembre 1994, pages 8 et 9
Certains de ceux qui ont fui la guerre d'avril à juillet 1994 sont revenus et
ont pu réintégrer leurs services. Mais l'injustice qui règne est flagrante. Les
fonctionnaires travaillent sans salaires ; ils ne reçoivent que des rations
alimentaires distribuées par le PAM. Pourtant on leur demande de faire des
heures supplémentaires. Les autorités n'ont pas l'air de se rendre compte des
problèmes de ces fonctionnaires. Ils poursuivent leurs intérêts. Ils vont de salon
en salon pour quémander des faveurs pour eux-mêmes ou pour leurs proches. On
a peur que le clanisme ne revienne dans les administrations. Le petit
fonctionnaire est surveillé ; il s'attend à être renvoyé du jour au lendemain.
Pourtant il n'a signé de contrat qu'avec l'Etat. Il a besoin d'être respecté si petit
qu'il soit. Le Rwanda a besoin de dirigeants dignes qui respectent toute personne
humaine.
L'assassinat du président Habyarimana et les crimes des
fossoyeurs. Les dates importantes
Amiel Nkuliza, Le Partisan n°22, Décembre 1994, pages 9 à 11
1er avril 1994. M. Alphonse Ingabire alias Katumba du parti CDR, identifié
comme l'assassin de M. Straton Byabagamba, est fusillé. Sa mort est suivie des
révoltes et des violences par Impuzamugambi (milices du CDR)
3 avril 1994 : Les Impuzamugambi assiègent le ministre des Affaires Etrangères
et de la Coopération. Ils réclament un siège à l'Assemblée nationale de Transition,
siège qu'ils avaient refusé lorsqu'ils dénigraient les Accords de Paix d'Arusha.
6 avril 1994 : A Dar-es-Salaam, un mini-sommet réunit les Présidents
tanzanien, ugandais, burundais et rwandais. Le soir, le président Habyarimana
est tué dans un attentat contre son avion. Le président burundais Ntaryamira
meurt avec lui.
7 avril 1994 : Les militaires de la garde présidentielle ainsi que les milices
Interahamwe et Impuzamugambi commencent à exécuter des politiciens. Des
prêtres, des religieux et religieuses sont tués au Centre Christus de Remera, des
fuyards sont assassinés dans l'église de Nyamirambo. Les Inkotanyi du CND
reprennent les combats.
8 avril 1994 : Trois cents parachutistes français atterrissent à Kigali. Les
massacres sont généralisés dans le pays. C'est le bain de sang à Nyundo (Gisenyi),
à Mururu-Mutongo, Nkanka (Cyangugu) et au Bugesera. Les réservistes sont
appelés en renfort.
9 avril 1994 : Le FPR attaque Byumba. Tous les quartiers de Kigali sont assiégés
par les miliciens et la garde présidentielle, ils tuent sans pitié. Les militaires
français évacuent les expatriés français ainsi que la famille Habyarimana. Le
gouvernement de MM. Sindikubwabo et Kambanda est mis en place.

