Page d'accueil France Génocide Tutsi France Génocide Tutsi Mise à jour :
9 avril 2024
Anglais

Général Quesnot : « L'arrivée au pouvoir d'une minorité analogue aux Khmers rouges est un gage d'instabilité régionale »

Numéro : 439
Date : 24 mai 1994
Auteur : Quesnot, Christian
Titre : Note à l'attention de Monsieur le Président de la République. Objet : Correspondance du docteur Théodore Sindikubwabo, Président par intérim du Rwanda
Source : Présidence de la République (France)
Fonds d'archives : FM
Résumé : Dans cette note à l'attention du Président Mitterrand, le général Quesnot affirme que « L'arrivée au pouvoir dans la région d'une minorité dont les buts et l'organisation ne sont pas sans analogie avec le système des Khmers rouges est un gage d'instabilité régionale dont les conséquences n'ont pas été anticipées par ceux, y compris en France, dont la complicité et la complaisance sont patentes ».
Commentaire : Transmettant la lettre d'appel au secours du président intérimaire rwandais qui organise le génocide, le général Quesnot informe François Mitterrand que le FPR soutenu par l'Ouganda est en passe de l'emporter militairement et de parvenir à la conquête totale du pouvoir. Il estime que « l'arrivée au pouvoir dans la région d'une minorité dont les buts et l'organisation ne sont pas sans analogie avec le système des Khmers rouges est un gage d'instabilité régionale dont les conséquences n'ont pas été anticipées par ceux, y compris en France, dont la complicité et la complaisance sont patentes ». Il suggère donc par là au président de la République française d'intervenir militairement pour empêcher une victoire du FPR. Ce sera l'opération Turquoise pour laquelle la France réussira à obtenir un mandat de l'ONU en prétextant son caractère neutre et strictement humanitaire. Parlant d'une « minorité », Quesnot vise les Tutsi qui veulent conquérir le pouvoir. Son point de vue est au fond identique à celui des organisateurs du génocide qui pour empêcher les Tutsi de reprendre le pouvoir perdu en 1959 les exterminent systématiquement. Les comparer aux Khmers rouges, c'est sa manière à lui de les diaboliser.
Citation: PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE Le 24 mai 1994 Le Général Chef de l'Etat-Major Particulier Note à l'attention de Monsieur le Président de la République OBJET : Correspondance du docteur Théodore SINDIKUBWABO Président par intérim du RWANDA. Suite à l'appel téléphonique du Président du Rwanda dimanche 22 mai dont je vous ai rendu compte ce matin à 11 heures 30, 1'attaché de Défense Rwandais à PARIS m'a fait parvenir à votre intention la lettre jointe adressée par fax. Sur le terrain le rapport de forces, y compris à Kigali, est de plus en plus favorable au FPR avec l'aide matérielle, militaire et diplomatique de l'OUGANDA et la complicité implicites de toutes les autres puissances. Le sommet régional n'aura pas lieu et il n'y aura pas de véritable cessez le feu avant la conquête totale du pouvoir par le FPR. L'arrivée au pouvoir dans la région d'une minorité dont les buts et l'organisation ne sont pas sans analogie avec le système des Khmers rouges est un gage d'instabilité régionale dont les conséquences n'ont pas été anticipées par ceux, y compris en France, dont la complicité et la complaisance sont patentes. Le Gouvernement, suite à la mission de Monsieur Douste Blasy, veut rendre encore plus visible notre contribution humanitaire au Burundi et en Tanzanie. Monsieur Juppé, sans illusion excessive, se dit prêt à faire une nouvelle démarche diplomatique auprès de Monsieur Museveni afin qu'il fasse pression sur le FPR pour l'amener à respecter un cessez le feu. L'arrivée de 5500 hommes de l'ONU en renforcement de la MINUAR reste problématique compte-tenu du peu d'enthousiasme des états africains et de l'inertie américaine. signature Général QUESNOT

Retour