L'hommage qu'il rend à Bernard Cussac amène Michel Robardey à s'empêtrer dans ses contradictions. La France ne voulait pas « s'impliquer dans le conflit rwando-rwandais », écrit-il. Il admet donc que l'argument de l'agression du Rwanda par l'Ouganda n'avait aucun fondement réel. Pourtant, il déclarait encore
en 2007 que «
cette attaque est conduite au moyen de troupes ougandaises ». Si donc la France ne voulait pas s'impliquer, pourquoi a-t-elle envoyé des troupes qui ont pris fait et cause pour un des camps ? Pourquoi lui avoir fourni tant d'armes et de munitions ? Pourquoi l'avoir formé au combat jusque même le champ de bataille ? Pourquoi avoir «
frappé copieusement le FPR avec des obus de 105mm », comme dit
Michel Goya ?
Où est cette «
condamnation sans appel des massacres du Bugesera » de 1992 ? L'ambassade de France n'a rien fait pour protéger Antonia Locatelli mais lui a reproché des déclarations
assez maladroites sur RFI. Elle a été tuée par deux gendarmes après que
Michel Robardey lui ait rendu visite. Un commando recruté parmi les élèves de l'Ecole nationale de Gendarmerie de Ruhengeri, patronnée par la France,
a participé aux massacres du Bugesera.
Pour Michel Robardey et probablement d'autres militaires, la signature des accords d'Arusha a signifié l'abandon du Rwanda par la France. Ceci ne cadre pas avec ce que des responsables politiques comme Hubert Védrine martèlent sans cesse, affirmant que la France aurait tout fait pour
« trouver un compromis politique par les accords d'Arusha ». Y aurait-il une différence entre les déclarations publiques et les pensées profondes de nos dirigeants ? Auraient-ils mal vécu dans leur for intérieur le partage du pouvoir au Rwanda avec les
« forces tutsies » qu'impliquaient ces accords de paix ? Se seraient-ils juré d'interrompre ce processus ? Son
rappel à Paris et son remplacement par un
lieutenant colonel des forces spéciales montrerait que Bernard Cussac n'était pas considéré à Paris comme le chef le plus plus opérationnel pour gérer la crise à venir.