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Mise à jour :
19 septembre 2024 Anglais

Ce qu'a présenté Paul Barril, c'est un boîtier d'antenne radiocompas. Sur le Falcon 50, il y en a deux. C'est un appareil inerte, qui ne contient aucune information

Fiche Numéro 3411

Numéro
3411
Auteur
Amar, Paul
Auteur
Caumont, Carole
Auteur
Pelé, Patrice
Auteur
Duquesne, Benoît
Auteur
Maizy, Éric
Auteur
Fourniou, Valérie
Auteur
Hoffmann, Jean-François
Auteur
Staes, Isabelle
Auteur
Pons, Pascal
Date
28 juin 1994
Amj
19940628
Heure
20:00:00
Fuseau horaire
CEST
Surtitre
Journal de 20 heures [11:33]
Titre
Ce qu'a présenté Paul Barril, c'est un boîtier d'antenne radiocompas. Sur le Falcon 50, il y en a deux. C'est un appareil inerte, qui ne contient aucune information
Soustitre
À Gishyita, des commandos marine surveillent les collines à quelques kilomètres : des hommes du FPR y sont positionnés. On parle de 1 000 à 2 000 rebelles.
Taille
72380657 octets
Source
Fonds d'archives
INA
Type
Journal télévisé
Langue
FR
Résumé
- Qui a tué ou fait tuer le Président du Rwanda ? Il n'y a pas de réponse pour l'instant à ce mystère mais un homme affirme la connaître. Le capitaine Paul Barril accuse le Front patriotique rwandais. Il l'a dit clairement dans notre journal de 13 heures. Et l'ancien commandant du GIGN a montré, pour le démontrer, la boîte noire de l'avion présidentiel abattu par deux missiles. L'accusation est si grave qu'elle méritait une enquête sur cette enquête.
- Il est 13 heures. En direct sur France 2, Paul Barril nous explique qu'il a récupéré la boîte noire du Falcon 50 du Président rwandais. Avec ça, affirme-t-il, on pourra prouver que l'avion a été victime d'un tir missile, une opération soigneusement préparée.
- Au même instant à Toulouse, un pilote, Philippe Lendepergt, qui regarde France 2, fait un bond : pour lui, l'objet présenté par Barril n'a rien à voir avec un enregistreur de vol. Philippe Lendepergt, "Pilote" : "Une boîte noire telle que Monsieur Barril aurait dû la trouver, c'est orange pour commencer, internationalement. Et ça enregistre tous les paramètres de l'avion".
- Ce qu'a présenté Paul Barril, c'est un boîtier d'antenne radiocompas. Sur le Falcon 50, il y en a deux. Le radiocompas Oméga sert à aller d'un point à un autre entre deux balises, l'avion garde son cap. C'est un appareil inerte, qui ne contient aucune information.
- Une polémique qui présente au moins un mérite, celui de faire ressurgir la question essentielle. Même si personne ne semble décidé à en trouver la réponse. Qui sont les commanditaires de l'attentat et qui a tiré les deux roquettes qui ont abattu l'avion du Président rwandais ? Les mots sont lancés : on parle de "complot" et même de "mercenaires".
- La thèse de Paul Barril va à l'encontre des enquêtes publiées jusque-là. Elle est évidemment rejetée par le FPR. Jacques Bihozagara, "Représentant F.P.R. à Bruxelles" : "Il faut savoir d'abord quel crédit vous donnez aux déclarations du capitaine Barril. Et il faut d'abord savoir qui il est, qui l'a mandaté. Et sur quelle base il travaille".
- Dernière interrogation : le silence observé par le gouvernement français dans cette affaire. Silence pesant alors que trois Français, les trois membres d'équipage de l'avion du Président rwandais, ont eux aussi été tués dans l'attentat.
- Au Rwanda, l'urgence aujourd'hui consiste à évacuer le maximum de civils. L'armée française s'y emploie. 35 religieuses de diverses nationalités et huit orphelines ont pu ainsi quitter le couvent de Kibuye où elles s'étaient réfugiées.
- Le militaire démarre tôt, mission humanitaire ou pas. Ces hélicoptères, qui survolent le lac Kivu, frontière naturelle du Zaïre et du Rwanda, savent qu'ils sont attendus pour effectuer leur première mission d'évacuation d'importance au Rwanda. Ces 40 religieuses de Kibuye ont décidé de partir. Elles sont américaines, anglaises, belges ou rwandaises. Elles ont d'abord fui les massacres de Kigali pour se réfugier dans ce couvent au bord du lac. Mais les visites des milices locales ont continué : interdiction d'héberger des Tutsi, intimidations, rackets, menaces de mort. Aujourd'hui, elles partent.
