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Mise à jour :
12 octobre 2023 Anglais

François Léotard : « Y'a plus que nous qui enterrons les morts ! Comment se fait-il que, sur l'ensemble de la planète, il n'y ait que les Français pour faire ce type de travail ? »

Fiche Numéro 3586

Numéro
3586
Auteur
Bromberger, Dominique
Auteur
Baillancourt, Isabelle
Auteur
Hémart, Gilles
Date
14 août 1994
Amj
19940814
Heure
20:00:00
Fuseau horaire
CEST
Surtitre
Journal de 20 heures [4:39]
Titre
François Léotard : « Y'a plus que nous qui enterrons les morts ! Comment se fait-il que, sur l'ensemble de la planète, il n'y ait que les Français pour faire ce type de travail ? »
Soustitre
Certains observateurs sur place pensent qu'un million de réfugiés pourraient se retrouver sur les routes quand l'opération Turquoise se terminera.
Taille
14460467 octets
Source
TF1
Fonds d'archives
INA
Type
Journal télévisé
Langue
FR
Résumé
- Le Rwanda pourrait connaître un nouvel exode. La perspective du départ des troupes françaises provoque une grande inquiétude. Certains observateurs sur place pensent qu'un million de réfugiés pourraient se retrouver sur les routes quand l'opération Turquoise se terminera.
- Le chef d'un détachement français parmi d'autres. Tribun improvisé face au village de Gikongoro, vaincre la peur et convaincre les habitants de ne pas prendre la fuite. Personne ne ménage plus ses efforts pour répondre aux inquiétudes et aux nombreuses interrogations de la population. Éric de Stabenrath, s'adressant à des réfugiés : "Y'a trois solutions. C'est soit je retourne sur mes collines ou dans mes biens de l'autre côté de la rivière. Je reste dans la zone de sécurité. Et le FPR vient de déclarer à Turquoise qu'il s'engageait à ne pas faire entrer une seule troupe armée dans la zone de sécurité. […] La troisième solution, c'est d'aller à Bukavu. Moi je sais pas quelle est la bonne solution mais je sais quelle est la mauvaise solution : si vous allez à Bukavu, vous allez tous mourir là-bas !".
- La tâche n'est pas aisée pour les troupes qui viennent relever les Français depuis plusieurs jours. Les Tchadiens qui sont arrivés ne sont pas encore découragés. Leur mission ? A priori la même que les Français. Patrouilles, sécurité et contact avec la population.
- Ils découvrent le camp de Musenge. Un camp bien loin de la route des distributions alimentaires. Une certaine tension y règne. Des hommes de Kigali auraient infiltré la région. Bien sûr aucune preuve, aucun témoignage. Mais les Tchadiens doivent apprendre la patience et la conviction.
- Encore un million et demi de réfugiés dans la zone de sécurité, l'opération Turquoise n'a plus le temps de jouer les voltigeurs de la confiance. Rien bien sûr n'est encore joué. Mais ici, la bonne collaboration entre les Français et les Tchadiens pourrait éviter ce que tout le monde redoute, à savoir un deuxième exode.
- Dominique Bromberger interviewe en duplex François Léotard : - "Les Français doivent-ils partir en tout état de cause même si leur départ risque de provoquer un nouvel exode ?". François Léotard : - "Nous avons pris la décision de partir pour le 22 août. Quand je dis 'nous', c'est la communauté internationale. Nous avons un mandat de l'ONU qui se termine le 21 août au soir. Comment voulez-vous que nous restions si ce mandat n'est pas renouvelé ? Ça n'est pas le cas aujourd'hui. Si le nouveau gouvernement de Kigali nous demande de partir ? Ce qu'il fait aujourd'hui presque tous les jours. Et si enfin le statut de nos forces n'est pas établi ? Toutes ces conditions aujourd'hui nous poussent à dire que le 22 août sera une date respectée par la France. Et c'est la date que la communauté internationale nous a fixée. J'observe d'ailleurs qu'on nous demande aujourd'hui avec insistance de rester. Et pratiquement ceux qui le font sont ceux qui nous reprochaient il y a quelques semaines d'y être allé trop vite. Je crois que la France a fait son devoir. Elle continue à le faire aujourd'hui. Vous avez vu ces soldats remarquables, exceptionnels. Je dis cela parce que tous les observateurs étrangers nous le disent ! Y'a plus que nous qui enterrons les morts ! Je parle du côté du Zaïre. Y'a plus que nous. Personne ne veut le faire. Vous avez vu ces soldats qui essaient de convaincre la population de rester sur place, qui essaient de rassurer, qui font un travail admirable. Comment se fait-il que, sur l'ensemble de la planète, il n'y ait que les Français pour faire ce type de travail ? C'est ce que nous avons dit à la communauté internationale. Et nous lui demandons de prendre le relais. Vous avez vu les contingents africains, ils sont en train de venir. Normalement si les choses se déroulent comme nous l'avons souhaité, et nous faisons pression pour cela auprès des gouvernements étrangers, nous serons totalement remplacés le 22 août au matin. Bien entendu, comme le Premier ministre l'a dit à plusieurs reprises, nous sommes un pays responsable et nous ferons attention à ce que notre départ, programmé pour cette date, ne provoque pas de nouvelles difficultés. Mais à l'heure qu'il est, la décision du gouvernement français est prise, en accord avec le président de la République, et elle n'a pas de raison d'être modifiée.