Qu'un texte de Paul Kagame, actuel président du Rwanda, et, en 1994, commandant des troupes du Front patriotique rwandais (FPR) qui ont mis un terme au génocide des Tutsi, soit mis à l'honneur de l'examen du baccalauréat, constitue un évènement nouveau dans l'Éducation nationale en France. Cependant, le corrigé proposé ici (champ citation), soulignant que «
les violences commises par le Front patriotique rwandais ont été souvent occultées, la vérité en a été déformée », ouvre la porte à toutes les thèses négationnistes.
La première thèse selon laquelle Paul Kagame a fait abattre l'avion du Président Habyarimana est toujours très répandue. Elle a été contredite par le non-lieu en faveur des Rwandais accusés par le juge Bruguière mais on lit souvent qu'il l'a été «
pour insuffisance de preuves ». La justice française s'est refusée à suivre
l'accusation de la DGSE visant des militaires hutu de l'armée rwandaise soutenus par la France pendant le génocide.
La thèse du double génocide affirme que le FPR a tué autant sinon plus de Hutu. Il est clair que les soldats du FPR ont éliminé beaucoup de militaires des FAR et des miliciens. Qu'ils aient exécutés des civils désarmés, cela est vrai dans de rares cas comme l'exécution de trois évêques et de dix prêtres à Kabgayi le 9 juin 1994. Il y a eu des cas de vengeance de la part de soldats du FPR qui ont été durement punis
comme ici en 1996. La peine de mort au Rwanda a été abolie en 2007. Compte tenu de l'état du pays, en particulier de la disparition presque totale de l'appareil judiciaire, le bilan des gacaca est remarquable, surtout si on le compare à la Commission Vérité et réconciliation en Afrique du Sud qui a laissé la plupart des crimes commis par le régime d'apartheid sans jugement.
Enfin, une troisième thèse, chère aux auteurs du génocide et aux dirigeants français de l'époque, telle que les vitupérations du général Quesnot
contre le Tutsiland, a toujours cours. Accusant les Tutsi de vouloir dominer la région des Grands Lacs, elle attribue au gouvernement rwandais actuel le projet de vouloir s'emparer des richesses du Congo voisin. Elle passe sous silence le refus par la France d'arrêter les auteurs du génocide, la protection de leur fuite au Congo (alors Zaïre) par l'opération Turquoise, toutes les agressions contre le Rwanda perpétrées par les génocidaires depuis le Congo et les pogroms dans ce pays contre les populations rwandophones ou Banyamulenge.