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Mise à jour :
2 août 2023 Anglais

Audition de Georges Martres, ambassadeur au Rwanda (1989-1993)

Fiche Numéro 75

Numéro
75
Auteur
Quilès, Paul
Date
22 avril 1998
Amj
19980422
Titre
Audition de Georges Martres, ambassadeur au Rwanda (1989-1993)
Extrait de
MIP, Tome III, Auditions, Vol. 1, p. 119
Taille
46085 octets
Nb. pages
15
Source
MIP
Type
Audition
Langue
FR
Résumé
Pour Georges Martres, ambassadeur au Rwanda de 1989 à 1993, « Le génocide était prévisible dès cette période, sans toutefois qu'on puisse en imaginer l'ampleur et l'atrocité ».
Commentaire
Georges Martres, ambassadeur de France au Rwanda, est lourdement impliqué dans la préparation du génocide des Tutsi. Cependant il ne tente pas de déguiser la réalité lors de son audition par la Mission d'information parlementaire. Il rappelle que les massacres de Tutsi ont commencé en 1959 et repris en 1973 (page 1). Il n'y avait pas d'accord de défense entre le Rwanda et la France. Le génocide était prévisible, selon lui, dès octobre 1990,le colonel Serubuga s'était réjoui de l'attaque du FPR « qui servirait de justification aux massacres des Tutsis ». Il reconnaît que la fusillade dans la nuit du 4 au 5 octobre 1990 était une mise en scène de l'armée rwandaise. La France n'a pas soutenu jusqu'au bout la dictature d'Habyarimana, souligne-t-il. Il rappelle la rupture du parti CDR avec Habyarimana quand il a accepté l'accord de cessez-le-feu du 7 mars 1993 à Dar es-Salaam qui impliquait le retrait des troupes françaises (page 5). Le soutien de la France qu'il apporte à ce parti CDR dans son télégramme du 11 mars 1993 et qui sera exprimé en plein Conseil de sécurité le 5 avril 1994 ne permet pas de douter que le remplacement d'Habyarimana était décidé par Paris. Et à Paris, les décisions concernant le Rwanda sont prises uniquement à l'Élysée (page 11). Habyarimana était débordé pas son entourage qui ne voulait pas des accords d'Arusha. Il l'avait bien compris puisqu'il avait évoqué son retrait le 25 avril 1993 (page 6). Les ingrédients du génocide se trouvent exposés par Georges Martres. Des accords de paix difficiles à mettre en œuvre et rejetés par l'entourage du président et par le parti CDR soutenu par la France, des soldats des FAR, tous hutu, « plus portés aux massacres qu'aux combats ouverts », impunité protégeant les auteurs des massacres, maintien des mentions ethniques sur les cartes d'identité (page 6). Il assure qu'il avait prévu des violences ethniques après le retrait des troupes françaises (page 12). Enfin, il déclare que si les extrémistes hutu sont les auteurs de l'attentat contre le président ils n'ont pu le faire qu'avec « une assistance européenne » car ils « avaient déjà bien du mal à tirer au mortier et au canon ».