Résumé
Plus de 25 ans après le génocide perpétré contre les Tutsis, conduire une enquête historique sur le rôle de la France au Rwanda dans les années 1990 reste une entreprise délicate. Accès restreint aux archives sensibles, usages politiques de la mémoire, poids du négationnisme, l'historien du contemporain se trouve confronté à de nombreux défis qui mettent les libertés académiques à l'épreuve. À partir d'une expérience singulière de recherche, l'article propose une analyse des effets produits par les débats publics autour de la « question française » sur l'écriture de l'histoire. Il montre comment les entreprises d'ingérence du politique, la force des discours de déni et l'existence de limitations arbitraires des pratiques historiennes exigent une vigilance sans faille de la communauté des historiens.