Résumé
- 60 soldats britanniques ont quitté ce matin la Grande-Bretagne. Ils vont participer à l'effort international en faveur des réfugiés. Au total Londres enverra 600 hommes au cours des deux prochaines semaines. Leur mission : remettre en état des infrastructures et apporter une assistance médicale aux réfugiés.
- Les Américains commencent à arriver à Kigali. Quant aux soldats français de l'opération Turquoise et aux organisations humanitaires, leur lutte se mène maintenant sur deux fronts : le choléra et la dysenterie. Les troupes françaises resteront-elles au Rwanda au-delà du 22 août ? C'est ce qu'a laissé entendre hier soir [31 juillet] Edouard Balladur lors de sa visite à Goma.
- Hier [31 juillet] à l'issue d'une visite éclair au Rwanda, dans la zone de sécurité puis à la frontière zaïroise, dans les camps de réfugiés, le Premier ministre n'a pas exclu que des soldats français demeurent sur place au-delà de la date butoir du 22 août. Edouard Balladur : "Si la communauté internationale n'est pas capable de mobiliser 3 à 4 000 hommes pour prendre le relais, la France ne fera rien pour que la situation empire. Tout au contraire ! Elle fera tout pour qu'elle s'améliore".
- Concrètement, l'opération Turquoise risque donc d'être prolongée si, d'ici le 22 août, des contingents suffisamment nombreux et crédibles ne sont pas venus remplacer les soldats français. La relève arrive certes, mais lentement : l'avant-garde britannique est partie ce matin, une trentaine de soldats américains sont déjà à pied d'œuvre à Kigali et 200 Ghanéens ont pris la route aujourd'hui pour venir relever les Français dans la zone de sécurité.
- Dans cette zone, la population est inquiète. Elle n'a guère confiance dans les contingents de l'ONU qu'elle a vu à l'œuvre à Kigali où ils n'ont rien fait pour arrêter les massacres. Le déploiement des Casques bleus en remplacement des Français pourrait donc provoquer un nouvel exode vers les camps de réfugiés à la frontière zaïroise.
- Des camps où la situation sanitaire ne cesse de se dégrader : la dysenterie vient de se déclarer dans la plupart d'entre eux et le HCR estime que 20 000 personnes environ pourraient en mourir. Les militaires français citent pour leur part le chiffre de 50 000 morts depuis le début de l'exode.
- Tous les jours à Goma, des réfugiés attendent des voitures et des cars pour partir vers les camps. Au bout de 15 jours, ils sont maintenant souvent indésirables en ville et on veut les pousser vers les centres médicaux ou les distributions d'eau et de nourriture à quelques dizaines de kilomètres au nord. Mais s'ils évitent l'épuisement qui en a tué tant sur la route, la situation humanitaire dans ces grands camps ne s'est pas vraiment améliorée.
- À Kibumba, on ne mange qu'une poignée de riz, quand on peut, par personne. Le choléra mais aussi la dysenterie menacent. On fait ses besoins dans les bois à quelques mètres. Et la nuit tombe à six heures. Des dizaines de feu alors s'allument. Une fumée suffocante. Tous, demain, ne se réveilleront pas.