27

10 avril 1994 : Le nouveau gouvernement prête serment. Les fonctionnaires des
organismes internationaux quittent Kigali. C'est la prise de Byumba par le FPR.
Les massacres continuent à Gisenyi, Kibuye, Cyangugu et Gikongoro.
11 avril 1994 : le gouvernement allemand coupe les aides accordées au Rwanda
12 avril 1994 : Le gouvernement intérimaire établit son siège à Gitarama
13 avril 1994 : Les militaires du FPR et des FAR entament des négociations qui
n'aboutissent pas
14 avril 1994 : Cinq mille (5.000) Tutsi sont tués dans l'église de Nyarubuye
(diocèse de Kibungo)
1. Avril 1994 : Six fonctionnaires de la Croix-Rouge sont tués à Gitega
19 avril 1994 : Les FAR lancent des bombes au stade Amahoro où se sont réfugié
5.000 civils
20 avril 1994 : Les massacres commencent à Butare
22 avril 1994 : Les Etats-Unis d'Amérique demandent aux deux forces en conflit
d'arrêter les combats
23 avril 1994 : C'est le bain de sang à Butare. Six mille Tutsi sont enfermés au
stade de Cyangugu
24 avril 1994 : Assasinat de 170 personnes hospitalisées à Butare
25 avril 1994 : Le FPR commence l'évacuation des déplacés du stade Amahoro
et de l'hôpital Roi Fayçal vers Byumba. Le va et vient va durer quatre jours
26 avril 1994 : Amnesty International accuse le gouvernement intérimaire de
commanditer les massacres
28 avril 1994 : L'ONU envisage d'envoyer au Rwanda une force qui arrêterait la
tragédie
30 avril 1994 : Le FPR contrôle la frontière rwando-tanzanienne à Rusumo
1er mai 1994 : Douze orphelins et treize employés de la Croix-Rouge sont
assassinés à Butare
3 mai 1994 : La MINUAR tente d'évacuer les déplacés de l'hôtel des Mille
Collines mais le convoi est arrêté en cours de route par les militaires et les
milices, il revient à l'hôtel
4 mai 1994 : Les combats entre le FPR et les FAR sont sanglants. Il y a des pertes
de part et d'autre.
Nous avons besoin d'autorités compétentes. Ruhengeri : les
habitants de Kinigi se plaignent
Epa Rurangangabo, Le Partisan n°22, Décembre 1994, page 11
Les journalistes de "Le Partisan" se sont rendus à Ruhengeri. Là comme
ailleurs dans le pays, les habitants se plaignent de l'insécurité. Mais la commune
Kinigi a des problèmes particuliers. Son nouveau bourgmestre, M. Pierre Célestin
Nkusi, n'a fait que six ans d'école primaire ; il a fait la prison de 1985 à 1990
pour cause de banditisme. A la relance du multipartisme, il a adhéré au parti
MDR aux côtés de M. Murego, mais il briguait déjà la place de bourgmestre de
Kinigi. Après la victoire du FPR, il a été nommé bourgmestre provisoire de Kinigi,
le titulaire du poste s'étant enfui au Zaïre. Depuis lors, il s'est installé en
monarque absolu, les devises provenant des touristes qui visitent le parc des
volcans rentrent dans ses poches, il refuse de convoquer une réunion sur la
sécurité dans la commune, il menace de fusiller ses proches collaborateurs... La
population de cette commune souhaite être débarrassée d'un tel dirigeant
Nous avons parlé avec M. Evariste Nyandwi, alias Cyuma

28

Le Partisan n°22, Décembre 1994, pages 11 à 13
M. Evariste Nyandwi, alias Cyuma, a combattu le régime de Habyarimana
jusqu'à son renversement. Ce régime était caractérisé par la corruption et
l'injustice. "Quant j'ai appris que Habyarimana avait tué Kayibanda qui était son
parrain, qu'il avait tué les politiciens de la première République, je me suis fâché
et j'ai décidé de le combattre" raconte M. Evariste Nyandwi. Et il ajoute : "on
nous a donné de l'argent pour ne plus nous opposer au régime mais nous avons
refusé". Parmi les politiciens du MDR, Cyuma admirait MM. Emmanuel Gapyisi,
Bernard Makuza, Mathusalem et Jérôme mais il n'aimait ni Dismas
Nsengiyaremye, ni Faustin Twagiramungu car ils n'ont rien fait pour les jeunes du
MDR. Ceux-ci ont été persécutés et maltraités, à plusieurs reprises, ils ont été
attaqués par les milices et ont dû se battre contre eux mais les deux hommes
n'ont jamais levé le petit doigt. Ils n'ont pas compris que le combat des JDR
(jeunes du MDR) était le leur. M. Evariste Cyuma a échappé de justesse aux
massacres d'avril à juillet 1994, il a pu s'enfuir vers Gikongoro et il est revenu à
Kigali après la victoire du FPR.
Le Partisan dément .
Le Partisan n° 22, décembre 1994, page 13
Le journal Nyabarongo n°19 de novembre 1994 a mis sur la liste des auteurs
du génocide MM. François Rwakagabo, Désiré Hakizamungu et Jean Claude
Nkurunziza, tous natifs de Kibungo. Le journal Le Partisan a fait sa propre
enquête et a constaté que ces gens sont innocents, que, par contre, le
gouvernement de Kambanda les accuse d'avoir été les complices du FPR.
Les dix commandements pour bien construire sa vie (repris à
Pirogue n° 57 de juin 1985)
Emile Bayisenge, le Partisan n°22, Décembre 1994, pages 15 et 16
1. Etre exemplaire en tout et savoir maîtriser son corps ;
2. Avoir de la bonté et se détacher des biens matériels ;
3. Bien choisir ses amis ;
4. Rechercher les valeurs qui préparent à la vie éternelle ;
5. Respecter les autres en tant qu'êtres humains ;
6. Intégrer Dieu dans sa vie ;
7. Etre courageux, réfléchi et véridique ;
8 Etre soi-même et s'ouvrir au renouveau ;
9. Etre clair, transparent et actif ;
10. Insuffler aux vieux la force de l'espérance et de l'amour

