Fiche du document numéro 20792

Num
20792
Date
Mardi 21 juillet 1987
Amj
Taille
28684
Titre
Contact avec DGSE - 21 et 23 juillet 1987 [Traduction de Meetings with French Military Intelligence]
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Mot-clé
Fonds d'archives
HVV
Type
Note
Langue
FR
Citation
CONTACTS AVEC LA DGSE. 21 et 23 Juillet 1987

1. Le contact avec la DGSE a eu lieu à plusieurs occasions:
a) Le soir du 21 Juillet, le chef de la DGSE et un de ses officiers, Mr. Pierre Lethier ont reçu pour le
dîner HSAW, HDIO, le brig. Oelschig et le brig. Sonnekus.
b) HDIO et le brig. Oelschig ont parlé avec Pierre Lethier à deux autres occasions, à savoir le 21
Juillet à 17h et le 23 Juillet à 16h30.

2. Missiles antichar MILAN. Le Pres. Savimbi a fait une demande à la DGSE pour acheter des missiles
Milan. Les coûts pour 120 missiles Milan et 30 lanceurs s'élèvent à 51,8 millions de francs (environ 17
millions de rands). Ni L'UNITA n'a les fonds pour ces armes, ni la RSA n'a la possibilité de les acquérir.
Une réponse dans ce contexte est nécessaire. Le missile est de nouveau fabriqué et est à tout point de
vue utile.

3. Missiles antiaérien MISTRAL. C'est un nouveau missile antiaérien qui est dans la phase finale de
développement. On s'attend à ce qu'il soit supérieur au missile américain Stinger. Les Français espèrent
pouvoir livrer cette année encore 3 ou 4 modèles de test à la RSA pour les essayer dans le domaine
opérationnel. Ils projettent aussi de livrer l'an prochain 20 missiles des premiers modèles en
production à utiliser contre le MPLA. Il y a la possibilité pour la RSA d'acheter les missiles Mistral à un
pays tiers, par exemple le Zaïre qui pourrait les commander et fournir un certificat d'utilisateur final.
Cependant cela signifie que la RSA doit accepter de payer une commission de 10% à Mobutu et au
ministre de la défense du Zaïre, Likulia.

4. Projectiles de canon APILAS [roquette antichar]. La DGSE demande que la RSA fasse un bilan de
l'utilisation en opération des Apilas pour le fournir aux Français. La DGSE arrangera la livraison de 100
Apilas à la RSA via le Gabon du 3 au 4 août 1987.

5. Visite des forces spéciales à la DGSE. Mr. Lethier indique que les 4 membres des forces spéciales
pourraient venir en France un certain temps entre le 1er et le 15 septembre. Ils préféreraient la période
jusqu'au 12 septembre.

6. Visite de HDTI à la DGSE. Mr. Lethier indique que cette visite ne peut pas se tenir avant
octobre/novembre de cette année et qu'ils sont prêts à discuter avec l'équipe de HDTI des questions
suivantes:
a) Equipement électronique ennemi
b) Equipement de dépistage de matériel d'écoute ennemi utilisé notamment dans les
ambassades

7. Missiles SAM 9. Mr. Lethier dit qu'il est possible d'obtenir ces systèmes via le BND en Allemagne. Il
donnera plus d'informations lors d'une prochaine visite, probablement entre le 22 et le 24 août.

8. Georges Starckman. (Opération Daisy) La DGSE a réussi à le dépister en Suisse. Mr. Lethier voit la
possibilité d'attirer Starckmann au Maroc avec une "nouvelle transaction". La RSA sera responsable
pour la manipulation suivante de Starckman afin de récupérer les 20 millions de dollars de la RSA qu'il a
balancés. Cette affaire devient extrêmement délicate et sensible, juste gérée par Mr. Lethier avec HDIO.

RENCONTRE entre HSAW et Mr. Foccart. 22 Juillet 1987.

1. Le but de cet entretien était d'essayer de déterminer si Mr. Foccart peut aider la RSA à élargir ses
contacts avec les États africains.

2. Mr. Foccart a indiqué qu'à ce stade il y a au moins 2 États avec lesquels la RSA peut coopérer de
façon fructueuse sur une base bilatérale, la Côte d'Ivoire et le Gabon. Les autres États africains ne
sont pas encore prêts pour une telle coopération, essentiellement à cause de l'image de la RSA en
Afrique. D'après lui, cette image devrait être corrigée en donnant des informations sur les aspects
constitutionnels les plus importants de la RSA. . De son côté il s'engage à faire en sorte que de telles
informations, qui sont librement disponibles, soient également envoyées aux ambassadeurs
français dans les pays africains, et il peut même essayer de s'en entretenir avec les chefs d'États.
Par exemple il a été impressionné par l'explication donnée par HSAW du sens des Conseils des
Services Régionaux, surtout par le fait que tous les groupes de population ont leur mot à dire au
niveau régional sur les décisions à prendre et sur l'attribution des fonds pour l'exécution de telles
décisions.

3. Selon Mr. Foccart le climat ainsi créé peut finalement conduire à une meilleure collaboration entre
la RSA et les autres pays africains.

