Fiche du document numéro 2136

Num
2136
Date
Lundi 12 janvier 1998
Amj
Taille
3960070
Surtitre
Au plus fort des massacres, telle était l'opinion de François Mitterrand décidé à arrêter l'expansion anglo-saxonne en Afrique centrale. Mais arrivée au pouvoir en 1993, la droite assuma l'héritage.
Titre
France-Rwanda : un génocide sans importance...
Soustitre
Au plus fort des massacres, telle était l'opinion de François Mitterrand décidé à arrêter l'expansion anglo-saxonne en Afrique centrale. Mais, arrivée au pouvoir en 1993, la droite assuma l'héritage.
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
Quatre ans après le génocide du Rwanda, la politique de la France
entre 1990 et 1994 reste incompréhensible. Plus étonnant encore[...]

Charles Lambroschini

Un haut responsable militaire a admis auprès du Figaro qu'il
avait « donné l'ordre d'interrompre les livraisons d'armes un
mois avant le début de l'opération Turquoise
 », lancée le 23 juin 1994
A cette époque, les forces françaises déployées à Goma agissent sous
mandat de l'ONU et sont censées participer, entre autres, à la
surveillance de l'embargo sur les armes. Plus tard, à Paris, et alors
que plusieurs organisations humanitaires mettront en cause les
Français, de nombreux responsables politiques évoqueront un
« complot anglo-saxon » ou des « rumeurs malveillantes ». Aux
accusations formulées en termes précis, aucun responsable n'opposera
de véritable démenti, mais chacun à son niveau jouera du ressort de
l'« union sacrée ».
Les principaux responsables politiques français ont coopéré avec le
gouvernement rwandais responsable du génocide un mois -- voire plus --
après le début des tueries.

Alors que celles-ci commencent dans la nuit du 6 avril
1994, le 27 avril deux responsables rwandais se rendent à Paris et
sont reçus officiellement à l'Elysée et Matignon. A cette époque, et
selon les archives, de nombreuses organisations humanitaires parlent
déjà de « génocide ». Médecins sans frontières (MSF) chiffre
le nombre de morts à au moins 300 000 personnes.
Cela n'empêche nullement l'Elysée et plus précisément le responsable
de la cellule africaine, Bruno Delaye, de recevoir Jérôme
Bicamumpaka, « ministre des affaires étrangères » du « gouvernement
intérimaire » et Jean-Bosco Barayagwiza, leader du CDR, l'un des
partis hutus les plus extrémistes: « J'ai dû recevoir dans mon
bureau
, dit aujourd'hui Bruno Delaye, devenu ambassadeur de
France au Mexique, 400 assassins et 2 000 trafiquants de
drogue. On ne peut pas ne pas se salir les mains avec
l'Afrique.
 »
Peut-être, mais jusqu'où ? Etait-il vraiment nécessaire que cette
délégation se rende, au sortir de l'Elysée, à Matignon pour y
rencontrer conjointement le premier ministre, Édouard
Balladur et le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé ?

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