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M. Denis Segi a révélé les noms des instigateurs des massacres
du Rwanda
Le Partisan n°22, décembre 1994, page 16
D'après un communiqué, le 20 septembre 1994 à Radio Amahoro, l'écrivain
Denis Segi aurait établi la liste des instigateurs des derniers massacres du
Rwanda. Les instigateurs sont les personnes qui occupaient des postes de
direction entre autre des Ministres, des officiers supérieurs, des préfets de
préfectures, des bourgmestres, des chefs de partis ethnistes, la radio RTLM qui
incitait la population à la violence. Selon ce même écrivain, la solution au
problème rwandais serait le rapatriement de tous les réfugiés, le jugement et la
punition des coupables du génocide et l'organisation des élections générales par
l'ONU.

LE TRIBUN DU PEUPLE n° 39, Décembre II 1994
Editorial : Jean Pierre Mugabe,
Le Tribun du Peuple n°39, décembre II 1994, page 2
On dirait que la récente tragédie n'a pas laissé de leçon aux Rwandais. On
le voit dans la façon dont la distribution des postes importants est faite.
Personne ne vise l'intérêt du pays ; on ne voit que soi-même et son parti. C'est
ainsi que des postes sont confiés à des incapables, des ivrognes, des vieux ou des
extrémistes. Un autre fait étonnant : M. Faustin Twagiramungu, Premier ministre,
accuse le gouvernement qu'il dirige. Cela montre à la population le manque de
dialogue et de communication entre les dirigeants du pays. Les ministres
devraient collaborer et coordonner les actions de leurs
ministères,
particulièrement les ministères dont les missions se recoupent. La révolution
continue. La construction d'un Etat de droit doit être l'objectif premier de tout
Rwandais. Aux pages 3 à 6, Le Tribun du Peuple publie la photo de 59 députés de
l'Assemblée Nationale
Même si vous n'avez pas été élus, vous nous représentez
Le Tribun du Peuple n°39, décembre II 1994, pages 6 et 7
Le premier trimestre de l'Assemblée Nationale de Transition a commencé le
12 décembre 1994. Beaucoup de hauts dignitaires du pays ont assisté à la
cérémonie d'ouverture, 62 députés sur 70 étaient présents. Le quorum (2/3)
consacré par les Accords d'Arusha était largement dépassé. Même si les députés
n'ont pas été élus par la population, on espère que les partis politiques les ont
bien choisis et qu'ils seront les vrais représentants du peuple. Celui-ci attend
qu'ils contrôlent réellement l'action du gouvernement et qu'ils établissent des lois
dans son intérêt. Ils doivent montrer que le pouvoir vient du peuple et qu'il est
pour le peuple.

