Résumé
Alors que ce 29 juin, des survivants résistent encore à leurs tueurs en zone gouvernementale, en particulier dans la région de Bisesero, où les forces spéciales françaises assistent au massacre sans bouger, l'amiral Lanxade déclare : « Les affrontements continuent entre milices hutues et maquis tutsis. Nous cherchons comment éviter la reprise des massacres ». Cette inaction des Français devant le massacre en cours semble répondre à un ordre de ne pas s'interposer dans le conflit entre les forces gouvernementales et le FPR. Témoignant d'une habileté consommée, l'amiral Lanxade confond le génocide avec une guerre. Il inverse les rôles des tueurs et des victimes. En « zone tutsie », « ils ont fait le vide ». « La zone tutsie devient un Tutsiland ». Comment mieux dissimuler l'opération de purification ethnique en cours dans la zone gouvernementale que d'en accuser le FPR dans la zone qu'il a libérée ? Il atteint le summum de la tromperie en affirmant que les cadavres transportés par la rivière Nyabarongo/Akagera jusqu'au lac Victoria sont les victimes du FPR. Depuis 1963, les tueurs jetaient les cadavres des Tutsi dans ces rivières, affluents du Nil, afin qu'ils retournent là d'où ils viennent comme l'a dit Léon Mugesera dans son célèbre discours de 1992. La duplicité de François Mitterrand transparaît quand il affirme benoîtement : « Avant l'assassinat du président Habyarimana, on ne m'avait pas signalé de drame à l'intérieur du pays ». Selon Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères, « il n'est pas acceptable d'approuver un régime exclusivement tutsi ». Déclarant qu'« il faut rester en liaison avec le FPR qui ne peut imaginer une mainmise totale sur le pays », son objectif se révèle être bien d'empêcher une victoire totale du FPR.