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Mise à jour :
2 août 2023 Anglais

C'est de justesse que le Conseil de sécurité a donné son autorisation à l'action française au Rwanda hier [22 juin] en début de soirée

Fiche Numéro 31742

Numéro
31742
Auteur
Bobillier, Laurence
Auteur
Gérouard, Jean-Paul
Auteur
Gringoire, Jean-François
Auteur
Dou, Marc
Date
23 juin 1994
Amj
19940623
Heure
12:00:00
Fuseau horaire
CEST
Surtitre
Journal de 12 heures [4:17]
Titre
C'est de justesse que le Conseil de sécurité a donné son autorisation à l'action française au Rwanda hier [22 juin] en début de soirée
Soustitre
Les dirigeants du FPR estiment que la politique pro-hutu menée dans le passé par la France la disqualifie pour agir au Rwanda.
Nom fichier
Taille
15270460 octets
Source
Fonds d'archives
INA
Type
Journal télévisé
Langue
FR
Résumé
- Les premiers soldats français sont arrivés à Goma sur une base à la frontière entre le Zaïre et le Rwanda. Au total ils seront 2 500 engagés dans l'opération Turquoise pour venir en aide aux populations civiles. Cette action militaire a débuté dès le feu vert de l'ONU.
- 10 voix pour, cinq abstentions, c'est de justesse que le Conseil de sécurité a donné son autorisation à l'action française au Rwanda hier [22 juin] en début de soirée. Presqu'aussitôt à la frontière zaïroise, déclenchement de l'opération Turquoise : des forces françaises, dont le nombre n'a pas encore été communiqué, ont été déployées sur les villes frontalières de Goma et Bukavu. Elles ont été acheminées depuis Bangui, leur centre de regroupement. Au même moment des avions Jaguar se sont prépositionnés sur l'aéroport zaïrois de Kisangani.
- Au total 2 500 hommes doivent participer à l'opération. Officiellement aucun d'entre eux n'avait franchi la frontière rwandaise ce matin. L'état-major a indiqué que le premier objectif de cette opération qui se veut humanitaire sera Cyangugu où 8 000 réfugiés Tutsi seraient en danger.
- Cette toute première mission a évidemment pour but de convaincre les rebelles du Front patriotique rwandais, des Tutsi en grande majorité, de l'impartialité que veut adopter la France dans ce conflit. Pour l'heure elle n'y est pas parvenue : les dirigeants du FPR estiment toujours que la politique pro-hutu menée dans le passé par la France la disqualifie pour agir au Rwanda. Pour eux, ont-ils réaffirmé, il s'agit d'une agression qui sera combattue par les armes.
- Ce matin le Front patriotique rwandais a réaffirmé son opposition totale à l'intervention française. Toutefois ses représentants ont promis qu'ils n'auraient pas sur le terrain d'attitude agressive envers les troupes françaises, à moins que les militaires ne les empêche de poursuivre leurs objectifs.
- Déçus mais pas surpris les dirigeants du FPR, présents à Paris ce matin, par la décision des Nations unies d'appuyer l'intervention française au Rwanda. Ce que ces hommes attendaient de la France, c'est qu'elle équipe des troupes de l'ONU pour cette mission dont ils ne démentent pas le caractère humanitaire mais surtout pas que Paris envoie ses propres hommes sur le terrain. Ce que le mouvement d'opposition prend pour de la pure provocation. Jacques Bihozagara, "représentant FPR Europe" : "Nous n'avons pas de limite sur notre territoire ! Si nous devons avancer, nous le ferons où nous voulons !".
- Un aspect des choses qui incitera sûrement les soldats français sur place à la plus grande prudence. Quant à la politique française au Rwanda, elle n'a pas été épargnée par les responsables du FPR. Jacques Bihozagara dénonce l'activisme partisan de certains collaborateurs de François Mitterrand qui auraient empêché jusqu'ici le président de la République d'avoir une vue claire sur la situation au Rwanda. Les responsables du FPR, qui ne manquent pas d'arguments, se méfient toujours de la France, de sa réelle bonne volonté, et pensent que cette intervention reste un piège.
- La France en prenant cette initiative avait paru plutôt isolée sur la scène internationale. Mais Alain Juppé n'est pas de cet avis. Le chef de la diplomatie s'exprimait devant les commissions de la Défense et des Affaires étrangères du Sénat. Alain Juppé : "Je voulais souligner le fait que nous avons obtenu au Conseil de sécurité la résolution que nous souhaitions, ce qui n'est pas une preuve d'isolement de la France. Deuxièmement, les réactions de principe de nos partenaires américains, européens, africains sont très largement positives. Même si les uns et les autres soulignent évidemment le caractère difficile de cette opération. Nous en sommes conscients plus que d'autres".