30

Discours du président de l'Assemblée Nationale
Jean Pierre Mugabe, le Tribun du Peuple n°39, décembre II 1994,
page 7
Avant de prononcer son discours, le président de l'Assemblée nationale a
invité l'assistance à observer une minute de silence en mémoire des victimes du
génocide et des massacres. Il a ensuite rappelé que l'Assemblée nationale avait été
mise en place conformément aux Accords de Paix d'Arusha et au protocole des
partis du 24 novembre 1994. Il a ajouté que l'Assemblée nationale travaillerait
selon les directives clés de ces Accords et de ce protocole à savoir l'unité
nationale, la démocratie et le respect des droits de l'homme. Il a continué en
disant que le Rwanda commençait une ère nouvelle :"Chaque Rwandais doit vivre
en paix et dans le respect de l'autre..., le peuple a une part essentielle dans la
direction du pays, le respect des droits de l'homme doit être établi".
L'Assemblée nationale a commencé ses travaux
Ntegano, Le Tribun du Peuple n°39, décembre II 1994, pages 7 et
8
La première séance de l'Assemblée nationale a eu lieu le 13 décembre 1994 ;
la veille les députés avaient eu connaissance du programme du gouvernement. Le
président de l'Assemblée nationale a rappelé aux députés les problèmes dûs aux
conséquences de la guerre, qui pourraient les gêner dans l'accomplissement de
leurs tâches. Il s'agit notamment de l'absence de logements près du lieu de
travail, le manque de moyens de communication et de matériel de bureau. Après
ce discours, les députés ont eu l'occasion de poser des questions ou de donner des
observations. Ils ont ensuite élu un bureau chargé d'étudier le fonctionnement de
l'assemblée nationale et ont mis en place une commission chargée d'étudier les
actions du gouvernement.
Nous avons parlé avec le président de l'Assemblée nationale
Justin Faïda, Le Tribun du Peuple n°39, décembre II 1994, page 8
Un journaliste du LeTribun du Peuple a posé des questions sur les
tractations et interrogations qui ont eu lieu autour de l'entrée de militaires au
Parlement. Les réponses du président de l'Assemblée se résument ainsi: le parti
PSD n'avait pas rejeté à priori l'entrée des militaires au Parlement mais il n'avait
pas eu d'explications suffisantes ; la dictature a été combattue politiquement et
militairement, il ne fallait pas exclure ceux qui l'ont combattue militairement ;
ce que le professeur Reyntjens a dit n'est ni l'Evangile ni le Coran ; d'autres pays
comme la Chine et la Russie ont des militaires dans leur parlement. L'essentiel est
qu'ils n'aient pas de postes de direction dans l'armée.
Qui dirige le gouvernement que M. Twagiramungu accuse ?
Hermenégilde Shyaka, Le Tribun du Peuple n° 39, décembre II
1994, pages 9 et 10
De retour d'une visite en Europe, le Premier ministre, M. Faustin
Twagiramungu, n'a pas voulu parler du document que son parti MDR venait de
publier. Il a seulement parlé du problème de sécurité disant au grand jour que
son gouvernement n'avait pas su ramener la sécurité dans le pays. Il a accusé

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ouvertement les instances chargées d'assurer la sécurité. Dès lors on se demande
qui dirige le gouvernement ? Pourquoi ne démissionne-t-il pas au lieu d'alerter les
étrangers et de chagriner le peuple rwandais si durement éprouvé ? N'est-il pas le
chef de gouvernement ? N'a-t-il pas un service de renseignement ? Pourquoi ne se
fait-il pas aider par des gens compétents ? Veut-il se faire bien voir par ceux-là
mêmes qui ont détruit le pays ?
L'hôtel Méridien serait-il entre les mains d'un homme qui se
l'est approprié ? Le directeur de l'ORTPN, M. Alype
Nkundiyaremye, nous l'explique.
Jean Baptiste Uwarugira, Le Tribun du Peuple n° 39, décembre II
1994, pages 10 à 12
Le Directeur de l'ORTPN a parlé avec les journalistes du Le Tribun du Peuple
et leur a expliqué le problème du tourisme au Rwanda. Depuis un temps assez
long, l'hôtel Méridien a été habité par des groupes connus comme la MINUAR
mais aussi par des groupes non identifiés. La gestion et la comptabilité n'étaient
plus transparentes. Le ministre de l'Environnement a alors demandé à l'ORTPN de
prendre les choses en main pour établir une comptabilité formelle et installer
une gestion transparente. La personne qui passe pour s'être nommée directeur de
l'hôtel travaille pour le gouvernement qui devra rendre compte aux actionnaires.
La plupart des autres hôtels sont gérés par des nationaux : c'est un bon départ, ils
valoriseront la culture rwandaise, atout qui attirera les touristes. De plus, les
devises acquises resteront dans le pays. Concernant le parc des Birunga, les
gorilles y vivent encore et attirent toujours les touristes. Le danger est que
certains secteurs du parc sont encore minés. Concernant le développement du
tourisme, l'ORTPN projette de valoriser toutes les richesses touristiques,
notamment par la mise en évidence de sites pittoresques, dans tous les coins du
Rwanda.
L'Etat doit à la Caisse Sociale du Rwanda la somme de
22.409.036.455 Frw. Que deviendront les veuves et les
orphelins ?
Justin Faïda, Le Tribun du Peuple n° 39, décembre II 1994, p. 12
et 13
Que deviendront les veuves et les orphelins du génocide ? Le directeur de la
Caisse Sociale du Rwanda déclare que cette Caisse est confrontée à un énorme
problème de budget. Ne pourront toucher une petite partie de leur pension que
ceux qui en bénéficiaient avant avril 1994. Les veuves et les orphelins des récents
événements devront attendre et se conformer à la procédure administrative.
Cependant les orphelins pourront bénéficier d'une avance pour pouvoir payer le
minerval. La Caisse sociale a un réel problème de fonds : l'Etat lui doit plus de 23
millions Frw et depuis octobre 1990, il n'a plus versé ses tranches de
remboursements.

