Fiche du document numéro 2312

Num
2312
Date
Jeudi 21 avril 1994
Amj
Taille
83872
Titre
Des morts par dizaines de milliers
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
LE bilan des massacres perpétrés au Rwanda par les tueurs du régime du
défunt président Habyarimana ces deux dernières semaines pourrait
atteindre les 100.000 morts, a estimé mardi l'organisation
internationale Human Right Watch.

Dans une lettre au président du Conseil de sécurité de l'ONU, le
dirigeant néo-zélandais de cette organisation, Colin Keating, a
affirmé : « A ce stade, les atrocités se sont étendues et les
organisations humanitaires internationales ont estimé qu'il pourrait y
avoir eu jusqu'à 100.000 morts au cours des deux semaines écoulées. »
Le carnage, ajoute l'organisation, était prévu bien avant le meurtre
du président Habyarimana, « depuis que des officiers de l'armée ont
entraîné, armé et organisé quelque 1.700 jeunes hommes dans une milice
affiliée au parti politique du président ». Rappelons que ces forces
ont bénéficié, à partir de 1990 jusqu'à l'été 1993, de l'aide
militaire française.

Le ministère rwandais de la Défense, poursuit Colin Keating, s'est
servi de la radio pour inciter à la violence contre les civils
partisans du Front patriotique du Rwanda (FPR). Immédiatement après la
mort de Habyarimana, l'armée et la milice « ont entrepris de tuer des
opposants politiques, dont des militants des droits de l'homme hutus
et tutsis et des modérés du gouvernement, dont le premier ministre »,
Mme Agathe Uwilingiyamana, ajoute Human Right Watch.

Les massacres se poursuivaient hier dans la région de Butare au centre
du Rwanda, selon l'équipe de Médecins sans frontières opérant dans
l'hôpital de cette ville. « Des dizaines de blessés par arme blanche,
mais aussi par balles et éclats de grenades, sont arrivés ces
dernières heures à l'hôpital central de Butare », a indiqué MSF. Selon
les témoignages recueillis auprès des blessés, les personnes qui
tentaient de fuir les massacres ces derniers jours, et qui se
regroupaient dans des églises et des écoles, étaient systématiquement
éliminées. Les membres de MSF ont vu des dizaines de corps de fuyards
abattus par les miliciens du régime aux barrages routiers mis en place
pour empêcher la fuite de la population.

Les derniers casques bleus belges ont été embarqués, accompagnés de
quelques civils, mardi soir sur l'aéroport de Kigali et sont arrivés à
Nairobi. De Nairobi à Bruxelles, le rapatriement s'effectuera et
devrait être achevé pour la fin de la semaine ou, au plus tard, au
début de la semaine prochaine. Demeure le matériel qui serait dirigé
sur Djibouti et, de là, acheminé par bateau. A Kigali, les Belges ont
été relevés par les Ghanéens.

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