Fiche du document numéro 9915

Num
9915
Date
Jeudi 14 avril 1994
Amj
Taille
87798
Titre
Conférence de presse conjointe du Ministre des Affaires étrangères, M. Alain Juppé, et du Ministre délégué à l'Action humanitaire et aux Droits de l'homme, Mme Lucette Michaux-Chevry
Nom cité
Source
Type
Langue
FR
Citation
Michaux:

Rwanda

En une année, nous avons mené 300 actions humanitaires dans 71
pays. Nous sommes intervenus en Amérique centrale en faveur des
enfants de la rue, soit en subventionnant des centres d'accueil, soit
en intervenant auprès des gouvernements pour leur faire comprendre que
nous ne pouvions pas accepter l'existence des commandos de la mort. En
Afrique, nous menons sur le terrain des actions multiples, même si
parfois nous avons un sentiment d'échec : ainsi, au Rwanda et au
Burundi où je me suis rendue en janvier, j'avais rencontré des
représentants du Front Patriotique Rwandais, j'avais dîné avec des
représentants du gouvernement, j'avais même rencontré le Président
Habyarimana et j'avais essayé de leur faire comprendre que le critère
ethnique n'avait pas de sens, je suis bien placée pour le dire, et je
croyais avoir réussi. Mais les vieilles haines, les vieilles passions
sont remontées.

Q - Madame le Ministre, pouvez-vous nous indiquer, en ce qui concerne
le Rwanda, qu'est-ce que la France peut faire maintenant en la matière
pour apporter une assistance humanitaire aux populations rwandaises ?

R - Le Ministre délégué - Je pense qu'en l'état actuel des choses,
compte tenu de la violence des combats qui se déroulent maintenant au
Rwanda, il est difficile d'intervenir directement à Kigali. Mais la
France agit, par une aide humanitaire intense (pharmaceutique,
médicale, alimentaire...), au Burundi et en Ouganda, où de nombreuses
populations rwandaises sont réfugiées. La France apporte donc autour
du Rwanda une aide humanitaire importante, en attendant que de
véritables négociations puissent avoir lieu entre les parties au
conflit.

R - Le Ministre - Je crois que la situation au Rwanda montre à quel
point précisément l'action humanitaire doit s'inscrire dans une
perspective politique comme je le disais en commençant. La France a
beaucoup fait pour faciliter le retour à la stabilité du Rwanda et la
réconciliation des partis ou des factions et l'on pouvait espérer il y
a quelques semaines encore que les choses étaient en bonne voie
lorsque l'attentat perpétré contre l'avion transportant les deux
Présidents rwandais et burundais a fait hélas exploser tout ce
dispositif. Notre devoir était de faire évacuer tous nos
ressortissants : vous savez que sur les 1200 ou 1300 personnes qui ont
bénéficié de l'évacuation aéroportée, à peine la moitié étaient des
ressortissants français ; nous avons étendu cette opération à d'autres
nationaux. Il faut maintenant recréer, même si ça peut paraître
exagérément ambitieux compte tenu de la situation sur le terrain, les
conditions d'un dialogue. Le Secrétaire général des Nations unies doit
prendre des initiatives en ce sens, on nous a annoncé ce matin que des
contacts devaient être établis entre le FPR et les forces
gouvernementales mais il ne semble pas que ce soit encore
concrétisé. La France considère que la MINUAR (la force des Nations
unies), même si elle est recalibrée compte tenu de la situation, doit
rester présente au Rwanda pour permettre à l'ONU le moment venu de
jouer à nouveau le rôle qui lui avait été assigné. Voilà le contexte
dont va dépendre très étroitement l'efficacité de notre action
humanitaire qui se poursuit dans les conditions que [...]

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