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Mise à jour :
19 septembre 2024 Anglais

Michel Roussin : « La France a toujours été très neutre dans cette histoire qui oppose les Hutu et les Tutsi depuis des années »

Fiche Numéro 29669

Numéro
29669
Auteur
Amar, Paul
Auteur
Cornet, François
Date
10 avril 1994
Amj
19940410
Heure
13:00:00
Fuseau horaire
CEST
Surtitre
Journal de 13 heures
Titre
Michel Roussin : « La France a toujours été très neutre dans cette histoire qui oppose les Hutu et les Tutsi depuis des années »
Taille
28830 octets
Nb. pages
4
Source
Fonds d'archives
INA
Type
Transcription d'une émission de télévision
Langue
FR
Résumé
- 150 Français ont déjà quitté le Rwanda grâce à l'opération d'évacuation baptisée "Amaryllis". Les 400 parachutistes français, qui se trouvent à Kigali, vont organiser le départ dans des conditions difficiles des autres ressortissants français.
- Les rebelles du Front patriotique rwandais poursuivent leur marche sur Kigali. Ils ont annoncé leur volonté de prendre par la force la capitale aux mains de l'ethnie majoritaire hutu. Pour leur chef, Théogène Rudasingwa, ils n'ont pas le choix. Théogène Rudasingwa : "L'option militaire nous a été imposée par la garde présidentielle. Le fait que le Président rwandais ait été tué avec celui du Burundi ne justifie pas les massacres contre notre ethnie et contre nous".
- Pendant ce temps, comme il y a un an, les grandes manœuvres ont commencé sur l'aéroport de Kigali tenu par les troupes françaises. Les Transall, venus de Bangui en Centrafrique, se posent une fois encore au Rwanda pour évacuer les ressortissants étrangers français, belges, allemands ou américains. Une véritable course contre la montre avant la poursuite du chaos.
- La difficulté est d'aller récupérer en ville les Blancs terrés depuis quatre jours dans leurs maisons et qui n'auraient pas encore été complètement regroupés. Cette évacuation éclair concerne quelque 3 000 personnes. Pour l'instant, seules quelques centaines ont pu quitter la ville.
- Les forces de l'ONU sont déployées en ville et attendent les renforts français et belges pour assurer la sécurité de l'axe menant à l'aéroport de Kigali. Il semble, dans cette situation plus que confuse au Rwanda, que les ethnies tutsi et hutu veuillent continuer à en découdre pour la lutte du pouvoir.
- La situation est d'autant plus difficile que les rebelles du Front patriotique rwandais ont lancé un avertissement à la France et aux autres pays occidentaux : il leur demande de rester neutre dans cette guerre ethnique. Le représentant du FPR à Paris est sans ambiguïté. François Rutayisire : "Il y a trois ans la France avait envoyé ses troupes en disant que c'était pour protéger et évacuer les ressortissants français. Trois ans plus tard, elle y était. On espère que ce n'est pas le même refrain". […] Le FPR n'hésitera pas à se battre contre tous ceux qui se mettront au travers de sa route".
- Michel Roussin : "L'évacuation des Français se poursuit. Elle a commencé hier soir. C'est assez compliqué. La situation est préoccupante à Kigali. Mais nous avons pu aller chercher les gens chez eux, les rassembler dans un certain nombre de points de la capitale et ensuite les transférer par des itinéraires que nous tenons jusqu'à l'aéroport d'où ils sont évacués. […] Nous avons aussi un rôle à jouer pour nous occuper des 1 500 Belges, des 300 Américains, de plus de 200 Européens. […] Nous sommes un peu une tête de pont dans cette opération qui est une action de protection, de sécurité et peut-être aussi un peu humanitaire. Donc nous sommes très engagés dans cette affaire. […] La France a toujours été très neutre dans cette histoire qui oppose les Hutu et les Tutsi depuis des années. C'est grâce à nous que ces deux ethnies ont pu se retrouver autour d'une table de négociation à Arusha en Tanzanie en août dernier. Nous avons toujours œuvré pour que le calme revienne au Rwanda. Là, les choses éclatent. C'est un problème que les Rwandais devront traiter ensemble, que les massacres s'arrêtent, que la paix revienne, qu'un cessez-le-feu soit signé. La France sera toujours présente pour répondre si on l'a sollicite. Mais, en l'occurrence, notre action n'est qu'une action de sécurité et d'évacuation de nos compatriotes. […] Il y a eu des massacres. Les informations que nous avons, qui nous viennent du terrain, de témoins français, de témoins belges, de religieux laissent à penser qu'il y a eu des massacres. […] On peut penser que le monde a oublié l'Afrique mais l'Afrique se rappelle malheureusement souvent au monde. En tout cas, je crois que la communauté internationale fait un effort particulier pour aider de nouveau l'Afrique. Je fais allusion là à un autre problème qui est celui de la dévaluation. L'aide internationale arrive : 39 milliards de dollars donnés à l'Afrique et 50 milliards de francs français. Donc, on vit encore très proche des Africains. On ne lâche pas l'Afrique".