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Il reste le pouvoir judiciaire
Jean Baptiste Uwarugira, Le Tribun du Peuple n°39, décembre II
1994, pages 13 et 14
Après l'installation des pouvoirs exécutif et législatif, on espère que le
pouvoir judiciaire sera vite mis en place et sans beaucoup de tractations. L'Etat
rwandais ne peut pas exiger de juger lui-même les auteurs des massacres sans
avoir ce système judiciaire. Le développement d'un pays se mesure au
fonctionnement de son système judiciaire. Celui-ci devra être revu duTribunal au
Canton à la Cour Suprême. Il faudra le doter d'un personnel suffisant quitte à
organiser des stages de formation. Les prisons devront être des institutions où les
droits de l'homme sont respectés selon la demande du rapport d'Amnesty
International sur les prisons du pays.
Concours de recrutements
Jean Baptiste Uwarugira, Le Tribun du Peuple n°39, décembre II
1994, page 15
Nul n'ignore la ségrégation, la corruption et le clientélisme dont les
recrutements étaient entourés du temps de Habyarimana. Actuellement, il est
question de combler les places laissées par les victimes du génocide et les fuyards.
Beaucoup de personnes vivant au Rwanda ont perdu leurs diplômes, il ne leur
reste que leurs têtes. Les concours sont un moyen de vérifier leurs aptitudes et
leurs compétences. Le pays doit s'engager sur la voie de la justice. Le ministère de
la Fonction Publique et celui du Travail et des Affaires Sociales devront suivre de
près le déroulement et la correction de ces concours pour que soient engagés les
meilleurs.
Les militaires méritent un salaire mais aussi des honneurs
Ntegano, Le Tribun du Peuple n°39, décembre II 1994, pages 15 et
16
Le pays revient de loin. De l'obscurité, de l'injustice, du mensonge et de la
violence. Le pays est passé à la clarté, et ce, grâce au FPR. Même si le génocide a
emporté beaucoup de vies humaines, le FPR a pu sauver quelques personnes. C'est
pourquoi il faut honorer et soutenir l'armée nationale. Il ne faut pas qu'elle ait
l'impression d'avoir combattu pour rien. Pour cela, il faut adopter la voie de la
vérité, du respect des lois et de l'unité nationale.
Ceux dont les maisons ont été détruites doivent être aidés
Jean Baptiste Uwarugira, Le Tribun du Peuple n°39, décembre
1994, pages 16 et 17
Les récents événements ont emporté des personnes mais ont aussi détruit
de nombreux biens de sorte que les rescapés n'ont plus rien. Vivre dans les tentes
n'est pas une vie. Tout le monde voudrait un chez soi. L'Etat a trop de problèmes
pour aider ceux qui n'ont plus de maisons. Que peut-on faire alors ? On peut
faire appel à la solidarité des voisins. Ils peuvent aider à reconstruire les maisons
détruites. Ils peuvent aider à défricher les champs, à s'équiper en objets ménagers
ou en vêtements... L'Etat peut rechercher les responsables des destructions et les
obliger à rembourser. Il doit retrouver les auteurs des massacres, les juger et les

