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Mise à jour :
2 août 2023 Anglais

Turquoise (Rwanda) [Notice publiée dans le "Dictionnaire des opérations extérieures de l'armée française - De 1963 à nos jours"]

Fiche Numéro 27248

Numéro
27248
Auteur
Andurain, Julie (d')
Date
7 juin 2018
Amj
20180607
Titre
Turquoise (Rwanda) [Notice publiée dans le "Dictionnaire des opérations extérieures de l'armée française - De 1963 à nos jours"]
Taille
9514115 octets
Nb. pages
6
Source
Type
Article de revue
Langue
FR
Commentaire
Julie d'Andurain, universitaire membre de la commission Duclert chargée par le président Macron de dépouiller les archives françaises concernant le génocide des Tutsi, conclut cet article sur Turquoise en reprenant à son compte Pierre Péan qui qualifie Paul Kagame de génocidaire et de tyran. N'est-ce pas l'offensive du Front patriotique (FPR) dirigée par Paul Kagame qui, en mettant en déroute l'armée rwandaise et ses milices, a mis un terme au génocide des Tutsi ? Ce parti-pris augure mal de l'objectivité de la commission Duclert. L'attentat contre l'avion du président Habyarimana aurait été perpétré avec des missiles SAM-16 venus d'Ouganda. Où sont les preuves ? Une fiche du ministère français de la Défense affirme que des débris ont été retrouvés. Où sont-ils ? Où est le rapport des militaires français qui les ont examinés ? Selon l'auteure, dans la nuit de l'attentat du 6 avril 1994, les forces du FPR de Kagame « rompent les accords d'Arusha » et « entreprennent de prendre le pouvoir ». Le FPR n'a pas dénoncé ces accords. C'est au contraire le Gouvernement intérimaire formé avec l'appui de l'ambassadeur de France qui les a violés. Le FPR passe à l'attaque le 8 avril au soir à l'annonce de la formation de ce gouvernement où cinq portefeuilles ministériels devaient lui revenir et après que le général Dallaire, commandant des Casques bleus, se soit refusé à arrêter les massacres. L'ordre d'opération Amaryllis du 8 avril publié par la Mission d'information parlementaire atteste bien que c'est le bataillon FPR stationné à Kigali qui se fait attaquer et non l'inverse. Les officiers français auraient pu commander à l'armée rwandaise (FAR) de stopper ces massacres, ils ne l'ont pas fait. L'auteure reconnaît que la France a formé la garde présidentielle qui a été le fer de lance du génocide et formé même « les unités de la défense civile » qui se sont confondues avec les Interahamwe pour exécuter les massacres. Bien avant Alain Juppé, le génocide est dénoncé dès le 11 avril par Jean-Philippe Ceppi dans le journal Libération, alors que les forces françaises sont toujours au Rwanda. Le 13 avril, le FPR, dans une lettre de Claude Dusaïdi au président du Conseil de sécurité, dénonce le génocide et l'absence d'action internationale pour sauver des vies innocentes et explique pourquoi le FPR a engagé le combat contre les assassins. La réception à l'Elysée et à Matignon du ministre des Affaires étrangères de ce gouvernement qui organise le génocide est passée sous silence comme le séjour à Paris de militaires rwandais pour s'approvisionner en armes. Le compte-rendu du conseil restreint du 15 juin montre que la décision de lancer une opération au Rwanda ne vient pas que d'Alain Juppé. L'opération est « une décision dont je prends la responsabilité » dit le président Mitterrand. La résolution 929 du Conseil de sécurité stipule que l'opération « ne constituera pas une force d'interposition entre les parties ». L'auteure écrit au contraire que « l'ONU mandate la France pour conduire une force plurinationale d'interposition ». C'est faux et cela trahit l'intention des Français de se porter au secours des assassins. De même le 5 juillet, « les Nations Unies demandent à passer à une deuxième phase celle d'une zone humanitaire sûre ». C'est encore faux. Le télégramme diplomatique du 2 juillet signé Verdière à la représentation française aux Nations Unies et la note n° 1830/DAM du 5 juillet du quai d'Orsay montrent que la Zone humanitaire sûre est une initiative française.
Le tracé de la zone d'intervention française sur la carte n'est pas exact. Les Français occupaient Rubengera et le col de N'daba où ils ont combattu contre des éléments du FPR vers le 15 juillet. Faisant silence sur les massacres des Tutsi dans la région de Bisesero qui se poursuivent devant les militaires français et même devant le ministre de la Défense François Léotard le 29 juin, l'article prétend que le général Lafourcade a mis tous ses moyens contre l'épidémie de choléra à Goma alors qu'il n'a rien fait pour empêcher cet exode au Zaïre (actuel RDC) quoique mandaté par cette résolution 929 pour contribuer « à la sécurité et à la protection des personnes déplacées, des réfugiés et des civils en danger au Rwanda ». Le tour de magie consistant à transformer aux yeux des téléspectateurs les bourreaux en victimes a parfaitement réussi. Enfin, « la droiture et la probité » d'Hubert Védrine est dite reconnue par tous. Encore faudrait-il que son affirmation que « sous notre pression, Tutsis et Hutus finissent par signer » les accords d'Arusha soit exacte. La livraison d'armes à l'armée rwandaise (FAR) le 21 janvier 1994 par un avion chargé à Châteauroux, l'acquiescement de l'ambassadeur Marlaud au refus de nommer Faustin Twagiramungu Premier ministre le 8 avril, le débarquement d'armes pour les FAR le 9 avril, le refus des militaires français d'évacuer Boniface Ngulinzira et son abandon aux tueurs le 11 avril, tous ces faits incitent à penser le contraire. Ngulinzira, ancien ministre des Affaires étrangères rwandais en 1992-1993, était le principal négociateur des accords de paix d'Arusha que les extrémistes refusaient. Tout indique que, dans leur sabotage des accords de paix, ils étaient soutenus par la France.