- Il faut dire que la situation reste tendue à Kibuye. Des accrochages ont encore eu lieu, hier [27 juin], à une dizaine de kilomètres de la ville. Et une vingtaine d'enfants ont été retrouvés morts il y a quelques jours à Gisovu. Parmi les évacués, Benoît, un petit tutsi, le seul que les Sœurs avaient hébergé en cachette. Il part lui aussi. Son amie Marie, une Hutu, qui l'avait pris en charge est restée seule à Kibuye.
- François Léotard doit quitter Paris pour le Rwanda. Le ministre de la Défense va rendre visite demain [29 juin] aux 2 500 soldats français qui participent à l'opération Turquoise. Et il rencontrera peut-être un compatriote qui vit au Rwanda, qui a été menacé de mort par les milices.
- Poste-frontière du Rwanda. L'incursion française n'est pas une simple patrouille : ces hommes de la 11ème DP ont pour mission de secourir un ressortissant français, menacé de mort. Dans les faubourg de Gisenyi où nous l'avons rencontré quelques heures plus tôt, terré depuis deux mois dans sa villa, gardée uniquement par deux gendarmes rwandais. Les quatre véhicules du convoi prennent possession des lieux. Et le capitaine Courtois se dirige vers le seul Français resté dans la ville.
- Depuis une semaine, Alain Lœuillet savait que les militaires français étaient là, juste de l'autre côté de la frontière, à seulement 500 mètres de lui. Mais il ne pouvait pas sortir de sa villa pour les prévenir de sa présence, les milices le recherchent pour le tuer. Témoin des massacres, ce qu'il a vu il ne peut pas nous en parler face caméra craignant encore pour sa vie tant que les Français n'auront pas organisé sa sécurité. Alain tient à rester à Gisenyi pour récupérer ses biens volés. Une ville où 10 000 Tutsi ont été tués en une semaine et il est le seul Occidental à pouvoir en témoigner.
- Benoît Duquesne : "On savait par le CICR que dans le diocèse de Gikongoro erraient environ 250 à 500 000 Hutu qui fuyaient l'avance du Front patriotique rwandais. Les militaires français en ont eu la confirmation aujourd'hui. Il y a effectivement une masse de population énorme qui erre dans cette région-là. C'est la conséquence bien sûr de l'avancée de la guerre. Mais ces gens-là n'ont absolument aucun soutien pour l'instant : les camps ne sont pas organisés, il n'y a pas d'aide humanitaire, il n'y a pas de nourriture, il n'y a absolument rien. Et, pas demain [29 juin], parce qu'il y a la visite de François Léotard, mais sans doute après-demain [30 juin], les militaires français se rendront sur place".
- Un photographe de l'agence américaine Associated Press a été blessé aujourd'hui à Kigali : Ricardo Mazalan, de nationalité argentine, se trouvait dans sa chambre d'hôtel quand une balle l'a atteint à la jambe droite. Les médecins sont optimistes.
- Les soldats de l'opération Turquoise, tout en veillant à respecter à leur mission humanitaire, restent vigilants. Les positions françaises ont entendu, hier [27 juin], l'écho d'affrontements très proches entre le Front patriotique et les gouvernementaux.
- Des commandos marine très, très vigilants. Ils surveillent les collines à quelques kilomètres. Des hommes du FPR y sont positionnés. On parle de 1 000 à 2 000 rebelles. Nous sommes à Gishyita, point névralgique de l'opération Turquoise, car c'est ici que les rebelles tutsi seraient le plus avancé en territoire hutu. 40 commandos marine sont en alerte. Au loin des tirs résonnent. Les accrochages les plus violents ont eu lieu hier soir : 20 morts chez les rebelles, trois de l'autre côté. Marin Gillier, "Capitaine de Frégate" : "On a entendu un petit peu de bruit. On a vu de la fumée. C'était des affrontements type infanterie, relativement importants, surtout à l'échelle du pays".
- Infiltrations, accrochages, exactions chaque nuit, dans ce secteur particulièrement sensible, la chasse à l'homme continue. Un peu partout les traces des massacres, comme ces charniers à proximité des maisons détruites. Un soldat du commando marine : "Les gens qui ont été massacrés dans le coin ont dû être mis dans des fosses communes. Je pense qu'ils ont dû faire une galerie, rejeter la terre ici et empiler les corps".
- Loin des discours de bienvenue qui les ont accueillis à leur arrivée, les militaires français se retrouvent maintenant face aux réalités de la guerre qui déchire le Rwanda. Avec l'avancée des rebelles, ils ne sont pas loin d'être en première ligne.
Commentaire
Le JT de 20 heures de France 2 du 28 juin 1994 est visible dans son intégralité ici