Fiche du document numéro 645

Num
645
Date
Dimanche 3 avril 1994
Amj
Fichier
Taille
3266431
Titre
Transcription de RTLM 3 avril 1994
Soustitre
Noël Hitimana : « on dit que le 3, le 4, le 5 [avril], il devra y avoir quelque chose » [pages 21, 23 du PDF].
Source
Fonds d'archives
Type
Pièce à conviction produite devant un tribunal
Langue
FR
Citation
Traduction par Faustin Kagame des paroles de Hitimana :

Et maintenant, les Tutsi, ceux-là... qui ont mangé du lion, qui ont
mangé du lion, qui sont au FPR, ils veulent prendre le pouvoir. Le
prendre donc par la voie des armes. Ils veulent faire une og petite
chosefg, ils veulent faire une petite chose au cours de ces fêtes de
Pâques, et même disent-ils, nous avons des dates. Ils ont des
dates, nous les connaissons. Nous connaissons ces dates aussi.

Au fait, ils feraient mieux de se calmer, au FPR, nous avons des
agents yeah ! [note du traducteur: la voix se tend jusqu'à la
rupture]. Oh ho ho ! Il y a nos agents, il y a des agents qui nous
font parvenir les informations. Ils nous disent ainsi : à la date du
3, du 4, et du 5, hum, ils disent qu'il doit y avoir une petite
chose, ici à Kigali, Kigali-ville.

Et même à la date du 7 et du 8, hum. Et alors vous entendrez le
bruit des balles ou encore vous entendrez les grenades tonner. Mais
j'espère que les Forces armées rwandaises sont en éveil. Il y a les
Inzirabwoba [note du traducteur: milices de la CDR, basses oe uvres
du génocide avec les Interahamwe, milice du MRND], eh ! ils ont
beaucoup de corps d'armée, je ne peux pas tous les énumérer. [...]
Autrement, tenir Kigali, ha, ha, nous le savons, nous le savons.

À la date du 3, 4, et du 5, il est attendu qu'une petite chose va
survenir ici à Kigali, et même ils vont poursuivre et se reposer à
la date du 6, et à la date du 7 et du 8, ils vont faire une petite
chose, en utilisant ces balles et ces grenades. Mais en réalité, il
y a l'attaque og Simusigafg,footnote{Littéralement: l'attaque
«~je ne l'épargne plus~», l'attaque finale.} qu'ils prévoient, et
ils disent quand nous aurons fini cette petite chose de perturber la
ville, nous allons nous y mettre avec l'attaque og Simusigafg
après cela, mais quant à la date elle-même, mon agent [note du
traducteur: au FPR] ne me l'a pas encore dite, il ne me l'a pas
encore dite. [...]

Sachez que... les Forces armées rwandaises [en français], les Forces
armées du pays, vous allez nous les mettre sur le dos, alors que
cela n'était pas nécessaire et du coup les Forces armées du pays
vont se fâcher [colère et vivacité dans le ton du speaker] et ils
peuvent faire comme ça : og Pouh ! Tout ça c'est des histoires de
Tutsi ce sont eux qui nous causent tous ces tournis.fg Hein je
vous ai dit : depuis que cette révolution a eu lieu, depuis donc le
1ier octobre 1990, les Forces armées rwandaises sont restées dans
leurs casernes, elles n'ont taquiné personne.


Que le FPR sache qu'il répondra devant le Peuple et l'Histoire, de
cette jeunesse qu'il ne cesse de faire décimer [dit en français et
sur un ton extrêmement solennel]. Que le FPR entende bien: devant
l'Histoire du monde, devant l'Histoire et devant le Peuple... Un
jour, il devra expliquer devant le Peuple et l'Humanité
entière... comment ces enfants du pays, ces enfants du pays, ils les
ont précipités dans la mort... Un jour ils l'expliqueront... Ha !
[...]

Le sang se verse, mais après, il ne se ramasse plus [proverbe
rwandais]. Le sang se verse et on ne le ramasse plus, le sang se
verse et ne se ramasse plus. Ha, heeein ! ! [exclamation insistante
de menace et d'avertissement]. On aura des nouvelles de tout ça...

Mais en fait... les citoyens, nous les appelons, moi je les appelle
souvent la quatrième colonne... le peuple, voilà le vrai bouclier,
c'est la véritable armée qui est forte... les forces armées
combattent mais le peuple, lui, il dit : « Nous tenons vos
arrières, c'est nous le bouclier. » Le jour où le peuple va se
lever et qu'il ne voudra plus de vous, qu'il vous haïra à l'unisson
et du fond de son coeur, quand vous lui inspirerez la nausée,
je... je me demande par où vous vous échapperez. Par où vous
passerez ? Tu ne peux gouverner celui qui ne veut pas de toi. Cela
est impossible. Et même Habyarimana lui-même, si les citoyens n'en
voulaient plus, il ne pourrait plus entrer dans son
bureau.

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