4. Mr. Foccart a soulevé un point spécifique en mettant sur le tapis l'affaire Albertini. Il demande qu'à
ce stade la RSA ne libère pas Albertini, principalement pour les raisons suivantes:
a. Si Albertini était libéré maintenant, le prestige en reviendrait au Président Mitterand. Le
premier ministre Chirac voudrait surtout éviter cela.
b. Si Albertini était libéré sans qu'aucune contre-partie possible n'ait été convenue, comme les
lettres de créance de l'ambassadeur Geldenhuys, ou la libération de Wynand du Toit, alors
l'image de la France qui est impliquée dans des négociations avec l'Angola à ce propos en
serait affectée.

ENTRETIEN DE HSAW avec MESSIEURS ROUSSIN ET OLLIVIER. 22 Juillet 1987.

1. HSAW commence par expliquer que le gouvernement de la RSA ne franchit pas des étapes sous la
contrainte mais décide lui-même ses propres ajustements. Le gouvernement de la RSA est sensible
au fait qu'on n'ait pas l'impression qu'il cède aux pressions. HSAW a en particulier mentionné le
point de vue de Houphouët-Boigny qui aimerait aider la RSA, mais qui voudrait obtenir quelque
chose en échange.

2. De son côté Mr. Roussin a remis sur la table le problème d'Albertini. Il a demandé, au nom du
premier ministre Chirac, qu'Albertini ne soit pas libéré. Il a demandé de donner l'impression
qu’auparavant c'est Mitterand [Mitterrand] qui a rendu difficile la libération d'Albertini. Les raisons
données pour cette demande sont:
a. Si Albertini est libéré, l'honneur en rejaillira sur Mitterand [Mitterrand], et cela ne sera pas
bon pour l'image de Chirac.
b. L'impression sera donnée que la RSA a agi sous la pression.

3. Mr. Roussin dit qu'un représentant de Chirac (probablement Wibeaux [Wibaux]) ira plus tard (c. a.
d. probablement fin août) chez le Président Sebe avec une lettre du Premier ministre français, pour
discuter de la libération d'Albertini. Il propose cependant que l'entretien et l'action prévue soient
seulement limités au canal actuel. Chirac craint que si le canal du Ministère des Affaires Etrangères
est utilisé, des fuites puissent remonter à Mitterand [Mitterrand].

4. Monsieur Roussin dit aussi que si Albertini est libéré, peu importe la méthode, Mitterand
[Mitterrand] n'aura pas d'autre choix que d'accepter les lettres de créances de l'Ambassadeur
Geldenhuys. On fera crédit à Chirac de la libération tandis que Mitterand [Mitterrand] sera obligé
d'accepter les lettres de créance.

5. Pièces détachées de Mirage. Mr. Roussin a indiqué que lui et l'entourage du Premier ministre, son
chef du cabinet militaire, le général Norlain, ont discuté de la possibilité de livrer directement à la
RSA les pièces détachées de Mirage, qui actuellement doivent être obtenues via une tierce partie.
Apparemment la directive qui interdit l'exportation de certaines pièces détachées vers la RSA est
écrite de telle façon que le Premier ministre français puisse exercer son droit d'interprétation quant
à la classification des pièces détachées. Au cas où on peut convaincre Chirac qu'il peut donner
l'ordre à son Service des Douanes d'interpréter cette directive de la manière dont cela était fait
jusqu'en 1983, alors l'envoi direct de pièces détachées vers la RSA pourrait se faire. HSAW a indiqué
qu'à ce stade le besoin n'existe pas. Roussin a assuré qu'au cas où ce besoin existerait, il serait prêt
à les aider.

6. Remarques. Après concertation entre HSAW et HDIO, Mr. Roussin est venu de nouveau les voir le
matin du 24 juillet pour discuter de l'affaire Albertini. Le message qui suit lui a alors été présenté.
L'opinion de HSAW et de HDIO est que le gouvernement de la RSA est prêt à soutenir pleinement le
"timing" et la méthode de la libération d'Albertini à condition que le gouvernement français facilite
la libération de Wynand du Toit. Mr. Roussin a transmis ce message samedi 25 juillet au Premier
ministre français. Selon Mr. Ollivier qui était présent à cet entretien, le Premier ministre français a
réagi positivement et pense actuellement envoyer Mr. Wibeaux [Wibaux] chez Dos Santos pour
discuter de cette affaire.

ENTRETIEN HDIO et Mr. ROUSSIN le 24 Juillet 1987.

Le but de cet entretien était de passer à Mr. Roussin le message que selon l'opinion de HSAW et
HDIO le plein appui du gouvernement de la RSA peut être attendu quant à la libération d'Albertini à
la condition que la libération de Wynand du Toit soit effectuée par les services du premier ministre.
Mr. Roussin indique qu'ils ont reçu une information qu'un plan serait établi pour la livraison à la RSA
d'avions Mirage via le Pérou. D'après leurs informations, le Pérou veut fournir à l'Argentine les 12
Mirages monoplace et les 4 Mirages à double commande qu'ils ont commandés et qu'ils ne
peuvent pas payer. L'Argentine serait prête à vendre ces Mirages à la RSA. Mr. Roussin demande si
cette information est exacte car l'Argentine a apparemment demandé si la France a quelque chose
contre le fait d'être mêlée à ça. Mr. Roussin lui-même et les conseillers de Chirac vont faire de leur
mieux pour pousser au succès d'un tel plan si la RSA y voit son intérêt.

Haut

fgtquery v.1.9, 9 février 2024