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punir. La justice est un moyen de redonner confiance aux coeurs blessés et de
préparer la voie de la réconciliation.
Quelles nouvelles en commune Mushubati ?
Valens Habiyambere, Le Tribun du Peuple n°39, décembre II
1994, page 17
La commune Mushubati (préfecture de Gitarama) est une des communes
les plus éprouvées par les récents événements. Cela est particulièrement dû aux
camps de déplacés sis dans cette commune. Les Centres de santé et les écoles de
Nyarusange et Mutara ont été pillés. Les autorités communales ont essayé de
relancer les activités : les instituteurs enseignent mais n'ont pas assez d'élèves, les
paysans s'efforcent de travailler dans leurs champs... Le bourgmestre fait des
tournées de sensibilisation, mais à pied... La vie reprend mais au ralenti.
Le SIDA, lui, ne s'est pas déplacé.
Ntagano, Le Tribun du Peuple n°39, déc. II 1994, p. 17 et 18
Le 1er décembre 1994, journée internationale du Sida, a été célébrée au
stade régional de Nyamirambo. Plusieurs autorités du pays et représentants
d'organismes internationaux étaient présents. Les discours pronon-cés à cette
occasion ont insisté sur l'importance de se protéger du SIDA, de combattre
l'ignorance, de créer des emplois pour les filles célibataires et les femmes non
mariées et de respecter les Sidéens comme des personnes humaines. Les chiffres
récents révèlent qu'au Rwanda, le nombre des séro-positifs varie entre 12.000 et
18.000 chaque année depuis 1988. Il est à craindre que ce chiffre ne se soit élevé
avec les conséquences de la guerre.
Les milices Interahamwe continuent à tuer !
Jean Baptiste Uwarugira, Le Tribun du Peuple n° 39, décembre II
1994, page 18
La nuit du 21 au 22 novembre 1994, les milices Interahamwe ont attaqué
la cellule Mwenge, secteur Busumba, en commune Rwerere. Ils ont tué deux
enfants du nommé Hazaza. Ils se sont aussi infiltrés en cellule Kabagoyi et y ont
placé des mines qui ont tué des vaches.
Les pick-pocket sont toujours là.
Le Tribun du Peuple n° 39, décembre II 1994, page 18
La soif des richesses devient un fléau. On arrête les passants et on les
dépouille de leur argent. Les changeurs n'ont plus de paix. On leur en veut
d'avoir beaucoup d'argent. Dans les marchés, on vole dans les poches ou dans les
sacs à mains. Les intimidations armées sont monnaie courante...

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L'ONU doit se réformer.
Jean Baptiste Uwarugira, Le Tribun du Peuple n°39, déc. II 1994,
p. 19
L'ONU a été créée en 1945 après la deuxième guerre mondiale par les
grandes puissances. Sa mission était de prévenir la guerre, de promouvoir la paix
et de développer la coopération. Depuis sa création, il n'y a pas eu de guerre
mondiale mais il y a eu des guerres dans plusieurs pays (Vietnam, Cambodge,
Iran -Irak, Biaffra, Mozambique, Israël, Egypte...). l'ONU n'a jamais essayé d'arrêter
de lui-même ces guerres. Que lui manque-t-il ? L'ONU travaille pour les intérêts
des grandes puissances telles que l'Amérique, la France... Que n'a-t-il pas fait pour
le Koweit ? Mais il y a du pétrole et ce sont les Américains qui sont intervenus. La
guerre entre Israël et Egypte en 1956, il y avait le canal de Suez en jeu, la Mission
FUNU a été dépêchée. Pourtant au Rwanda, il a laissé périr des milliers de
personnes sans lever le petit doigt. Depuis l'indépendance des pays africains,
l'ONU n'a aucune volonté de travailler dans le sens de leur développement. Tout
est réglé sur l'intérêt. On ne peut donc pas conclure qu'elle travaille dans la ligne
de sa mission.

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